Roger Scruton: Dans une société qui idolâtre l’« inclusion », la seule « phobie » permise est celle dont les conservateurs sont la cible

Roger Scruton (1944 - 2020), philosophe très british, pourfendeur absolu du politiquement correct !

Citations de Roger Scruton :

1. Chapitre la débilité de notre époque :

1) En France, l'intellectuel de gauche est un prêtre sans Dieu.

2) De l'urgence d'être conservateur de Roger Scruton
À l'époque (années 70), l'ensemble des dirigeants du pays semblait dévoué à maintenir la cadence régulière du déclin culturel et économique, dans l'espoir de réaliser cette société égalitaire nouvelle où chacun aurait la même chose, puisque personne n'aurait rien.

3) De l'urgence d'être conservateur de Roger Scruton
La tentative comique d'établir une Constitution pour l'Europe donna lieu à un document si long et complexe qu'il en était entièrement inintelligible. Le préambule réussit à exclure la religion chrétienne de l'idée d'Europe, tandis que le reste du document - qui consistait bien davantage à étendre les pouvoirs des institutions européennes qu'à y mettre des limites - était destiné à anéantir la démocratie. Étant donné que le legs de l'Europe au monde consiste dans les deux grands biens que sont la chrétienté et la démocratie, il est à peine surprenant que l'UE ne reçoive plus l'aval du peuple européen, même si elle a créé un réseau de clients dont le soutien est infaillible.

4) L'erreur et l'orgueil de Roger Scruton

Les critiques de Galbraith à l'encontre du système américain lui valurent sans surprise d'y occuper une position sécurisée. Mais sa nomination au poste d'ambassadeur en Inde en 1961 le poussa à adopter une vision un peu plus mesurée et réaliste, et il prit un temps conscience de cette réalité qu'un siècle de pensée marxiste avait trouvé les moyens de nier : ce n'est pas le système économique d'une nation qui détermine sa nature, mais ses institutions politiques. Il comprit aussi qu'un ordre politique qui honore ses détracteurs est radicalement différent d'un ordre politique qui les honore en les envoyant à la mort au Goulag.

5) De l'urgence d'être conservateur de Roger Scruton
Savoir comment cette classe politique si détachée, en apparence, des loyautés ordinaires, est advenue, est une vraie question pour les conservateurs. Dans le cas de la gauche, le mystère n'est pas si difficile à percer. Il y a des chemins vers la politique, à gauche, qui passent outre toutes formes naturelles de vie humaine. On commence avec une cause, on rejoint une ONG, on essaie de se caser dans un "quango"***, on entre dans le gouvernement local, on acquiert l'habitude de dépenser l'argent des autres, et on apprend à manœuvrer la machine politique. Tout cela peut s'obtenir sans prendre de risque ni jamais accomplir ce qui serait pour d'autres une bonne journée de travail. Dans une certaine mesure, de tels chemins vers la politique existent aussi à droite : on commence avec une sorte de vide moral élégant et on se présente comme un consultant - en d'autres termes, quelqu'un dont aucune entreprise n'a besoin avant qu'il n'apparaisse. Presque toutes les entreprises modernes sont recouvertes de ces parasites - consultants en management, consultants en relations publiques, consultants en "responsabilité sociale d'entreprise", etc., affairés à rappeler aux dirigeants les problèmes qui n'auraient jamais, autrement, traversé leur esprit. Pourtant, rien n'oblige à ce que ce processus produise une classe politique aussi détachée de l'humanité que celle que nous avons devant les yeux. Il doit y avoir des moyens pour un consultant de se frotter à la réalité de temps en temps, de façon à comprendre que nous vivons par et à travers nos attachements, et sommes perdus lorsqu'on nous les prend.

*** Au Royaume-Uni, en Irlande ou en Australie on parle de quangos (quasi non-governmental organisation ou « organisation quasi-non gouvernementale »).

 

6) L'erreur et l'orgueil de Roger Scruton
La distinction entre l'État et la société civile fut exprimée de diverses façons par Burke et Hegel, en réponse à la Révolution française et à la confiscation de l'héritage social français qu'elle initia. On a pu constater au XXème  que les États socialistes à travers le monde absorbaient et supprimaient les associations librement constituées, les remplaçant par des bureaucraties hiérarchisées de leur cru. Dans la vision de gauche radicale, tous les pouvoirs au sein d'une société civile sont attribués, de manière explicite ou implicite, à l'État ou à la "classe" qui le contrôle. Ils sont entre les mains de l'"hégémonie" dominante (Gramsci) ou des "appareils idéologiques d'État" (Althusser). Pour les gauchistes, chaque association, chaque institution, chaque "petit peloton" est "toujours déjà" politique. Ainsi, lorsque l'État intervient pour supprimer les écoles privées, pour nationaliser les industries, pour confisquer les biens des églises, pour remplacer les équipes de secours locales ou criminaliser certaines activités "inconvenantes" telles que la chasse au renard ou l'usage du tabac dans les bars, cela n'est en rien considéré comme un abus de pouvoir. L'État est responsable de la vie sociale, et en tant que tel, il remplace simplement une forme de société par une autre, qui est meilleure.

 

7) De l'urgence d'être conservateur de Roger Scruton
Je n'ai jamais entièrement adhéré à la rhétorique du libre échange des thatchériens. Mais je sympathisais profondément avec les motifs de Thatcher. Elle voulait faire reconnaître à l'électorat que la vie d'un individu lui appartient et que la responsabilité de la vivre ne peut pas être endossée par un autre, encore moins par l'Etat. Elle espérait libérer le talent et l'entreprise, qui, malgré des décennies de bla-bla égalitaire, existaient toujours, pensait-elle, dans la société britannique.

 

8) Conservatisme de Roger Scruton
Dans une société qui idolâtre l' "inclusion", la seule "phobie" permise est celle dont les conservateurs sont la cible.

 

9) L'erreur et l'orgueil de Roger Scruton
Le contraste implicite entre la guerre et les massacres nazis d'une part (décrits comme des fins en soi), et la guerre et les massacres perpétrés par le communistes d'autre part (décrits comme des moyens pour parvenir à une fin), n'est pas non plus d'un grand secours. Dans ce contexte et à l'échelle de ces choses, il est impossible de prendre cette distinction au sérieux. Une personne capable d'écrire à la manière de Badiou a de toute évidence perdu la notion de ce qu'est un crime. Comme pour Hosbawm, Sartre, Lukacs et Adorno, le crime pour Badiou n'est pas un crime, si l'utopie est l'objectif visé.

 

10) L'erreur et l'orgueil de Roger Scruton
L'ouvrier est censé tirer profit de sa relation avec l'intellectuel. Mais l'avantage revient surtout à l'intellectuel, puisqu'il est le seul à en dicter les termes. Le zèle compatissant de l'intellectuel (comme décrit par Rousseau) repose sur un besoin émotionnel trop grand et trop pressant pour ne pas être tyrannique. Si les intellectuels se montrent sans pitié envers les ouvriers sur lesquels ils mènent leurs expériences, c'est entre autres parce que, considérant le monde du point de vue "totalisant" du royaume des fins, ils ne peuvent percevoir l'existence réelle, mais empirique, de leurs victimes. L'ouvrier s'en trouve réduit à une simple abstraction, non de par le dur labeur de la production capitaliste, mais de par la rhétorique enflammée des intellectuels de gauche. Il est le moyen par lequel l'intellectuel parvient à l'exultation, et peut être supprimé sans scrupule s'il échoue à sa tâche. C'est cet anéantissement intellectuel du simple ouvrier empirique qui a rendu possible son extermination de masse dans le simple monde empirique.
p. 187, "Sartre et Foucault".

 

11) De l'urgence d'être conservateur de Roger Scruton
La déqualification de la société s'est produite en partie parce que le système éducatif a changé en réponse à l'offre plutôt qu'à la demande de son produit. La croissance des diplômes de pacotille et de l'expertise charlatanesque a été amplifiée par la disponibilité du financement public pour les rentiers de l'éducation. Les victimes en sont les étudiants, séduits par la pensée qu'un diplôme en sociologie des médias permet de travailler dans les médias, ou qu'un diplôme en "peace studies" de corriger le monde. Le besoin est immense, dans le monde occidental, d'un système d'enseignement supérieur plus libre, qui offre aux étudiants des qualifications qui leur seront utiles, et où les enseignants doivent faire la preuve de leur expertise.

 

12) De l'urgence d'être conservateur de Roger Scruton
À d'autres égards, la culture de la répudiation reflète l'écroulement des Lumières. Comme on le remarque fréquemment, l'esprit de libre examen est en train de disparaître des écoles et universités occidentales. Des livres sont inclus ou exclus des programmes selon leur caractère politiquement correct; les règles de langage et les services de soutien psychologique policent la parole et la conduite des étudiants et des enseignants; bien des cours sont conçus pour inculquer la conformité idéologique plutôt que l'art du libre examen, et les élèves sont souvent sanctionnés pour avoir tiré des conclusions hérétiques des grandes questions du temps.

 

13) De l'urgence d'être conservateur de Roger Scruton
Si votre budget provient de l'Etat, vous voterez pour l'homme politique qui promet de l'augmenter. De cette façon, les partis de gauche sont parvenus à compter sur le vote de certains groupes, en payant ces votes avec les impôts de ceux qui votaient pour leurs opposants. En France, aujourd'hui, on demande aux contribuables de la classe moyenne, dont le nombre se réduit comme peau de chagrin, de soutenir un grand nombre de personnes à la charge de l'Etat.

 

14) De l'urgence d'être conservateur de Roger Scruton
Dans tout le monde occidental, l'État providence, dans sa forme actuelle, surpasse nos moyens financiers, et l'emprunt constant auprès des générations futures ne rendra son effondrement que plus dévastateur quand il se produira. Cependant rares sont les partis au pouvoir qui prennent le risque d'entreprendre sa réforme radicale, par peur d'être pris en otage par la gauche, pour laquelle ce n'est pas seulement une question emblématique, mais un moyen d'appeler au rassemblement ses électeurs captifs.

 

15) Conservatisme de Roger Scruton
L'idéologie est une sorte de politique de la guerre, avec un message : vous êtes avec nous ou contre nous, et nous gagnerons quoi qu'il arrive.

