Michel Garroté -- La Corée du Nord a accompli des progrès nucléaires rapides. Et le sixième essai nucléaire réalisé le 3 septembre 2017 par la Corée du Nord est le plus puissant à ce jour.
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Il montre que ce pays a accompli de rapides progrès pour se doter d'un arsenal qui représente une nouvelle menace d'ampleur mondiale, a déclaré, vendredi 29 septembre 2017, Yukiya Amano, directeur général de l'Agence internationale de l'Energie atomique (AIEA).
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"(Cet essai) était bien plus important que le précédent et cela signifie que la Corée du Nord a accompli des progrès très rapides", a dit Yukiya Amano. "Conjugué à d'autres facteurs, c'est une nouvelle menace et c'est une menace mondiale", a ajouté Yukiya Amano.
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De son côté, le ministère chinois du Commerce vient d'annoncer que les entreprises nord-coréennes établies en Chine devront fermer d'ici janvier 2018. De plus, la Chine a rompu tout lien bancaire avec la Corée du Nord.
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Et les autorités chinoises ont donné leur aval à l'ONU pour des sanctions de plus en plus sévères contre Pyongyang. Il semble donc que la Chine a vraiment changé de position vis à vis de la Corée du Nord.
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Michel Garroté pour LesObservateurs.ch, 29.9.2017
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Mon analyse concernant la Corée du Nord parue sur Les Observateurs :
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Corée du Nord (I)
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https://lesobservateurs.ch/2017/09/06/coree-nord-i/
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Corée du Nord (II)
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https://lesobservateurs.ch/2017/09/07/coree-nord-ii/
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Corée du Nord (III)
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https://lesobservateurs.ch/2017/09/08/coree-nord-3e-partie/
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Blog Archives
Faut-il frapper – militairement – la Corée du Nord ?
Michel Garroté -- La Corée du Nord vient de tirer un missile au-dessus du Japon et les Japonais sont appelés à se mettre à l'abri : la Corée du Nord a, en effet, effectué, vendredi 15 septembre 2017 à 06h57 (la veille, à 23h57 heure de chez nous), un nouveau tir de missile depuis le district de Sunan, au nord-ouest de Pyongyang (le missile a parcouru 3.700 kilomètres). Kim Jong-un, dictateur nord-coréen halluciné, rêve de régner sur l'ensemble de péninsule coréenne, de "libérer le sol national". L’armée sud-coréenne a répliqué cette fois par un tir de missile vers les eaux territoriales de l’Est de la péninsule. Le Conseil de sécurité de l’ONU avait adopté, lundi 11 septembre 2017, à l’unanimité une nouvelle batterie de sanctions contre la Corée du Nord.
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Cette huitième série de mesures, soutenue par la Chine et la Russie, les plus proches soutiens de la Corée du Nord, vise à punir ce pays pour son essai nucléaire du 3 septembre. Par ses sanctions, chaque fois plus sévères, l’ONU veut pousser Pyongyang à négocier ses programmes d’armement nucléaire et conventionnel, de plus en plus menaçants pour la stabilité mondiale. Cela dit, les effets de sanctions ne peuvent se mesurer que sur le très long terme (à propos de dictatures nucléarisées, de hauts responsables de l’administration américaine ont présenté au président Donald Trump une proposition préconisant une attitude plus agressive envers l’Iran et ses alliés chiites en Irak et en Syrie).
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A ce propos, le géopolitologue Jean-Sylvestre Mongrenier, chercheur à l'Institut Thomas More, écrit notamment (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : L’affaiblissement de la crédibilité américaine dans la région pourrait inciter Pyongyang comme Pékin à aller de l’avant, ce qui conduirait à un conflit régional aux conséquences d’envergure mondiale. L'explosion d'une bombe thermonucléaire nord-coréenne, le 3 septembre 2017, constitue le point d'orgue, si l'on peut dire, d'un fiasco diplomatique dont on n'a pas encore pris toute la mesure. A l'issue d'un quart de siècle d'atermoiements, d'offres de négociation et de sanctions insuffisantes, vidées de substance ou contournées par la Russie et la Chine populaire, le régime communiste de Pyongyang dispose désormais d'armes nucléaires et de missiles de diverses portées pour les projeter dans un rayon de 10.000 kilomètres. Le voile des illusions sur le " dialogue " (socratique?) et les vertus du pacifisme se déchire. Et pourtant! D'aucuns aimeraient prolonger cette mauvaise pièce de théâtre et continuent à louer les vertus de l'apaisement. A contrario, il importe de voir la réalité nue, aussi brutale soit-elle, et de ne pas jeter le manche après la cognée. Le quiétisme n'est pas de mise.
