«Global Gay» de Frédéric Martel

Francis Richard
Resp. Ressources humaines

Par la voie des tribunaux, l’Etat doit réprimer les violences, les appels à la violence, les injures, les diffamations, etc. Mais l’Etat doit respecter la liberté de pensée et d’expression, la liberté d’opinion. A condition d’être exposées de manière raisonnable, toutes les opinions doivent pouvoir être librement exprimées, même si elles ne sont pas politiquement correctes.»
A défaut de respecter la liberté absolue de pensée, tout Etat devient totalitaire.

 

Frédéric Martel est journaliste. Pendant environ cinq ans, de 2008 à 2012, il a sillonné les cinq continents, s’est rendu dans quarante-cinq pays et a rencontré plus de six cents personnes pour écrire son livre, «Global Gay», où il montre «comment la révolution gay change le monde».

Son livre est un livre engagé en faveur de cette révolution et il ne le cache pas. Il écrit dans son prologue:

«Les droits des gays au niveau international sont en train de devenir une question des droits de l’homme. La dépénalisation universelle de l’homosexualité avance, portée par le mouvement gay, des gouvernements progressistes et la société civile.»

Frédéric Martel rappelle l’acte fondateur de ce qui allait être le mouvement gay, l’émeute, le 28 juin 1969, de centaines de clients homosexuels d’un bar, Stonewall Inn, situé à New-York, plus précisément à Greenwich Village, contre la police, qui arrête ce jour-là treize personnes, «parmi lesquelles des travestis, des transsexuels et des hippies», puis expulse de ce bar deux cents homosexuels en pleine nuit.

A partir de ce moment-là le mot gay – une des revendications des émeutiers est «legalize gay bars» – fait vraiment son apparition dans le langage. L’émeute est «commémorée une première fois un an plus tard en 1970, et depuis à travers le monde, chaque année en juin, sous le nom de «Gay Pride».

La veille de cette révolte, Judy Garland, idole des homosexuels, morte à 47 ans d’une overdose, a été enterrée à New-York. Sa chanson, «Over the Rainbow», sortie à la fin des années 1930, devient en quelque sorte l’hymne du mouvement et le Rainbow flag – le drapeau arc-en-ciel – le signe de la communauté LGBT (pour lesbiennes, gays, bisexuels, transsexuels).

A lire le livre de Frédéric Martel, qui passe en revue les communautés LGBT à travers le monde, on découvre que le mouvement gay est à la fois global et local.

Le mouvement gay est global en ce sens que les revendications sont partout les mêmes: la dépénalisation de l’homosexualité, la reconnaissance en droit de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre. De ces derniers droits découlent, selon eux – et ils n’ont pas tort –, le mariage pour tous et l’homoparentalité.

Les LGBT veulent pouvoir être visibles, car ils pensent que c’est leur meilleure arme pour affirmer ces droits. Ils font donc, si possible, leur coming-out, développent une culture spécifique, sont communautaristes et utilisent fort habilement la télévision satellitaire, Internet, les téléphones portables et les réseaux sociaux.

Le mouvement est également local – le livre le décrit très bien – parce qu’il y a chez les homosexuels une réelle diversité et un ancrage régional:

« Souvent les gays vivent en dehors de la globalisation et hors de toute américanisation. Ils ne font que rarement le choix ou l’épreuve de l’acculturation, c’est-à-dire de l’effacement de leur culture d’origine, au profit d’une identité gay globale. Ils sont plus aux prises avec leur vie locale qu’ils ne sont globalisés.»

La situation des gays n’est pas la même dans tous les pays. Dans huit pays, tous musulmans, l’homosexualité est officiellement punissable de mort. Dans d’autres, les homosexuels encourent des peines de prison et des amendes. Aussi les stratégies de conquête des droits y sont-elles différentes:

«Dans certains cas où l’on peut encourager la valorisation de l’«identité» homosexuelle, on peut privilégier une défense des valeurs et des droits, même si les Droits de l’homme sont universels, il est possible de mettre davantage l’accent sur la défense de la culture, sur la communication et le commerce.»

La dépénalisation des gays s’accompagne dans certains pays, se réjouit l’auteur, d’une pénalisation de l’homophobie. Or l’homophobie est comme le racisme un concept élastique qui permet de censurer ceux qui ne pensent pas comme vous, qui ne pensent pas correctement.

Si l’on entend par homophobie, comme le dit l’auteur à un endroit du livre, oppression contre les gays, se traduisant par des sentences de mort ou d’emprisonnement, il va de soi qu’elle est condamnable. Mais, si l’on entend par homophobie, toute critique de l’homosexualité – tout le monde n’est pas obligé d’approuver ce comportement sexuel – il y a atteinte à la liberté d’expression.

C’est ainsi que, sans se faire traiter d’homophobe, Christian Vanneste a le droit d’écrire, comme il le fait dans son coup de colère, «M… au lobby gay!», aux Editions Mordicus:

«Je n’ai rien contre les homosexuels ou ceux qui se croient tels, mais je refuse qu’on m’impose des idées fausses ou absurdes pour détruire un peu plus la société dans laquelle je vis et le pays que j’aime. Pendant plus de cinquante ans je n’ai rien dit contre « l’amour socratique » et je pense même que cette particularité va de pair chez certains avec une intelligence et une créativité hors du commun. Ce n’est ni Proust, chez qui ça tourne quand même à l’obsession, ni Yourcenar et son Hadrien, ni même Wilde, que j’adore, qui m’ont poussé à la révolte, non, mais l’absurdité logique ou la malhonnêteté intellectuelle qui font considérer un comportement sexuel au même titre qu’une réalité physique, telle qu’une couleur de peau, un sexe ou un handicap.»

Dans son récent livre sur «Le vrai génie du christianisme», aux éditions Jean-Cyrille Godefroy, Jean-Louis Harouel écrit de manière incorrecte:

« Pour toutes les questions tournant autour de l’idée de discrimination privée, la seule figure de l’Etat qui respecte la distinction du politique et du religieux, c’est l’Etat neutre. L’Etat qui ne se mêle pas d’avoir une religion séculière officielle. Racisme et antiracisme ne sont que des opinions antagonistes. Même chose pour la critique de l’homosexualité ou son apologie. Le rôle de l’Etat n’est pas de prendre parti entre ces opinions contradictoires.

Par la voie des tribunaux, l’Etat doit réprimer les violences, les appels à la violence, les injures, les diffamations, etc. Mais l’Etat doit respecter la liberté de pensée et d’expression, la liberté d’opinion. A condition d’être exposées de manière raisonnable, toutes les opinions doivent pouvoir être librement exprimées, même si elles ne sont pas politiquement correctes.»

A défaut  de respecter la liberté absolue de pensée, tout Etat devient totalitaire.

 

 

 

 

 

Un commentaire

  1. Posté par Ben Palmer le

    “Le rôle de l’Etat n’est pas de prendre parti entre ces opinions contradictoires” L’état, représentant du peuple, n’a pas à exprimer une opinion et encore moins à préconiser une opinion politiquement correcte.

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