Bien au chaud dans leur monotone récitation, ils se comportent comme les parlementaires hors sol de Bruxelles, brandissant quelque droit fondamental et dénonçant ceux qui ne les respectent pas, comme les pathétiques Catherine Ashton ou Viviane Redding, respectivement haute représentante de l’Union Européenne pour les affaires étrangères – commissaire européenne à la justice et à la citoyenneté. Combien de temps les pays européens toléreront-ils ces perroquets ?
S’il fallait ne retenir qu’une seule chose de la philosophie libérale, bien mal en point aujourd’hui, c’est cette observation de John Stuart Mill : « Si toute l’humanité moins une personne était d’une seule opinion, l’humanité n’aurait pas davantage le droit de réduire au silence cette personne que celle-ci n’aurait le droit de réduire au silence l’humanité ».
On le voit, un consensus, même très large, ne recoupe pas nécessairement la vérité. Un homme peut avoir raison tout seul contre les comités, rapports et autres produits du débat démocratique. Mais attention ! Ce n’est pas parce qu’un homme est seul contre tous qu’il a nécessairement raison. Il peut se tromper autant que ceux contre lesquels il se dresse. La vérité est élusive et n’est ni le monopole d’une majorité, ni le monopole d’une minorité, ni même le monopole d’un dissident. Alors, la vérité, où est-elle ? Qui a raison, qui a tort ? *
A raison celui qui a le courage de porter un jugement tout en sachant qu’il n’a pas nécessairement raison. Voilà ce qu’est un jugement. Il fait place au risque de se tromper et, surtout, il est le signe d’un esprit aux prises avec le réel. Mais ceux qui se rattachent comme des moutons à l’opinion dominante ne savent pas, eux, qu’ils n’ont pas nécessairement raison, car ils sont déjà convaincus qu’ils ont raison. Ils vivent dans une bulle de principes abstraits. Ils n’ont pas de doute et, surtout, n’ont pas le courage d’assumer leur position. Fonctionnaires du politiquement correct, ils ne portent jamais un jugement personnel. Ils ne se placent pas une seconde devant la réalité pour la juger, mais remplissent mécaniquement les cases d’un formulaire concernant la liberté d’expression, le respect des droits de l’homme, la conformité à des principes universels et abstraits. Ce sont des perroquets à gilet rayés, des serviteurs aveugle de la bien-pensance, qui n’ont aucune hésitation sur la justesse de leur attitude et se conforment à des règles sans jamais s’interroger sur l’adéquation de leurs jugements à la réalité.
Ces serviteurs serviles dénoncent et dénoncent les manquements au très sacré processus démocratique. En ce moment, l'Egypte leur fait du souci : suit-elle ce processus ? Question dont on pourrait espérer qu'elle les conduise à penser. Mais non ! Des perroquets ne se posent pas de questions. De réflexion, d'hésitation, de jugement, point ! Ils se congratulent, se cooptent et, du haut de leur tribune bruxelloise, attribuent, le pouce baissé ou levé, de bons ou mauvais points aux Européens, parfois au monde. Les empereurs romains pratiquaient déjà ce genre d’exercice du haut de leur auguste balcon.
Ces perroquets ont entre les mains leur petit livre rouge démocratique et, devant les pages ouvertes de cet ouvrage distribuent les bons points et les mauvais points, renvoyant les uns aux ténèbres extérieures, accueillant les autres dans le lumineux royaume du bien. Peut-être, un jour, organiseront-ils des convois pour accélérer ce partage entre les bons et les méchants.
Bien au chaud dans leur monotone récitation, ils se comportent comme les parlementaires hors sol de Bruxelles, brandissant quelque droit fondamental et dénonçant ceux qui ne les respectent pas, comme les pathétiques Catherine Ashton ou Viviane Redding, respectivement haute représentante de l’Union Européenne pour les affaires étrangères - commissaire européenne à la justice et à la citoyenneté.
Combien de temps les pays européens toléreront-ils ces perroquets ?
Jan Marejko
*Vérités rappelées par le philosophe Jacques Dewitte dans un article de la revue du MAUSS, n°25, premier semestre 2005, pp. 79-94.
Incroyable! Quoi est incroyable? En lisant le premier tome de l’Archipel du Goulag j’y “rencontre” des gens que j’ai connus. Des situations que j’ai vécues. Ceci dit, quand il est seul sur le perchoir, le perroquet a un problème. Quand un président de la République s’exprime ainsi: “j’ai demandé moi-même…” (Sic!) il élève le niveau du perroquet. D’ailleurs j’ai vu un documentaire qui démontré l’intelligence remarquable et les facultés impressionnantes des perroquets. Il est vrai que les expérimentateurs témoignent, par la nature des problèmes posés, qu’ils ne prennent pas les perroquets pour des imbéciles. Et nous ne les blâmerons pas, les vrais perroquets, de répéter en cœur les âneries qu’ils ne peuvent identifier comme telles. Contrairement à ceux que vous désignez, qui répètent servilement la vulgate du BIEN.