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Au péril de la « sanctuarisation agressive » :
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Nous ne reviendrons pas sur le long déni de réalité et la thèse selon laquelle le programme nucléaire et balistique de Pyongyang était surfait, ses capacités très exagérées par la propagande nord-coréenne. Les faits sont là. Les mêmes expliquent pourtant que tout cela n'est pas si grave. Ma foi, il y a d'autres puissances nucléaires dans le monde et l'atome aurait un effet "rationalisateur" sur les pays qui ont accédé à ce stade: l'arme nucléaire serait par nature vouée à la seule dissuasion. Bref, des variations sur le prétendu bon sens du " on ne peut pas faire contre, faisons avec ". Ce ne sont là que des billevesées dont la fonction est de préserver un illusoire confort mental.
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D'une part, cela consisterait à se résoudre au naufrage du régime de contre-prolifération mis en place depuis le TNP (Traité de non-prolifération, 1963). Si Pyongyang est admis de facto dans le club nucléaire, pourquoi pas la Corée du Sud et le Japon? On entend déjà le discours d'approbation lorsque l'Iran chiite islamique, après avoir profité du délai que l'accord de 2015 lui concède, aura mis au point ses missiles balistiques et se dotera de l'arme nucléaire. Là encore, nous n'aurions pas à nous étonner que d'autres puissances du Moyen-Orient emboîtent le pas à l'Iran. Ne voit-on pas que ce délire logique sur les vertus pacificatrices de l'atome et la multiplication des Etats nucléaires aboutira à une probabilité d'emploi beaucoup plus forte ?
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D'autre part, l'arme nucléaire n'est pas une simple " assurance-vie ", comme on le lit parfois, qui permettrait simplement au détestable régime nord-coréen de perdurer et de prospérer dans la plus grande tranquillité. La dissuasion n'est pas une loi physique et il n'est en rien évident que le tyran qui sévit à Pyongyang partage notre rationalité. La possession d'un arsenal développé lui permettra dans un premier temps de tester la solidarité stratégique entre les Etats-Unis et ses alliés régionaux, voire de détruire ces alliances. Se croyant à l'abri des représailles, il pourrait tenter de réunifier par le fer et le feu la péninsule coréenne. Au total, cette " sanctuarisation agressive " déboucherait sur un vaste conflit régional dont les conséquences et ondes de choc se propageraient de part en part de l'océan Pacifique mais aussi jusqu'à l'extrémité ouest de l'ensemble spatial euro-asiatique.
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Une alliance d’« Etats perturbateurs » contre l’ordre international :
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Une deuxième illusion consiste à tabler sur le rôle constructif et pacificateur de la Chine et de la Russie. De prime abord, la Russie n'a pas les mêmes moyens de pression que Pékin, mais il n'est pas inutile de rappeler son rôle. Historiquement, la Corée du Nord est l'alliée de Moscou et ce régime a pour base territoriale la zone d'occupation soviétique. C'est l'URSS qui lui a fourni les premiers éléments de son programme nucléaire (ingénieurs, centre de recherche et réacteurs). Après la dislocation de l'URSS, la Russie a maintenu cette alliance et, depuis la guerre d'Ukraine, les liens ont été renforcés (2015, année de l' " amitié " entre les deux pays). En dernière analyse, Vladimir Poutine voit le programme nucléaire nord-coréen comme un défi à l'encontre des Etats-Unis. Présentement, il considère que les systèmes antimissiles déployés en Corée du Sud sont plus dangereux que les missiles nucléaires nord-coréens.
