Michel Garroté - Donald Trump mettra-t-il fin à l'islamisme comme Ronald Reagan a mis fin au communisme ? Trump (il entrera en fonction le 20 janvier 2017) a annoncé qu'il renoncera à son salaire de président des Etats-Unis, soit 400'000 dollars annuels. En outre, Trump a déclaré qu'il compte expulser des Etats-Unis jusqu'à trois millions clandestins qui ont commis des délits graves. "Ce que nous allons faire, c'est retrouver les criminels, les personnes ayant des délits à se reprocher, des membres de gangs, des trafiquants de drogue, et ces personnes, probablement deux millions, peut-être trois millions, nous les expulserons", a-t-il dit. De plus, Trump a déclaré vouloir nommer à la Cour suprême des juges pro-vie et favorables au port d’armes à feu.
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“Je suis pro-life et les juges seront pro-life”, a-t-il dit. “Ils vont être très favorables au Deuxième amendement” de la Constitution, qui fait de la détention d’armes un droit pour chaque citoyen américain. Enfin, Trump, intelligent, a refusé de dévoiler les détails de la stratégie qu'il utilisera pour venir à bout de l'Etat islamique, précisant que l'opération à Mossoul se heurte à des difficultés liées au fait que la Maison Blanche a annoncé ses plans à l'avance (fallait le faire, sacré farceur ce Barack-Hussein...). Il n'a rien précisé non plus sur son éventuelle intention de recourir aux forces terrestres (il est intelligent vous dis-je). Quel rapport avec Ronald Reagan, élu en novembre 1980 (deux mandats de quatre ans chacun : 1981-1989) ?
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La réponse à cette question est donnée par Romain Huret, directeur d’Etudes à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences sociales, aux lecteurs du 'Monde' (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : "On se focalise aujourd’hui sur l’Amérique déclassée, mais il faut bien voir que Donald Trump a réussi ce que Ronald Reagan avait réussi en 1980 (1981-1989) : il a réussi à créer une alliance électorale entre, d’un côté, une élite conservatrice, et de l’autre côté, une Amérique pauvre et ouvrière. C’est une alliance tout à fait étonnante, il ne faut pas réduire le vote pour Trump à celui d’une Amérique déclassée. L’histoire se répète, Reagan avait de la même façon réussi à rassembler ces deux Amériques".
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Le Brexit, le vote pour Trump, n’est-ce pas la confirmation d’une montée du nationalisme ou d’un retour à un souverainisme ?
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Oui, absolument, dans les deux cas on voit bien se réaffirmer l’idée de Nation, l’idée de souveraineté des peuples, mais je dirais aussi que, ce qui rapproche ces deux événements, c’est le volontarisme. Dans les deux cas, les citoyens ont eu le sentiment de reprendre leur destin en main et Trump a parfaitement incarné ce retour du volontarisme politique. Il a été élu pour agir et pour mettre un terme à ce qui apparaît comme inéluctable. L’Union européenne apparaissait comme un horizon indépassable en Grande-Bretagne, tout comme la mondialisation aux Etats-Unis apparaissait comme inéluctable, et Trump a promis de mettre un terme à ça et de faire en sorte que l’Amérique reprenne son destin en main.
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Est-ce que l’arrivée au pouvoir de Reagan a provoqué la même consternation ? Dans quelle mesure peut-on établir une analogie ?
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Oui, l’élection de Ronald Reagan a provoqué la même consternation et incompréhension. Beaucoup pensaient qu’il était incapable d’exercer la fonction suprême, n’oublions pas que c’était un ancien acteur hollywoodien. Beaucoup, y compris dans son propre camp, ne croyaient pas à son programme économique : George Bush père parlait d’« économie vaudoue » pour désigner son programme de réduction des impôts. Il ne faut pas oublier cela quand on voit qu’aujourd’hui Reagan est présenté comme l’un des plus grands présidents américains du XXe siècle. Une fois de plus, l’analogie est très, très forte avec Ronald Reagan et ce qui s’est passé en 1980.
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Plus qu’un clivage gauche-droite, ou démocrate-républicain, n’a-t-on pas assisté à un clivage politique entre les « anti-élites » et les « autres » ? N’est-ce pas là, au vu des évolutions politiques de ces dix dernières années en Europe, et du Brexit en particulier, la vraie redéfinition du débat politique mondial pour les années à venir ?
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Je ne crois pas à cette vision simpliste de la campagne et du résultat pour la bonne et simple raison qu’une grande partie de l’élite américaine a voté Trump. Comme je l’ai dit précédemment, il a réussi à recréer l’alliance qui avait permis à Reagan de l’emporter. Ce qui peut se jouer en France et en Europe, c’est de voir le même type d’alliance se mettre en place. Mais en tout cas, je crois qu’il ne faut pas oublier que l’électorat de Donald Trump ne peut pas se résumer au seul électorat populaire et ouvrier. Et n’oublions pas que lui-même appartient au monde des élites médiatiques et économiques (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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Introduction, adaptation et mise en page de Michel Garroté
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http://www.lemonde.fr/elections-americaines/article/2016/11/10/l-election-de-ronald-reagan-a-provoque-la-meme-incomprehension-que-celle-de-donald-trump_5028931_829254.html
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