Comment la Suisse romande est passée de l’europhilie à une attirance pour les idées de l’UDC

Stéphane Zindel
Stéphane Zindel
Journaliste, traducteur indépendant, Berne
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[ Fin 2007, le journaliste Stéphane Zindel publiait dans la Weltwoche une pénétrante analyse de l’évolution de l’opinion romande, passée de l’europhilie enthousiaste à une perméabilité croissante aux idées et à la fascination exercée par l’UDC. Dans cette fresque qui n’a pas pris une ride – et dont les lecteurs romands n’ont pas eu connaissance – un personnage central: le journaliste Jacques Pilet. (phb) ]

Jusqu’à récemment, la Suisse Romande était sous le charme d’une petite élite au programme clair: «pour l’UE, contre Blocher». Le porte-parole de cette corporation socialo-élitaire était le journaliste Jacques Pilet. Peu à peu, le vent a tourné. La «barrière de rösti» s’efface.

14 septembre 2007: au Palais de Beaulieu à Lausanne se déroule le Forum annuel de l’Economie vaudoise. La salle est comble. Des politiciens cantonaux ont donné rendez-vous à un millier de petites entreprises et plusieurs personnalités de l’économie telles que Christoph Franz (Swiss), Peter Brabeck (Nestlé) et Jean-Pierre Roth (BNS). Alain Jeannet, rédacteur en chef de L’Hebdo, édité par Ringier et seul magazine d’actualités romand, ouvre la table ronde.

Il souhaite apprendre de Jean-Claude Mermoud, chef du Département de l’économie du canton de Vaud, comment un membre «raisonnable» de l’UDC peut encore soutenir un parti qui a placardé au cours des mois précédents des affiches xénophobes à travers toute la Suisse. La réponse fuse, fournie non pas par le conseiller d’Etat mis sur la sellette, mais par le public, qui se met à huer l’auteur de cette question.

Lausanne, quatre jours plus tard: journée officielle du Comptoir Suisse. Il y a foule devant le Palais de Beaulieu. Puis une clameur s’élève du public. Christoph Blocher passe dans la limousine du Conseil fédéral. Applaudissements. «Ces gens sont manifestement venus ici pour voir Christoph Blocher. Voilà une demi-heure qu’ils attendent. Je ne crois pas que ce rassemblement est une mise en scène. Jamais encore, nous n’avions vécu une chose pareille», affirme Jean-Pierre Chapuis, porte-parole du Comptoir Suisse. Certainement pas un an plus tôt, quand la favorite des sondages Micheline Calmy-Rey, presque comme une matadore locale, représenta le gouvernement au Comptoir.

«Conservateur», un terme injurieux

Il y a quelques années, en particulier avant l’élection de Blocher au Conseil fédéral, ces deux scènes auraient été totalement inimaginables de l’autre côté la «barrière de rösti». Elles témoignent d’une double dynamique: une «dépiletisation» et une «blochérisation» de la Suisse romande.

L’Hebdo n’est pas n’importe quel organe de presse, mais le magazine d’actualités créé en 1981 par Jacques Pilet. Cet ex-sympathisant de l’extrême-gauche – produit typique de l’anti-américanisme et de l’anti-impérialisme issus du mouvement de Mai 68 – s’est essentiellement attaché dans les années 80, et surtout 90, à ancrer trois idées dans la conscience collective des Romands.

- Primo: la Suisse francophone est une entité culturellement homogène, éclairée et ouverte au monde.

- Secundo: la Suisse alémanique est une région essentiellement peuplée de nains de jardin et de fédéralistes obscurantistes.

- Tertio: le salut de la Suisse romande ne se trouve que dans une adhésion du pays à une Union européenne dominée sur la papier par l’axe franco-germanique (en réalité par la France).

Partant de ce projet élitaire, il s’agissait selon Pilet de libérer la Romandie d’une double hégémonie, ressentie comme lourde à supporter: celle des Alémaniques en Suisse et celle des Anglo-Saxons sur le plan international.

Jacques Pilet est intelligent et fut un rédacteur en chef très charismatique. Pendant des années, lui et ses co-journalistes martelèrent leur message dans l’esprit des Romands avec brio et ardeur, mais aussi avec une intolérance frisant le sectarisme. Qui osait se distancer du dogme, ne serait-ce que d’un iota, passait pour un ringard et un hérétique, hostile au progrès ou réactionnaire. «Conservateur» devint l’injure suprême, bien que la Suisse romande soit globalement plus rurale que la Suisse alémanique et que de vastes pans de la Romandie fussent (et demeurent encore) clairement conservateurs.

