Les déclarations antérieures du nouveau Pape indiquent qu’il veut sortir de l’opposition stérile entre charité de « droite » ou de «gauche » en passant de l’idée de l’une ou l’autre à l’idée de l’une et de l’autre. Pétrie de dialectique, notre époque voudrait nous contraindre à un choix exclusif : prendre du fromage rendrait impossible de consommer ensuite du dessert, Jésus vrai Homme ne pourrait aussi être vrai Dieu et la défense de la justice pour les pauvres devrait nécessairement conduire à la suppression totale des libertés économiques.
Dans le regard porté sur l’Eglise, ce goût de l’opposition dialectique conduit à ce qu’on pourrait appeler l’hémipapisme. Les médias de gauche aiment un demi Pape social qui critique le capitalisme (sans retransmettre le contenu réel de cette critique) et les (rares) médias «conservateurs » aiment un demi Pape qui se soucie des victimes de l’avortement et des vieux qu’on voudrait euthanasier.
Avec le jeune Pape François, leur tâche va être plus rude. D’origine modeste et immigrée il a choisi de vivre sa vie d’évêque d’une manière très sobre et austère, suivant ainsi d’une certaine manière l’exemple de saint Charles Borromée dormant sur un lit de paille au cœur de son palais épiscopal. « Pape des pauvres » qui a œuvré dans les bidonvilles, Monseigneur Bergoglio a aussi été un évêque pro vie et pro famille de choc, capable d’une opposition frontale avec les pouvoirs politiques sur les questions de l’avortement et du mariage homosexuel. Il a célébré l’unité de la charité envers tous ceux qui sont fragiles au début, dans l’enfance, pendant et à la fin de la vie en demandant à ce que la Vierge Marie aide les hommes à prendre soin de la fragilité, « chacun payant de sa poche ce qu’il faut pour que notre terre soit un lieu où tout le monde puisse se restaurer, où personne ne soit exclu ».
Cet engagement ne le conduit pas à la naïveté envers les grands dispensateurs de grands mots faussement généreux, qu’il s’agisse de ceux qui nient le plan de Dieu sur la famille autant qu'envers ceux qui ont voulu se servir de l’option préférentielle pour les pauvres pour faire une révolution marxiste.
Jorge Bergoglio n’est pas non plus montré de naïveté à propos des possibilités humaines. L’unité et l’équilibre ne se réalisent pas naturellement et l’évêque devenu Pape rappelait en 2007 que « Seul l’Esprit peut susciter la diversité, la pluralité, la multiplicité et en même temps faire l’unité » et qu’il faut prier à la manière de Sainte Thérèse et avec l’aide de contemplatives pour obtenir la victoire.
Philippe Edmond
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