“Heures d’ouverture des magasins : liberté pour tous ! “. Rediffusion à l’occasion de la votation sur le référendum lancé contre la loi sur le travail : extension ou non des possibilités de vente d’articles dans les stations-service la nuit.
Faire avec les réalités sociales nouvelles sans obliger personne à travailler la nuit.
C’est l’exemple typique d’un thème récurrent en matière de polémiques surjouées.
En réalité, ce problème devrait être vu à l’aune des modifications non seulement des habitudes de consommation mais des changements sociétaux beaucoup plus fondamentaux : la diversification et la pluralisation des modes de vie. C’est de là que proviennent ce genre de revendications.
On dirait que les syndicats, qui perdent de plus en plus d’adhérents à cause de dirigeants souvent coupés des réalités nouvelles et encore englués dans une vision quasiment marxiste de l’histoire, voient encore et partout l’exploitation de l’homme par l’homme, un libéralisme « débridé » ou des patrons avides uniquement de profits.
Or ce sont bien davantage les modes de vies totalement opposés que nos sociétés ont engendrées qui sont à la base de ces revendications et, ensuite, tout simplement l’exigence de liberté.
La solution réside dans la compréhension et l’acceptation de ces réalités nouvelles, dans le respect de tous les modes de vie.
Si l’on regarde de près la marche quotidienne de nos sociétés, il n’est pas besoin d’être grand clerc pour se rendre compte que nous sommes en présence aujourd’hui de modes de vie totalement différents les uns des autres, mais pas incompatibles. Cette variété des modes de vie rend plus difficile les rythmes et les rites de vie communs à tous tous, aux mêmes heures, aux mêmes moments.
Il y a bien des personnes, même des populations entières, qui aimeraient travailler à d’autres moments que la majorité, par exemple les jeunes, les célibataires, etc. Ce qui fait tout de même pas mal de monde.
Une seule règle, impérative, devrait mettre d’accord une large partie de la population : ne travailleraient plus tard, la nuit ou le dimanche, etc, uniquement ceux qui le souhaitent. Personne ne devrait être obligé. On oublie qu’il y a déjà de larges couches de la population qui travaillent la nuit, chez eux ou ailleurs. Il serait intéressant de tenter un inventaire.
On ne parle jamais des avantages qu’aurait une répartition plus large du travail entre le jour, soir, la nuit, le samedi, le dimanche et les autres jours. Ceux qui voudraient travailler le samedi, le dimanche ou la nuit, existent en grand nombre. Ils prendraient congé le lundi ou un autre jour, et « décongestionneraient » tout un ensemble d’activités concentrées sur le week-end, par exemple. Pensons à l’absurdité de la situation des gens qui pour rentrer d’un week-end le dimanche soir mettent deux fois plus de temps qu’il ne leur en faudrait un jour de semaine. Idem pour toutes les autres activités pour lesquelles toute la population se rue en même temps, dès 17- 18 h dans les magasins, les transports publics...Le télé-travail, qui se développe de manière très importante, n’est pas non plus un mythe.
Les personnes qui auraient la possibilité de s’organiser plus librement pourraient choisir des moments moins insupportables pour se ravitailler, se divertir ... et soulager ainsi tout le monde. Chacun en profiterait.
Il suffirait d’une bonne organisation, certes pas simple à mettre en place, mais à coup sûr possible, et cela pour le bonheur de tous. Il est clair que si l’on voit le diable exploiteur partout une telle réorganisation de la société n’est même pas envisageable. Un avenir un peu plus radieux n’est pas là où certains nous l’ont promis depuis des lustres.
Pourquoi continuer à faire la queue tout au long de la journée, dans toutes les activités, avec ses énervements et son agressivité ?
Il en va de la liberté, mais aussi de la solidarité, de la solidarité de chacun envers tous et réciproquement. Même si nous n’y sommes pas encore habitués.
Le changement doit intervenir même et surtout chez les bureaucrates syndicaux qui vivent sur la défense d’un passé révolu et non avec les réalités nouvelles qu’ils sont incapables de voir à cause de leurs œillères idéologiques rivées sur un passé en voie de disparition.
Même la réalité que représentent des affiches démagogiques nous intimant de regarder le bonheur d’une maman qui dort avec son enfant dans le même lit en affirmant « La nuit nous appartient » serait sauvegardée, car elle correspond toujours à la réalité, mais à l’une des réalités seulement (encore que la plupart des mamans sont souvent réveillées plusieurs fois par nuit par bébé qui crie dans la chambre d‘à côté).
Tous les autres pans de la réalité quotidienne actuelle méritent cependant le même respect. Liberté, égalité et respect de tous les modes de vie. Et cela, en plus, toujours au profit de tous.
Foin de tous ceux qui veulent nous obliger à continuer à vivre au milieu d’une pagaille continue et qui nous gâche les plus beaux instants de la vie, dont aimerions profiter sans nous retrouver de plus en plus dans cet enfer au quotidien, même le dimanche, le soir ou la nuit, dits pourtant instants de repos !
C’est parce qu’il est possible de changer cette situation que nous insistons. Voilà un domaine où s’investir pour ceux qui veulent améliorer la vie des gens malgré eux et qui arrivent même en retard dans les médias pour délivrer leurs messages d’un autre temps à cause, précisément, des bouchons dans la circulation.
Travailler à une organisation sociale plus complexe, certes difficile à mettre en place, mais au service d’une vie moins épuisante et insupportable pour tous, voilà un beau défi pour ces bureaucrates qui devraient se recycler comme tout le monde.
Il n’est même pas nécessaire d’envier et d’aller aussi loin que certains pays de l’Est européen qui, une fois libérés de leur bureaucrates, de ceux qui prétendaient faire le bonheur des gens malgré eux, ont, par soif d’une liberté tant et si longtemps désirée, ouvert leur lieux de consommation et de divertissement jour et nuit. Authentique ! vu et vécu à de nombreuses reprises.
Uli Windisch
Première parution, le 8 janvier 2013 sous le titre: "Heures d’ouverture des magasins : liberté pour tous !"
Philippe, cette loi ne changerait rien au statut actuel des employés des shops. Juste qu’ils n’auraient plus besoin de recouvrir certains rayons parce que la vente de ces rayons est interdite de nuit. Quitte à être présent sur leur lieu de travail, autant qu’ils puissent vendre de tout et on uniquement certains produits (p. ex : la vente de petits pains précuits est autorisée alors que la vente de pain est interdite !!!). Juste du bon sens.
Ha oui, on va mettre les suisses de travail de nuit comme ça y aura de la place pour les gens qui voudront s’installer en Suisse, moi cela fait 20 ans que je travail avec des horaires irréguliers, alors j’ai le vécu pour vous affirmer que c’est toujours au détriment de la vie sociale, familiale, ou psychologique sur le long terme, parce le corps ne peut pas aller aussi loin que la volonté de faire le voudrait, à trop repousser les limites de la nature on en paye le prix un jour ou l’autre. Alors favoriser et encourager la libre entreprise oui mais pas en acceptant tout est n’importe quoi.