Pilet répétait à l’envi son «mantra» d’une Romandie étouffant sous le fédéralisme borné de la Suisse alémanique. Et dans la petite Romandie, où des personnalités de la stature de Pilet sont rares, aucun chef de file des milieux politiques ou de la presse ne put, ou ne voulut, contrer le rouleau compresseur «pilétien». Ce lui fut donc d’autant plus facile de désigner, comme une caricature, un adversaire, bien sûr germanophone, sur lequel toute la Suisse romande unie était invitée à déverser sa haine: Christoph Blocher.

Fin de l'exception romande

Depuis que Le Nouveau Quotidien, fusionné au Journal de Genève (proche du PLS), est devenu Le Temps en 1998, Jacques Pilet n’est plus rédacteur en chef. Et pourtant, sa thèse unique, infatigablement propagée, demeure encore gravée dans de nombreux esprits.

Un exemple: lors de la dernière «Université d’été», organisée par le PRD et le PLS en août 2007, les participants se plaignirent une fois de plus des dommages causés par la trop grande correction politique des idées libérales; une requête fréquente fut de se décomplexer. En cachette, on s’était moqué avec délectation de l’ONU qui, à Genève, était allée jusqu’à défendre les droits des squatters. Mais rien de cela n’a transpiré au grand jour. Les clichés habituels de l’«ouverture au monde» continuent d’être allègrement propagés.

En Suisse romande, encore à l’heure actuelle, il n’est toujours pas évident de critiquer ouvertement l’UE dans les médias ou les milieux politiques, et a fortiori de s’y opposer. Mais depuis 2001 (voire avant), il est clairement apparu qu’en Romandie aussi, une adhésion à l’UE ne bénéficiait plus d’un soutien majoritaire (à cette époque, seuls un tiers des Romands étaient favorables à des négociations immédiates sur une adhésion).

Après le vote sur l’EEE de 1992 (faible rejet en Suisse, mais acceptation par 72,2% de l’électorat romand), la différence de sensibilité entre les Romands et les Alémaniques sur les «questions d’ouverture» s’est confirmée, tout en demeurant modérée. Lors des votes sur l’ONU de 1994 (casques bleus) et 2002 (adhésion), le nombre de Romands à y être favorables ne fut que de 7% supérieur à la moyenne suisse. En ce qui concerne les quatre votes sur les accords bilatéraux également, la différence n’a jamais dépassé 10%. Quant aux deux dernières consultations populaires (élargissement de la libre circulation des personnes en 2005, milliard d’aide à l’Est en 2006), l’écart n’était plus que de 5%.

Le conservatisme anti-blochérien de L'Hebdo

Le débat concernant l’adhésion est certes réglé. Néanmoins, jusqu’aux dernières élections fédérales, il était de bon ton en Suisse romande d’être contre Blocher et contre tout ce que ce dernier disait ou faisait. Depuis, cependant, la situation a quelque peu évolué. Aujourd’hui, L’Hebdo est le seul titre de presse à s’entêter systématiquement et de manière quasi-instinctive dans son attitude anti-blochérienne, la plupart du temps sans aucune justification fondée sur des faits.

Jacques Pilet continue d’y jouer un rôle déterminant, avec ses chroniques régulières. Et aussi en tant que membre du haut management de Ringier, au sein duquel son rôle de conseiller, bien que flou, est néanmoins influent, à l’instar de Frank A Meyer en Suisse alémanique. C’est alors l’occasion pour lui de discuter avec Alain Jeannet, le rédacteur en chef de L’Hebdo, et parfois aussi avec la responsable de la rubrique suisse du magazine, ex-collaboratrice personnelle du conseiller d’Etat vaudois Pierre Chiffelle (PS).

Par ailleurs, tous deux ne sont pas considérés comme ayant une grande stature en journalisme politique. Notamment le rédacteur en chef, qui amène peu d’idées neuves personnelles dans le débat et qui, il y a quatre ans, était encore un pur journaliste économique – pendant longtemps d’ailleurs sous la direction du rédacteur en chef Pilet. Une autre personne qui collabore étroitement avec L’Hebdo est François Cherix, membre du PS et chef de file du NOMES (Nouveau mouvement européen suisse) en Suisse romande, qui fut lui aussi, dans les années 90, un important promoteur du rêve brisé d’une fusion des cantons de Vaud et de Genève.