 

2. Chapitre décence / bon sens / vérités profondes :

1) « Je crois que les choses bonnes peuvent être aisément détruites, mais non aisément créées. »

 

2) GeorgesSmiley   17 février 2020
De l'urgence d'être conservateur de Roger Scruton
L'Angleterre de ma jeunesse était célèbre dans le monde entier pour l'attitude et les principes de sa force de police. Notre gendarmerie n'était pas le bras armé du gouvernement central, mais une organisation locale, responsable devant les conseils locaux. Le "bobby" lui-même était formé comme un ami de la communauté qu'il servait, et le signe en était qu'il avait pour seule arme un carnet et un drôle de sifflet en étain. Il connaissait les gens de son quartier et prenait un intérêt paternel à leur bien-être. Les enfants venaient à lui quand ils étaient perdus, les étrangers lui demandaient leur chemin, et tous le saluaient avec le sourire. Ainsi conçue, la force de police anglaise servait à mettre en valeur une vérité fondamentale du droit anglais, celle que ce droit n'existe pas pour contrôler l'individu mais pour le rendre libre. Le droit commun est du côté du citoyen contre ceux - qu'ils soient des hommes politiques qui excèdent leur pouvoir ou des criminels ordinaires - qui souhaitent le plier à leur volonté contre son gré. C'est cette conception du droit qui sous-tend la politique conservatrice dans le monde anglophone, et c'est aujourd'hui ce qui mérite le plus d'être défendu contre les forces adverses.

3) De l'urgence d'être conservateur de Roger Scruton
Burke voyait la société comme l'association des morts, des vivants et des personnes à naître. Le lien à son fondement n'est pas le contrat, mais quelque chose qui s'apparente davantage à l'amour. La société est un héritage partagé pour le bien duquel nous apprenons à circonscrire nos exigences, à considérer notre place dans l'univers comme partie d'une chaîne continue du donner et du recevoir, et à reconnaître que les bonnes choses dont nous héritons ne sont pas là pour être gâchées. Une ligne d'obligation nous relie à ceux qui nous ont donné ce que nous avons, et notre souci pour l'avenir en est la prolongation. Nous prenons en compte l'avenir de notre communauté non par des calculs de coûts et bénéfices, mais plus concrètement, en nous considérant comme les héritiers de bénéfices que nous devons transmettre.

 

4) De l'urgence d'être conservateur de Roger Scruton
Robert Conquest a énoncé un jour les trois lois de la politique et la première affirme que tout homme, dans les sujets qu'il connaît bien, est à droite. Mon père (qui était un syndicaliste membre du parti travailliste) illustrait parfaitement cette loi. Il connaissait la campagne, l'histoire locale et les anciennes façons de vivre, de travailler et de construire. Et par la connaissance de ses sujets, il devint, à leur égard, un ardent conservateur. Là se trouvaient les bonnes choses qu'il souhaitait conserver. Je compris pour la première fois dans ma vie, qu'il est toujours justifié de conserver quelque chose, si ce qu'on propose à la place est pire. Cette loi de raison pratique a priori est aussi la vérité du conservatisme.
Au cœur du socialisme de mon père, par conséquent, résidait un profond instinct conservateur.

 

5) De l'urgence d'être conservateur de Roger Scruton
Le point de départ du conservatisme est ce sentiment que les personnes d'âge mûr partagent sans mal : le sentiment que les choses bonnes peuvent être aisément détruites, mais non aisément crées. C'est particulièrement vrai de ce qui se présente à nous comme des biens collectifs : la paix, la liberté, le droit, la civilité, l'esprit public, la protection de la propriété, la famille, tous domaines où nous dépendons de la coopération des autres tout en n'ayant aucun moyen de l'obtenir sans leur aide. Concernant ces biens, l'œuvre de destruction est rapide, aisée et exaltante; l'œuvre de création lente, laborieuse et maussade. C'est une des leçons du XXème siècle. C'est aussi une raison pour laquelle les conservateurs subissent un tel désavantage quand il s'agit de l'opinion publique. Leur position est vraie mais ennuyeuse; celle de leurs adversaires enthousiasmante mais fausse.

 

6) Conservatisme de Roger Scruton
Pour comprendre la préhistoire du conservatisme, il nous faut ainsi accepter que les idées ont une influence considérable sur les affaires humaines, reconnaître qu'elles ne surgissent pas seulement d'autres idées et qu'elles puisent souvent à la source de dispositions biologiques, sociales et politiques bien plus profondes que la seule rationalité.

 

7) Conservatisme de Roger Scruton
Le conservatisme moderne est un produit des Lumières, mais il engage des aspects de la condition humaine que l'on peut voir à l’œuvre dans toutes les civilisations et à chaque moment de l'histoire.

 

8) Conservatisme de Roger Scruton
Le conservatisme est bien ce que son nom désigne : la tentative de conserver la communauté que nous possédons, non pas l'ensemble de ses caractéristiques singulières - comme le disait Burke, "nous devons réformer pour conserver", -, mais celles qui permettent d'assurer la survie de la communauté dans le temps.

 

9) De l'urgence d'être conservateur de Roger Scruton
(L'Histoire) a de la valeur, pour nous, parce qu'elle contient des hommes sans les efforts et la souffrance desquels nous n'existerions pas nous-mêmes. Ces personnes ont produit les contours physiques de notre pays; mais elles ont aussi produit ses institutions et ses lois, et se sont battues pour les préserver. Dans tous les sens de l'obligation sociale, elles méritent de notre part un devoir de mémoire. Nous ne faisons pas qu'étudier le passé : nous en héritons, et l'héritage apporte avec lui non seulement les droits de propriété, mais les devoirs de la fiducie. Les choses pour lesquelles certains se sont battus ou sont morts ne devraient pas être inconsciemment dilapidées. Car elles sont la propriété de ceux qui ne sont pas encore nés.

 

10) Conservatisme de Roger Scruton
Contre l'administration verticale de l'État collectiviste moderne, les conservateurs et les libéraux s'accordent sur la défense d'un ensemble d'exigences : celles notamment d'un gouvernement limité, d'institutions représentatives, de la séparation des pouvoirs et des droits fondamentaux des citoyens.

 

11) Conservatisme de Roger Scruton
Nous autres êtres humains vivons naturellement dans des communautés liées par la confiance mutuelle. Nous avons besoin d'un foyer partagé, d'un espace de sécurité dont nous pouvons revendiquer l'occupation sans contestation, où nous pouvons faire appel à l'assistance des autres membres en cas de menace. Nous avons aussi besoin de vivre en paix avec nos voisins et de disposer de procédures pour garantir cette paix. Nous avons enfin besoin de l'amour et de la protection que nous procure la vie de famille. Tenter de modifier l'une de ces données de la condition humaine reviendrait à violer les impératifs enracinés dans l'ordre biologique d'une part, les nécessités de la reproduction sociale d'autre part. Si nous aspirons à élaborer une philosophie politique ne serait-ce que vaguement crédible, nous ne pouvons faire comme si ces facteurs étaient trop éloignés du monde des idées pour être pris en considération. Or la propriété des utopies modernes est précisément d'ignorer ces contraintes, d'imaginer des sociétés sans droit (Marx et Engels), sans familles (Laing), sans frontières et sans défenses (Sartre). Beaucoup d'encre conservatrice a été gaspillée (y compris par moi-même) pour contrer de telles conceptions auxquelles ne peuvent croire que les gens incapables de voir la réalité en face et par conséquent imperméables au débat d'idées.

 

12) Conservatisme de Roger Scruton
La forme politique de la coexistence est un accomplissement précieux que les conservateurs, les libéraux et les socialistes devraient chérir et dont ils devraient être prêts à payer le prix. Cette forme est pourtant menacée, d'un côté, par l’intransigeance islamiste et, de l'autre, par la culture de rejet qui a imprégné la gauche, dénonçant comme "raciste" ou "xénophobe" toute tentative de défense de notre patrimoine.

 

13) Conservatisme de Roger Scruton
Le conservatisme moderne a d'abord défendu la tradition contre les demandes de souveraineté populaire. Au nom de la religion et de la haute culture, il s'est opposé à la doctrine matérialiste, avant de s'associer au libéralisme classique dans la lutte contre le socialisme. Aujourd'hui, tentant de se redéfinir, il apparaît comme le meilleur défenseur de la culture occidentale menacée par deux ennemis en particulier : le politiquement correct qui contraint la liberté d'expression et ramène tout à la culpabilité de l'Occident, et l'extrémisme religieux, l'islamisme militant notamment, promu par les sectes wahhabites et salafistes. Malgré ses transformations, le conservatisme garde pourtant les traces de ses origines : sa conviction que le bien est plus facilement détruit que créé, sa détermination à sauver ce bien face aux changements orchestrés par le pouvoir politique.

 

14) De l'urgence d'être conservateur de Roger Scruton
Ces expériences ont contribué à me convaincre que la civilisation européenne dépendait du maintien de frontières nationales et que l'UE - qui est un complot pour dissoudre ces frontières - était devenue une menace pour la démocratie européenne. Par la supervision des cours européennes et la forme de sa législation, l'UE a créé une classe politique qui n'est plus comptable auprès des citoyens. La Commission européenne elle-même adopte des lois qui ne peuvent être outrepassées par les parlements nationaux, à la suite d'une discussion à huis clos entre des bureaucrates qui jamais ne sont appelés à répondre de leurs décisions.

