Dossier. Il devient urgent de développer une véritable culture de l’entraide et de la surveillance collective et citoyenne. Un nouvel apprentissage nous attend. Des rondes citoyennes n’ont rien de scandaleux. Le recul de la criminalité serait immédiate. Et le recul de la criminalité visible finirait par assécher l’autre.
Est-ce le grand réveil en matière de politique de sécurité en Suisse, à Genève, à Lausanne,etc…?
Genève annonce un virage complet; Lausanne suit, avec comme particularité une volonté de la gauche de s’occuper enfin du climat d’insécurité, de violence et de criminalité qui exaspère la population. Une sanction électorale guettait-elle à l’horizon?
La « nouvelle» gauche décrète la fin de la naïveté et de l’angélisme, cela toutefois après des décennies de sous-estimation et de politique de l’excuse sociale. Bref, on veut sortir vainqueur dans la résolution des problèmes que l’on a contribué à créer. La fermeté nécessaire était automatiquement associée à l’extrême droite, voire au fascisme.
Un exemple archétypique
Un exemple des plus marquants nous venait de France avec Julien Dray, pour lequel le fait de simplement parler de criminalité étrangère était raciste et lepéniste. Puis, brusquement, la situation s’aggravant, on va visiter New York et sa politique de la tolérance zéro. On revient en France, le discours change mais on prend ses distances: la tolérance zéro c’est peut-être bon pour New York mais pas pour la France. Il faut agir, mais autrement, et lui va montrer la voie…Pas de mea culpa, bien sûr. On tente de récupérer la situation en se mettant sans gêne en position de résoudre la situation. On va voir ce qu’on va voir. Avec quel effet ?
Loin de moi l’idée de ne pas approuver ce changement de cap annoncé, une fois à droite, une fois à gauche.
Il est urgent d’agir, depuis longtemps…
Mais il faut éviter d’agir en fonction d’une réalité déjà dépassée, et négliger les nouveaux dangers dont on ne parle encore que très peu et dont on ne semble pas encore avoir pris la pleine mesure. La situation est en fait beaucoup plus grave que ce qui apparaît au grand jour depuis longtemps: cambriolages, vols à l’arraché, dealers, rackets, violences physiques contre les personnes, car jacking, home jacking, trafics de toutes sortes, etc., soit le climat actuel fait d’insécurité, d’impunité et du sentiment d’impuissance que ressent la population par rapport au manque de détermination des autorités.
Les nouvelles activités et ramifications de la criminalité ont déjà commencé à se «matérialiser», tout en étant encore invisibles. Elles sont souterraines, mais déjà bien organisées. Le ver est dans le fruit. Le mal est déjà structurel. C’est la partie immergée de l’iceberg de la criminalité et dont on ne saisit encore ni la réalité ni le danger, un danger autrement plus menaçant que le grouillement des multiples activités délinquantes individuelles visibles en surface de jour comme de nuit.
C’est le Niveau 2 de la réalité criminelle, celle qui cherche à prendre racine et à s’organiser de manière souterraine en se constituant en une véritable contre-société, contre notre société et à ses dépens.
Un premier exemple très simple, tiré de l’actualité française (puisque sur ce point on ne sait pas si nos polices suisses ont les données nécessaires). Dans une banlieue on a tiré sur des policiers venus tenter d’effectuer quelque contrôle. On a trouvé cela révoltant, scandaleux, inadmissible, etc. Des actes à réprimer avec la sévérité la plus absolue. Ok, mais jusque-là ce n’est justement que le premier degré de la criminalité.
Quand les tirs sont de semonce…
L’autre réalité, c’est que de tels tirs sont des tirs de semonce. Il ne s’agissait pas de tuer des policiers, même si cela peut arriver dans la foulée, mais de signifier à ces derniers de se tenir à l’écart et de ne pas se mêler des activités criminelles qui se cachent dans ces lieux, de ne pas empiéter sur un territoire qui ne devrait plus être du ressort de l’Etat, de la police. C’est cela une contre-société, une société criminelle autonome, qui revendique son indépendance! Puisqu’elle peut vivre en autosuffisance! Ici, il y a d’un côté l’arrière-boutique et, de l’autre, les multiples acteurs individuels, membres à des degrés divers, avec rang hiérarchique spécifié.
Ces derniers sont envoyés «au front» pour ramener de quoi faire vivre ces microsociétés. Ces dernières vivent souvent très bien, ici ou ailleurs, car elles sont constituées en réseaux nationaux et internationaux. Le réseautage prend les formes les plus diverses!
