Renault a importé dans l’Hexagone plus de véhicules « made in Korea » que Hyundai.
Lors de l'université d'été du Parti socialiste français à La Rochelle, le ministre du Redressement productif (sic), Arnaud Montebourg, a déclaré que les groupes coréens de construction automobile Hyundai et Kia faisaient une concurrence déloyale aux constructeurs d'automobiles français. Il les accusait de « dumping inacceptable ».
Joignant l'acte à la parole le ministre aurait demandé à la Commission européenne « de placer sous surveillance les importations de voitures coréennes, avec à la clé une possible remise en cause de l'accord de libre-échange UE-Corée du Sud, entré en vigueur le 1er juillet 2011 » (Le Figaro du 26 août 2012).
En français le mot dumping a clairement une connotation péjorative. Il vient du mot anglais dump qui dans son sens premier signifie « tas d'ordures ». Un fabricant fait du dumping quand il vend un produit en dessous de son coût de revient pendant le temps de la disparition de ses concurrents. Tout fabricant qui se livrerait aujourd'hui à une telle pratique serait suicidaire à une époque d'évolution rapide et imprévisible comme la nôtre.
Riposte coréenne
Quoi qu'il en soit la Corée du Sud n'a pas été longue à réagir. Dans Le Figaro du 26 août 2012, le porte-parole du groupe Hyundai a répliqué, chiffres à l'appui: « 88 % des modèles vendus en Europe lors du premier semestre étaient fabriqués hors de Corée, dans les usines situées en République tchèque, en Turquie ou en Inde, lesquelles n'ont donc pas bénéficié de la baisse des tarifs douaniers. Et au premier semestre, Renault, via sa filiale Renault Samsung, a importé dans l'Hexagone plus de véhicules « made in Korea » que Hyundai ».
La montebourde du ministre montre à quel point ce chantre de la démondialisation connaît bien son sujet... Le plus beau est en effet que la Corée du Sud a enregistré en 2011 son premier déficit commercial avec la France, dont les exportations ont augmenté de 30%:
« Si la livraison d'A 380 à Korean Air a donné un gros coup de pouce aux chiffres de Bercy, les exportateurs français ont su tirer profit de l'ouverture des frontières dans des secteurs aussi variés que la viande de porc, les cosmétiques, le vin, la chimie ou les produits de luxe » (Le Figaro du 26 août 2012).
Echange
C'est peut-être l'occasion de rappeler que les chiffres du commerce extérieur peuvent être trompeurs. Dans tout échange, en effet, les deux personnes qui le pratiquent sont gagnantes, sinon elles n'échangeraient pas. Cela est vrai, de toute façon, qu'il y ait ou non une frontière entre les deux personnes en question. Encore faut-il que l'échange ait réellement lieu.
Prenons l'exemple d'une personne, qui vend au prix de 1'500 € un bien A, dont le prix de revient est de 1'000 €. Avec son profit de 500 € il achète un bien B. Il s'est donc enrichi de 500 €. Si le bien A a été exporté et que le bien B a été importé, le commerce extérieur enregistrera une balance positive de 500 €.
Admettons maintenant que le bien A soit toujours vendu 1'500 € et que sa fabrication ait toujours coûté 1'000 €. Supposons que le bien A soit expédié par bateau, qu'il voyage aux risques et périls de l'expéditeur et que le bateau coule, le vendeur aura perdu au minimum les 1'000 € de son coût de revient. Si le bien A a été exporté, le commerce extérieur enregistrera une exportation de 1'500 € et une balance positive de 1'500 €...
Et vous, qu'en pensez vous ?