 

15) conservatisme de Roger Scruton
La vie des êtres humains n'est pas seulement faite de coopération, elle recèle aussi une part de compétition. Pour cette raison, on doit s'assurer, dans les principes, que la compétition est pacifique et que les conflits peuvent être résolus. Presque toutes les utopies imaginées par les auteurs modernes considèrent que les individus sont capables de vivre dans des systèmes où seuls les liens de coopération assurent la sociabilité, et où la part du conflit a été évacuée. Voilà pourquoi les utopies sont invraisemblables - car elles renvoient à des arrangements purement abstraits entre être nouménaux, comme dans le communisme intégral prédit par Marx et Engels dans l'idéologie allemande (1845), ou dans les pays féeriques de l'Angleterre néo-gothique de William Morris décrits dans Nouvelles de nulle part. La rivalité est un trait fondamental de notre nature, elle est à la fois la cause principale de nos problèmes et la solution dont nous disposons pour les régler

 

16) De l'urgence d'être conservateur de Roger Scruton
Lorsque Burke et Maistre entreprirent de faire le procès de la Révolution française, rien ne les impressionna davantage que son zèle antireligieux. Avec la persécution de l'Église, il n'était pas seulement question d'ôter à celle-ci son pouvoir social et ses propriétés. Les révolutionnaires voulaient posséder les esprits que l'Église avait recrutés, et à cette fin, ils insistèrent pour que les prêtres prêtent serment à la Révolution - un serment qui devait prendre le pas sur leurs vœux de chasteté et d'obéissance.
Les révolutions suivantes ont considéré de manière similaire l'Église comme l'ennemi public numéro un, précisément parce qu'elle crée un royaume de valeurs et d'autorité hors d'atteinte de l'État. Il est nécessaire, dans la conscience révolutionnaire, d'entrer dans ce royaume et d'en voler la magie.

 

17) De l'urgence d'être conservateur de Roger Scruton
La Convention (de Genève relative au statut des réfugiés) permet aux dictateurs d'exporter leurs opposants sans y gagner la mauvaise réputation qui serait la leur s'ils les tuaient. Le coût de la Convention, dans son ensemble, est donc supporté par les États respectueux des lois. Jusqu'ici, un silence gêné a prévalu à cet égard -l'un des problèmes les plus graves de l'Europe moderne. Nombre de ceux qui réclament l'asile apportent avec eux les folies islamistes des pays d'où ils se sont échappés. Certains réclament les avantages de la citoyenneté, allant jusqu'à ester en justice (Ester en justice, est l'action d'intenter des actions devant les tribunaux et de se défendre lorsqu'on est l'objet de poursuites.) pour obtenir ces "droits de l'homme", tout en refusant de reconnaître qu'ils ont des devoirs, en retour, envers l'Etat qui les accueille. Aujourd'hui, des citoyens anglais partent faire le djihad contre le peuple britannique, et les accuser de trahison leur semblerait aussi incompréhensible que de suggérer qu'il y a de la trahison sur la lune. Ne devrions-nous pas traiter ce problème en consultant l'intérêt national plutôt qu'en nous soumettant à un traité signé avant notre naissance ?

 

18) De l'urgence d'être conservateur de Roger Scruton
Il est vrai que Bismarck a rassemblé les principautés allemandes en imposant un système de droit unifié et une bureaucratie administrée de façon centralisée. Et il est tout à fait probable que le succès de Bismarck ait inspiré Jacques Delors et ses semblables, qui ont cherché à obtenir une unification similaire à travers l'Europe. Mais l'intention de Bismarck était de créer un État-nation; il partait de la présupposition d'une langue commune, de coutumes communes et de frontières validées par l'histoire.

 

19) De l'urgence d'être conservateur de Roger Scruton
La part de l'Europe dans le commerce et la richesse mondiale, en rapide diminution, fait partie de ces rééquilibrages du pouvoir qui se produisent tous les quelques siècles. L'immigration de masse, d'Afrique, d'Asie et du Moyen-Orient a donné naissance à des minorités potentiellement déloyales, ou à tout le moins antinationales, au cœur de la France, de l'Allemagne, des Pays-Bas, des pays scandinaves et de la Grande-Bretagne. La foi chrétienne a reculé de la vie publique, laissant un vide où le nihilisme, le matérialisme et l'Islam militant se sont engouffrés sans résistance. La population européenne vieillit et diminue - sauf en Grande-Bretagne, destination de choix de tant de migrants européens, désormais en proie, de ce fait, à un profond conflit. Face à ces maux, qui définissent la nouvelle crise de l'Europe autant que la montée du totalitarisme définissait l'ancienne, mettre exclusivement l'accent sur "l'intégration" est au mieux une idée sans pertinence, au pire une erreur fatale.

 

20) De l'urgence d'être conservateur de Roger Scruton
Une fois distinguées l'ethnicité et la culture, la voie est ouverte pour reconnaître que toutes les cultures ne sont pas également admirables, et qu'elles ne peuvent pas toutes vivre aisément côte à côte. Le nier revient à renoncer à la possibilité même du jugement moral, et de ce fait à nier l'expérience fondamentale qu'est celle de la communauté. C'est précisément ce qui provoque l'hésitation des multiculturalistes. C'est la culture, non la nature, qui enjoint une famille à tuer la fille tombée amoureuse d'un étranger, à exposer les filles à la mutilation génitale si elles veulent être respectables, à tuer l'infidèle si Allah l'exige. Vous pouvez penser, à lire ces exemples, qu'ils datent de notre préhistoire. Mais lorsque, soudainement, ils se produisent en notre sein, vous êtes légitime à regarder en face la culture qui les promeut. Vous êtes légitime à dire que ce n'est pas là notre culture et qu'ici ces pratiques n'ont pas droit de cité. Et vous serez probablement tenté de faire un pas supplémentaire, celui auquel les Lumières nous invitent naturellement, en disant qu'elles ne devraient avoir droit de cité nulle part.

 

21) De l'urgence d'être conservateur de Roger Scruton
Le politiquement correct nous exhorte à être aussi "inclusifs" que nous le pouvons, et à ne pas discriminer ni en pensée, ni en paroles, ni en actes les minorités ethniques, sexuelles, religieuses ou comportementales. Afin que nous soyons inclusifs, on nous encourage à dénigrer ce que nous ressentons comme particulièrement nôtre. Le directeur général de la BBC a récemment condamné son organisation et ses programmes comme odieusement blancs et de classe moyenne. Les universitaires regardent de haut une culture établie par des "Mâles Blancs, Européens et Morts". De telles déclarations abusives expriment le code du politiquement correct. Car bien qu'elles impliquent des condamnations délibérées basées sur la classe, le sexe ou la couleur, le but n'est pas d'exclure l'Autre mais de nous condamner nous-mêmes. L'aimable plaidoyer pour l'inclusion masque le désir fort peu aimable d'exclure l'ancien responsable de l'exclusion : en d'autres termes, de répudier l'héritage culturel qui nous définit. À bas notre culture !

 

3. Chapitre déconstruction / nihilisme :

1) GeorgesSmiley   13 juin 2019

De l'urgence d'être conservateur de Roger Scruton
Prenez n'importe quel aspect de l'héritage occidental dont nos ancêtres étaient fiers, ET VOUS TROUVEREZ DES COURS, à l'université, consacrés à sa déconstruction. Prenez n'importe quel caractère positif de notre héritage politique et culturel, ET VOUS TROUVEREZ DES EFFORTS CONCERTÉS, à la fois dans les médias et l'université, pour le placer entre guillemets et lui donner l'air d'une imposture ou d'une supercherie. Or un important segment de l'opinion politique, à gauche, cherche à promouvoir ces critiques et à les transformer en actions politiques.
C'est à cette "culture de la répudiation", comme je la nomme, que nous devons attribuer les récentes attaques contre l' État-nation et l'idée nationale. Le conservatisme est quant à lui une culture de l'affirmation. Il concerne ce à quoi nous accordons de la valeur et que nous souhaitons défendre. Quiconque comprend ce qui est en jeu dans le conflit mondial qui se développe aujourd'hui en viendra à voir, je pense, que la nation est l'une des choses que nous devons garder.

 

2) https://www.babelio.com/auteur/Roger-Scruton/132320/citations
Tout ce qui est innocent et normal est devenu suspect, en particulier en France. Personne n'a riposté en montrant la beauté de la vie bourgeoise, qui accomplit une forme d'épanouissement de l'homme..

 

3) De l'urgence d'être conservateur de Roger Scruton
La question présente dans l'esprit de tous est de savoir comment rectifier une erreur si manifeste. La pire erreur en politique est celle de Lénine - l'erreur de détruire les institutions et les procédures qui permettent de reconnaître les erreurs. Quelque chose de similaire se produit dans l'UE, dont les élites, face aux problèmes croissants posés par le mécontentement populaire, les migrations de masse, les difficultés de la monnaie unique et l'effondrement des économies de sa périphérie, répondent par un cri unique : plus d'Europe. En d'autres termes, non pas un retour en arrière vers le connu, mais un saut en avant dans le vide. Ce qui est délirant, c'est que nos représentants élus ont attendu la onzième heure pour dire ce qu'ils auraient dû dire il y a trente ans : non pas plus d'Europe, mais moins.

 

4) L'erreur et l'orgueil de Roger Scruton
Au lendemain de 1989, il sembla un temps que le programme communiste avait été défait, et que tout indiquait un rejet décisif des idées qui avaient réduit en esclavage les peuples d'Europe de l'Est depuis la guerre. Mais la machine à non-sens fut lancée pour détruire les jeunes pousses de l'argument rationnel, pour tout recouvrir d'un brouillard d'incertitude et pour relancer l'idée - déjà présente et toxique chez Lukacs - que la vraie révolution était encore à venir, et que ce serait une révolution des mentalités, une libération intérieure, contre laquelle l'argument rationnel (qui est une simple "idéologie bourgeoise") ne peut se défendre. Ainsi, le règne du non-sens coupa si radicalement la question de la révolution de toute possibilité d'enquête rationnelle que celle-ci ne pouvait plus être directement posée.
p. 458

 

5) De l'urgence d'être conservateur de Roger Scruton
Notre civilisation s'est mise à la recherche de la Jérusalem céleste, et nous la recherchons toujours dans les centres usés de nos villes historiques. Le pèlerinage à Prague, Venise ou Florence est un incontournable du Grand Tour de l'athée moderne. Mais le désir inlassable d'effacer le sacré persiste : presque chaque ville a sa version du Centre Pompidou parisien, une aire de jeu facétieuse implantée au milieu d'un panorama d'ordre et de grâce. Depuis ce centre de profanation irradie l'appel du Corbusier à la démolition totale, à un nouveau départ, à une nouvelle forme de ville, la ville de l'incroyance où le sens sera ouvertement tourné en dérision dans le miroir. Partout en Asie et au Moyen-Orient, nous assistons à l'érection de cette nouvelle forme de ville, sans recoins, sans ombres, sans secrets. Nous Européens résistons à cette maladie du mieux que nous pouvons, sachant que la perte de la ville sera la perte de trop. Et nous avons sûrement raison : car nous nous battons pour le foyer que nous aimons, contre ceux qui profitent de sa destruction.