Excuse sociale et responsabilité individuelle
Quand la gauche explique la délinquance par la misère elle se trompe lourdement: la criminalité est une activité rentable, plus rentable que bien d’autres activités, et c’est un choix personnel, un choix de vie. Le vrai responsable de la criminalité est le criminel lui-même et non notre société, injuste, exploiteuse, etc. Le métier est certes plus risqué que d’autres mais c’est bien un métier, un contre-métier si l’on veut. Passionnant même, avec montée programmée et rituelle d’adrénaline, propre à toute activité risquée, sportive ou autre (Bonnie and Clyde). Comme le métier est à la fois rentable et passionnant mais insuffisamment traqué et pourchassé, il devient attirant, contagieux.
C’est une vraie guerre, sans les moyens
Quand comprendra-t-on que c’est une véritable guerre qui est à mener contre les multiples formes de la criminalité, de plus en plus envahissante et terrifiante. Une sénatrice socialiste- vous avez bien lu, socialiste- française de Marseille, Samia Ghali demande l’intervention de l’armée. C’est Marseille voyons! Impossible en Suisse, à Genève ou à Lausanne, etc. Erreur, vous verrez.
J’avais déjà proposé pour Genève d’en appeler à l’armée, en appui de la police. A la guerre comme à la guerre. On ne semble pas se rendre compte de ce qui se prépare ici aussi, de manière souterraine également. Vous avez aimé le visible, vous aimerez l’invisible…
Ici aussi, il faudra des années, et sans doute une série de morts, pour comprendre la gravité de la situation, même «chez nous».
Conséquence pour les responsables de la sécurité: le renseignement (au sens large, et avec tout ce que cela implique comme moyens pour les polices les plus efficaces), et bien sûr les écoutes téléphoniques, tant décriées à gauche mais aussi par certains libéraux ultras et inconscients, sont des armes aussi nécessaires que l’augmentation du nombre de policiers dans les rues.
Le contrôle social
Autre arme sous-estimée mais essentielle contre la criminalité en général: le contrôle social, par la population elle-même. On connaît la très pesante contrainte du contrôle social en milieu villageois ou rural, où tout le monde se connaît et où chacun connaît tout sur tous les autres. Chacun se sait surveillé. Mais c’est aussi ce qui permet d’éviter nombre de comportements asociaux, déviants et criminels. Et rend possible une vraie vie communautaire.
Ce contrôle social doit être réactivé, sans obsession bien sûr, en milieu urbain, quartier par quartier, rue par rue, immeuble par immeuble. Les voisins se détestent c’est bien connu, jusqu’au jour où l’on se rend compte à quel point un voisin peut être précieux, voire déterminant, en cas d’absence ou de menace.
La sécurité s’apprend et se cultive
Il devient urgent de développer une véritable culture de l’entraide et de la surveillance collective et citoyenne. Un nouvel apprentissage nous attend. Des rondes citoyennes n’ont rien de scandaleux. Le recul de la criminalité serait immédiate. Et le recul de la criminalité visible finirait par assécher l’autre.
J’ai dit ronde et non justice populaire, mais sans la première il y a un vrai risque que la seconde fasse irruption, tant les citoyens sont de plus en plus excédés.
Au "que fait la police?" doit s'ajouter "que fais-je-moi-même", mon entourage, tout un chacun...La sécurité doit devenir l'affaire de tous.
L’exemple dramatique des Roms
Autre exemple de la différence entre actes criminels individuels et contre-société criminelle: le cas sensible et disputé des Roms ( «Les Suisses ne doivent pas traiter les Gitans comme des chiens», Le Matin, 30.08.2012).
L’hésitation de nombre de personnes face aux mendiants est significative. Chacun se demande de plus en plus souvent s’il se trouve face à un vrai nécessiteux ou à un esclave d’une filière criminelle des plus brutales et inhumaines.
Les Roms ont eux aussi leurs contre-sociétés, même si elles sont mobiles, non territorialisées, sauf lors des occupations illégales de terrains privés, parfois brutales et violentes. Une installation d’un campement de gitans ne va qu’exceptionnellement sans problèmes. Ici aussi l’angélisme, la condescendance et la naïveté empêchent de voir le versant noir, très noir et parfois parmi les plus terribles. Le constater et le dire ne signifie nullement être insensible à la situation particulière et au vécu parfois dramatique de ces communautés.
En France, où l’on produit des chiffres, la police relève une augmentation de 259% de la délinquance roumaine entre 2010 et 2011.
Sujet à polémique inévitable: d’un côté on veut les intégrer-quelle idée?- de l’autre les expulser ou alors créer des emplacements spécifiques. Or, c’est souvent dans les environs de ces emplacements que se produit la criminalité. Quelle solution ?
Paroles de spécialiste: les Roms ont parmi eux des «criminels d’habitude». Spécialité: le trafic d’être humains. Même s’ils veulent vivre honnêtement, nombre de «gens du voyage» «sont contraints à la criminalité, sous peine de sanctions infiniment plus convaincantes que celles de la République» (Xavier Raufer, criminologue français).
