Les caméras de vidéosurveillance ne servent pas à protéger la population, la preuve par l’exemple.
Le 3 juillet 2010, en gare de Sion, Leonid Rey-Sirwinsky, Jonathan Bonvin-Mootoosamy et Lionel Noirjean-Benchekroune, tous trois citoyens suisses, s'en prennent à une vendeuse, laquelle a eu la mauvaise idée de s'insurger contre le vol flagrant dont elle vient d'être le témoin.
X(1), un client, s'interpose. Il se réveillera à l'hôpital. Traumatisme crânien dû à des coups de pieds à la tête, arrêt de travail puis dépression, perte d'emploi et développement de troubles nerveux physiques nécessitant un traitement, certes léger, mais à vie. La Zurich assurance tiendra le coup un moment, puis le lâchera au bout de huit mois. La maladie nerveuse causée par l'agression ne peut plus être mise en lien avec celle-ci au bout de huit mois, ou quelque chose comme ça. Bref, X n'est pas riche et doit interrompre un traitement qui lui faisait du bien.
Leonid, Jonathan et Lionel sont apparemment aussi bien connus des services de police que des vendeuses de l'épicerie de la gare. Jonathan Bonvin fait d'ailleurs déjà l'objet d'une interdiction de magasin.
La plainte
La vendeuse et X déposent plainte, sans plus de conviction, mais la chose leur paraît normale, et c'est le conseil de la police. "Ce sont eux, n'est-ce pas ?", leur demande un agent en leur présentant les planches photographiques avant même qu'ils n'aient eu le temps de faire une description. "J'espère que, cette fois-ci, les sursis vont sauter".
Leonid Rey fera de la prison, il faut dire que cette dernière plainte en date s'ajoute à 19 autres, entre décembre 2009 et septembre 2010. Au hasard des huit pages de l'acte d'accusation, on peut lire des choses comme celle-ci:
"Y (la victime) ayant tenu des propos déplaisants à rencontre du prévenu (Leonid Rey), ce dernier lui asséna un coup de pied au visage, alors qu'Y était assis sur un banc pour fixer sa prothèse tibiale."
La raison de l'incarcération est certainement plus à trouver dans une infraction au code de la route que dans les innombrables vols et agressions dont il est accusé, ce même M. Rey ayant été flashé en effet sur l'autoroute à 207 km/h, sans permis de conduire, avec 2,05 grammes dans le sang, dans une voiture qui n'était pas la sienne...
Jonathan prendra le sursis, autant dire un blâme au vu du nombre de plaintes dont il est l'objet, en à peine plus d'une année, pour vols et agressions.
Lionel ne prendra rien, il dit qu'il n'a rien fait, le juge le croit.
La procédure
Problème, X et la vendeuse ne sont prévenus de rien. Le juge ne les entend pas et rend ses décisions sans même les avertir ou leur permettre d'assister au procès. On ne leur communiquera pas même le dossier.
X, qui avait fait une demande d'assistance judiciaire, pour être au moins à égalité avec ses agresseurs défendus d'office, ne voyant rien venir au bout d'un an, fait recours pour retard injustifié. Olivier Vergères, le juge, se prononce le lendemain même sur la demande d'assistance et la rejette au motif que l'affaire n'est pas si compliquée. Elle durera quand même trois ans. L'instance supérieure déclare que, vu que la décision vient de tomber, le recours n'a plus lieu d'être, le classe sans suite et colle les frais à X, 300 balles; ça se passe comme ça.
Les décisions rendues en son absence, X n'a pas pu faire valoir ses prétentions pour le dommage subi, lesquelles auraient pu lui permettre de continuer son traitement. Mais les délais de recours, dont il n'est pas prévenu, sont passés, et il n'a pas de quoi se payer un avocat pour aller au civil; la cause est perdue. Il aura fallu son premier recours pour qu'il réalise le sort réservé à sa plainte.
Coup de chance, si l'on peut dire, X parvient à récupérer le cas Noirjean, jugé plus tard, et acquitté au motif qu'il dit s'être interposé pour éviter la bagarre. Un homme de paix donc, un ange de vertu qui, lors de son audition, admettra tout de même avoir saisi le plaignant "au collet", que lui et ses petits camarades étaient assez nombreux pour le "choper" et se félicitera enfin qu'il se soit "fait ramasser par [s]es potes". "C'était méchant, ajoute-t-il. Il voulait jouer au caïd et il l'a mérité". Et pour ce qui est de jouer au caïd, Lionel Noirjean sait de quoi il parle, qui pose sur son profil Facebook en cagoule (ici, ici, ici, et ici) et semi-automatique (avec munition) ou mimant l'actionnement d'une gâchette (ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici, et ici). Et encore vous fait-on grâce de la galerie de cigarettes ludiques, de poses devant des boutiques de luxe, de pitbulls et autres copines avinées de tous pedigrees. Le tout avec son "friend", Leonid Rey, alias "Sergei Popov"; ça ne s'invente pas.
X avait eu le malheur de se retrouver sur le territoire de Lionel Noirjean, lequel lui avait pourtant fait remarquer qu'il était bien "seul" face à ses "potes". Lors de son audition, il trouve encore à lui reprocher d'avoir pris la défense de la vendeuse qu'il était en train d'insulter puis de tenter d'agresser, soit de se mêler « de quelque chose qui ne le regardait pas », alors qu'il aurait dû « payer son dû et se tirer comme tout le monde »; comme tout le monde.
