En l'an 2000, le peuple de l'Etat de Californie votait à 61,4% la Proposition 22, définissant comme seul valide le mariage contracté par un homme et une femme. En 2008, la Cour suprême de Californie déclarait le référendum anticonstitutionnel et nul d'effets.
Six mois plus tard, le même peuple revotait à nouveau pour amender sa Constitution. Il y a une semaine, la Cour suprême des Etats-Unis établissait que les Californiens n'étaient pas aptes, en la forme, à modifier leur constitution.
Moins loin, il y a quelques jours, l'exécutif suprême d'un petit Etat alpin européen a décidé qu'il n'appliquerait pas une initiative populaire demandant le renvoi des criminels étrangers mais lui opposerait les conditions du contre-projet même qui avait été rejeté lors de la votation populaire.
Si les apparences subsistent, les ors des palais, le ronflement des fanfares, le rengorgement des élus, leurs gargarismes sur la démocratie libératrice, irremplaçable, la substance s'évapore doucement, ne laissant plus derrière elle qu'une coquille vide.
La démocratie, en son essence, c'est le remplacement de l'épreuve de force physique par son pendant idéologique. Ne parvenant plus à emporter les consciences, certains courants, minoritaires forcément, ont décidé de revenir à l'ancienne méthode. Paradoxalement, ceux-là sont les mêmes qui invoqueront le vocable de la démocratie dès que la majorité attaquée manifestera quelque velléité de se défendre.
Le renonciation volontaire à sa propre domination, qu'entend la démocratie, implique le respect d'autrui. Pas nécessairement de ses idées, mais de sa personne. Guidés par leur fanatisme, certains ont perdu ce respect, par conséquent ils ont perdu cette retenue.
Que l'on ne s'y trompe pas, cette lente substitution de l'origine du pouvoir n'est pas fortuite, c'est, en son principe, la négation de notre droit, c'est nous faire violence.
Un sage a dit : La dictature, c’est “ferme ta gueule”. La démocratie, c’est “cause toujours”.
C’est tellement et de plus en plus vrai.