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Quant à la Chine populaire, elle redoute la réunification de la péninsule coréenne, sous l'égide de Séoul et, à terme, vise le retrait des Etats-Unis du Pacifique occidental. L'argument selon lequel Pékin serait prêt à " lâcher " la Corée du Nord, par souci de respectabilité internationale, s'est révélé vain et creux. Pire encore: une enquête du Comité des experts des Nations unies montre comment Pékin, à travers un réseau tentaculaire de sociétés-écrans, aide le régime nord-coréen à contourner les sanctions internationales en faisant " commerce de marchandises interdites, avec des techniques (…) de plus en plus importantes en termes de taille, de portée et de sophistication ". Ce n'est qu'en dernier recours, dans la crainte d'un conflit régional ouvert, que Pékin pourrait modifier sa position. Dans l'immédiat, elle sollicite la fin des manœuvres interalliées entre Washington et Séoul ainsi que le retrait des systèmes antimissiles.
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Au total, il existe bien une alliance entre Pékin et Moscou autour de laquelle s'organise un bloc révisionniste d'" Etats perturbateurs ", dont l'Iran au Moyen-Orient et en Méditerranée. L'amiral Raoul Castex nommait ainsi les puissances insatisfaites de l'ordre des choses qui, en opposition aux " Etats conservateurs ", étaient prêtes à recourir à la force armée afin de redécouper les frontières et de modifier les rapports de puissance. Cela prend la forme d'une politique d'obstruction ou d'une guérilla juridique au sein des instances internationales, de guerres hybrides et de tactiques asymétriques ou encore d'une politique du chaos susceptible d'aboutir à des " Frankenstein " géopolitiques. Cette inconséquence a produit la situation que l'on sait dans la péninsule coréenne. Passions tristes et ressentiments contre la longue hégémonie occidentale pourraient l'emporter sur la raison politique.
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Une ère de piraterie stratégique :
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La troisième illusion réside dans l'anticipation d'une multi-polarité heureuse. L'idée a un temps ouvert des espoirs et servi de discours justificateur à l'ambition d'une Union européenne transformée en nouvel acteur global des relations internationales. Pour les promoteurs de la multi-polarité, il s'agissait de penser un monde ordonné, équilibré et stable. Parallèlement, et avant même l'arrivée au pouvoir de Poutine, les dirigeants russes ont utilisé le thème du " monde multi-polaire " comme une polémique, au sens de doctrine de combat, contre la prétendue uni-polarité américaine. Ministre des Affaires étrangères, puis Premier ministre entre 1996 et 1999, Evgueny Primakov approche à ces fins la Chine populaire, l'Iran des Mollahs ainsi que l'Inde, plus en retrait. Moscou signe avec Pékin des " déclarations anti-hégémoniques " et vend des quantités massives d'armes à Téhéran. Déjà, un bloc révisionniste et perturbateur s'esquisse.
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En fait de multipolarité, la situation présente, telle qu'elle peut être saisie au niveau mondial, évolue plutôt vers une nouvelle bipolarité, avec une opposition centrale entre les puissances occidentales d'une part, une alliance sino-russe d'autre part. Celle-ci se prolonge au Moyen-Orient par un front irano-chiite militairement appuyé par la Russie. Simultanément, Pékin considère l'Iran comme le pivot géopolitique de ses nouvelles " routes de la soie " (le projet " One Belt, One Road "). Certes, si l'on varie les niveaux d'analyse, il appert que ces puissances révisionnistes et les Etats qui gravitent autour d'eux ne sont pas totalement alignés et qu'il existe des contradictions. Mais il en va toujours ainsi et ce, jusque dans les alliances les mieux instituées.
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Dans la diversité du monde, il faut savoir saisir les grandes masses et les tendances lourdes. Les puissances révisionnistes sont soudées par leur hostilité envers l'Occident. Elles ont le sentiment que leur heure est venue et les stratégies se recoupent. Déjà, les marines russe et chinoise manœuvrent ensemble sur les approches de l'Europe comme dans les " méditerranées asiatiques ". Quant au régime iranien, qui développe sa propre stratégie de sanctuarisation agressive, il est en passe d'ouvrir une fenêtre géostratégique sur la Méditerranée orientale et un front nord contre Israël. En fait de nouvel ordre international, l'anarchie chaotique menace le monde. Non-application des résolutions des Nations unies, irrespect du droit et des règles de juste conduite, prolifération nucléaire et affaissement de la dissuasion: nous sommes entrés dans ce que Thérèse Delpech a nommé une " ère de piraterie stratégique ".
