Alors que l’armée a restitué plus de 900 millions de crédits non utilisés au cours de ces trois dernières années, et que cet argent a dès lors été dépensé par d’autres départements, le Conseil fédéral continue à presser le citron sans prendre en compte les efforts entrepris à ce jour.
Prise il a quelques semaines la décision du Conseil fédéral de procéder à un nouveau programme d’économie et, de ce fait réduire, de 4,4 à 4,3 mia le financement du futur modèle d’armée est passée inaperçue.
Et pourtant ne vous méprenez pas, cette décision est grave d’une part pour l’armée et d’autre part pour le gouvernement qui joue sa crédibilité et donne un coup fatal à la nécessaire cohérence pour une armée digne de ce nom entre les prestations et les ressources.
En clair, le Conseil fédéral estime que l’armée dispose à ce jour de trop de moyens financiers.
Réserve stratégique
Il faut s’interroger sur cette volonté systématique du Conseil fédéral de réduire l’enveloppe financière à disposition de la seule réserve stratégique du pays et de ce fait de renoncer à assurer une politique de sécurité anticipatrice prenant en compte le faisceau des risques et menaces qui sont à nos portes.
Alors que l’armée a restitué plus de 900 millions de crédits non utilisés au cours de ces trois dernières années, et que cet argent a dès lors été dépensé par d’autres départements, le Conseil fédéral continue à presser le citron sans prendre en compte les efforts entrepris à ce jour. Ce n’est pas acceptable aux yeux de la Société suisse des officiers (SSO).
Quelles déductions devons-nous en tirer ?
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Qu’à peine 5 mois après avoir dérogé à la décision du Parlement de septembre 2011 (100'000 hommes et 5 mia) en fixant le budget annuel à 4,4 mia, le Conseil fédéral modifie les conditions cadres en réduisant l’enveloppe financière de 100 mio.
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Que l’armée DOIT utiliser intelligemment les crédits à disposition et cesser de restituer des budgets validés par le parlement.
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Que la cohérence demandée par la SSO entre les prestations et les ressources est hypothéquée, et que de ce fait nous allons revivre le syndrome Armée XXI avec son cortège d’incohérences, de dysfonctionnements qui seront -soyez en persuadés - mis sur le compte de l’armée elle-même, que l’on accusera ensuite d’incompétences!
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Que le Conseil fédéral fait des économies au détriment de la milice et des cantons, sachant pertinemment que l’état de préparation global s’en trouvera affecté.
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Que le Conseil fédéral ne soutient plus son armée de milice, car faute de moyens suffisants, les hommes et les femmes qui la composent voient leur propre sécurité mise en cause par ces coupes budgétaires.
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Que nous nous approchons de la ligne rouge fatidique, au-delà de laquelle une armée coûte trop chère pour ce qu’elle est capable de fournir en terme de prestations. Autrement formulée, l’initiative socialiste « Economiser dans l'armée et la défense générale - pour davantage de paix et d'emplois d'avenir », rejetée en 2000 par 62,4% des votants, est maintenant entrée en vigueur grâce au gouvernement.
Votre comité s’interroge sur cette mort lente par asphyxie imposée à notre armée de milice. La ligne rouge est désormais franchie, et faute d’une correction budgétaire de la part du parlement, c’est la chaîne sécuritaire dans son ensemble qui est menacée. Le Conseil fédéral joue à un jeu qui consiste à retirer les uns après les autres, au hasard, les rivets et les boulons d’un avion jusqu’à en perdre le contrôle. Nous ne pourrons rester les bras croisés.
Denis Froidevaux
Première diffusion sur Allgemeine Schweizerische Militärzeitschrift
Monsieur le brigadier Froidevaux a tout a fait raison! La Suisse dépense environ 4.3 milliards de francs par année pour son armée, soit seulement 0.7% de son PIB ou encore 6% du budget de la Confédération. Notre Conseil fédéral de centre gauche joue de manière honteuse avec la liberté et la souveraineté du pays. Qu’il se rappelle pourtant de cet adage plein de bon sens: “Si tu veux la paix, prépares la guerre”. Les générations futures risquent un jour de faire les frais de ces décisions totalement irresponsables en matière de politique de sécurité…