 

6) De l'urgence d'être conservateur de Roger Scruton
À gauche comme à droite, les hommes politiques ont pris l'habitude d'éviter ou d'ignorer les préoccupations de l'électorat, et d'étaler publiquement leur statut de célébrité. L'influence du "quatrième état" comme Burke nommait la presse de son époque, est inévitable; mais les hommes politiques, semble-t-il, n'ont plus de volonté affirmée de leur résister, et sont prêts, dans toute compétition électorale, à faire passer leur image médiatique avant l'intérêt national.
C'est en partie à cause de cela que la question de l'immigration est devenue politiquement litigieuse. Car l'immigration est un sujet sur lequel les journalistes progressistes peuvent exposer leur conscience à peu de frais, et adopter la posture de champions des plus vulnérables. La pression est constante aux États-Unis d'offrir une amnistie aux immigrés illégaux - en d'autres termes, d'accepter comme citoyens des personnes qui ont montré leur mépris pour la loi. Dans le cas de la Grande-Bretagne, le sujet est allé bien plus loin, le parti travailliste ayant encouragé l'immigration de masse sans égard pour sa quantité ou sa qualité, et le Traité européen ayant dans tous les cas annulé la souveraineté nationale en la matière. Cette question est devenue si importante, en effet, qu'il est désormais dangereux d'en discuter, par crainte des chasses aux sorcières et des persécutions qui s'ensuivent inévitablement.

 

4. Chapitre STUPIDITÉS de Roger Scruton :

1) Si tel est le cas, comment devrions-nous défendre l'Occident contre le terrorisme islamiste? Je proposerai une brève réponse à cette question. Premièrement, nous devons être clairs sur ce que nous défendons et ce que nous ne défendons pas. Nous ne défendons pas, par exemple, notre richesse ou notre territoire; ces choses ne sont pas en jeu (PR : Ici, Scruton est cinglé, bien sûr que nous défendons notre territoire et nos richesses). Nous défendons plutôt notre héritage politique et culturel, incarné dans les sept caractéristiques que j'ai retenues ici pour attirer l'attention.
source : http://azure.org.il/include/print.php?id=485

Azur no. 35, hiver 5769/2009  L'Islam et l'Occident: lignes de démarcation  Par Roger Scruton

PR : Ces STUPIDITÉS de Roger Scruton sont très probablement à la base des raisons pour lesquelles il n’approuve pas de tout cœur TOUTES les mesures prises par Viktor Orban pour sauver la Hongrie d'une "invasion de l’islam".

 

2) Dans la sphère privée, cependant, les chrétiens devraient suivre le chemin que Jésus leur a tracé: à savoir, regarder avec sobriété et dans un esprit de pardon les blessures que nous recevons, et montrer, par notre exemple, que ces blessures n'aboutissent qu'à discréditez celui qui les inflige (PR : Ici, Scruton est vraiment un British cinglé… ce « Gandhisme » va  faire éclater de rire certains musulmans avant qu’ils nous "frappent au cou".)
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Azur no. 35, hiver 5769/2009  L'Islam et l'Occident: lignes de démarcation  Par Roger Scruton

 

5. Chapitre mai 68:

1) « Je me rendais compte soudain que j’étais de l’autre côté. Ce que je voyais, c’était une foule incontrôlable de voyous complaisants de la classe moyenne. Quand je demandais à mes amis ce qu’ils voulaient, ce qu’ils essayaient d’obtenir, tout ce que je recevais comme réponse était un charabia ridicule, délibérément obscur et alambiqué, typique du marxisme.J’en étais dégoûté, et en suis venu à penser qu’il devait y avoir un moyen de revenir à la défense de la civilisation occidentale contre ces assauts. C’est à ce moment que je suis devenu conservateur. Je savais que je voulais conserver les choses plutôt que de les détruire. » Roger Scruton est devenu conservateur en mai 1968, en observant les manifestants, comme il l’explique dans The Guardian le 28 octobre 2000.

 

2) Mais c’est en politique qu’il a gagné ses galons. Horrifié, alors qu’il vivait à Paris, par Mai 68 (à ses yeux : des étudiants émeutiers qui brûlaient les voitures des pauvres gens qu’ils disaient défendre), il devient «réactionnaire» et, inspiré par Edmund Burke, entreprend de donner un cadre et une épaisseur philosophiques au conservatisme, dont il se fait le héraut.

 

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Quelques réactions à la publication de Roger Scruton :

 

L’Erreur et l’Orgueil (l’édition française ne mentionne pas le titre original, plus cru : Thinkers of the New Left. Fools, Frauds & Firebrands, soit «Penseurs de la Nouvelle Gauche. Bouffons, imposteurs et trublions») est en fait un «rehaussement» du livre de 1985. Certains penseurs «ciblés» dans l’ouvrage ancien - Ronald D. Laing, Perry Anderson, György Lukács ou Rudolf Bahro - ne figurent plus dans le nouveau : à leur place, apparaissent (à côté de Hobsbawm, d’Edward P. Thompson, Galbraith, Dworkin, Sartre, Foucault, Habermas, Althusser et Gramsci), Edward Saïd, Lacan, Badiou, Zizek et Deleuze. L’Erreur et l’Orgueil, une «provocation», n’a pas pour but de «mâcher ses mots». De fait, Scruton est très virulent. Il reproche aux penseurs de gauche (mais comment cette seule notion de gauche peut-elle réunir tous ceux qui sont considérés ici ?) de disqualifier leurs opposants en les traitant de révisionnistes, d’ennemis du peuple, de gauchistes, d’utopistes, de bourgeois, de déviationnistes, etc. Mais il fait exactement la même chose envers ceux qu’il qualifie de «bouffons, imposteurs et trublions». La pensée d’Althusser est d’une «vacuité fondamentale», Lacan, qui «pouvait avoir dix clients en une heure, parfois en présence de son coiffeur, de son tailleur et de son pédicure», a découvert «le pouvoir infini de l’insignifiance», Habermas «enterre le message de gauche sous des pages et des pages d’hésitations bureaucratiques», Deleuze construit «la machine à non-sens», Badiou use du «jargon de la théorie des ensembles» afin de «donner autorité à des salves métaphysiques pour le moins inintelligibles»

«Tradition». Tout n’est évidemment pas de cette eau. Dans une prose fluide et agréable, Scruton expose les théories de chaque penseur, décrit le contexte politique et culturel dans lequel elles naissent, insiste sur le rôle de Gramsci, respecte Sartre, Foucault ou Hobsbawm. En vérité, l’idée contre laquelle il s’élève est que la gauche se caractériserait par «un ressentiment envers ceux qui contrôlent les choses» - d’où la volonté de détruire. Le théoricien anglais en arrive ainsi à critiquer les idéaux d’émancipation et de justice sociale - le «genre de "justice" imposée par un plan qui implique invariablement de priver les individus de choses qu’ils ont acquises de manière équitable sur le marché». Il serait injuste de penser que les inégalités et les injustices sont injustes, et encore plus de lutter pour les réduire ! Vive le conservatisme alors - celui de la «tradition britannique» - car, lui, accepte et conserve. «Pour les conservateurs, l’organisation politique doit être considérée comme une relation : elle n’a pas d’objectif fondamental, mais évolue quotidiennement au gré de la logique imprévisible de la conversation.» Voilà. Pas besoin de «lutte finale» !

Robert Maggiori

Roger Scruton L’erreur et l’orgueil Traduit de l’anglais par Nicolas Zeimet. L’Artilleur, 504 pp., 23 €.

 