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« Ensauvagement du monde » :
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Cet "ensauvagement du monde", selon le titre d'un livre fameux, peut bien paralyser l'esprit ou conduire à des dialectiques consolantes, il faudra pourtant faire face au péril. En effet, il n'est pas du pouvoir d'une unité politique de décider si elle participe ou non au système international: les Etats comme les individus sont " jetés " dans le monde. Le programme nucléaire nord-coréen appelle donc des réponses. Les experts pointent du doigt le coût d'une frappe préventive américaine sur les installations nucléaires de Pyongyang, non sans de bonnes raisons, il est vrai. Faut-il en déduire que nous sommes réduits à l'impuissance, l'intelligence politique consistant à faire contre mauvaise fortune bon cœur? L'impuissance doit-elle être sublimée? De fait, il n'y a pas de " bonnes solutions ", mais c'est toujours le cas dans ce type de situation. Ainsi Max Weber évoquait-il les " antinomies historiques " que le grand politique doit affronter.
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En contrepoint des scénarii de frappes nord-coréennes sur Séoul, les conséquences de l'inaction doivent aussi être prises en compte. L'affaiblissement de la crédibilité américaine dans la région pourrait inciter Pyongyang comme Pékin à aller de l'avant, ce qui conduirait à un conflit régional aux conséquences d'envergure mondiale. La situation exige donc la plus grande cohésion et de la fermeté de la part des Occidentaux. Xi-Jinping doit comprendre qu'un conflit ouvert est possible dans la région, au grand dam de son propre pays. Et que les différentes questions ne peuvent être totalement compartimentées: on ne saurait participer à un système universel de libre-échange et à un monde " ouvert " sans respecter des règles minimales de juste conduite, conclut Jean-Sylvestre Mongrenier (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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Michel Garroté pour Les Observateurs
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https://www.challenges.fr/monde/asie-pacifique/coree-du-nord-pourquoi-il-faut-se-defaire-de-nos-illusions_498674
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Corée du Nord (3e partie)
Michel Garroté -- Des sources fiables du renseignement occidental et israélien confirment régulièrement que le Bureau 39 est vital pour le régime, ce bureau permettant notamment aux dirigeants nord-coréens d’acheter des soutiens politiques et de financer le programme d’armement nucléaire nord-coréen.
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Financement : Le Bureau 39 du Parti des travailleurs coréens, également connu sous les noms de Bureau 39 et Division 39 et disposant de nombreuses adresses en Corée du Nord, contrôle un nombre important d’entités dans le pays comme à l’étranger. La vocation de cette organisation est d’apporter au régime des sources de financement gérées directement à la tête de l’Etat.
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En vertu de ce mandat, le Bureau 39 centralise une grande partie des activités illicites menées par la Corée du Nord à des fins de financement, dont la fabrication et le trafic de stupéfiants et de fausse-monnaie. Le Bureau 39 a été directement impliqué dans des tentatives de contournement des sanctions du Conseil de sécurité à plusieurs reprises.
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La banque Daesong (Korea Daesong Bank, aussi appelée Taesong Bank et Choson Taesong Unhaeng) est directement contrôlée par le Bureau 39. Elle est son vecteur privilégié d’intervention pour ce qui est des transactions financières liées à ses activités. La seule banque nord-coréenne qui opérait en Europe, la Golden Star Bank de Vienne (fermée en 2004) en était une filiale. La banque Daesong contrôle plusieurs autres entités impliquées dans le volet financier des activités du Bureau 39, comme la Korea Daesong General Trading Corporation (cinq autres alias connus).
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Activités de prolifération : Le Munitions Industry Department est l’autorité de tutelle des industries d’armement de Corée du Nord, mais également du Second Economic Committee et de la KOMID. Le Second Economic Committee a la responsabilité directe de la production de missiles balistiques en Corée du Nord. Il supervise également les activités de la KOMID. La Second Academy of Natural Sciences est l’organisme de recherche et développement responsable des programmes les plus avancés, notamment en ce qui concerne les missiles balistiques, et probablement les activités nucléaires militaires.
