Bref, il y a, pour tout ce beau monde journalistique, d’un côté les gentils agents du fisc, qui ne font que leur boulot, de l’autre les méchants commerçants fraudeurs, qui sont venus à la rescousse d’un des leurs.
Tous les médias romands, tel « Le Matin » du 21 août 2012, ont repris en boucle l’information suivante, au thème vendeur :
« Sur la petite île [Hydra] de la Mer Egée, un restaurateur de bord de mer s’est vertement opposé vendredi soir à un contrôle de la brigade de la haute délinquance financière.
Interpellé et embastillé, le bistrotier est devenu le symbole d’un ras-le-bol largement partagé. En soutien, un barrage a été élevé face au poste de police. Pour interdire son transfert vers la capitale, le trafic maritime a été bloqué. Les opposants ont même coupé l’eau et l’électricité à la police »
En chœur ils ont cité les propos édifiants, tenus par l’analyste politique Vassilis Daskalopoulos au «Figaro» du 20 août 2012:
«Pendant l'occupation ottomane, l'île d'Hydra a toujours résisté à payer l'impôt, mais cet exemple montre à quel point l'inexistence d'un réel mécanisme étatique peut être dangereuse. C'est un cercle vicieux: les petits reprochent à l'État de ne pas attraper les gros poissons. Mais il faut bien commencer quelque part, sinon personne n'y arrivera.»
Bref, il y a, pour tout ce beau monde journalistique, d’un côté les gentils agents du fisc, qui ne font que leur boulot, de l’autre les méchants commerçants fraudeurs, qui sont venus à la rescousse d’un des leurs.
Le 21 août 2012, à partir d’un article paru dans l’«Athens News» du 20 août 2012, l’excellent site «Contrepoints.org» rétablit les faits sur l’arrestation du restaurateur:
« Il aurait fait un malaise durant son arrestation (ce qui aurait obligé la police à retarder son transfert à Athènes dans le cadre de la procédure), et dans la foulée, comme la police et les inspecteurs du fisc souhaitaient embarquer quelqu'un tout de même, le fils du restaurateur, simple employé du restaurant, aurait été arrêté, conduit au poste menotté puis finalement libéré. Ce sont ces deux évènements, s'ajoutant apparemment à bien d'autres ces dernières semaines, qui ont déclenché la colère des habitants de l'île d'Hydra qui s'estiment persécutés.»
Un détail, qui figure dans l’article du quotidien grec en langue anglaise, a tout de même échappé à «Contrepoints.org »: le restaurateur en question est une femme de 55 ans…
Quoiqu’il en soit, quelques remarques s’imposent:
- Ce qui était reproché à la restauratrice, c’était de ne pas avoir donné de tickets de caisse comportant le montant de la TVA à plusieurs tables, comme la loi grecque l’exige: cela ne signifie pas qu’il y ait eu fraude, mais qu’une formalité n’a pas été respectée.
- L’analyste politique Vassilis Daskalopoulos justifie l’inégalité des droits sans émouvoir quiconque: il recommande de commencer par être fort avec les faibles et faible avec les puissants…
- Les grands médias sont soit incompétents, puisqu’ils ne s’informent pas complètement et se recopient à qui mieux-mieux, soit de mauvaise foi, puisqu’ils désinforment. En effet l’émeute – de 200 personnes – n’était pas dirigée initialement contre le fisc, mais provoquée par l’évanouissement de la propriétaire de la taverne de fruits de mer lors de son interpellation musclée et par l’arrestation arbitraire de son fils.
Comme le conclut «Commentaires.org» :
«Ce genre d'événement prend de plus en plus d'ampleur en Grèce, et pourrait prochainement toucher la France».
Ce genre d’événement pourrait en fait toucher tous les pays surendettés en raison de l’impéritie de leurs dirigeants. Car la pression fiscale y deviendra vite intenable pour les populations, que les riches soient pressurés préalablement ou non.
Et vous, qu'en pensez vous ?