Le recours
X fait recours contre la première ordonnance de classement au motif que l'infraction a été changée en simple menace par la magie du juge Vergères, alors qu'il s'agissait d'une agression, et que les images des caméras qui surveillent la place de la gare n'ont pas même été visionnées par le Ministère public au moment de l'enquête. Une révélation qui suscitera l'étonnement de la presse locale en son temps.
Au lendemain de son agression, X, sous le coup de l'émotion, avait écrit au président de la ville pour se plaindre de la sécurité fortement déclinante en gare de Sion. Marcel Maurer lui répondait en rejetant ses critiques sur la base de la récente installation de caméras de surveillance, "afin d'améliorer la sécurité à cet endroit". Ces caméras de surveillance ne contribuaient pas à la sécurité, elles étaient devenues la preuve objective qu'il n'y avait pas de problème de sécurité... Allez comprendre.
Il faudra tout de même 18 mois à X et toute l'influence d'un chef de groupe au Grand-Conseil, sensible à ces divers "ratés" de procédure, pour accéder à ces images. Le Ministère public se pliera de la plus mauvaise grâce qui soit et fera flèche de tout bois pour ne pas avoir à les montrer. "Le Ministère public ne dispose pas du logiciel nécessaire à la lecture des fichiers", fera-t-on même dire à X. Après qu'il eût insisté, on les lui laissera voir sous la surveillance d'un huissier, lequel ne cessera de lui répéter qu'on "ne voit rien". On voit tout.
Le recours gagné, la cause retourne, hélas, chez le juge Vergères. Passe encore un an avant que celui-ci ne le convoque. Tout miel, il demande à X ce qu'il lui manque pour être enfin satisfait, la prise en compte des images de vidéosurveillance dans le prononcé de la décision, répond celui-ci. Mais l'objet de la convocation n'était que de s'assurer qu'X était bien seul, sans avocat et toujours aussi fauché pour s'en procurer un. Le piège de se refermer doucement. Après l'avoir assuré que ses demandes seraient prises en compte et que lui serait transmise sans faute, une première en trois ans de procédure, une copie complète du dossier, le juge le renvoyait à ses attentes et à ses espérances.
X ne verra jamais la copie de son dossier. Quelques semaines après la convocation, Vergères rendra à la lettre la même décision que celle qui avait été cassée par recours, sans jamais mentionner les images (un simple copier-coller: Ordonnance 2010, p. 1, p. 2. Ordonnance 2013, p. 1, p. 2). Lionel Noirjean dit qu'il n'a rien fait, il n'y a pas de raison de ne pas le croire.
"Ce qu'ils ont fait du Valais"
Pas assez riche pour se défendre convenablement, X relativise:
"En même temps, c'est la même équipe qui a jugé l'affaire Mongelli. Je pense que je dois m'estimer heureux qu'ils n'aient pas mis mon agression sur le dos de Rocky (le chien du petit Luca Mongelli).
C'est ce qu'ils ont fait de notre pays. On passe partout pour des mafieux et des trafiquants d'influence, mais c'est le fait d'une minorité et ça ne durera pas toujours. Il y a une justice, et ils y seront confrontés un jour ou l'autre, qu'ils le veuillent ou non.
Quant à moi, je jette l'éponge, la voie légale ne mène à rien, mais j'ai compris la leçon, je suis armé, je ne serai plus jamais agressé, je tâcherai de ne plus jamais avoir à faire appel à la justice valaisanne et réglerai désormais mes problèmes moi-même."
Les caméras de surveillance ne servent à rien. Il y a 3 ou 4 ans, leur installation avait permis d'appréhender des voyous qui s'en étaient pris, devant la gare, à une voiture de police. Tout au plus protègent-elles l'Etat contre les citoyens, mais jamais l'inverse.
(1) Nom connu de la rédaction.
Si on installe des caméras pour plus de sécurité mais que, comme partout ailleurs en Suisse, la justice se fiche complètement des victimes et préfère se faire de l’argent sur leur dos, ça ne sert à rien effectivement. La justice valaisanne a toujours laissé les victimes de violences physiques urbaines (pas au sein d’un couple par ex.) complètement seules ! Les caméras serviront lorsque, comme en France, le suivit judiciaire prendra cet outil en considération et que l’attitude envers les victimes changera.
Il y a quelque chose de pourri au royaume du valais. Quant à la “justice”, ses sbires et ses caméras, elle n’est tout simplement plus rien qu’un outil exclusivement au service de l’Etat déliquescent.
Mais certeny c’est de l’ironie que les caméras ne servent à rien, d’accord que le (petit) juge me dégoute. Le président de Sion me laisse perplexe!
Je me pose la question : en quoi les caméras de surveillance sont-elles mises en cause puisque ce sont la justice et les (petits) juges qui sont en cause ?? Des juges pareils ? …impensables ! Où sont les responsables de la magistrature ? Surtout ne dites pas, avec votre exemple, que les caméras de surveillance sont inutiles. Elles n’ont pas été utilisées !
Je partage entièrement les conclusions de X, la victime. Il est totalement illusoire de recourir à la justice pour faire valoir ses droits contre des petites frappes, cela ne me viendrait même pas à l’idée. La racaille judiciaire de notre pays, m’a inspiré. Qu’on vienne m’agresser, je sais quoi faire.
On lit des choses assez coquasses sur le profil du sympathique Léonid, comme: “je suis mettre de mes choix mais tu est la clef de ma sagesse” ;
“Je suis de retour en prison, vous pouvez m’écrire: Rey Léonid – Prison des Iles – Chemin des Roseaux 8 – 1950 Sion (!!! Lettre lu par le procureur !!!)” ;
et l’inénarrable “A quoi me sert de devenir meilleur si je ne suis juger que par mes actes passé!!!”…
voilàààà.