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On lui connaît près d’une dizaine d’alias (par exemple National Defense Academy), et elle dispose également d’entités subordonnées, dont la Tangun Trading Company, impliquée dans la livraison en octobre 2007 à la Syrie de 130 pains de propergol solide à double base utilisables dans des missiles balistiques. On notera que dans cette affaire, l’entreprise expéditrice était référencée comme Korea General Trading Corp.
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Trafics proliférants : La Korea Mining and Development Trading Corporation (également connue sous le nom de KOMID) est principalement responsable des exportations de certaines armes, en particulier de technologies et matériels liés à la prolifération balistique. Il est notamment avéré que c’est par le biais de la KOMID que des technologies balistiques ont été transférées à l’Iran. La KOMID dispose de nombreuses filiales, parmi lesquelles on peut citer la Haesong Trading Corporation et la Korea Traesong Trading Company.
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Le Reconnaissance General Bureau a repris l’essentiel des activités de la KOMID. Contrôlé par l’Armée populaire de Corée (APC), il est également connu comme Unité 586 de l’APC, entre autres. La Sobaeku United Corp. a pour fonction de gérer les approvisionnements de la Corée du Nord en matériaux essentiels. Elle est notamment impliquée dans la production de graphite pouvant être destiné à des activités balistiques. La Korea Tonghae Shipping Company détient une partie de la flotte marchande coréenne et a été associée à plusieurs reprises à des trafics proliférants.
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En 2010, Yuriko Koike, ancienne ministre japonaise de la Défense confirmait que la plus grande menace nucléaire qui pèse aujourd’hui c’est la lune de miel nucléaire entre un Iran déterminé à acquérir la capacité de produire l’arme nucléaire et une Corée du Nord bien décidée à lui monnayer son savoir-faire.
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Aujourd’hui plus de 6000 Nord-Coréens travaillent en Iran et dans les pays voisins du Moyen-Orient, en majorité comme simples ouvriers dans le bâtiment ou dans la confection. Mais en Iran et en Syrie ce sont surtout des techniciens et des ingénieurs. En septembre 2007 quand Israël a attaqué un site nucléaire en Syrie, on a appris que des Nord-Coréens participaient à son développement en coopération avec le Centre national de recherche technique de Syrie.
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La plupart des Nord-Coréens qui se trouvent en Iran représentent le Parti des travailleurs coréens (PTC), avec pour mission de propager l’idéologie du parti au sein de la République islamique. Ils vivent en petite communauté sous l’oeil du Parti qui surveille étroitement leurs relations personnelles.
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Certains d’entre eux dépendent directement de l’ambassade de Corée du Nord à Téhéran dont l’une des principales fonctions est de surveiller pour le compte du Parti ses ressortissants basés en Iran. Les attachés diplomatiques nord-coréens doivent tenir des sessions hebdomadaires et mensuelles d’autocritique. Ceux qui ne suivent pas scrupuleusement les directives du Parti s’exposent à de sérieux ennuis.
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Mais d’autres Nord-Coréens présents en Iran ne dépendent pas directement de l’ambassade : ceux du Bureau 99 qui dépendent du Département de l’armement à Pyongyang, ceux du Bureau 39 qui dépendent du Département des finances et de la comptabilité du PTC et ceux qui sont directement sous les ordres du Secrétariat du « Cher dirigeant », Kim Jong-Il. En 2002, quelques 120 Nord-Coréens travaillaient en Iran sur plus d’une dizaine de sites de recherche nucléaire ou de développement de missiles.
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Alors que ceux qui travaillent dans les Emirats arabes unis, au Qatar ou au Koweït constituent essentiellement une main d’oeuvre bon marché, ceux qui travaillent en Iran dans l’armement et dans le nucléaire servent de vaches à lait pour Pyongyang. Non seulement ils rapportent de l’argent au régime de Kim Jong-Il, mais ils contribuent à forger une alliance virtuelle anti-américaine. En participant à la prolifération nucléaire et à un transfert de technologie militaire et nucléaire au profit du régime le plus radical du Moyen-Orient, Kim Jong-Il espère faire du fondamentalisme islamiste un allié.