Dans le noyau rédactionnel de L’Hebdo, il n’existe plus qu’un seul journaliste susceptible de maintenir l’orientation rigide de Pilet. Et depuis l’affaire Roschacher, que L’Hebdo a rapportée avec des arguments peu solides, voire avec nervosité, les lecteurs se retrouvent de moins en moins dans le magazine d’actualités lausannois. Entre-temps, la rédaction s’est vue inondée de lettres courroucées de lecteurs, qui en ont assez de la fixation de ce journal sur Blocher. Il y a quelques semaines, les décideurs de L’Hebdo n’ont pas eu de meilleure idée que de publier un numéro «à 100% épuré de Blocher» («100% blocherfrei»). Dans son édito, Alain Jeannet justifie cette action en prétendant vouloir montrer à quel point la vie serait plus belle sans Blocher. Un bel exemple de désarroi.

L’«homme d’état» Couchepin, incompris d’un peuple «stupide»

A l’instar de L’Hebdo, Le Temps également a du mal à se débarrasser de l’héritage Pilet. Revendiquant la qualité, ce quotidien genevois est confronté à un autre héritage du passé, à savoir le Journal de Genève. Ce dernier avait, certes, une ligne journalistique objective, mais par principe anti-blochérienne en raison de ses liens avec le PLS et le PRD. Plusieurs décideurs du journal sont encore très proches de ces deux partis, décidément toujours aussi réticents à l’égard de Blocher.

Un trait de ces deux journaux, d’ailleurs aussi directement hérité de la «philosophe Pilet», est par exemple de chanter les louanges de personnalités symbolisant une Suisse (romande) «forte, ouverte au monde et tournée vers l’avenir» (tel le secrétaire d’Etat Charles Kleiber ou le président de l’EPF Lausanne, Patrick Aebischer). Sont aussi glorifiées les rares personnalités politiques de premier plan qui se sont érigées en contre-pouvoir de Blocher. Ce fut longtemps le cas de l’ex-conseiller fédéral Jean-Pascal Delamuraz.

Aujourd’hui, Micheline Calmy-Rey et, surtout, Pascal Couchepin, ont pris le relais. Un bon exemple de cela est l’interview du Valaisan publié dans Le Temps du 10 octobre 2007. On a laissé beaucoup de place à Couchepin, afin qu’il puisse se présenter lui-même, juste après les émeutes anti-UDC de Berne, comme un «rempart pour le respect des institutions suisses» (sous-entendu: un rempart contre le dangereux Blocher). Justification à cette opération, la signature à Genève d’une «charte de bonne conduite politique», avec laquelle seraient solidaires la plupart des partis [locaux], sauf l’UDC, bien sûr. Presque rien n’est dit de la teneur de cette charte plutôt floue. On tait aussi le fait que l’initiative vient d’un candidat PRD au Conseil national, ex-membre de l’UDC et qui s’est brouillé avec son ancien parti. La raison pour laquelle le PDC n’a pas participé à cette farce publicitaire du PRD ressort donc clairement.

Mais, intentionnellement, Le Temps n’en dit mot. Il préfère s’extasier, dans le préambule, sur les qualités d’«homme d’état» de Couchepin et se lamenter sur le fait que le peuple, stupide, y est aveugle.

Tournant conservateur

Les tentatives acharnées de faire de Blocher un bouc émissaire sont de plus en plus vaines. Le conseiller fédéral UDC est déjà une vedette. Et ce, en dépit de sa très médiocre connaissance du français, qui empêche toute discussion approfondie. Lors de la dernière participation de Blocher à l’émission «Infrarouge», plus de 2000 SMS sont parvenus à la TSR. D’ordinaire, il y en a 500. Selon Romaine Jean, productrice et animatrice de l’émission d'alors, une «large majorité» des messages SMS étaient en faveur de Blocher.

De manière générale, la Suisse romande reste plus étatique et moins conservatrice que la Suisse alémanique, avec de nombreuses variations et exceptions régionales évidemment, comme le montrent les 25 projets de lois fédérales de la législature arrivant à terme. Mais la «barrière de rösti» s’est considérablement atténuée lorsqu’il est question d’ouverture. En Romandie également, les signes d’un tournant conservateur se multiplient, et ce, jusque dans les cantons les plus ancrés à gauche.

A Genève, il y a deux ans, les notes scolaires ont été réintroduites. En ce qui concerne l’occupation de bâtiments désaffectés, longtemps tolérée, deux grands squats ont été récemment évacués. En outre, le gouvernement cantonal songe à lutter contre la mendicité. Dans tous les cantons, même ceux à majorité de gauche, après des années de laisser-aller, l’équilibre des finances est devenu un sujet central.

