Où l’on découvre qui sont les vrais amis de la famille. Florilège.
- Isabelle Moret, vice-présidente PLR et conseillère nationale, VD (02:48)
"Cette initiative ne va pas rétablir une égalité mais en créer une."
Curieux que plus d'égalité gêne à ce point la conseillère PLR. Ce qui se comprend mieux quand on sait qu'elle milite pour plus d'inégalité entre les familles: elle est en effet à l'origine d'une motion demandant de faire passer la déduction réservée aux familles confiant leurs enfants à des tiers de 10'000 à 24'000 francs.
Elle reconnaît toutefois que:
"Ca peut aussi être le papa qui réduit son temps de travail pour se consacrer plus à [ses] enfants."
Une grande première pour un parti qui a fait campagne jusqu'ici en affirmant que l'initiative n'avait en somme que pour but de renvoyer les femmes "aux fourneaux" (Fulvio Pelli le 15.04.2013, Claudine Esseiva le 24.04.2013 et le 19.06.2013, Christine Winckler le 13.09.2013).
- Fabienne Despot, vice-présidente UDC-Vaud et députée Grand Conseil:
"Il n'y a aucune discrimination de modèle familial."
Esther Mamarbachi de quittancer:
"L'UDC ne veut pas renvoyer les mamans aux fourneaux, c'est ça ce que vous nous dites ?"
Rafraîchissant après sept mois de propagande contraire.
La trêve sera de courte durée, Mme Mamarbachi bataillant ferme (06:20) pour faire dire à une Isabelle Moret des plus prudentes que l'initiative est sexiste et discriminatoire:
"Et qu'en pense Mme Moret ? [Celle-ci commence, Mme Mamarbachi la reprend] surtout les femmes qu'on veut renvoyer aux fourneaux, hein ?
[...] Ca va inciter les mamans à renoncer à travailler, c'est ce que vous dites ?"
Le ton est donné.
- Yannick Buttet, conseiller national PDC, VS (07:25)
"Ce que je regrette, c'est que le modèle actuel, au niveau fiscal, favorise un certain type de familles, les familles dans lesquelles on veut envoyer les deux parents au travail. Le PLR a beaucoup défendu cette position depuis de nombreuses années en disant: "Nous avons besoin de force de travail, sur le marché du travail, pour générer de la richesse", et on voit les parents comme des pompes à fric."
Le PLR avait même fait plus fort encore, qui s'exclamait, en avril dernier:
"Qui, sinon les femmes des nouvelles générations, célibataires mais aussi mariées et mères, peut contribuer à faire baisser en Suisse la demande de forces de travail étrangères ?"
Un comble pour les adorateurs de la libre circulation !
Yannick Buttet continue:
"On doit tout d'abord remettre la famille à sa place [...] qui reste la cellule de base de la société, le principal lieu de transmission des valeurs, et qui mérite de choisir par elle-même son organisation."
Mme Moret encaisse et martèle sur un mode nouveau, selon lequel la garde d'enfants à la maison n'engendre aucun frais et qu'il n'est par conséquent pas envisageable de permettre une déduction sur des frais qui n'existeraient pas. On soulignera au passage le peu de considération pour la valeur du travail parental ainsi que pour le manque à gagner de parents préférant se consacrer à leurs enfants plutôt qu'à gagner de l'argent. Seulement voilà, pour le PLR, ce manque à gagner et d'abord un manque à gagner de l'Etat, le salaire n'étant avant tout que l'ouverture du droit à l'imposition sur le revenu; droit dont l'absence gênerait, semble-t-il, grandement le parti radical.
Buttet enquille (10:25):
"Pour les parents qui, finalement, décident de consacrer une partie de leur temps à l'éducation des enfants, et bien ceux-ci renoncent à une partie de leurs revenus. Ca c'est aussi un élément qui doit être reconnu et qui n'est pas reconnu actuellement.
[...] Ces parents-là vont payer des impôts pour contribuer, notamment, aux structures d'accueil pour les autres enfants [...] Mais ces parents, qui n'en profitent pas, paient aussi, par solidarité, pour ces structures-là. Et, finalement, non contents d'avoir perdu une partie de leurs revenus et d'avoir payé pour faire garder les enfants des autres, ils ne peuvent rien déduire fiscalement."
Incorrigible, Esther Mamarbachi, pour seule réponse, entonne son mantra (11:04):
"Mais Monsieur Buttet, Monsieur Buttet, est-ce qu'on est pas en train de renvoyer les mamans aux fourneaux ?"
Yannick Buttet sourit:
"Ce n'est pas du tout ce qui a été observé dans les cantons qui ont introduit cette déduction."
- Adèle Thorens, co-présidente des Verts et conseillère nationale, VD:
Sans surprise, dès qu'il s'agit d'impôts, la gauche est dans la roue du PLR. La famille, qui ne revêt en rien, à ses yeux, les charmes de la classe ouvrière, lui est totalement indifférente, sinon hostile. Ainsi, Adèle Thorens, fidèle à elle-même, tout en admettant d'une part que les parents se consacrant à leurs enfants font un "cadeau à la société", appuie d'autre part la droite la plus libérale (14:28):
"Les tout petits salaires ne paient pas d'impôts."
Et voilà, c'est tout. Le seul argument des Verts contre l'initiative est que, comme les très petits revenus ne paient pas d'impôts, le cadeau fiscal prévu sera pour eux très "restreint" au regard des revenus plus conséquents; une sombre histoire de jalousie de classe... et les classes moyennes en ligne de mire.
