La fin du Sonderfall helvétique ?

Alexandre Cipolla
Vice-président UDCVr, député-suppléant

Il est prévu d’engager des fonctionnaires fiscaux étrangers sur sol suisse pour contrôler la mise en application des accords Rubik, ce qui revient en définitive à une capitulation et constitue un affront vis-à-vis des citoyens suisses.

Voilà quelques temps déjà que notre pays, celui d’Heidi, tend à devenir celui de Candy. La naïveté et l’insouciance de nos diplomates et d’une bonne partie de nos représentants politiques sont des gages supplémentaires pour les pays à la recherche d’argent frais qu’ils pensent trouver dans les établissements bancaires suisses.

L’échec des référendums contre les accords Rubik avec l’Allemagne, l’Angleterre et l’Autriche privera le souverain d’un débat sur les tenants et aboutissants de ceux-ci. Échec qui soit dit en passant, aux dires des « journaleux », serait de la faute à l’ASIN, de peur que certains aient l’outrecuidance de croire que l’administration genevoise n’aurait pas fait le nécessaire pour transmettre les formulaires dans les délais.

Mentalité d'abandon

Ces accords sont purement et simplement le symbole de la mentalité d’abandon, de démission, qui s’est emparée de nos responsables politiques et économiques au moment même où ceux-ci devraient défendre notre place financière. Finalement à quoi bon lutter, si l’on pense avoir déjà perdu! On en vient même à se poser la question si notre sport national du tir n’est pas supplanté peu à peu par le « baissage de pantalons ».

Notre pays s’est construit autour de valeurs qui mettaient au centre les principes de liberté et d’indépendance. Les trois fondateurs légendaires de la Confédération avaient, face à eux, rien moins que le duché d’Autriche, une des grandes puissances de l’époque. A force de courage et de persévérance, ils sont parvenus à sauvegarder leur indépendance. Nos autorités « morales » et politiques semblent pressées d’oublier le serment de Walther Fürst, Arnold de Melchtal et Werner Stauffacher: celui de vivre et de mourir en hommes libres. A-t-on déjà lancé aux oubliettes l’injonction mythique qui refusait que des juges étrangers viennent faire la loi dans nos vallées? Eh bien! Internationalistes de tous bords rassurez-vous, pas besoin de nous envoyer vos baillis des temps modernes, car nos autorités feront le boulot à votre place…

Fonctionnaires fiscaux étrangers

C’est pourtant bien ce qui se passera avec les accords qui entreront prochainement en vigueur. Il est en effet prévu d’engager des fonctionnaires fiscaux étrangers sur sol suisse pour contrôler leur mise en application, ce qui revient en définitive à une capitulation et constitue un  affront vis-à-vis des citoyens suisses, qui se retrouvent, une fois encore, les dindons de la farce. Une farce qui coûtera cher, puisque finalement ce n’est pas moins que le secret bancaire et la souveraineté suisse dans le domaine fiscal qui sont en jeu.

Ces accords fiscaux ont été négociés sous la pression de l’étranger et dans un climat de chantage. A plusieurs reprises, notre gouvernement a cédé et a accepté des négociations subséquentes au détriment des intérêts suisses. La souveraineté a été insuffisamment défendue dans cette guerre économique. Car, n’en déplaise aux adeptes du « tout le monde il est gentil, tout le monde il est beau », c’est bien une guerre qui est engagée contre notre pays; une petite Suisse bien trop prospère aux yeux de certains dirigeants européens enlisés dans la « gestion » de la crise de l’Euro. En effet, la réussite helvétique peut sembler à leurs yeux une insulte à leur politique fiscale tant le pragmatisme suisse dans ce domaine contredit leur doxa. En effet, le nerf de la guerre c’est l’argent. Pour nombre de pays qui nous entourent, au bord de la banqueroute, il faut en trouver à tout prix. Et autant aller le chercher là où il y en a: en Suisse, par exemple.

Equilibre

Les accords avec l’Allemagne, la Grande-Bretagne et l’Autriche ne sont ni équilibrés ni n’assurent une place financière compétitive pour la Suisse. Ils nuisent à la place économique en anéantissant des emplois et mettent en danger notre prospérité. De plus, l’accès non entravé des entreprises financières suisses au marché européen n’est pas garanti, en dépit des concessions massives faites par notre pays. Et le pompon, si j’ose dire, l’utilisation des données bancaires volées par des autorités fiscales étrangères reste toujours possible.

En conclusion, il est permis de se questionner sur le bien fondé de ces accords qui, non contents de violer de façon tout à fait singulière les valeurs fondamentales qui ont fait le succès et l’originalité même de notre pays, ne remplissent pas les objectifs qui leur ont été fixés. Finalement, les seuls dupes dans cette affaire, ce sont les citoyens suisses qui, sans avoir pu se prononcer sur ce sujet éminemment important, verront les autorités fiscales étrangères s’immiscer dans le domaine, au combien significatif, de la souveraineté d’un pays qu’est le domaine de la fiscalité. Ces accords ne sont, en définitive, qu’un pas supplémentaire vers l’échange automatique d’informations et la fin du secret bancaire. Une fois de plus c’est purement et simplement notre liberté et notre indépendance qui sont en jeu.

Alexandre Cipolla

Un commentaire

  1. Posté par Simond le

    Les vandales sont de retour.

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