La défense européenne n’existe pas et, face aux réductions massives des dépenses militaires dans la plupart des pays européens, seuls quelques Etats disposent encore des capacités d’agir sur le plan militaire. C’est ce constat qui devrait retenir l’attention des Européens, y compris des Suisses.
Jeudi 17 janvier, la RTS posait "en ligne directe" à ses auditeurs cette question: "Soutenez-vous l’intervention française au Mali?". Avec ce texte : "Depuis vendredi dernier, la France est militairement engagée au Mali. Après avoir stoppé l'avancée vers la capitale Bamako de groupes islamistes lourdement armés, "l'opération Serval" doit encore permettre à 2500 soldats français de se déployer sur le sol malien. En attendant la formation et la mise sur pied d'un corps de 3000 soldats autochtones, c'est la France qui fait le gendarme en Afrique de l’Ouest. "Un rempart qui correspond aux voeux de la population", disent certains, "Une insupportable ingérence qui n'a d'autres buts que de protéger des intérêts économiques de l'ancien colonisateur", répondent d'autres. La "guerre contre le terrorisme" justifie-t-elle les bombardements dans la région? Soutenez-vous l’intervention française au Mali?"
Est-ce vraiment là une question clé ? Soutenir une telle intervention, cela reviendrait pour notre pays à fournir un appui aux pays engagés sur le terrain, ainsi qu’au Mali, ceci dans le cadre strict de la résolution 2071 des Nations Unies : "Les États Membres et les organisations régionales et internationales, y compris l’Union africaine et l’Union européenne, sont pour leur part invités à fournir aux forces maliennes leur aide et leur savoir-faire, en vue de rétablir l’autorité de l’État sur tout le territoire". Nous savons bien qu’il en est hors de question. Comme il était hors de question de participer à la mission de l’UE au Tchad en 2008 ou encore à la lutte contre les pirates dans l’océan Indien. Au demeurant, le Mali est un pays souverain, membre de l’ONU, dont une partie du territoire est actuellement occupé par des groupes armés illégaux. La vraie question est : "Fallait-il que les pays européens interviennent au Mali ?" Face à l’appel au secours du président malien ad intérim, à la déroute des forces armées maliennes et à la perspective de voir les djihadistes prendre Bamako en otage, avec ses habitants et les milliers de ressortissants étrangers, la France est intervenue. Que cette opération ait été préparée de longue date fait partie des normes dans une armée d’engagement, habituée à planifier et conduire des opérations. Que la France soit aussi intervenue pour préserver ses différents intérêts, qu’ils soient politiques ou énergétiques, cela va de soi et ne devrait étonner personne, en premier lieu nos experts. Oui, la France est intervenue, mais pas l’Europe, et ceci malgré les différents mécanismes mis en place depuis plusieurs années maintenant : Eurocorps, Eurofor, Eurogendfor, Helsinki Headline Goal, European Union Battlegroups, Euromarfor, EATC, ... Jusqu’à présent, aucun d’entre eux n’a été activé. La défense européenne n’existe pas et, face aux réductions massives des dépenses militaires dans la plupart des pays européens, seuls quelques Etats disposent encore des capacités d’agir sur le plan militaire. C’est ce constat qui devrait retenir l’attention des Européens, y compris des Suisses.
Aucune allusion au fait que Serval est la suite logique de l’intervention en Libye ?