Depuis le début de l’été, en Equateur et ailleurs, sous les projecteurs complaisants des médias occidentaux, au motif de la conservation de la biodiversité et de la lutte contre le réchauffement climatique, les milieux qui s’affichent en protecteurs de l’environnement mènent une opération de grande envergure pour s’opposer à la mise en exploitation des réserves de pétrole gisant sous le sol du parc national Yasuni, classé pompeusement par l’UNESCO « réserve de biosphère ».
En réalité 1 % seulement du parc est concerné et la seule difficulté sérieuse de la mise en valeur de ces gisements pétroliers est…
Avec Leonardo DiCaprio qui les a rejoints récemment, ils s’opposent au projet d’extraction en particulier au motif que « sur un seul du million d’hectares qui composent le parc on dénombre 600 espèces d’arbres, soit autant que l’ensemble de l’Amérique du Nord. Sur un arbre, notent-ils, cohabitent jusqu’à quarante-trois espèces de fourmis. Il a fallu des millénaires pour qu’une telle biodiversité se crée. »
Idéologues pour les uns, opportunistes pour les autres, ils laissent penser que l’écosystème du parc Yasuni sera gravement déséquilibré par l’empreinte de ce développement. Mais nulle part dans leurs déclarations ils n’expliquent pour quelles raisons la biodiversité des quelques hectares en cause devrait absolument être préservée. Ils se contentent de slogans et les médias s’en satisfont.En réalité 1 % seulement du parc est concerné et la seule difficulté sérieuse de la mise en valeur de ces gisements pétroliers est de caractère humanitaire. Des populations primitives vivent en effet dans la région et elles seront immanquablement affectées par un tel développement. Mais, à condition évidemment que cette question trouve une réponse adéquate, pourquoi donc les 14 millions d’Equatoriens devraient-il se priver de profiter de leurs richesses naturelles au prétexte qu’une infime partie de la forêt primitive amazonienne se trouverait amputée et que, sur cette surface, des arbres seraient abattus et des colonies de fourmis se trouveraient décimées ?
Question à laquelle les milieux et la star en question évitent soigneusement de répondre tant cette affaire met en évidence leur hypocrisie et celle des gouvernements occidentaux. Ces derniers, depuis qu’ils ont pris voici une vingtaine d’années à Kyoto des engagements qu’ils se révèlent incapables et bien peu désireux de tenir chez eux, discourent en permanence sur la nécessité planétaire de la protection de l’environnement, du développement durable, des énergies « propres » et de la conservation des écosystèmes. Le président équatorien, Rafael Correa, prenant les écologistes et les politiciens occidentaux au mot, s’était voici quelques années déclaré prêt à renoncer à exploiter les 900 millions de barils de pétrole contenus dans le sous-sol de la région déclarée par l’ONU « réserve de biosphère ». Il exigeait simplement de leur part une compensation couvrant la moitié, soit environ 3,6 milliards de dollars, des revenus que la mise en valeur des richesses pétrolières équatoriennes lui permettrait de consacrer à la poursuite du développement de son pays. Il n’a finalement reçu des promesses de dons que pour … 13,3 millions de dollars ! Il a donc décidé d’aller de l’avant.
Parmi les scientifiques qui se préoccupent des problématiques liées à la biodiversité certains privilégient heureusement l’approche pragmatique. Contrairement à leurs collègues et aux écologistes militants qui ambitionnent de protéger par principe toutes les espèces rares et fragiles, insistant davantage sur les espèces en tant que telles que ce qui fait réellement la biodiversité, ils entendent contribuer au « pilotage » de la biodiversité. Ils visent à aider les décideurs à gérer la biodiversité conformément aux intérêts des humains en privilégiant les espèces leur fournissant des services, que ceux-ci soient immédiats ou durables. Si on voulait bien les consulter, ils auraient certainement des choses à dire à propos de l’affaire faisant l’objet de ces lignes.
Pierre Kunz
Monsieur Kunz, Rafael Correa vous remercie de relayer sa propagande en terre helvétique