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Jusqu’en 2009, le Département des finances et de la comptabilité et le Secrétariat de Kim Jong-Il avaient la responsabilité de l’exportation vers l’Iran des missiles et des technologies qui s’y rattachent, ceci par l’intermédiaire de compagnies écran gérées par le Bureau 99. Toutes les opérations de ce type se font directement sous les ordres de Kim Jong-Il.
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Voici comment cela fonctionne : le second comité économique du Comité central du Parti fabrique les missiles avec l’aide de la seconde académie de sciences naturelles de Corée du Nord. Des entreprises sous la direction du Bureau 99 exportent des missiles vers l’Iran. Les revenus tirés de l’exportation de missiles, du nucléaire et d’autres armes atterrissent directement dans la poche de Kim Jong-Il ou bien servent au développement du nucléaire nord-coréen.
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Après les essais nucléaires de la Corée du Nord en 2009, la résolution 1874 du Conseil de sécurité de l’ONU a imposé des sanctions au régime de Kim, ce qui a porté un rude coup au flux de devises étrangères vers son pays. Paradoxalement l’Iran est ainsi devenu un partenaire encore plus important pour la Corée du Nord.
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Les sanctions n’ont pas mis un frein à la coopération nucléaire entre les deux pays, elles l’ont renforcée. Selon des documents internes importants du PTC obtenus grâce à des informateurs nord-coréens, une nouvelle entreprise écran est apparue cette année : la Lyongaksan General Trading Corporation. Elle semble jouer un rôle central dans l’exportation de missile et de technologie nucléaire vers l’Iran (fin).
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Michel Garroté pour Les Observateurs, 8.9.2017
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Corée du Nord (II)
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Dernière minute :
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L'armée de l'air israélienne a visé dans la nuit de mercredi 6 à jeudi 7 septembre 2017 un site militaire situé près de Mesyaf, dans l'ouest de la Syrie. Ces frappes, conduites à 2h42 depuis l'espace aérien libanais, ont provoqué des dégâts matériels. Le site visé est impliqué dans l'installation de missiles à longue portée - de fabrication iranienne et nord-coréenne - destinés au Hezbollah (cf. ci-dessous plus de détails sur la coopération entre l'Iran et la Corée du Nord en matière balistique et nucléaire).
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Un rapport de la Defense Intelligence Agency :
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Un rapport de la Defense Intelligence Agency (DIA), une agence dépendant du Pentagone, confirme que la Corée du Nord est en mesure de lancer des missiles équipés de têtes nucléaires. En clair, la DIA estime que la Corée du Nord dispose d’armes nucléaires capables d’être lancées par des missiles balistiques.
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Le rapport de la DIA a été discuté à la Chambre des représentants lors de l’audition de responsables du département de la Défense devant la commission parlementaire des Armées. Le rapport de la DIA est intitulé « Evaluation de la menace dynamique : le programme d’armement nucléaire nord-coréen ». C’est également l’Iran qui – dans le contexte coréen et au-delà de la péninsule coréenne – représente une grave menace, y compris dans le cadre du conflit syrien.
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Le « Bureau 39 » :
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Dans « The impossible State », l’expert américain Victor Cha décrit entre autres le « Bureau 39 » de la dictature nord-coréenne. Dans ABC, PABLO M. DÍEZ, dans deux articles, revient sur ce Bureau 39, véritable service secret, à la fois criminel et mafieux. En 2009 déjà, l’analyste Kelly Olsen écrivait que le Bureau 39 est une organisation gouvernementale secrète de la Corée du Nord visant à alimenter la caisse noire du régime. On estime que cette organisation possède plus de 5 milliards de dollars de fonds générés par des activités illégales telles trafics d’armes et de drogues et contrefaçon monétaire.
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Des sources fiables du renseignement occidental et israélien confirment régulièrement que le Bureau 39 est vital pour le régime, ce bureau permettant notamment aux dirigeants nord-coréens d’acheter des soutiens politiques et de financer le programme d’armement nucléaire nord-coréen. Il a armé le Hezbollah de 2006 à 2009. Il a livré du matériel nucléaire à la Syrie, matériel fort heureusement réduit en cendres avant de devenir létal par un bombardement israélien en 2008.