Sceptiques face au multiculturalisme

Cette tendance s’applique aussi à la politique d’asile et envers les étrangers, autrement dit dans un domaine où, hormis certaines questions relatives au rôle de l’Etat, les Romands et les Alémaniques divergent le plus et, surtout, le plus systématiquement. La Romandie devient elle aussi de plus en plus restrictive sur ces thèmes, à l’exception des naturalisations. A ce sujet, comme dix ans plus tôt, les Romands restent convaincus (ou du moins, ils l’étaient en 2004) des avantages de la naturalisation facilitée.

Le poids de la réalité a, de toute évidence, contraint aussi les Romands à se distancer de l’idéal longtemps prôné à l’unisson du multiculturisme. A Bex (VD) par exemple, où se trouve un grand centre de requérants, des bagarres avec des trafiquants de drogue africains ont mené à une pratique beaucoup moins tolérante. Quant aux problèmes créés à l’école et dans la rue par l’immigration en provenance des Balkans, il n’est plus possible non plus de les ignorer. A Genève (où 38,4% de la population est étrangère et où le taux de chômage est de 6%), un climat d’hostilité à l’égard des travailleurs frontaliers s’est instauré.

Cela a même conduit à la création d’un nouveau parti spécialisé dans cette thématique, le MCG (Mouvement Citoyens Genevois), qui a recueilli d’emblée 8% des voix et 9 sièges au Grand Conseil en 2005, et ce, alors que le résultat de l’UDC demeurait stable (10% des voix/11 sièges).

Des témoignages auparavant inconcevables

Cette évolution progressive des mentalités s’est récemment manifestée au grand jour à la TSR. Dans le cadre de ses comptes-rendus électoraux, la chaîne francophone a diffusé chaque jour une demi-douzaine de portraits de Romandes. Certains des témoignages auraient été encore inconcevables il y a deux ou trois ans, en tout cas face à la caméra. A la La Chaux-de-Fonds, une ville du Jura neuchâtelois de 37 000 habitants et située traditionnellement à gauche, une chômeuse de 19 ans a, par exemple, déclaré: «les patrons ne cessent de dire qu’ils n’ont pas d’argent pour former des apprentis. Mais pour tous les travailleurs frontaliers qu’ils embauchent, ils ont assez de fric!»

Ou à Genève. Une femme de 56 ans, qui fut l’une des premières occupantes de la cité à vocation sociale des Avanchets, où logent actuellement 7000 personnes: Aau début, c’était formidable ici. Les autres locataires étaient sympathiques. Nous avons organisé des fêtes dans le quartier. Puis de nombreux étrangers sont arrivés. Ils parlent à peine le français et restent entre eux. Dommage. Aujourd’hui, le quartier est mort.»

Ou encore à Bulle, dans le canton de Fribourg (16 000 habitants). Là, des groupes de casseurs, la plupart d’origine serbe, ont agressé récemment des étudiants devant une discothèque. «Nous avons tout tenté. A présent, il n’existe pas d’alternative. Nous n’avons plus le droit d’attendre que quelqu’un se fasse tuer. Nous devons durement sévir», affirmait une dynamique femme d’affaires et mère de deux enfants, entre deux parties de tennis et de golf. Une amie, avec laquelle elle organise des manifestations caritatives, s’est insurgée: «c’est facile de traiter quelqu’un de raciste. Mais mon fils me dit: «pour quelle raison je n’emporterais pas mon couteau de poche à l’école, alors que beaucoup d’autres ont des couteaux à cran d’arrêt?›»

Salariés et élites sont séduits

Comme en Suisse alémanique, l’UDC plaît d’abord aux salariés à faible revenu et de moindre qualification, mais aussi aux artisans et aux petits entrepreneurs peu attirés par le style vaguement «humaniste» et élitaire du PRD. Quand, en 2001, l’UDC fonda une section dans le canton de Neuchâtel, les autres partis réagirent par la moquerie. Deux ans plus tard, l’UDC recueillait 22,5% des voix aux élections du Conseil national.

Le fondateur de la section et actuel vice-président du parti au plan national, Yvan Perrin, est convaincu que l’UDC détient encore un vaste potentiel en Suisse romande. Pour l’instant, sa part de l’électorat est de 19%. «Les choses évolueront lentement, mais tôt ou tard, nous obtiendrons entre 25 et 30%.»

La fascination exercée par Blocher est aussi manifeste auprès des élites. Cependant, l’UDC proprement dite n’est pas du tout un sujet d’actualité pour eux, du moins officiellement. Cette situation est sûrement aussi imputable au fait que la plupart des représentants romands connus de l’UDC sont faibles ou une approche de la politique très rustique. Des signes d’un changement des mentalités sont néanmoins déjà visibles. Le forum d’information Commentaires.com, une plate-forme de qualité et politiquement incorrecte, connaît une forte expansion. Ces deux dernières années, les consultations de ses pages ont triplé, passant à 60'000 par mois. Un grand nombre des abonnés de sa newsletter sont des personnalités connues des milieux de la politique, universitaire et de l’économie, mais «ne souhaitant pas forcément s’afficher», déclare son gestionnaire Philippe Barraud, ex-journaliste de L’Hebdo et du Temps.

