Le 21 juin 2013, le Parlement fédéral a approuvé une loi augmentant massivement les subventions fédérales aux énergies renouvelables; ceci malgré l’échec évident de cette approche en Allemagne voisine (où le ministre CDU en place estime son coût à 1000 milliards d’euros sur 20 ans).
Cette loi porte le nom de «Rétribution à prix coûtant-RPC», une loi qui institue un régime éminemment a-social, disons aussi a-socialiste, puisqu’il s’agit d’un énorme transfert de richesse entre les locataires piégés dans leur HLMs urbain (qui payent la rétribution à plein tarif) et les propriétaires de villas et les paysans enthousiastes dans leur verdure (qui eux empochent la rétribution à plein tarif). Revenus garantis sur 20 ans et des rendements spéculatifs de 6 à 9 % sur le capital investi pour les panneaux solaires sur leurs toits et les éoliennes dans leurs champs. Comme disait un paysan allemand: «En fait, le vent paie mieux que le lait!»
Il y a quelques semaines, contre vent et marée, un solitaire informaticien suisse alémanique, Christian Riesen, a lancé un référendum contre la loi RPC. Le délai de récolte de signatures expire le 24 octobre 2013. Plusieurs organisations s’occupant d’énergie n’ont de prime abord pas soutenu ce référendum - face à la difficulté de récolter les 50'000 signatures requises dans un délai très court et pendant l’été. Les membres de ces associations (comme l’AVES) sont néanmoins au travail sur le terrain. Les milieux économiques laissent faire, parce qu’une augmentation importante du coût de l’électricité ne pourrait que marquer les esprits (comme on l’observe maintenant en Allemagne à quelques semaines des élections fédérales) et n’être que bénéfique à une remise en cause d’une politique énergétique aventureuse et coûteuse. Et pour ne pas risquer une défaite cuisante sur une cause lumineuse et apparemment inéluctable.
En fait dans tout ça, il ne s’agit ni d’électricité, ni de nucléaire, ni de gaz, ni même d’énergie solaire. La Stratégie énergétique 2050 va très loin en faisant fi des bases mêmes du régime économique libéral qui est le nôtre lorsqu’elle promeut étatisme, dirigisme, nationalisation, interdictions, rationnements et subventions surfaites. C’est au tour de ces termes que doit se dérouler le vrai combat contre la Stratégie énergétique fédérale – et non pas sur le mauvais alibi du nucléaire ou l’eldorado illimité du solaire. Une telle entreprise centralisatrice exigerait en réalité un ancrage constitutionnel adéquat; mais les partisans de cette stratégie n’oseront pas tenter le coup devant le peuple d’une justification constitutionnelle.
Comme on le sait, la tactique du Conseil fédéral et de la gauche parlementaire élargie en matière de stratégie énergétique consiste à faire passer un maximum de lois très disparates pour éviter autant que faire se peut toute consultation populaire. On a peur du peuple dans la Berne fédérale; avec raison du reste, comme on a pu le constater ces deux dernières années à Neuchâtel, à Fribourg, à Berne et dans les villes de Dietikon, Meilen et Stäfa, où des propositions concrètes du style «stratégie énergétique» ont été balayées par les citoyens. Par conséquent, à contre-courant, pour forcer un vrai débat public, les sceptiques de la Stratégie énergétique fédérale - que l’on trouve dans la politique, dans les chambres de commerce, chez les PME et dans l’industrie - doivent impérativement mettre en œuvre tous les outils démocratiques disponibles pour contrer les manœuvres adoptées par les partis de la nouvelle gauche qui s’étend de l’extrême-gauche jusqu’au centre du PDC, en y ajoutant la duplicité absolue du PDP, un parti qui se dit «bourgeois».
Madame Widmer-Schlumpf, conseillère fédérale et égérie du PDP, n’a été on ne peut plus claire: «Avec la Stratégie énergétique 2050, le Conseil fédéral va se saisir du dossier et le diriger - en visant des objectifs écologiques, comme nous le faisons dans l’agriculture». Comme le notait avec pertinence le publiciste Thomas Held dans un article traduit et repris par les Observateurs.ch en janvier 2013: « Nous voyons ces temps-ci comment la scène Cleantech se profile comme un second lobby agricole, en exigeant des contributions étatiques selon la surface des panneaux solaires installés ou selon le nombre d’éoliennes perçues comme de nouvelles têtes de gros bétail.»
Le combat de Christian Riesen mérite le soutien de tous les citoyens éclairés, mérite une mobilisation. [Voir le site www.referendum-rpc.ch pour des formulaires de signatures]. Le cas Minder a démontré que le peuple récompense quelquefois les solitaires courageux. En fait, pour la RPC un mouvement est maintenant en marche et prend graduellement de l’ampleur. Répétons-le, il ne s’agit pas d’un combat contre les énergies renouvelables – qui ont bien entendu à bonne mesure leur place dans le mix énergétique suisse; il s’agit notamment de lutter contre les conséquences pernicieuses d’une subventionitite excessive, et surtout il s’agit d’une bataille contre cette pieuvre bureaucratique faite d’étatisme, de dirigisme, de nationalisation, d’interdictions, de rationnements et de subventions surfaites.
Bruno Pellaud
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