http://mrhayoun.blog.tdg.ch/archive/2019/04/28/sur-l-erreur-et-l-orgueil-de-roger-scruton-298530.html
28 avril 2019
Roger Scruton : L’erreur et l’orgueil / Penseurs de la gauche moderne. Editions L’artilleur, 2019
En fait, cet important ouvrage écrit par un auteur qui a eu du mal à imposer ses idées allant à contre-courant du politiquement correct, se résume à une seule question à laquelle il répond de manière très tranchée par la négative : La gauche a-t-elle l’apanage exclusif de la vie intellectuelle ? Pourquoi toute idée ou personnalité de droite est automatiquement considérée comme un pestiféré ou un déviant condamnable ? D’ailleurs, ce volumineux ouvrage se clôt avec un long chapitre intitulé : Qu’est-ce que la droite ?
C’est donc à une talentueuse déconstruction de ce système bâtie par la pensée politique de gauche que se livre Roger Scruton qui affirme lui-même, dans les pages introductives de son livre, avoir été la cible d’intimidations et de calomnies de la part de ses adversaires idéologiques. Il évoque même des pressions exercées sur son éditeur afin de torpiller ses propres publications, faute de quoi sa maison d’édition serait ostracisée…
Il est vrai que sur près de cinq cents pages Scruton démolit patiemment et consciencieusement la plupart des thèses des économistes, des sociologues et des philosophes de la gauche ; il n’épargne personne ni aux USA, ni au Royaume Uni, ni même en Italie et en France où Sartre et Foucault, sans oublier Deleuze , Lacan et Simonne de Beauvoir sont soumis à rude épreuve.
Scruton commence par poser une question : Qu’est ce que la Gauche ? Voici une partie de sa réponse : …
«la justice sociale» est un objectif d’une importance si prépondérante, si incontestablement supérieure aux intérêts établis qui vont à son encontre, qu’elle purifie toute action faite en son nom. (p 19). Deux thèmes majeurs sont à l’affiche : l’émancipation et la justice sociale qui ont été bureaucratisées par la gauche qui s’en sert pour séduire ses adeptes et réduire au silence ses adversaires. Et pour y parvenir, la gauche se sert de la novlangue qui organise une sorte de système binaire où la classe ouvrière qui n’a rien d’autre à offrir que sa capacité de travail est opposée à son irréductible ennemi, la bourgeoisie qui dispose du capital et qui affirme son hégémonie sur la société grâce à son contrôle des moyens de production… Elle sait aussi exercer une influence intéressée sur la superstructure en se servant de l’infrastructure. Et cette ruse met à mal la thèse marxiste du matérialisme historique puisque l’esprit, l’intellect agit victorieusement sur les choses qu’il détermine dans un sens qui lui est favorable.
Scruton va reprocher à tous ces intellectuels de gauche qui ont lourdement pesé sur l’idéologie de notre temps, de tout contester, tout remettre en question afin de soumettre le réel à leur idéologie. Il va même jusqu’à citer la célèbre formule de Méphistophélès dans le Faust de Goethe : Je suis l’esprit qui toujours nie… Scruton parle de négativité fondamentale.
Pourtant, on ne peut pas s’élever contre une telle distorsion de la réalité et de la vie, car les crimes commis par la gauche ne sont pas considérés comme tels et on trouve toujours de bonnes raisons de les excuser. Et de citer le cas emblématique de David Irving, le célèbre négationniste de la Shoah. C’est le marxisme qui se livre opportunément à l’invention du passé et qui ne parle jamais d’hommes ou de femmes, mais de forces, de classes et des
ismes. La lutte des classes est presque devenue un dogme de la théologie marxiste : l’ouvrier doit voir en son employeur ou patron l’ennemi juré dont les intérêts sont radicalement opposés aux siens ; quant à l’intellectuel, il doit se ranger aux côtés de celui qui est exploité par le capital et marquer sa solidarité avec ses luttes pour démanteler l’économie capitaliste. C’est un douloureux tête à tête entre l’argent, d’une part, et les cerveaux, de l’autre.
Mais la doxa marxiste semble être restée la même depuis le XIXe siècle livrant l’image d’un entrepreneur impitoyable, obnubilé par son seul profit et soumettant le salarié qui ne peut pas refuser ce qu’on lui impose. Scruton épingle même des sommités comme Galbraith et Dworkin qui ont favorisé en Amérique l’émergence d’un «establishment de gauche belliqueux.». Voici la conclusion de ce chapitre sur les USA et le Royaume Uni : Malgré toute leur ingéniosité, ils ont laissé, là où ils les ont trouvées, les questions intellectuelles véritables, ce qui est tout de même un jugement par trop tranché…
Le chapitre suivant consacré à Sartre et à Foucault n’est guère plus tendre. En page 171, l’auteur rappelle que Sartre avait légitimé en quelque sorte le meurtre des sportifs israéliens à Munich en 1972, ce qui n’avait pas manqué de troubler nombre de ses lecteurs ou adeptes. En 1982, un volume intitulé
Le testament de Sartre fut publié, reprenant de tels débordements de l’auteur. Scruton parle d’orgueil lorsque Sartre décida de refuser le Prix Nobel qui lui fut décerné. Mais en dépit de toutes ces critiques, Scruton reconnaît les mérites de ce grand penseur du XXe siècle.
La transition menant vers Michel Foucault était toute trouvée. Scruton le place en tête de la génération suivante :
philosophe social et historien des idées qui reprit le flambeau de la rhétorique antibourgeoise de Sartre et en fit un élément fondamental des programmes scolaires, d’abord en France, puis dans le reste du monde, notamment en Amérique. (p 178)
Foucault a marqué aussi son temps par cette question cruciale qui a contribué à lui gagner bien des lecteurs et des adeptes :
D’où parles tu ? C’est la phrase qui est à la racine de sa quête des structures secrètes du pouvoir. À ses yeux, un même principe directeur régit les structures de la vie sociale : … Quoi d’étonnant si la prison ressemble aux usines, aux écoles, aux casernes, aux hôpitaux, qui tous ressemblent aux prisons. Derrière toutes ces institutions, Foucault recherche ce noyau de pouvoir caché… (p 193) Mais Scruton n’accepte pas de voir la réalité subordonnée à la pensée. C’est un peu sa ligne directrice dans ce livre intitulé L’erreur et l’orgueil. Foucault subodore dans le moindre acte de nature sociale la marque de la domination bourgeoise.
Les penseurs à la mode outre-Rhin ne sont pas oubliés, notamment Théodore Wiesengrund Adorno et Jürgen Habermas. Adorno tente de comprendre l’utopie par l’art et il critique aussi vertement la culture de masse qui contribue à l’asservissement de l’individu. Cette lutte contre les idoles modernes prend sa source, selon Scruton, dans la Torah qui commande de bannir toutes sortes d’idoles. Mais Scruton précise bien que le philosophe (d’origine juive) ne s’est jamais donné la peine d’étudier les documents révélés du judaïsme.

En ce qui concerne Habermas et quelques autres, abordés un peu plus loin, Scruton dénonce un langage prisonnier d’un jargon dénué de sens. C’est peut-être un peu dur, voire même injuste mais cela arrive souvent : le panorama exploré dans ce chapitre nous a permis d’assister à un remarquable travail d’annihilation (p 269).
Des auteurs à la mode ne comprennent probablement pas eux-mêmes ce qu’ils font lire aux autres… Et ils les enferment dans un concept à usage multiple, la bourgeoisie, qui fait figure d’ennemi social sempiternel.
Le chapitre suivant augure bien de son contenu : Non-sens à Paris : Althusser, Lacan et Deleuze. Pour l’auteur, tous ces intellectuels brillent par une production idéologique en faveur des ouvriers au moment même où cette classe sociale est en train de disparaître. Inutile de revenir sur le rôle majeur et par la suite la fin tragique d’Althusser dont l’idée majeure était que le but ultime de toute entreprise intellectuelle était la révolution.. Scruton a beau jeu de produire certaines citations de tous ces intellectuels de gauche qui ne voulaient absolument rien dire et qui sont même incompréhensibles pour des esprits normalement constitués. Le meilleur exemple nous est livré par Staline en personne, qui, il est vrai, n’était pas vraiment un intellectuel : Les théories de Marx sont vraies parce qu’elles sont exactes… (p 345) Pour dénoncer de telles escroqueries intellectuelles, Scruton parle de machine à non sens.
L’auteur reconnaît que ce travail de dénonciation est très vaste et qu’il ne peut l’entreprendre que dans une mesure très limitée. Tant l’emprise sur les esprits est forte et bien enracinée.
Dans ce livre, l’auteur veut montrer que la gauche a lancé une véritable OPA sur l’esprit des intellectuels occidentaux au point qu’aucun d’entre eux ne pouvait se défaire de cette emprise sans risquer de perdre son statut de philosophe ou de penseur. Cette gauche a pris possession de la culture, excluant quiconque osait contester ses valeurs issues d’une certaine interprétation (biaisée) de l’Histoire.
Dans les dernières pages de l’ouvrage ici présenté, l’auteur résume ce qu’il a développé tout au long de son enquête. Redonnons lui la parole : Nous ne savons rien de l’avenir socialiste, si ce n’est qu’il est à la fois nécessaire et attrayant. Notre préoccupation première est l’argumentation «convaincante» contre le présent, qui nous amène à détruire ce que nous ne pouvons remplacer, par méconnaissance. (p 465).
Scruton n’admet pas la négativité de la gauche intellectuelle mais que devrait faire la droite pour agir contre ce pessimisme de la culture, même si la période historique envisagée n’est pas la même… La réponse est : il faut sauver le langage de la politique, faire barrage à la novlangue. Mais bien au-delà de cela, le cœur du débat est de savoir comment ériger une société sans classes, contrairement au communisme qui prétend libérer la classe ouvrière en l’asservissant au régime du parti unique qui confond allégrement l’Etat et la société civile, bafoue les règles du droit et ne tolère aucun opposition. Mais n’est ce pas une utopie que de vouloir créer une telle société idéale ? Voici une citation de Kenneth Minogue : le ver de la domination réside au cœur de la nature humaine et la conclusion qui s’impose à nous est que toute tentative de renverser la domination… est une tentative de détruire l’humanité. (P 470)
Toute l’histoire de la philosophie politique a consisté à remplacer le prix des chose par la valeur des choses.. Et cet itinéraire passe par la religion, l’art et la culture. Il faut aussi sauvegarder la démocratie représentative et le droit, deux principes que la gauche extrême ne préserve pas dans les démocraties dites populaire.
Comment conclure ? Ce livre nous a beaucoup appris, il se soucie comme d’une guigne du politiquement correct. Il conteste légitimement une sorte de terrorisme intellectuel dont une certaine gauche, pas toute la gauche, s’est fait une spécialité…

 

Sa lucidité sur l’islam a terni l’image du philosophe Roger Scruton, qui avait raison sur tant de choses

Jean-Patrick Grumberg le 16 janvier 2020

Publié par Jean-Patrick Grumberg le 16 janvier 2020

Boris Johnson : « Nous avons perdu le plus grand penseur conservateur moderne – qui non seulement avait le courage de dire ce qu’il pensait mais le disait magnifiquement », a tweeté le Premier ministre britannique en apprenant la mort, dimanche dernier, de Sir Roger Scruton.

Margaret Thatcher, Friedrich Hayek, Milton Friedman, entre autres politiciens, écrivains et intellectuels, assistaient à ses groupes de philosophie conservatrice. Vous allez lire ses citations comme du petit lait, gardez-le sur votre table de chevet.

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Sir Roger Scruton est décédé d’un cancer dimanche dernier.

Le Premier ministre britannique Boris Johnson lui a rendu les honneurs, ainsi que Melanie Phillips dans le Times,  Douglas Murray dans le Spectator, et dans le Daily Mail, Toby Young a dit de lui qu’il était un “prophète qui n’a jamais été proprement reconnu dans son propre pays”, paraphrasant une citation bien connue.

Sir Roger Scruton avait été condamné pour crime de lèse-majesté : il parlait de l’islam comme il faut en parler.

Dans ses livres et articles, il dressait un portrait sombre de l’islam et des musulmans. Scruton, il faut dire, était un expert de ce qu’il appelait « l’esprit arabe ».

Extraits :

Sur les Palestiniens

Ils ont l’ « habitude de vivre par la violence » et placent « la vengeance avant la justice ».