L’élection de Sarkozy en France a également joué un rôle dans la lente décrispation de la Suisse romande vis-à-vis de Blocher. Les similitudes entre ces deux leaders – dans la forme et, en partie, dans le fond – sont évidentes.
Comme le dit volontiers Raymond Vouillamoz, longtemps directeur des programmes à la télévision suisse romande (TSR): «la principale différence entre les Alémaniques et les Romands, c’est que le matin, au lever, les Alémaniques ne se demandent pas s’ils sont Suisses.» Cela demeure vrai. Mais de moins en moins.

* Stéphane Zindel est traducteur indépendant à Berne.

(c) 2007 by Die Weltwoche, Zürich

14 commentaires

  1. Posté par Jean-Paul Costantini le

    Les criminels étrangers doivent être expulsés sans aucun ménagement et tout doit être entrepris pour empêcher leur retour, un système biométrique par exemple. Les mendiants qui viennent quémander dans nos villes, même s’ils peuvent susciter de la pitié, vivent souvent mieux que certains rentiers de l’AVS. On sait qu’ils viennent dans notre pays pour “affaires” et qu’ils trouvent les fonds pour effectuer leurs voyages. Les dealers, surtout africains, ne travaillent presque jamais pour leur propre compte, mais sont esclaves de certains mafieux, qui, eux, ne vivent pas en Suisse. Rendons-leur la vie tellement difficile, qu’ils choisissent eux-mêmes de partir. Quant à leurs clients, il faudrait aussi pouvoir agir avec sévérité.
    Si nous voulons réellement aider les requérants économiques, c’est sur place, dans leurs pays, qu’il faudrait pouvoir le faire en participant au développement des pays concernés et à la gestion des ressources par les autochtones.
    Pour aborder la relation entre Suisses, il faut tout entreprendre pour nous connaître un peu mieux. Que de clichés inutiles!

  2. Posté par Huguette-Camille Fleury le

    Une certaine idéologie rampante actuelle consiste à laisser croire que le fait de s’inquiéter d’une immigration massive est assimilable à du racisme.. N’est-ce pas pure malhonnêteté intellectuelle? Mme Ada Mara nous l’a pas copieusement servi au soir de la votation anti-minarets. Il s’agit de réactiver un simple bon sens oublié et une approche pragmatique des évènements..N’en déplaisent aux pointeurs d’index s’étouffant dans leur prose théâtralement indignée et si parfaitement feinte..que par une compassion bien passagère ..on s’empresserait tout soudain de leur tendre la salvatrice bouchée de pain afin d’éviter l’issue fatale.

  3. Posté par Marie-France Oberson le

    “Une attirance pour les idées UDC” et pas seulement en ce qui concerne l’UE.
    Ne voilà-t-il pas qu’après être tombé à bras raccourci s sur l’UDC pour son nationalisme brandi dans diverses manifestations avec des drapeaux à croix suisses, des T-Shirt rouge à croix blanche, des sonnailles, oui, ne voilà-t-il pas que le candidat fribourgeois socialiste au Conseils des Etats, remplace le logo de la rose par …la croix suisse…. Oui, les idées de l’UDC font des émules.. même à gauche..Assez cocasse non ? Le s socialistes nous prennent vraiment pour des imbéciles!

  4. Posté par Philippe Lerch le

    Le propos de M. Raymond: “… je ne crois pas que l’étranger soit le problème! Le problème serait plutôt dans l’absence de maîtrise. Ou plutôt dans le fait qu’un courant de bien pensance nous l’impose (l’étranger)!” cerne, à mon humble avis, très juste. Désigner l’ Autre comme principale source de problème(s) illustre nos propre malaise. Et la réciproque: nous ne sommes plus très bien dans nos chaussettes lorsqu’il devient illégitime de dire “je ne t’aime pas”. Les deux positions, apparemment en contradiction, sont adossées à un profond vide consécutif aux exercices, nécessaire mais un peu rapides de “libération en tout genre” entamés il y a quelques décennies. Jeter les bébés avec l’eau du bain a un prix, et nous le payons maintenant.

