Si le sport devrait apprendre à se battre dans le respect des autres, il ne donne pas la clé pour un consensus.
La semaine est au sport plus qu’à la politique. La France est sortie de son enfilade électorale et les médias s’offusquent encore ou se délectent du coup bas de la petite peste entrée à l’Elysée, coup bas porté à l’ambitieuse royale presque décapitée. Quand au Président, après quelques décisions immédiates se référant à sa promesse de justice, le voici devant les vrais problèmes, avec un budget 2013 dont la préparation est sous la surveillance vigilante de Bruxelles. Comme quoi la marge de manœuvre et de souveraineté est devenue sans rapport avec les proclamations électorales. Dans une moindre mesure, certes, puisqu’elle n’est pas dans l’Union européenne, la Suisse éprouve aussi ces limites au fil de négociations indispensables mais de plus en plus laborieuses avec Bruxelles.
Dernier refuge des identités
Où l’identité nationale peut-elle encore donner sa pleine mesure ? Peut être dans le sport, comme on le voit avec l’Euro de football. Non pas dans les confrontations de clubs, les plus riches ayant des joueurs venant de tous horizons ; mais lors d’événements comme l’Euro ou le championnat du monde. Dans le pire des cas, avec des sports populaires, singulièrement le football, l’agressivité sur le terrain est dépassée par celle qui éclate dans les gradins et aux abords des stades. On en a eu des exemples terrifiants. Et puis il y a tous ces bruits sur les matchs truqués, les paris se nourrissant de la corruption. Mais, dans le meilleur des cas, ces matchs sont des démonstrations de conflits organisés, maitrisés, arbitrés. Oh, on aimerait dire que ce n’est qu’un jeu et que le plaisir est dans la participation et dans le spectacle. Or, il y a plus que cela. Les matchs d’aujourd’hui sont vraiment des confrontations dont l’enjeu avale tout cru le simple plaisir de jouer. Gagner et c’est l’exultation. Perdre et c’est l’abattement, celui des joueurs et des supporters proches ou lointains. Mais il y a le temps du match, le cadre obligé et l’arbitrage sanctionnant les fautes, tranchant sur les contestations. Au fond, il y a quelque chose à retenir du sport dans l’observation du champs politique. Les politiciens ayant pratiqué beaucoup le sport ne sont pas rares. Le conseiller d’Etat vaudois Philippe Leuba a été arbitre, jusqu’au niveau international. Le toujours si populaire Adolf Ogi a été directeur de l’équipe suisse de ski avant d’être conseiller fédéral puis délégué spécial de l’ONU pour le sport. Il croit dur comme fer à l’éducation des jeunes par le sport, notamment dans le tiers monde.
Apprendre à se battre
En y réfléchissant, on se dit qu’il y a bel et bien un atout à saisir. Bien éduqués, bien encadrés, motivés par des arguments et des encouragements sachant retenir une dimension éthique, les jeunes peuvent acquérir une compréhension de ce qu’est une confrontation dont le but est affirmé mais dont la violence devrait être purgée. Reste, il est vrai, que ce but est la victoire. En politique, nationale ou internationale, l’objectif initial est bien de gagner le plus possible mais l’objectif final est de trouver un équilibre, une balance sinon un compromis permettant de tracer une ligne d’action acceptée et soutenue par le plus grand nombre. Donc, si le sport devrait apprendre à se battre dans le respect des autres, il ne donne pas la clé pour un consensus. Mais avant d’y tendre, il faut déjà maitriser toute violence indue dans la compétition. Dans le meilleur des cas, le sport non coupé de ses valeurs peut être une inspiration et un repère.
Et vous, qu'en pensez vous ?