Michel Garroté - Oui, en France, l'anti-terrorisme est inefficace. Je ne dis pas qu'ailleurs, il soit meilleur ou plus efficace. Je note simplement qu'en France, il est inefficace, particulièrement inefficace. A gouvernement inefficace, anti-terrorisme inefficace. J'écris "gouvernement", car ce n'est pas l'armée qui est inefficace, mais les dirigeants politiques. La France a annoncé qu'elle sortira de l'état d'urgence le 26 juillet. Huit mois après les attentats de Paris et de Saint-Denis, la France sortira donc de l'état d'urgence. En clair, à la fin du mois. Encore une mauvaise décision. Ajoutons que l'ensemble des services de renseignements français sont mal structurés et mal coordonnés. Ce n'est pas nouveau. Mais c'est une erreur de plus de la part des gouvernements successifs de la France. Face au terrorisme, ce n'est plus excusable. C'est même scandaleux.
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A propos de lutte contre le terrorisme, certains notent que "L'opération Sentinelle" est un trompe-l'œil (ci-dessous, extraits adaptés du texte original ; voir lien vers source en bas de page). Pointée du doigt par la commission d'enquête parlementaire, dite commission Fenech, l'opération de déploiement militaire a montré ses limites lors des attentats. L'historienne Bénédicte Chéron dénonce son inefficacité. Créée au lendemain des attentats de janvier 2015, l'opération Sentinelle vise à déployer massivement des militaires sur le sol français pour prévenir les actes de terrorisme.
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La commission d'enquête parlementaire sur les attentats de 2015 en France, a pointé dans son rapport, rendu public mardi 5 juillet, l'inefficacité de ce dispositif dans le cadre des attentats du 13 novembre. "Les policiers de la BAC, arrivés les premiers, voulaient au moins que les militaires de l'opération Sentinelle, arrivés sur place, leur prêtent leurs fusils d'assaut Famas, puisque les militaires n'avaient pas le droit de tirer. Et ils ont essuyé un refus !" fulmine le député Les républicains Georges Fenech, président de la commission d'enquête.
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L'opération Sentinelle est-elle une coquille vide ou a-t-elle un rôle à jouer dans la lutte contre le terrorisme en France ? Pour l'historienne Bénédicte Chéron, chercheuse à l'IRICE (Identités, Relations Internationales et Civilisations de l'Europe) - Paris-Sorbonne, ces troupes peuvent jouer un rôle préventif mais doivent être repensées en vue d'intégrer davantage de souplesse. Bref, en clair : l'anti-terrorisme français est inefficace (ndmg - tiens, c'est ce que j'écrivais !).
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Maïté Hellio - En quoi consiste l'opération Sentinelle ?
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Bénédicte Chéron - L'opération Sentinelle a mis en place d'importants moyens humains depuis janvier 2015 pour lutter contre le terrorisme. L'armée participait certes déjà au plan Vigipirate depuis 25 ans mais il ne s'agissait pas d'une opération à part entière. Avec Sentinelle, 10.000 soldats sont déployés dans toute la France. Leur mission, sous l'autorité du ministère de l'Intérieur, est d'assurer une présence continue sur le territoire, en particulier aux abords des lieux sensibles : lieux de culte, sites touristiques, zones d'événements sportifs...
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Maïté Hellio - Pourquoi ce dispositif est-il jugé inefficace par la commission Fenech ?
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Bénédicte Chéron - Les attentats du 13 novembre n'ont pu être évités malgré l'existence de cette opération. La portée dissuasive de l'opération Sentinelle n'était pas à la hauteur des attentes, puisque des militaires se trouvaient non loin du Bataclan et des terrasses et n'ont rien pu faire.
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Maïté Hellio - Pourquoi ces patrouilles n'ont-elles pas pu intervenir ?
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Bénédicte Chéron - Elles souhaitaient engager le feu mais on leur a donné l'ordre de ne pas faire usage de leurs armes. L'action des militaires est extrêmement réduite et leur chaîne de commandement est très complexe.
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Maïté Hellio - Faut-il en conclure que l'opération Sentinelle est inutile ?