  5. Posté par Pierre-Henri Reymond le

    Article bien ficelé! Nécessite trois heures pour offrir écho. Au minimum. Alors juste un peu! Les commentaires sont une surprise. Bonne. Pour ma part je dirai peu. Et des paradoxes. Il ne faudrait plus, des pèquenots comme Blocher. Mon ancien patron, espagnol, me dit que c’était le seul qui tenait debout. Cela dit, pour en venir au paradoxe, je ne crois pas que l’étranger soit le problème! Le problème serait plutôt dans l’absence de maîtrise. Ou plutôt dans le fait qu’un courant de bien pensance nous l’impose (l’étranger)! Comme si l’accueil sans réserves était critère d’ouverture au monde! Le corollaire de cet impératif d’accueil est l’interdit de dire “je ne t’aime pas!” Sous peine d’être taxé de raciste, frileux, ringard, conservateur et replié sur soi-même. Le langage du “serpent” en somme! Mange et tu sera comme Dieu! Le serpent, qu’elle fumisterie! Ce sont les facultés spéculatives de l’homme qui l’orientent vers le fruit, le résultat! Le raccourci vers tout, plus et encore plus et tout de suite! C’est quoi alors, manger l’arbre? Je vous offre volontiers la lumière que j’ai reçue. Mais comprendrez-vous? Je tente le coup! Manger l’arbre c’est manger l’autre. Souvenez-vous, si vous avez subi le catéchisme, que tout arbre était beau à voir et bon à manger! Manger le fruit est se servir de l’autre en vue d’un résultat. Le réduire à l’état d’objet, comme les briques de la tour de Babel. Mais le sujet est vaste! Ce sera donc presque tout. Presque parce que je veux vous conter quelques anecdotes.
    Travaillant à la fourrière pour animaux je reçois un appel. La voix a un accent balkanique. Puis-je chanter? Oui. Je chante. Mon interlocutrice s’exclame: c’est un chant de mon pays! Le Monténégro. Que dire des Kosovars, Turcs, Sénégalais, Ivoiriens et autres que j’ai rncontré? Sinon qu’aucun pays au monde ne peut se vanter de n’avoir moins de sale tronche qu’ailleurs! Mais aussi que c’est un beau cadeau que la faculté de s’émouvoir à la vue de belles figures. Même si parfois la noblesse qu’elles évoquent n’est qu’en germe. Pour conclure je vous invite à chercher la capacité de dire “je vous hais”! Car le jour ou vous la recevez, vous dites avec douceur. Et si l’autre vous demande pourquoi, il se peut que vous demeureriez coi. Il se peut aussi que vos paroles touchent en profondeur. Produisant fruit peut-être. Un fruit que vous ne mangerez pas, mais que vous aurez la joie de voir.
    Jacques Pillet ne s’est pas privé de répandre ses avis. Mais à-t-il écrit à Monsieur Blocher? Ne serait-ce qu’une fois? Nous sommes fondés de croire que non! Ce sera tout.

  6. Posté par François Etienne le

    Résumons … Ce peuple suisse profondément consrvateur semble repousser l’UDC, mais simultanément il s’insurge contre l’immigration massive non contrôlée, contre l’invasion islamique, contre la destruction de nos valeurs séculaires.Il repousse les centres pour requérants, stigmatiser la violence croissante … Ce peuple est schizophrénique, donc malade, donc sujet à traitement. Ces bien-pensants qui s’insurgent contre l’UDC sont hypocrites, immatures, tant ils sont obstrués par leur sacro-saint confort, leur routine, leurs droits sans prise de conscience de leurs devoirs. L’Etat-providence perturbe leur métabolisme d’êtres responsables, pro-actifs.

    Le traitement passe par la description de situation, par la prise de conscience des dangers menaçant notre liberté de pensée. L’UDC est un outil d’appréciation. S’il arrive à améliorer sa méthode, il sera alors le remède à la décadence indigente du socialisme béat consistant à “prendre où il y a” et “à partager arithmétiquement sans distinction des efforts consentis”.

    Prenons le cas de l'”Hebdo”, magazine insignifiant, éditant des ‘dossiers spéciaux’ bidons et bassement mercantiles pour ne strictement rien dire… La langue de bois dans toute sa magnificence, l’inventeur éternel de la roue. La théorie d’une élite bien nourrie et incapable de s’identifier aux vrais problèmes.

    L’Europe UE est assimilable à feue URSS. Elle va mourir, tôt ou tard, tant sa dictature tentaculaire irrite la conscience des peuples. Et le mélange non contrôlé des peuples va achever dans le conflit les fruits de valeurs acquises au cours des siècles passés. Au détriment des forces en présence.