Un autre criminologue, bulgare, cité par l’hebdommadaire Valeurs Actuelles du 30.08.2012 (article de P.-A. Bouclay), recense quelques aspects de l’ampleur et de la gravité de la criminalité qui s’est développée dans certains milieux Roms et de son caractère clairement maffieux.
Quelques extraits portant sur des réalités que d’autres médias ne semblent pas vouloir montrer, sans doute toujours tétanisés par l’éternel politiquement correct et une naïveté aux effets pervers garantis:
Le criminologue bulgare Tihomir Bezlov insiste sur la puissance de l’emprise communautaire: «Les millions d’euros transférés chaque année, via Western Union, depuis les pays de l’Union européenne vers “la famille” restée au pays en attestent». En Roumanie, des villages entiers sont aux mains d’autoproclamés “protecteurs”, “princes” et même “rois” des Roms. Retranchés dans des palaces en marbre, couverts de bijoux, affublés de cravates en or et roulant carrosse en limousine blindée, ces faux monarques et vrais mafieux règnent sur des clans d’esclaves dépenaillés chargés de ratisser l’Europe à leur profit.
Trafic de métaux, de voitures, vols à la roulotte, à l’étalage, cambriolages, escroqueries, prostitution infantile… Loin de ne concerner qu’une poignée de voleurs de poules en goguette, cette criminalité est puissamment organisée.
Les moins dégourdis ou les estropiés, eux, sont chargés de la mendicité organisée. Pour installer leurs troupes, des gros bras chassent les clochards “de souche” des centres-ville, puis quadrillent le secteur : un mendiant tous les 50 mètres. Pour apitoyer le badaud, ils se spécialisent dans les faux handicaps : fausses amputations, fausses plaies, faux pansements… Faux enfants également : certains nourrissons mis au bras des mendiantes sont volés dans des maternités balkaniques. D’autres sont arrachés à des prostituées ayant eu le malheur de tomber enceintes.
Et comme trafiquer c’est prévoir, un bon nombre sont délibérément estropiés en bas âge pour, plus tard, dissiper les soupçons du passant méfiant».
Si d’un côté certains spécialistes illustrent le fonctionnement de ces contre-sociétés et montrent comment leur implantation revient à diversifier les activités criminelles, des responsables politiques socialistes français actuels, comme par exemple Cécile Duflot, ministre du Logement, veulent renforcer cette implantation!
« Le 22 août, le Service d’information, de renseignement et d’analyse stratégique sur la criminalité organisée (Sirasco) a publié une note intégrant les groupes criminels des “gens du voyage” dans la catégorie des mafias. Le rapport concerne les communautés « de nationalité française, dorénavant sédentarisées (tsiganes, bohémiens…)», mais aussi « des Roms arrivés d’Europe orientale ».
On peut rappeler que Bruxelles a versé à la Roumanie et à la Bulgarie 4,5 milliards d’euros pour s’occuper de leurs Roms, mais ces deux pays sont incapables de dire où est passé l’argent versé aux «représentants» des nomades. Et cela ne concernera bientôt plus ces deux pays puisqu’en 2014 les Roms pourront s’installer librement dans n’importe quel pays de l’UE, sans risque d’expulsion! (conclusion de l’article de P.-A.Bouclay, op. cit).
La constitution des contre-sociétés est en marche…
Si j’ai pris cet exemple des Roms pour illustrer la manière dont les anti-sociétés fonctionnent, s’infiltrent et se développent, en deça par exemple des activités individuelles de mendicité, c’est parce que l’on dispose de quelques données concrètes et fiables sur ces contre-sociétés-là.
Mais il est clair que nombre d’autres contre-sociétés existent déjà et sont en voie de constitution dans nos propres sociétés, même en Suisse, à Genève, à Lausanne et dans bien d’autres lieux. Derrière les activités criminelles individuelles visibles par tout un chacun.
Quand à l’accusation de stigmatisation, de racisme, de xénophobie etc., même si elle est parfois fondée, quand cessera-t-elle d’empêcher de voir et de prendre acte de ces réalités et de leur danger, et d’agir pendant qu’il est encore temps, s’il n’est pas déjà trop tard.
Qui nous dit constamment que l’angélisme et la naïveté sont dépassés depuis longtemps et que l’on s’occupe très sérieusement de ces problèmes? Ce qui est sûr c’est que les effets de manche, même de gauche, ne suffisent plus.
Affaire à suivre.
Uli Windisch, 28 septembre 2012
En matière de politique sécuritaire, nos municipaux lausannois pratiquent l’adage du “Hâte-toi lentement” depuis une décennie. Le réveil est fatalement brutal. Réaliser que les protagonistes des violences nocturnes lausannoises ne sont pas des enfants de choeur, secouent leur plus intime conviction , une tolérance illimitée.
Il y a de ces tolérances qui deviennent intolérables et de ces laisser-faire qui s’apparentent à une démission larvée d’élus sensés gouverner et copieusement rétribués pour ce faire.