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Bénédicte Chéron - Rien ne prouve aujourd'hui que la présence d'une patrouille Sentinelle a permis d'éviter un attentat. Il y a bien eu au départ un rôle psychologique : voir des militaires en kaki partout, dans les rues, dans les transports, rassure la population car la menace est bien réelle. 93% des Français font confiance à l'armée pour lutter contre le terrorisme, tandis que l'antimilitarisme n'est que résiduel en France : il tourne autour de 10%.
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Mais on peut aussi ajouter qu'en décembre 2015, si 70% des Français approuvaient l'opération Sentinelle, ils n'étaient que 50% à la juger efficace, selon un sondage Ifop pour le ministère de la Défense. Il y a également une part importante de communication politique. Les militaires bénéficient d'une bonne image dans l'opinion publique, le gouvernement joue donc cette carte. L'opération Sentinelle fonctionne en réalité selon le principe du trompe-l'œil : elle diffuse une image de puissance dans les rues mais on ne peut que constater son impuissance effective.
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Maïté Hellio - N'y a-t-il pas néanmoins des situations au cours desquelles ces patrouilles se sont illustrées ?
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Bénédicte Chéron - Les militaires de Sentinelle ne sont en tout cas pas mis en avant dans le cadre de ce qui devrait être le coeur de leur action : la lutte contre le terrorisme. Un militaire, c'est fait pour faire la guerre. Les militaires de Sentinelle endossent davantage le rôle d'auxiliaires de police de proximité. par leurs présence dans les transports et dans les rues. Une étude réalisée par Elie Tenenbaum, chercheur à l'Institut français des relations internationales (Ifri), souligne que les patrouilles Sentinelle d'Ile-de-France ont été victimes de 1.300 "actions contre la force" entre janvier et septembre 2015, dont 70% d'actes malveillants.
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Parmi les auteurs de ces violences, certains étaient peut-être des fanatiques, mais ça, rien ne permet de l'affirmer...Et il est évidemment compliqué de faire le tri parmi les personnes qui ont commis ces actes. Cette mobilisation de tous les instants est usante pour les soldats... Comme l'a récemment rappelé le général Sainte-Claire Deville, commandant des forces terrestres, avant 2015, les militaires passaient 5% de leur temps en opération intérieure (principalement dans le cadre du plan Vigipirate) et 15% en opération extérieure. Le reste du temps, ils s'entrainaient et se reposaient. Depuis le début de Sentinelle, ils sont mobilisés 50% de leur temps en opération intérieure et 15% en opération intérieure. Leurs temps de repos et de formation sont donc considérablement entamés. Des troupes fatiguées et peu entraînées sont sans aucun doute bien moins efficaces.
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Maïté Hellio - Comment expliquer que les militaires soient autant sollicités ?
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Bénédicte Chéron - C'est d'abord une question pratique et économique. Les militaires sont rapidement mobilisables, efficaces, fiables. Si l’on raisonne à court terme il est également moins onéreux de les utiliser massivement que de recruter et mobiliser à niveau équivalent les forces de l’ordre.
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Maïté Hellio - Faut-il supprimer ce dispositif ou peut-on l'améliorer ?
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Bénédicte Chéron - De plus en plus de spécialistes, comme Michel Goya [spécialiste des armées], plaident pour sa suppression ou, tout du moins, pour un réaménagement drastique, qui permettrait de mobiliser un nombre beaucoup plus faible de militaires, dans des dispositifs plus souples et moins statiques. Mais l’opération Sentinelle ne peut de toute façon pas être pensée isolément : la question de la lutte contre le terrorisme est surtout celle des services de renseignement et de police l'œil, conclut Bénédicte Chéron (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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Introduction, adaptation et mise en page de Michel Garroté
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http://tempsreel.nouvelobs.com/attentats-terroristes-a-paris/20160705.OBS4039/terrorisme-l-operation-sentinelle-est-un-trompe-l-il.html
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L’opération Sentinelle peut susciter un risque de « lassitude grave » chez les militaires
Lancée en janvier 2015, suite aux attentats commis à Paris, l’opération intérieure (OPINT) Sentinelle s’inscrit désormais dans la durée, ce qui a justifié en partie la révision à la hausse des effectifs de la Force opérationnelle terrestre (FOT), ces derniers passant de 66.000 à 77.000 soldats, à l’occasion de l’actualisation de la Loi de programmation […]
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