    L’UDC a l’avantage de secouer un monde larvaire. Raison pour laquelle, dans un monde secoué, elle prend du grade.

  7. Posté par Marie-France Oberson le

    Merci à Océane qui en fait confirme ce que l’UDC de Ch. Blocher s’évertue à dire depuis des lustres. Comme quoi, en se revendiquant de gauche, les choses passent mieux..

  8. Posté par René Glauser le

    Bravo pour ce nouveau journal. Grâce à votre article “Comment la Suisse est passée…….”, j’ai enfin compris pourquoi Monsieur Jeannet de l’Hebdo est toujours aussi virulent dans ses éditoriaux envers l’UDC en général. Il est utile bien entendu de bien se faire voir et de plaire par Monsieur Pilet son patron fondateur du journal, et membre du haut management de Ringier. Vous remarquerez que j’ai employé le terme de Monsieur pour parler de ces deux personnes et pas tout simplement le nom, comme L’Hebdo le fait habituellement dans ses articles. Je pense qu’il n’est pas nécessaire d’être hautain et dédaigneux pour parler d’une personne dont on ne partage pas les idées. Ce manière d’écrire au sujet de Monsieur Blocher me rappelle les paroles ordurières utilisées par un chanteur de rap, d’origine Lituanienne si je ne fais erreur, morceau dans lequel il s’adressait à Christoph Blocher alors Conseiller Fédéral.

  9. Posté par Colette Rigolet le

    Félicitations pour “Les Observateurs”. Enfin un magazine en Suisse Romande qui sait dire les choses telles qu’elles sont!

  10. Posté par Josée Lavanchy le

    Merci… aux Observateurs.ch, à Stéphane Zindel, à ceux qui ont fait des commentaires, et à Océane (de gauche), qui résume parfaitement trente années peu glorieuses de blablas et de dérives… Plaisir de vous lire. Nous vous attendions.

  11. Posté par Yves Genier le

    Intéressante analyse, qui aurait mérité une publication dans un média francophone à l’époque, par exemple Le Temps ou L’Hebdo… Il omet uen précision d’importance toutefois: le contexte économique, qui a fondamentalement changé entre les années d’europhilie romande débridée et le retour sur terre qui s’est amorcé depuis. Le vote de 1992 intervenait alors que les années de croissance économique – conduisant à une grande confiance en soi des groupes sociaux concernés – venait de prendre fin et les effets de la crise de 1991-93 n’avaient pas encore déployé tous leurs effets. Ils marqueront l’essentiel de la décennie à venir, plus en Romandie qu’en Suisse alémanique, en raison de l’explosion de la bulle immobilière lémanique alors que les grandes villes alémaniques étaient moins touchées. Cela n’est pas resté sans conséquences sur la perception réciproque des Alémaniques sur les Romands et vice-versa.
    Puis, plusieurs dispositions prévues par l’EEE sont entrées en vigueur, à commencer par la libre-virculation des personnes, ôtant un argument aux europhiles et en donnant un autres aux partisans du protectionnisme en matière de main d’oeuvre. Enfin, la bonne tenue conjoncturelle de la Suisse en dépit de la crise financière se fait ressentir de manière beaucoup plus égale sur kes deux rives de la Sarine – avec même un léger avantage romand – gommant, du coup, les tensions culturelles et linguistiques.
    Mais les dernières secousses impliquant Christoph Blocher et l’UDC (affaires Zuppiger et Hildebrand, revers électoral d’octobre 2011) vont-elles renverser la tendance? Il en ressort que l’ère des icônes, type Jacques Pilet et Christoph Blocher, touche à sa fin et qu’une nouvelle génération se met en place avec ses propres références.

  12. Posté par Gérard Mys le

    Je ne suis pas suisse,mais je regrette l’époque où à Genève on trouvait des journaux à vendre dans les rues et où les clients déposaient leur argent dans une boite, sans chercher a resquiller. Il est vrai que les Suisses ont voulu rentrer dans “la modernite”!

  13. Posté par Olivier Pitteloud le

    Article intéressant mais le commentaire de “Océane” (quel joli prénom) ci-dessus l’est encore plus !

    “Il serait bon de rappeler que les immigrés, requérants d’asile inclus, n’ont pas que des droits, mais aussi des devoirs et cela, tous ces milieux associatifs ne le soulignent pas assez.”

    Hé oui, tous ces médias de gauche qui mettent en avant la “tradition humanitaire” de la Suisse pour justifier tous les débordements et dépenses m’attristent….

    Sans être UDC moi non plus, je pense qu’on doit appliquer le dicton “charité bien ordonnée commence par soi-même” car sinon, il y a un risque réel pour nous autres suisses d’être marginalisés dans notre propre pays.