Si des loyautés nationales ont émergé dans le monde musulman ces derniers temps, c’est en dépit de l’Islam, et non pas à cause de lui. Et il ne faut pas s’étonner si ces loyautés semblent particulièrement fragiles et fracturées, comme nous l’avons remarqué dans le cas des tentatives palestiniennes de cohésion nationale. »

Sur la lâcheté culturelle occidentale

« En Occident, nous sommes au bord d’une dangereuse période de concession, où les revendications légitimes de notre propre culture et de notre héritage seront ignorées ou minimisées dans une tentative de prouver nos intentions pacifiques.

En termes simples, les citoyens des États occidentaux ont perdu confiance dans leur mode de vie. En effet, ils ne savent plus ce que ce mode de vie exige d’eux.

En même temps, ils ont été confrontés à un nouvel adversaire, qui croit que le mode de vie occidental est profondément défectueux, et peut-être même une offense à Dieu.

Par « manque d’esprit », les sociétés occidentales ont permis à cet adversaire de se rassembler en leur sein ; parfois, comme en France, en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas, dans des ghettos qui n’ont que des relations ténues et largement antagonistes avec l’ordre politique environnant.

En Amérique comme en Europe, il y a eu un désir croissant d’apaisement : une habitude de contrition publique, une acceptation, bien que le cœur lourd, des censures des mollahs, et une nouvelle escalade dans la répudiation officielle de notre héritage culturel et religieux.

Cela ne signifie pas que nous devons renoncer ou répudier les traits distinctifs de notre civilisation, comme beaucoup voudraient que nous le fassions. Au contraire, cela signifie que nous devons être d’autant plus vigilants dans leur défense. »

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Viktor Orban

« les Hongrois sont extrêmement alarmés par l’invasion soudaine d’énormes tribus de musulmans du Moyen-Orient, parce que leur relation avec l’islam n’a pas été particulièrement heureuse »

« Alors qu’il était jeune, j’ai aidé [Viktor Orban] à créer son université libre à Budapest en 1987 avant l’effondrement du communisme, et lui et ses collègues faisaient un travail fantastique.

…/…

Tout se passait plutôt bien, mais je pense que le pouvoir lui est monté à la tête. Il a un charisme énorme et il a pris des décisions qui sont très populaires auprès du peuple hongrois, parce que les Hongrois ont été extrêmement alarmés par l’invasion soudaine d’énormes tribus de musulmans du Moyen-Orient.

Il a donc pris la décision radicale d’exclure tout cela, de maintenir la sécurité de ses frontières quoi qu’il arrive. Et cela l’a mis en conflit avec l’Union Européenne, ce qu’il fait qu‘il doit s’occuper de toute la machine de propagande.

Mais je ne dis pas que je suis d’accord avec sa politique en général. Je pense qu’il se rapproche trop de la Russie.

https://www.newstatesman.com/politics/uk/2019/04/roger-scruton-interview-full-transcript

Multiculturalisme

« L’immigration musulmane pose un défi à la civilisation occidentale, et la politique officielle de « multiculturalisme » n’est pas une solution mais une partie du problème. »

Greta et le réchauffement

Ce serait merveilleux de créer un mouvement de plantation d’arbres dans les rues. Cela pourrait offrir à la jeune génération qui est si enthousiaste au sujet des changements climatiques, un but bien précis.

Par exemple, il existe de nombreuses rues stériles dans des quartiers moins privilégiés de Londres qui pourraient être transformées en avenues verdoyantes par des partisans d’âge scolaire de Greta Thunberg qui planteraient de jeunes arbres, peut-être avec l’aide de travailleurs municipaux.

Ils obtiendraient ainsi des résultats qu’ils pourraient constater quotidiennement et au fil du temps, ce qui pourrait leur donner le sentiment d’avoir contribué à leur avenir.

https://www.spectator.co.uk/2020/01/letters-roger-scruton-and-the-meaning-of-life/

L’Union européenne et le Brexit

Le problème que nous avons avec l’UE est : comment négocier autre chose que ce qui vous est dicté ?

J’ai voté pour Brexit parce que je n’ai jamais vraiment approuvé l’Union européenne. Je ne l’ai jamais approuvée en raison de ses tentatives de confisquer la souveraineté nationale dans tous les domaines qui comptent. Pour moi, c’est une dérogation à la politique réelle. Cela ne veut pas dire que je ne vois pas la nécessité absolue d’un système de coopération transeuropéen. Et je pense que tout le monde est d’accord avec cela. Mais je pense qu’il n’avait pas la bonne forme. Et toutes les tentatives de réforme semblent n’aboutir à rien. Je pense donc que nous devrions nous retirer et ensuite travailler à un nouveau traité.

https://www.newstatesman.com/politics/uk/2019/04/roger-scruton-interview-full-transcript

Comment nous protéger contre le terrorisme islamique

La haine de nos ennemis ne peut être désamorcée par nos mea-culpa

« Premièrement, nous devrions être clairs sur ce que nous défendons et ce que nous ne défendons pas.

Nous ne défendons pas, par exemple, nos richesses ou notre territoire ; ces choses ne sont pas en jeu. Nous défendons plutôt notre héritage politique et culturel.

Deuxièmement, nous devons être clairs sur le fait que l’on ne peut pas surmonter le ressentiment en se sentant coupable ou en concédant des fautes.

La faiblesse provoque, car elle avertit votre ennemi de la possibilité de vous détruire.

Nous devrions être prêts à affirmer ce que nous avons, et à exprimer notre détermination à nous y accrocher.

Cela dit, nous devons reconnaître que ce n’est pas l’envie mais le ressentiment qui anime le terroriste. L’envie, c’est le désir de posséder ce que l’autre possède ; le ressentiment, c’est le désir de le détruire. Comment gérer le ressentiment ? C’est la grande question à laquelle si peu de dirigeants de l’humanité ont pu répondre. Les chrétiens, cependant, ont la chance d’être les héritiers de la seule grande tentative de réponse, qui fut celle de Jésus, qui s’inspira d’une longue tradition juive remontant à la Torah, et qui fut exprimée en des termes similaires par son contemporain R. Hillel.

‘Vous surmontez le ressentiment, nous dit Jésus, en lui pardonnant. Tendre la main dans un esprit de pardon, ce n’est pas s’accuser soi-même, c’est faire un don à l’autre’. Et c’est là, me semble-t-il, que nous avons pris un mauvais tournant au cours des dernières décennies.

L’illusion que nous sommes à blâmer, que nous devons confesser nos fautes et joindre notre cause à celle de nos ennemis, ne fait que nous exposer à une haine plus déterminée. La vérité est que nous ne sommes pas à blâmer. La haine de nos ennemis à notre égard est totalement injustifiée et leur inimitié implacable ne peut être désamorcée par nos mea-culpa.

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Islamophobie

« L’islamophobie a été inventée par les Frères Musulmans afin d’arrêter la discussion sur une question majeure qui nous préoccupe tous.

Nous sommes tous inquiets de la mesure dans laquelle l’islam tolère ou non la violence commise en son nom.

J’ai un étudiant en doctorat que vous connaissez probablement, Ed Husain, qui est très soucieux de passer de la tradition islamique à la question de savoir ce que les musulmans disent vraiment, et peuvent dire, au sujet des manifestations violentes de leur propre foi.

Et c’est ce que nous devons faire.

Nous devons en parler ouvertement et en discuter, et ce mot [l’islamophobie] est là pour essayer d’empêcher cela.

Incompatibilité entre l’islam et l’Occident

Scruton a très tôt compris qu’il existe une incompatibilité profonde entre l’Islam et l’Occident. Cela remonte au moins aux années 1980, quand il a écrit un livre intitulé A Land Held Hostage*, défendant les chrétiens libanais.

« La loi, telle que l’Islam la comprend, exige notre obéissance, et son auteur est Dieu. C’est le contraire du concept de loi dont nous avons hérité en Occident.

Pour nous, la loi est une garantie de nos libertés. Elle est faite non pas par Dieu, mais par l’homme, suivant l’instinct de justice inhérent à la condition humaine. Ce n’est pas un système de commandements divins, mais plutôt le résidu des accords humains. »

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L’histoire récente de ces pays [Pakistan, Somalie…] pourrait nous amener à nous demander s’il n’y a pas, en fin de compte, un conflit réel et profond entre la conception islamique de la communauté, et les conceptions qui ont nourri notre propre idée du gouvernement national.

Peut-être que l’État-nation est vraiment une idée anti-islamique.

L’Égypte n’a survécu en tant qu’État-nation qu’en prenant des mesures radicales contre les Frères musulmans, et en s’appuyant sur un héritage juridique et politique qui serait probablement rejeté par sa population musulmane – mais pas par la minorité chrétienne copte – si un référendum libre était organisé.

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« L’islam est une religion qui refuse de se voir de l’extérieur, et qui ne supporte pas d’être critiquée, encore moins d’être ridiculisée – ce dont nous avons abondamment été témoins ces derniers temps. »

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Le sexe et la femme, source de souffrance des musulmans

« La mort par lapidation est encore officiellement approuvée dans de nombreuses régions du monde musulman comme une punition pour l’adultère, et dans de nombreuses communautés islamiques, les femmes sont traitées comme des prostituées dès qu’elles sortent des lignes tracées pour elles par les hommes.

Le sujet du sexe, qui ne peut être utilement discuté sans une certaine ironie, est donc devenu un sujet douloureux chez les musulmans, surtout lorsqu’ils sont confrontés, comme ils le sont inévitablement, au laxisme moral et à la confusion libidineuse des sociétés occidentales.

Les mollahs se trouvent incapables de penser aux femmes en tant qu’êtres sexuels, et incapables de penser très longtemps à autre chose. En conséquence, une tension énorme s’est développée dans les communautés musulmanes des villes occidentales, les jeunes hommes jouissant des libertés environnantes et les jeunes femmes étant cachées et souvent terrorisées de peur qu’elles ne fassent de même.

Sur la sharia

« Il n’y a toujours pas de place dans la shari’ah pour la privatisation des aspects moraux, et encore moins religieux, de la vie »

« Au fur et à mesure que notre loi s’est développée, elle a permis la privatisation de la religion et de vastes domaines de la morale. Pour nous, par exemple, une loi punissant l’adultère n’est pas seulement absurde, mais oppressante. Nous désapprouvons l’adultère, mais nous pensons aussi qu’il n’appartient pas à la loi de punir le péché simplement parce qu’il est un péché.