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En 2012, Timothée Germain, chargé de recherche au CESIM confirmait que dans le cadre de ses activités de prolifération, la Corée du Nord a mis en place un certain nombre de mécanismes d’abord destinés à satisfaire ses approvisionnements en biens et technologies dont l’exportation est contrôlée. Ils ont par la suite évolué pour contribuer au financement de ses programmes nucléaire et balistique. Enfin, ils ont été renforcés pour permettre à la Corée du Nord de maintenir ses activités de prolifération en dépit des différents régimes de sanctions qui touchent cet Etat.
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Ce système est articulé autour de sociétés-écran aux fonctions bien déterminées qui interagissent en réseau. On les retrouve dans les domaines nucléaire et balistique, mais également dans des secteurs fondamentaux, comme le transport, la finance, ou encore en lien avec des biens et matières premières stratégiques (graphite, métaux). La durée de vie de certaines de ces sociétés est le plus souvent courte, principalement en raison des efforts de camouflage auxquels se livrent les autorités de Pyongyang pour contourner les sanctions.
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A l’instar des navires de la flotte marchande nord-coréenne, régulièrement rebaptisés et ré-immatriculés, les entreprises et institutions concernées changent communément de dénomination sociale et d’adresse. Cela complique la tâche des autorités chargées de la mise en œuvre des mesures de contrôle aux exportations vis-à-vis de la Corée du Nord, et du suivi d’exécution des régimes de sanctions qui touchent ce pays.
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Une partie des travaux du Groupe d’experts des Nations unies créé en application de la résolution 1874 (2009) du Conseil de sécurité illustre bien ce phénomène. Les rapports élaborés par le Groupe incluent en annexe la liste des entreprises, entités, et personnes identifiées comme tenant un rôle dans les activités de prolifération de la Corée du Nord.
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Cette liste est élaborée principalement à partir des déclarations des Etats et organisations (dont l’UE) qui rapportent au Groupe les infractions et incidents qu’ils constatent. On peut noter que d’un rapport à l’autre, en sus de l’addition de nouvelles entrées, des informations concernant des entités déjà identifiées et répertoriées sont ajoutées : alias jusque-là inconnu, nouvelle adresse ou boîte postale, entre autres (à suivre).
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Michel Garroté pour Les Observateurs
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Corée du Nord (I)
Le sixième test nucléaire nord-coréen a provoqué un séisme de magnitude 6,3. Il a été suivi peu après par une secousse de 4,1, ce qui a fait naître des questions sur la possibilité d’un effondrement sur le site et de la diffusion potentielle de matériaux radioactifs dans l’atmosphère. De plus, la Corée du Nord menace de tirer des missiles sur la Corée du Sud et sur les Etats-Unis. Dans ce contexte, il faut savoir que la nouvelle version du missile nord-coréen Taepodong-2 a une portée de 15’000 km.
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A cet égard, nous avons parfois tendance à oublier que le monde n’est pas une carte mais un globe. Cet oubli nous laisse penser que la Corée du Nord n’est pas en mesure de détruire à coups de missiles la ville de New-York. Or, c’est de la Côte Ouest des Etats-Unis qu’il s’agit ici et non pas de la Côte Est. Autre risque : le tir d'un Taepodong-2 sur l'Alaska.
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La Corée du Nord avait déjà mené des essais nucléaires souterrains en avril et mai 2010. Des analyses avaient détecté dans l’air différents radio-isotopes processus de fission nucléaire, dont le xenon-133, le xenon-133 métastable, le barium-140 et son dérivé nucléaire, le lanthanum-140. Ces isotopes avaient été détectés entre le 10 avril et le 11 mai 2010. Ces analyses ont été publiées par le scientifique suédois Lars-Erik De Geer dans la revue Science and Global Security.
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De son côté, l’analyste allemand Hans Rühle, quant à lui, a confirmé, en 2012, que la Corée du Nord avait procédé à des essais nucléaires pour le compte de l’Iran. Depuis des années, la Corée du Nord participe aux programmes de missiles de la Syrie et de l’Iran. Rappelons à ce propos la saisie en décembre 2009 à l’aéroport de Bangkok, d’une cargaison illégale d’armes nord-coréennes, qui étaient destinées à la Syrie et l’Iran. La Corée du Nord avait également aidé la Syrie à construire le réacteur nucléaire secret qui a été détruit par un raid aérien israélien en 2007. L’AIEA et l’ONU reconnaissent, depuis 2011, que la théocratie iranienne dispose d’un arsenal nucléaire stratégique.
