Dans une intervention remarquée à l’Assemblée, le 30 janvier dernier, l’ancien premier ministre François Fillon a mis au jour la tactique universelle de certains lobbys. De quoi rappeler quelques petites choses ici en Suisse.
« Présider la République c'est refuser que tout procède d'une seul homme, d'un seul raisonnement, d'un seul parti. » C'est par une citation de François Hollande, celui d'avant, de la campagne présidentielle, que François Fillon a débuté sa philippique contre l'attitude d'un gouvernement « qui a choisi de passer outre les centaines de milliers de manifestants opposés à ce texte [...] qui a choisi de ne pas s'en remettre au référendum. Bref, qui a choisi seul, avec sa majorité, d'imposer un changement profond du droit de la famille et de la filiation.
Hier, le parti socialiste accusait le président Sarkozy d'autoritarisme et il ne ménageait pas son soutien à tous ceux qui battaient le pavé contre le gouvernement. Aujourd'hui, il goûte le pouvoir présidentiel et majoritaire et conteste celui de la rue. » Du berger à la bergère...
L'ancien premier ministre a constaté en outre l'incapacité de consensus et le risque de rupture : « Il n'y pas de consensus, les centaines de milliers de Français qui ont manifesté n'étaient ni des extrémistes, ni des passéistes, ni des idéologues. ».
Tactique du saucisson
Certaines remarques ont touché juste et jeté un jour nouveau sur l'état d'esprit qui anime les partisans de ce projet : « On ne peut pas à la fois prétendre que ce texte constitue une réforme de civilisation et agir avec précipitation et au surplus sans donner la parole au peuple. »
Et de revenir sur le profond effondrement à venir de la procréation médicalement assistée « au nom de l'égalité » : « Et une fois ce pas franchi, au nom de l'égalité toujours, les couples d'hommes ne manqueront pas d'exiger le droit à la gestation pour autrui. Beaucoup la réclament déjà [...] Ce jour-là quel argument le gouvernement pourra-t-il leur opposer ? Celui de l'inégalité ? Sûrement pas ! Puisqu'il fait de l'égalité le droit des droits, le fil conducteur de son projet. »
François Fillon poursuit en démontrant une parfaite connaissance des trucs et astuces instrumentés par la gauche pour avancer coûte que coûte sur ce dossier : « Celui de l'interdiction de marchander son corps ? Naturellement cet argument sera avancé [...] Il sera rapidement démonté par ceux qui vous convaincront que le recours à une mère porteuse est aussi estimable que le recours à la science ou à un tiers donneur anonyme. Il évoqueront les quelques exemples étrangers où la PMA est ouverte à tous et certains dénonceront le vide juridique qui entoure leur enfant, né ainsi hors de nos frontières. »
La technique est invariablement la même : « Ceux qui me rétorquent que les ruptures fondamentales de la PMA et de la GPA ne sont à l'ordre du jour seront les même qui, dans quelques temps, affirmeront que le « droit à l’enfant » est respectable. Car oui, derrière le mariage pour tous, il y a le droit à l’enfant pour tous et par tous les moyens.
Aujourd’hui, la majorité nous dit qu’il n’en est rien. Mais très bientôt, je ne doute pas que pour légitimer ce nouveau droit les motifs les plus généreux et les plus sincères seront alors employés: dont celui de vouloir avoir un enfant et de l’aimer. Une fois encore, le poids des sentiments imposera sa loi.
Jamais plus jamais
A ceux qui pensent que j’anticipe des évolutions qui ne sont pas inscrites dans ce projet, je rappelle qu’en 1999, le PACS nous était présenté par le gouvernement socialiste comme l’étape législative ultime de l’union entre deux personnes du même sexe.
Jamais, nous disait-on, le législateur n’ira ni ne devrait aller plus loin ! Jamais ?
Par délicatesse, je ne citerai pas toutes les phrases prononcées dans cet hémicycle par l’ancienne Garde des Sceaux, chargée de faire voter le PACS.