Dans la shari’ah, cependant, il n’y a pas de distinction entre la morale et la loi. Les deux proviennent de Dieu, et doivent être imposées par les autorités religieuses en obéissance à sa volonté révélée. Dans une certaine mesure, la dureté de la loi est atténuée par une tradition qui permet des recommandations ainsi que des obligations dans les décisions de la sainte loi. Néanmoins, il n’y a toujours pas de place dans la shari’ah pour la privatisation des aspects moraux et encore moins religieux de la vie. »

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Les Frères musulmans

« Dit simplement, les Frères musulmans n’acceptent d’ordres de personne. Ils agissent ensemble comme une famille —jusqu’à ce qu’ils se querellent et se combattent »

« La plupart des musulmans ne vivent pas sous la loi de la shari’ah. Ce n’est qu’ici et là – en Iran, en Arabie Saoudite et en Afghanistan, par exemple – que l’on tente de l’imposer. Ailleurs, des codes de droit civil et pénal occidentaux ont été adoptés, suivant une tradition commencée au début du XIXe siècle par les Ottomans. Mais cette reconnaissance accordée à la civilisation occidentale par les États islamiques a ses dangers. Elle fait inévitablement penser que la loi des puissances laïques n’est pas vraiment une loi, qu’en réalité elle n’a pas d’autorité réelle, et qu’elle est même une sorte de blasphème.

Sayyid Qutb, l’ancien chef des Frères musulmans, a précisément soutenu cela dans son ouvrage fondamental Milestones. En effet, la rébellion contre les pouvoirs séculiers est facile à justifier lorsque leur loi est considérée comme usurpant l’autorité souveraine de Dieu. »

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Sur la laïcité

« En bref, la citoyenneté et le droit laïc vont de pair.

Nous sommes tous des participants au processus d’élaboration des lois ; nous pouvons donc nous considérer comme des citoyens libres, dont les droits doivent être respectés, et dont la vie privée est notre propre préoccupation.

Cela a rendu possible la privatisation de la religion dans les sociétés occidentales et le développement d’ordres politiques dans lesquels les devoirs du citoyen priment sur les scrupules religieux. »

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De la loyauté nationale

La nationalité est composée de la terre, ainsi que du récit de sa possession

« La seconde caractéristique que j’identifie comme centrale dans la civilisation européenne : la nationalité.

Aucun ordre politique ne peut atteindre la stabilité s’il ne peut faire appel à une loyauté partagée, à une « première personne plurielle » qui distingue ceux qui partagent les avantages et les charges de la citoyenneté de ceux qui sont en dehors du giron.

En temps de guerre, la nécessité de cette loyauté partagée est évidente, mais elle est tout aussi nécessaire en temps de paix, si les gens doivent vraiment considérer leur citoyenneté comme définissant leurs obligations publiques. La loyauté nationale marginalise les loyautés envers la famille, la tribu et la foi, et place devant le citoyen comme le centre de son sentiment patriotique, non pas une personne ou un groupe, mais un pays.

Ce pays est défini par un territoire, et par l’histoire, la culture et la loi qui ont fait de ce territoire le nôtre. La nationalité est composée de la terre, ainsi que du récit de sa possession.

C’est cette forme de loyauté territoriale qui a permis aux peuples des démocraties occidentales d’exister côte à côte, en respectant les droits des uns et des autres en tant que citoyens, malgré des différences radicales de foi, et en l’absence de tout lien de famille, de parenté ou de coutume locale à long terme pour soutenir la solidarité entre eux. »

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La chrétienté, garante de la laïcité

« Le troisième élément central de la civilisation occidentale est le christianisme.

Je ne doute pas que ce soient les longs siècles de domination chrétienne en Europe qui ont jeté les bases de la loyauté nationale en tant que type supérieur à ceux de la foi et de la famille, et sur lesquels une juridiction laïque et un ordre de citoyenneté pourraient être fondés.

Il peut sembler paradoxal d’identifier une religion comme étant la force principale derrière le développement d’un gouvernement laïc. Mais nous devrions nous rappeler les circonstances particulières dans lesquelles le christianisme est entré dans le monde.

• Les Juifs de la Judée du premier siècle étaient une communauté fermée, liée par un réseau serré de légalismes religieux, mais néanmoins gouvernée depuis Rome par une loi qui ne faisait aucune référence à un Dieu quelconque, et qui offrait un idéal de citoyenneté auquel tout sujet libre de l’empire pouvait aspirer.

• Jésus se trouva en conflit avec le légalisme de ses compagnons juifs, et en large sympathie avec l’idée d’un gouvernement séculier. D’où ses paroles célèbres dans la parabole de l’argent du tribut : « Rends à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. »

• Après sa mort, la foi chrétienne a été façonnée par Paul pour les communautés de l’Empire romain qui ne cherchaient que la liberté de poursuivre leur culte, et n’avaient aucune intention de défier les pouvoirs séculiers.

• Cette idée de double loyauté a continué après Constantin, et a été approuvée par le pape Gélase Ier au cinquième siècle dans sa doctrine des deux épées données aux hommes pour leur gouvernement : celle qui protège le corps politique, et celle qui protège l’âme individuelle.

Cette approbation du droit séculier par l’Église primitive a été responsable des développements ultérieurs en Europe, depuis la Réforme et les Lumières jusqu’au droit purement territorial qui prévaut aujourd’hui en Occident. »

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Mai 68 en France

« Je me suis dit que je ne pouvais pas supporter tout ça parce que je me disais qu’ici, c’est la plus belle ville du monde, avec sa culture merveilleuse, toutes les choses que j’avais appris à apprécier, et ces misérables gosses gâtés essaient de tout démolir, de briser les vitrines, et de brûler les voitures qui ne leur appartiennent pas. J’ai eu une vieille révolte puritaine anglaise contre cela.

C’était aussi un signe du manque de sérieux des étudiants. Ils n’ont pas fait la vraie chose : de vrais révolutionnaires rassemblent ceux du camp opposé et les fusillent.

Mais c’était aussi très intéressant de lire les choses qui les ont inspirés.

C’est ce qui m’a fait lire Foucault pour la première fois, et reconnaître la brillance de l’homme et la nature complètement démoniaque de ce qu’il disait. »

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Le progrès

« Les choses changent. Certaines choses s’améliorent, d’autres pas. Il est évident qu’en science, il y a du progrès. Et en droit aussi, parce qu’il y a un processus de raisonnement qui s’adapte, et change progressivement les institutions sociales sans les opprimer, et je pense que tout cela est très positif. »

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L’auto-critique

Cette habitude de récompenser nos critiques est, je pense, unique à la civilisation occidentale. Le seul problème, c’est que, dans nos universités, les choses sont allées si loin qu’il n’y a plus de récompenses pour qui que ce soit d’autre

« La cinquième caractéristique notable de la civilisation occidentale est l’autocritique.

C’est une seconde nature pour nous, chaque fois que nous affirmons quelque chose, de permettre à l’adversaire de s’exprimer. La méthode de délibération contradictoire est approuvée par notre droit, par nos formes d’éducation et par les systèmes politiques que nous avons mis en place pour négocier nos intérêts et résoudre nos conflits.

Pensez à ces critiques véhéments de la civilisation occidentale comme le regretté Edward Said et l’omniprésent Noam Chomsky.

• Saïd s’est exprimé en termes intransigeants et parfois même venimeux au nom du monde islamique contre ce qu’il considérait comme la perspective persistante de l’impérialisme occidental. En conséquence, il a été récompensé par une chaire prestigieuse dans une université de premier plan et d’innombrables occasions de s’exprimer en public en Amérique et dans le monde occidental.

• Les conséquences pour Chomsky ont été en grande partie les mêmes.

Cette habitude de récompenser nos critiques est, je pense, unique à la civilisation occidentale. Le seul problème, c’est que, dans nos universités, les choses sont allées si loin qu’il n’y a plus de récompenses pour qui que ce soit d’autre. Les prix sont distribués à la gauche du spectre politique parce que cela alimente l’illusion dominante de ceux qui les décernent : à savoir que l’autocritique nous apportera la sécurité, et que toutes les menaces viennent de nous-mêmes, et de notre désir de défendre ce que nous avons. »

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Deux islams

« Je suis tout à fait d’accord avec ce que dit Ayaan Hirsi Ali, qu’il y a deux islams.

• Il y a l’Islam de La Mecque, la révélation originale qui a donné aux musulmans un mode de vie pacifique qui était le leur et qui les incluait, et puis,

• il y a l’Islam de Médine, lorsque le prophète avait été forcé à l’exil et qu’il était d’humeur combative, et les sourates de Médine du Coran sont pleines de cette colère et de cette violence et de la nécessité d’imposer des choses, et c’est une chose tout à fait différente.

Et je pense que les musulmans qui s’installent dans le mode de vie des Mecquois sont évidemment des citoyens parfaits, ils ont la sérénité intérieure que le citoyen devrait avoir et nous devrions apprendre à l’apprécier et à l’encourager.

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Donald Trump

Eh bien, il n’a pas répondu aux attentes de la gauche qui s’attendait à ce qu’il soit un maniaque complet qui présiderait à l’effondrement de l’Amérique.

Il a poursuivi ses petites obsessions, comme le mur mexicain, d’une manière relativement pacifique et provocante.

Il a essayé, il a pris des mesures audacieuses en politique étrangère, comme la tentative de réconciliation avec la Corée du Nord – probablement une erreur parce que vous avez affaire à un État totalement paranoïaque.

Au Moyen-Orient, je ne suis pas sûr que sa politique soit différente de celle d’Obama, en fait [NDLR Scruton ne parle pas ici d’Israël, mais de l’Irak, de la Syrie et du Liban].

Et sa politique intérieure laisse largement les choses inchangées, et je pense qu’essentiellement, c’est ce qu’est l’Amérique. Parce que les grands changements de politique se font par le biais de la Cour suprême et non par le biais de la présidence [NDLR : notons que Trump le sait parfaitement, qui a nommé deux juges originalistes à la Cour suprême, conformément à ses promesses].

