Le journaliste David L’Epée dans l’Agefi
"L’alignement de toute la gauche en ordre de marche derrière l’initiative du GSsA n’a jamais montré de manière plus éclatante à quel point, dans l’ancien camp socialiste, tout idéal collectif a été évacué au profit de préoccupations individualistes.
[...] Quelle était, il n’y a pas si longtemps, la position des gauches suisses et européennes sur le modèle helvétique et la conscription obligatoire? Les grands ancêtres, les annonciateurs du socialisme, ne s’y trompaient pas. Dans Le Contrat Social comme dans ses Projets pour le gouvernement de Pologne, Rousseau fait l’éloge de cette armée que le GSsA voudrait abolir: «Tout citoyen doit être soldat par devoir, nul ne doit l’être par métier.»
[...] Jean Jaurès ira encore plus loin dans son livre L’Armée Nouvelle, se référant directement au modèle suisse et écrivant «De tous les systèmes militaires pratiqués dans le monde, c’est à coup sûr le système suisse qui se rapproche le plus de l’idéal d’une armée démocratique et populaire.»
[...] Pendant longtemps, la gauche a raisonné sur ce sujet d’une manière tout à fait cohérente et conforme à ses idéaux de justice sociale et de pouvoir populaire: elle rappelait que la conscription était égalitaire, que la milice obligatoire favorisait la cohésion nationale et le fédéralisme, et que le peuple en armes était à la fois une garantie de contrôle démocratique sur l’institution militaire et une sûreté contre un éventuel abus de pouvoir des gouvernants. On se rappelait des putschs - Espagne 1936, Chili 1973,etc.-qui n’avaient été rendus possibles que grâce à une armée de métier aux ordres de généraux conjurés contre la démocratie. Pourtant, il semble que la gauche suisse ait la mémoire courte si on en croit le Parti socialiste qui, en 2010, a carrément décidé de faire figurer l’abolition de l’armée dans les objectifs de son nouveau programme!"
Et vous, qu'en pensez vous ?