Son opposition au mariage homosexuel et à l’adoption était sans ambiguïté et elle concluait son propos avec une formule qui résonne étrangement dans notre hémicycle : « Je n’ignore pas - je la cite - le procès d’intention sur un éventuel « après » de cette proposition qui préparerait des évolutions plus fondamentales de notre droit. Je m’élève avec la plus grande énergie contre de telles insinuations. »
Voilà les mots d’hier qui nous disaient « jamais ».
Une décennie plus tard, ce qui était formellement refusé en 1999 est officiellement accepté: le mariage est ouvert aux couples homosexuels avec l’adoption. » (intégralité du discours et vidéo).
En Suisse
Ces déclarations ne sont pas sans éveiller un certain écho en Suisse voisine. En effet, en 2005, le comité interpartis de soutien à la Loi sur le Partenariat enregistré accusait de « mauvaise foi », s'élevait avec la plus grande énergie contre de telles insinuations et qualifiait de « tarte à la crème » les dires de ceux qui annonçaient ce qui se passe aujourd’hui.
7 ans plus tard, le Conseil fédéral - qui disait encore, en 2002, qu'il n'existait « aucun droit à l’adoption » - dénonçait un vide juridique et déclarait qu' « ouvrir cette adoption aux partenaires enregistrés mettra tous les enfants sur un pied d'égalité. »
La motion acceptée au Parlement le 13 décembre dernier était intitulée « Droit de l'adoption. Mêmes chances pour toutes les familles ».
Alors oui, la tactique semble être partout la même, ne manque plus qu'un François Fillon, en Suisse, pour la dénoncer.
Quand on confond égalité et équité, même les dieux sont impussants, aurait dit Goethe…
Fillon est enfin sorti de son silence.
Il a aussi rajouté que “L’UMP réécrira la loi en cas d’alternance”
Fillon un opportuniste ? Vous me direz ils le sont tous.
Ainsi il faut rappeler que Fillon , lors de la campagne pour la présidence de l’UMP n’a même pas évoqué le mariage pour tous; et en octobre il se disait méfiant quant au recours au référendum… Vous voyez, même à droite la démocratie…on connait pas
On ne l’a pas vu à la manif du 13 janvier contre le mariage pour tous, même s’îl y avait des “fillonistes” aux cotés de Coppé.
Mais voilà, il a bien dû admettre que les Français opposés à ce mariage étaient beaucoup plus nombreux à la manif et dans tout le pays,que ce qu’on a essayé de faire croire, et il entend bien le “turbulent silence” qui monte de la France profonde qui ne fait plus confiance à ses élus .
Alors, c’est le moment de se bouger s’il veut lui aussi récupérer cet électorat mécontent,.
Ceci dit ,c’était aussi le moment de rappeler les fourberies de la péronnelle Guigou.. A gauche on défend le parti , pas ses idées…afin de ne pas être écarté du sérail…
Quand je dis : tous des opportunistes , je ne me trompe guère. Pauvre France..
Je vois encore un argument pour les mères porteuses: il y a une inégalité entre hommes et femmes. Deux lesbiennes peuvent avoir dans leur lit un homme qu’elles louent pendant un cycle et neuf mois après elles mettent au monde deux enfants. Donc une inégalité crasse!
Il était grand temps que l’ancien premier ministre, tapi jusqu’alors dans l’ombre de, sa gloire déchue, et qui n’a rien trouvé à redire à l’euthanasie masquée portée par son collègue Léonetti (qui réclame désormais la “sédation terminale” ou le “suicide assisté”, au choix !) prenne le train en marche.Cela signifie au moins qu’il a compris que la machine est entrain de gripper du côté des transgresseurs et autres violeurs de conscience et c’est en cela , mais seulement en cela que c’est encourageant.
Voici deux exemple d'”égalité” mentionné dans la Bible. Je cite de mémoire et précise, si besoin était, qu’ils sont compatibles avec la laïcité! 1) Ceux qui en ramassaient peu (la manne) n’en manquaient pas, et ceux qui en ramassaient beaucoup n’en avait pas de trop.
2) les esclaves montent à cheval et les Princes vont à pieds!