Comme tout le monde, je le vois comme un vulgaire connard à moitié éduqué. Mais il n’y a aucune raison pour que nous, les vulgaires connards, ne soyons pas représentés en politique.

Et voici l’occasion pour l’un d’entre-eux de dire que nous ne sommes pas aussi mauvais que vous le pensez tous.

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La Chine

Il y a des difficultés au coin de la rue que nous ignorons, comme la montée de la Chine.

Il y a quelque chose d’assez effrayant dans le genre de politique de masse chinoise et la réglementation de l’être ordinaire. Nous inventons des robots mais ce sont eux.

Dans un sens, ils créent des robots à partir de leur propre peuple en limitant tellement ce qui peut être fait. Chaque Chinois est en quelque sorte la réplique du prochain et c’est très effrayant. Je n’en sais peut-être pas assez pour pouvoir porter un tel jugement, mais leur politique est comme ça, et la politique étrangère est comme ça, et les camps de concentration sont revenus, en grande partie pour rééduquer les musulmans et ainsi de suite.

Le socialisme

cela ne fait qu’envoyer les gens que vous souhaitez le plus voir rester, aller dépenser leur argent ailleurs, comme ces 300 000 Français riches qui vivent à Londres

Le déclin de l’éducation signifie que les gens ne comprennent plus ce que c’était [le socialisme]. Ils n’ont pas le récit historique qui vous dira exactement pourquoi le communisme mène au goulag, même si les preuves sont toujours là, avec la Chine et le reste.

Et ils ne savent pas vraiment ce que le socialisme signifiait.

Mais les gens continueront toujours à croire que la disposition actuelle de la propriété dans le monde est injuste, que les gens qui n’ont pas de choses devraient en avoir, et que les gens qui ont trop de choses ne devraient pas en avoir, c’est profondément ancré dans la condition humaine de penser cela.

Mais c’est un pur fantasme de penser que le socialisme rectifie cela. Il ne l’a jamais fait.

Je ne suis pas vraiment en faveur de taux d’imposition élevés, car cela ne fait qu’envoyer les gens que vous souhaitez le plus voir dans le pays, aller dépenser leur argent ailleurs, comme cela s’est produit avec ces 300 000 Français riches qui vivent à Londres.

Je pense donc que ce sont des solutions irréelles.

Non, je pense qu’il faut des dispositions appropriées à la fois pour s’occuper des pauvres et des défavorisés, et aussi pour leur donner une certaine place dans la société, afin qu’ils ne soient pas seulement des personnes à charge, c’est ce à quoi le socialisme devrait vraiment penser.

Malheureusement, le Parti travailliste a été orienté davantage vers la recherche d’un pouvoir absolu sur tout.

L’homosexualité, le conformisme et les gauchistes

Les gauchistes, « ils ne sont pas là pour les idées, ils sont là pour se venger du monde »

J’ai écrit un livre sur le désir sexuel il y a presque 30 ans, qui est resté imprimé parce que c’est la seule tentative philosophique de dire de quoi il s’agit.

Dans ce livre, je dis beaucoup de choses sur l’homosexualité, dont aucune ne peut être conçue comme ce qu’on appelle maintenant « homophobie ».

Je soutiens en fait que ce n’est pas une perversion et ainsi de suite, mais que c’est différent, et je dis beaucoup de choses sur les raisons pour lesquelles c’est différent.

Ensuite, les gens ont pris des petites phrases hors contexte, les savants rédacteurs de BuzzFeed, qui ont leur point de vue sur toutes choses, ont assemblé une sorte de patchwork « d’infractions » sans prendre la peine d’examiner les arguments, et ainsi vous êtes caricaturé comme si vous étiez quelqu’un qui veut lapider des homosexuels. Simplement parce que vous avez dit que c’est différent.

Mon opinion personnelle est qu’il ne faut pas s’engager dans ce genre de conversation. Comme ce sont des gens qui ne comprennent pas les idées, ça ne sert à rien. Ils ne sont pas là pour les idées, ils sont là pour se venger du monde.

https://www.newstatesman.com/politics/uk/2019/04/roger-scruton-interview-full-transcript

Enseigner l’homosexualité comme un style de vie normal

Je n’aime pas l’idée de prêcher l’homosexualité comme un style de vie dans les écoles parce que, pour commencer, ce n’est pas un style de vie, c’est un désir que certaines personnes ont.

Et vous présentez aux enfants quelque chose à un âge où ils ne peuvent pas le comprendre.

Je n’ai jamais été en faveur de l’éducation sexuelle telle qu’elle a évolué de toute façon. Je pense que cela se fait toujours dans une sorte de prurit, en éveillant les enfants à ce qu’ils ne veulent peut-être pas être éveillés, par une personne qui n’a pas le droit de le faire. Je pense que c’est aux parents de faire cela, et aux enfants eux-mêmes, comme les vieilles explorations que nous avons tous faites… »

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« La société dépend de la procréation et les homosexuels sont incapables d’avoir des enfants eux-mêmes ».

https://www.prospectmagazine.co.uk/philosophy/roger-scruton-a-profound-but-controversial-thinker-who-conceded-nothing-to-intellectual-fashion-philosophy-obituary

Les transgenres

C’est évidemment une sorte d’obsession théâtrale

« L’exposition devant les enfants de toutes ces complexités que les adultes ont au sujet de leur identité sexuelle, les enfants les ramassent et commencent à se demander d’une manière étrange : suis-je une fille ou un garçon ?

Cela crée toutes sortes de traumatismes chez les enfants, et bien-sûr il y a la possibilité que cela mène à cette identification systématique avec un sexe particulier qui n’est pas celui de votre corps. Je pense que nous jouons avec le feu en permettant aux enfants et à leurs parents de dire « OK alors c’est vraiment une fille et je vais lui donner cette liberté d’être une fille ».

Que se passera-t-il, après toutes les mutilations, les hormones et tout ce qu’il va découvrir, s’il n’est pas à l’aise dans ce nouveau corps qu’on lui a donné ? Peut-on lui rendre l’ancien ? On joue avec quelque chose qu’on ne comprend pas du tout.

Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de difficultés, mais est-ce que c’est devenu plus clair ? Pourquoi est-ce devenu l’enjeu du jour alors que cela n’a pas été un enjeu comme ça pendant les cent mille ans précédents de l’humanité ? C’est évidemment une sorte d’obsession théâtrale qui est imposée aux enfants, qu’ils la comprennent ou non.

Le conservatisme

Le conservatisme n’est pas une question d’idéologie, c’est une question d’amour

Je pense que le conservatisme n’est pas une question d’idéologie, c’est une question d’amour.

Nous avons quelque chose, ce pays, ses institutions et notre façon d’être, et c’est ce à quoi nous nous accrochons. Nous ne savons pas pourquoi, mais c’est tout ce qu’on nous a donné, alors pourquoi pas le garder ?

Ce que le mot conservateur signifie, ce n’est pas remettre les choses en place, mais les conserver. Il y a des choses qui sont menacées, et vous les aimez, alors vous voulez les garder.

https://www.newstatesman.com/politics/uk/2019/04/roger-scruton-interview-full-transcript

Scruton a souligné à plusieurs reprises que le conservatisme était essentiellement une attitude.

« L’articuler, c’est d’abord décrire ce qu’il est, et faire ressortir ce qu’il contient d’aimable, d’acceptable ou en tout cas ce qui est mis en danger par une réforme irréfléchie ».

Cela s’enracine dans l’ « oicophilie », l’amour du lieu. [NDLR j’ai abordé le sujet de l’oicophobie, la source de la haine de soi, du gauchisme et du progressisme, dans un précédent article.]

« On doit partir de la compréhension des vertus et des défauts de la chose que l’on a. »

https://www.prospectmagazine.co.uk/philosophy/roger-scruton-a-profound-but-controversial-thinker-who-conceded-nothing-to-intellectual-fashion-philosophy-obituary

Margaret Thatcher

Je suis tout à fait favorable à ce qu’elle a fait, à savoir secouer les choses et libérer l’emprise des syndicats sur le pays, et essentiellement donner aux gens la fierté de s’installer dans la vie et de prendre la responsabilité de leur propre être.

Je pense que tout cela était bien, et qu’elle avait un véritable élan de patriotisme. De toute évidence, elle était à bien des égards étroite et avait une mentalité de commerçante. Elle n’était pas le genre de conservatrice sophistiquée et super-cultivée qu’on aurait pu espérer. Mais en politique, le choix est assez limité.

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Pour ou contre le mariage gay

Nous ne pouvons pas prétendre que la société anglaise, britannique, à l’époque où il [le mariage gay] a été introduit, était un grand exemple pour le maintien de la vieille idée du mariage : presque tout le monde est divorcé et les enfants sont abandonnés et tout ce genre de choses, alors…

Mais quand même, j’adopte une vision sacramentelle du mariage et je pense que, selon cette vision, l’État ne peut pas légitimer le mariage, alors qu’il appelle « mariage » ce qu’il veut, ça n’a pas d’importance.

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Le futur de l’humanité

Je pense qu’il faut reconnaître ce que toutes les personnes religieuses savent, c’est-à-dire que les êtres humains sont imparfaits et déchus, et qu’ils ne peuvent pas surmonter seuls les problèmes qu’ils créent eux-mêmes.

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Conclusion

Je vous recommande de lire, et de conserver Scruton dans votre bibliothèque. Il défendait le point de vue selon lequel la vie intellectuelle exigeait que tous les points de vue soient examinés. N’est-ce pas ce que nous tentons, quotidiennement, de faire sur Dreuz ?

Bien qu’ayant une culture infiniment plus sommaire, je partage avec Scruton ce sincère désir qui l’animait, et que mes lecteurs ont pris l’habitude de trouver dans mes écrits : pointer le doigt là où personne n’aime regarder, défendre des opinions politiques même démodées, promouvoir un débat solide même – surtout – sur des sujets considérés comme tabous, et provoquer pour exercer le simple droit de dire ce qu’on a envie de dire, sans avoir à se justifier de le faire autrement que d’un « parce que ».

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

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