Quant au coût, l'on apprend que la mesure n'a pesé que de l'ordre de 4 millions en Valais, loin, très loin du milliard quatre cents millions promis par certains (ou ici), fait assez justement remarquer Fabienne Despot. Mme Moret conteste, non sans exagérer sur le sens de l'initiative - qui demande l'égalité - et prétendre que cette égalité se montera effectivement à 10'100 francs, qui viendront se rajouter aux 10'100 francs des frais de garde en crèche.
Adèle Thorens plaide pour le modèle de redistribution exclusive par allocations et l'emplâtre des congés parentaux, qui ne sont qu'une lucarne sur l'horizon fiscal de parents qui ne pourraient survivre qu'à condition d'employer le temps qu'ils devraient consacrer à l'éducation de leurs enfants à remplir les caisses de l'Etat. Une lumière rare sur l'"humanisme" de gauche.
Plus loin (32:45), elle rétorque à un père de famille qu'il faut "des moyens pour investir pour les crèches et ne pas gaspiller de l'argent en faisant des cadeaux fiscaux inutiles." Inutiles pour qui ? L'argent de qui ? Le problème est toujours le même, la vision exclusive de l'Etat à gauche parasite celle de la société au point de chercher à la faire disparaître.
Curieusement, personne ne relève que la famille "rapporte" à la société.
- Isabelle Descombes, directrice de l'Association des familles monoparentales de Genève, mentionne (37:40) une intéressante "paupérisation des classes moyennes" en raison d'une modification du droit du divorce. Le déséquilibre monoparental semble dévaluer à ses yeux toute espèce de déduction par famille et favoriser un modèle de cash-flow direct, par enfants, via une augmentation des allocations.
Yannick Buttet fait remarquer à Mme Descombes que son association n'a rien à gagner à s'opposer à l'initiative.
- Sylvie Ruffieux, vice-présidente de l'Union Démocratique Fédérale, Genève, aura été la seule à parler (40:48) de la valeur du travail des parents à la maison.
Elle en profite pour répondre sur la ritournelle des "fourneaux":
"Parce qu'on dit les "fourneaux", les "femmes aux fourneaux", ce n'est pas vrai, les femmes ne sont pas aux fourneaux, elles ont aussi des activités, aussi une profession [...] on ne peut pas dire ça comme ça."
Fabienne Despot emboîte (44:00):
"On compte sur une présence d'amour et de famille [...] et que l'on veut renforcer la famille en renforçant les liens entre les membres de la famille."
Mme Descombes, amère, forcément:
"Vous ne renforcez rien du tout, Madame, vous faites des catégories, ce n'est pas la même chose, pour moi vous êtes en train de catégoriser les gens."
Elle faisait état plus haut de la soudaineté de sa monoparentalité. Et d'ajouter:
"Il y a une famille sur deux qui va divorcer."
Mme descombes a cessé de croire en la famille, elle ne croit plus qu'en l'unité allocataire "enfant", une déduction familiale semble comme la blesser...
- Marie Riley, une mère de famille à haut revenu, anti-initiative, en quête de "réinsertion" mettra le doigt sur la très forte déconsidération des mères au foyer dans notre pays (45:33): "Pour moi c'était un emploi ces quatre ans", en tant que mère auprès de ses enfants. Un emploi, précisément, dont les allocations doivent représenter une partie du salaire "maternel" et qui doit faire l'objet d'une défiscalisation.
Esther Mamarbachi est reprise de son tic (47:10):
"Monsieur Buttet, je voudrais revenir sur cette idée qu'on entend beaucoup, renvoyer les femmes aux fourneaux [...] On est d'accord, et je voudrais que vous confirmiez ça, qu'aujourd'hui c'est majoritairement les mamans qui s'occupent de leurs enfants."
A gauche de Yannick Buttet, M. Weisskopf, père au foyer...
Isabelle Moret, en désespoir de cause, joue la carte de la stigmatisation des modèles familiaux alternatifs qu'elle pense représenter (50:10):
"Vous dites que la maman qui travaille, que le papa qui travaille, ou les deux travaillent, ou qui placent leurs enfants dans une crèche, alors ça c'est des mauvais parents, c'est ce qui est sous-entendu."
Le sujet a l'air sensible pour la conseillère nationale... mais passons.
En conclusion, l'on pourra dire que le malaise est beaucoup plus profond que prévu, la gauche, flanquée de la droite libérale, en faisant un conflit civilisationnel majeur, n'osant éructer le trop fameux "familles, je vous hais", mais n'en pensant pas moins, et ramant laborieusement pour présenter son modèle de parents dépêchés sur le front du travail pour gagner durement taxes et gabelles comme une avancée sociale.
De son côté, la droite ne sait pas encore dire son amour, son besoin, de la famille.
RTS Infrarouge 15.10.2013
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Mme Mamarbachi a des idées reçues d’un autre temps, une vision de la femme au foyer des plus rétrogrades.. les femmes au foyer sont bien plus actives qu’on ne le pense; il y a longtemps qu’elles ne sont plus derrière leurs fourneaux et qu’elles rendent des services- gratuitement- à la société, dans leur quartier, leur immeuble, leur commune, dans des associations, ce que les femmes qui travaillent n’ont pas le temps de faire.
Mais Mme Mamarbachi est trop souvent devant les caméras pour connaitre certaines réalités. Elle en est restée au 19è siècle mais nous fait croire , du moment qu’elle est à la RTS,qu’elle est en avance sur tout et qu’elle détient LA Vérité.