  14. Posté par Océane le

    Précise que je ne suis nullement UDC, mais plutôt à gauche, eh oui! Ce qui ne m’empêche pas de m’intéresser à votre journal. Après le temps des grands idéaux des années 70, le côté encore sympa et paisible des années 80, nous sommes entrés dans une période plus inquiétante à divers niveaux.
    Beaucoup de gens, aussi en Suisse romande, se posent des questions concernant l’insécurité qui devient de plus importante, de problèmes liés à un afflux notamment très important de demandeurs d’asile, sans compter toutes les personnes qui affluent en Suisse pour travailler ou y retravailler. La chute de l’Euro favorise ce genre de chose. Sans vouloir peindre le diable sur la muraille, un fait est indéniable, il y a beaucoup trop de population étrangère qui arrive dans ce pays qui n’a pas une immense superficie. Accueillir est bien, par contre lorsque le nombre d’accueillis devient bientôt plus important que ceux qui accueillent, cela pose problème. Là, j’exagère un peu, mais il faut que les choses soient dites.
    La plupart des demandeurs d’asile qui viennent ne sont pas des personnes dont la vie est menacée. Ils profitent d’une faille du système, sachant très bien qu’une fois sur place, il sera difficile de les renvoyer, et cela pour diverses raisons. J’ai eu l’occasion de travailler auprès de “requérants d’asile” et connais assez bien cette question. S’il y a des personnes qui sont très sympathiques et désireuses de s’intégrer, malheureusement, une partie importante ne s’intègre pas et ne le souhaite pas. Ceci est également valable pour des ressortissants de l’Union Européenne. Ces gens arrivent là, travaillent, mais ne respectent absolument pas les coutumes du pays d’accueil. Ils font du bruit dans les immeubles, dérangent les gens, si bien que bien souvent, ce sont les Suisses qui s’en vont. Les politiques cantonales, ainsi que toutes ces associations de défense des étrangers, parlent à tort et à travers d’intégration, de favoriser l’intégration. Nous faisons dans le multiculturel à toutes les sauces, souvent sans grand résultat.
    Autre problème à souligner. Le racisme. Effectivement, dès qu’un Suisse dit quelque chose à un étranger, il se fait traiter de raciste. Le racisme, disons plutôt la xénophobie existe dans les deux sens. Il y a beaucoup d’immigrés qui sont racistes envers les Suisses et dès que le Suisse dit quelque chose qui se justifie, il est épinglé. L’étranger porte plainte, etc.. Soulignons que l’article 261 du Code pénal s’adresse autant aux personnes du pays d’accueil, la Suisse, qu’aux étrangers qui seraient maltraités. Il serait bon de rappeler que les immigrés, requérants d’asile inclus, n’ont pas que des droits, mais aussi des devoirs et cela, tous ces milieux associatifs ne le soulignent pas assez.
    Je pense que les gens commencent effectivement à en avoir assez du manque de respect, des incivilités, de la criminalité qui s’installe de plus en plus dans nos contrées.
    Toute cette politique de gauche issue des belles années post-68 qui a prôné la défense des immigrés, des réfugiés et Cie est quelque peu à côté de la plaque aujourd’hui. Le monde à changé et nous pays occidentaux sommes confrontés à des difficultés. La population suisse n’est pas xénophobe à la base. Seulement, au vu de ce qui se passe, elle se referme, des peurs surgissent. De la colère aussi lorsqu’elle constate que bien souvent, les étrangers sont plus avantagés que nous pour obtenir des aides, logement, etc.. Les associations, les Eglises, les structures étatiques les aident bien souvent plus efficacement que les Suisses. Il y a dans notre pays beaucoup de Suisses qui vivent précairement, des personnes âgées, des familles monoparentales et bien d’autres cas de figure.
    Pour faire simple, je pense que nous sommes en train d’atteindre une limite à ne pas dépasser, sinon il va y avoir de gros problèmes dans ce pays, voire des affrontements.
    Alors, je me demande pour quelle raison nos autorités fédérales laissent les choses s’embourber. Le peuple a voté pour que les criminels étrangers soient expulsés et le gouvernement semble très mitigé et évoque le conseil de l’Europe qui trouve que….Je me demande pour quelle raison notre gouvernement ne met pas en oeuvre immédiatement une accélération du traitement des demandes d’asile, pour quelle raison beaucoup de personnes peu recommandables sont gardées ici, alors que des personnes sympas et correctes sont virées du pays?
    Il y a quelque chose qui cloche. Est-ce en fin de compte une volonté politique? La question est posée.

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