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De plus, les services occidentaux de renseignement détiennent les preuves que l’Iran dispose de missiles balistiques de longue portée pouvant charger des têtes nucléaires. Et, l’Iran est capable de produire sa propre version du missile coréen BM-25 qui a une portée de 4.000 km. On ignore si la Corée du Nord peut réellement frapper les Etats-Unis. Mais l'on sait, notamment grâce aux études de Lars-Erik De Geer et de Hans Rühle, que la Corée du Nord, l’Iran et la Syrie, à eux trois, ont largement de quoi frapper des cibles orientales et occidentales (à suivre).
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Michel Garroté pour Les Observateurs, 6.9.2017
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Les joujoux balistiques nucléaires de Kim Jong-Un
Michel Garroté -- La Corée du Nord communiste demeure le pire goulag nucléarisé de la planète. Elle représente une menace létale encore plus grande que l'Iran et le Pakistan. Son petit dictateur halluciné, Kim Jong-Un, a le cerveau imbibé de poudre blanche à base de plutonium et il balance, çà et là, des missiles qui partent un peu dans tous les sens. Si la Corée du Nord était non pas communiste mais fasciste, le Conseil de Sécurité de l'ONU aurait, depuis longtemps, voté une résolution autorisant la levée d'une coalition internationale, avec pour mandat d'envahir ce pays et de renverser son régime.
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A ce propos, dans une chronique intitulée "L’étonnante impuissance de l’Occident", chronique publiée sur Liberté politique, l'analyste Christian Lambert écrit (voir lien vers source en bas de page) : Sous la haute direction du jeune maréchal Kim Jong-Un, bien-aimé fils de Kim Jong-Il, leader suprême et lui aussi bien-aimé, la Corée du Nord fabrique des bombes atomiques et des vecteurs pour les faire exploser sur les États-Unis, le rêve et le grand but. Tout ceci avec l’aide du grand frère chinois, qui joue un double jeu (J’aide d’un côté et je réprimande de l’autre). Le conseil de sécurité réprouve aussi et vote des sanctions sur lesquelles s’assied en rigolant le leader suprême et bien-aimé.
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Donald Trump s’en irrite et s’en alarme. Il a envoyé le porte-avions USS Carl Vinson et sa flottille croiser au large de la Corée. Ce groupe naval serait en mesure d’anéantir en 5 minutes les centres atomiques et balistiques de la Corée du Nord, mais tout cela reste à l’état de projet. La Corée du Sud s’oppose farouchement à toute destruction du régime de Pyong Yang qui l’obligerait à prendre en charge 23 millions de Nord-Coréens sous-alimentés.
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De surcroît, et surtout, un bombardement massif de la Corée du Nord déclencherait dans l’heure l’invasion de la Corée du Sud par l’armée Nord-Coréenne – un million d’hommes qui peuvent atteindre Séoul en quelques heures, tuant et massacrant tout sur leur passage. Dans une telle hypothèse, comme en 1950, l’armée américaine serait obligée d’intervenir au sol.
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Que ferait alors la Chine ? Que ferait la Russie ? Se joindraient-elles aux États-Unis pour punir le pays frère indocile ? Sûrement pas. C’est probablement le contraire qui se produirait. Le risque d’une troisième guerre mondiale partant de Corée est donc évident. Assurément, ni Poutine, ni Xi Jinping ne veulent la guerre, mais il est à redouter qu’un « grand leader » fanatique et irréaliste, adulé par son entourage de courtisans, se prenant pour Dieu et Jules César, provoque l’irréparable, déclenchant un engrenage qui échapperait à tous et provoquant un désastre qui pourrait faire des millions de victimes, conclut Christian Lambert (voir lien vers source en bas de page).
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Michel Garroté pour Les Observateurs
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http://www.libertepolitique.com/Actualite/Decryptage/L-etonnante-impuissance-de-l-Occident
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