Débat sur Forum hier entre deux visions de l'utilitarisme en politique: le PDC Jacques Neirynck, pour un blanc-seing aux blouses blanches, et le PS Mathias Reynard, dans la posture rare de la défense du genre humain; de toute évidence, ça sent déjà les élections pour le Valaisan.
Reynard laisse au journaliste le soin d'augurer de ses convictions morales ou religieuses, le but étant que la base valaisanne veuille bien y croire sans que la base socialiste puisse la comprendre. Et c'est ainsi que l'on entend le jeune socialiste lutter becs et ongles contre les dangers de l'eugénisme et de la chasse aux trisomiques. Il explique la différence entre diagnostic préimplantatoire, sélection de l'embryon avant l'implantation, et prénatal, sélection de l'enfant à naître après sa conception - encore un "droit" fondamental pour lequel la gauche s'est dûment battue -, et de s'exclamer (dès 04:20) :
"Dans le cadre d'un diagnostic prénatal, et bien, on a effectivement une majorité des couples qui décident de ne pas garder l'enfant trisomique. Mais on est ["idéalement" ?, inaudible, ndlr] dans un choix où on peut faire un choix négatif, un choix d'avortement."
Négatif, l'avortement ? Comment le comprendre dans la bouche de celui qui déclarait, il y a à peine plus d'un an, que le système de l'avortement avait "fait ses preuves". Il va de soi, bien sûr, que le socialiste agrée le "choix négatif", qui refuse la naissance à l'enfant trisomique, mais s'oppose - sans doute pour de vagues raisons attachées à l'image de l'eugénisme national-socialiste - à un choix positif, pro-actif, qui permettrait de déterminer le sexe ou d'autres critères génétiques avant la conception:
"Ca laisse la porte ouverte à des choses qui sont plus inquiétantes, une sorte d'eugénisme..."
Ce que M. Reynard feint d'ignorer, c'est que la liberté totale d'avortement, sans le moindre discernement, pour laquelle la gauche s'est battue avec acharnement, pratique déjà, au stade prénatal, les sélections sexuelles et génétiques qu'elle veut aujourd'hui empêcher au stade préimplantatoire. Certains pays publient les chiffres d'avortements pour des becs de lièvre ou des pieds-bots, qui se soigneraient avec des talonnettes en mousse, et que dire des avortements en masse de petites filles dont le seul tort aura été de ne pas être des petits garçons ? Le phénomène n'est pas réservé à l'Inde. Les apprentis-sorciers du PS ont invité le cynisme consumériste dans les utérus et pleurent désormais qu'il soit remonté jusque dans les éprouvettes. Ils ont ouvert la porte à tous les excès et viennent demander maintenant à ceux qui font de l'argent avec ces grandes libertés de bien vouloir la refermer. C'était couru d'avance, voilà toute la logique de ces inconscients trop employés à célébrer les lendemains qui chantent pour être à même de voir ce qu'ils amènent.
Ne vous laissez pas prendre, la gauche ne cherchera à sauver les trisomiques qu'avant leur conception. Passé ce délai, ces braves handicapés voudront bien passer par pertes et profits sans faire d'histoire au nom du droit sacré à l'avortement. Partant de là, on vous laisse imaginer la tête de notre avenir.
Voir aussi:
Classe politique 02.06.2014 Diagnostic préimplantatoire: une forme d'eugénisme?
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Dans un de ces récents billets, Jan Marejko a partagé une de ses joies de lecture. Le livre d’Erwin Chargaff, « le feu d’Héraclite ». L’auteur, biochimiste, voyait la dérive dont nous sommes témoins. Je vous le recommande vivement. Car s’il faut boire le calice, autant qu’il y ait un peu de lumière.
Wouais! L’avortement a fait ses preuves! Lesquelles? Celle de la dureté de coeur de beaucoup, pour commencer! Mais enfin, c’est des enfants scandalisés en moins. Non?
« il faudrait commencer par supprimer les cons et les imbéciles » (dans Aimer de Gaulle, de Claude Mauriac), était-ce un choix négatif? C’était surtout un vaste programme. Vaste et manifestement incomplet. Car au fond, ne fait-on pas que cela depuis des années? Avec pour seul résultats d’obtenir des singes savant schizophrènes. Dont les Observateurs nous offrent le présent exemple.
PS j’aime beaucoup les commentaires d’Andrea.