Une ex-compagne de Tariq Ramadan se confie : “On a vraiment affaire à un manipulateur”

Majda Bernoussi a entretenu une relation de cinq ans avec l'islamologue, entre 2009 et 2014. Rencontrée par Europe 1, elle ne dénonce aucun viol mais estime s'être faite "avoir" et décrit une emprise psychologique intense.

Elle ne l'accuse pas de viol et ne compte pas porter plainte. Mais Majda Bernoussi estime avoir vécu une relation avec un "prédateur", et son témoignage intéresse les enquêteurs : entre 2009 et 2014, la Belgo-marocaine a fréquenté le prédicateur musulman Tariq Ramadan. Pour la première fois depuis la mise en examen de l'intellectuel,, elle raconte, auprès d'Europe 1, l'emprise psychologique qu'elle estime avoir subie, l'accord financier qu'elle a accepté pour se taire et les autres victimes dont elle aurait recueilli les confidences.

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Tous deux se rencontrent. "Pour moi, c'est le début d'une histoire", souffle Majda Bernoussi. Sur internet, la jeune femme a lu que Tariq Ramadan était marié. Mais il jure qu'il est divorcé "devant Dieu et les hommes". "Je le crois à ce moment-là, parce qu'il n'y a pas de raison de douter. Clairement je suis dans une quête spirituelle et pour moi ça part sur quelque chose de sain, de spirituel avec de vrais codes assez carrés", raconte-t-elle.

"Il veut avoir une mainmise sur moi". Mais la relation démarre "bizarrement". "Quand j'émettais un doute il m'en voulait, il me disait, 'je ne suis pas ça'. Je lui disais : 'ça n'est pas une aventure ?',  il me disait 'ne m'insulte pas'", poursuit-elle. "Il ne veut rien entendre, il ne veut pas que j'ai de cerveau, il ne veut pas que je réfléchisse. Il veut avoir une mainmise sur moi."

Pourtant, la jeune femme ne quitte pas l'islamologue. "J'ai été amoureuse de ce qu'il prétendait être", analyse-t-elle, décrivant une liaison chaotique et des "crises" régulières. "On a vraiment affaire à un prédateur, un manipulateur extrêmement malsain, tout à fait aux antipodes de l'image qu'il donne. (...) J'étais de plus en plus malheureuse, je m'asphyxiais de l'intérieur. C'est ce qu'il veut : une soumission complète. L'éthique, la morale, la foi, la bonté, c'est des choses qu'il réserve face caméra. Hors champ, je n'ai jamais eu affaire à ce type là."

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L'ancienne compagne de l'islamologue affirme en outre avoir échangé avec "au moins 25 femmes" qui se trouvaient dans la même situation qu'elle en 2015. "Il faisait ça de manière industrielle", assène-t-elle. "Dans la vraie vie c'est un véritable barbare, aussi bien intellectuellement que physiquement. (...) Il s'adapte à chaque profil, il n'a aucune limite et il se donne le droit. Il me disait tout le temps : 'je suis protégé, je ne suis pas un homme ordinaire'."

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Nos remerciements à Alain Jean-Mairet

 

Belgique. Tariq Ramadan: Une coquette somme versée pour faire taire une femme

Le scandale Ramadan a fait remonter à la surface des témoignages de femmes qui se sont senties manipulées, trompées et délaissées par le maître à penser de toute une génération, chantre de l'éthique musulmane. Majda Bernoussi, née en Belgique en 1972, a été la première à donner l'alerte sur des comportements, selon elle, discutables du prédicateur. Alors que sa relation épisodique avec Tariq Ramadan périclite, elle décide de balancer sur des sites communautaires, Facebook, YouTube, Rutube, etc., des textes, photos, vidéos et enregistrements sonores. Ses accusations sont relayées par le blogueur bruxellois Khalil Zeguendi. Une photo, en particulier, circule : Tariq Ramadan en caleçon dans une chambre d'hôtel, penché sur son gsm. Dans une vidéo sortie en août 2014, Majda Bernoussi, grande fille du Rif, cheveux au vent sur un balcon marocain, promet de donner bientôt les preuves de son histoire. Et puis, tout s'arrête. Les messages sont retirés du Web. Ne restent que des rumeurs et quelques rares fantômes informatiques.

Un accord à l'amiable

Que s'est-il passé ? La personnalité de Majda Bernoussi n'étant pas de celles qu'on prend à la légère, Tariq Ramadan est passé à l'offensive. Le 17 février 2015, il a introduit une action en cessation auprès du président du tribunal de première instance de Bruxelles siégeant en référé. Son but : que Majda Bernoussi nettoie le Web et cesse de le bombarder de messages, lui et ses proches. Une convention transactionnelle entre les deux parties est validée le 6 mai 2015 par la chambre des référés du tribunal de première instance de Bruxelles en audience civile. Le Vif/L'Express en a obtenu la confirmation du président du tribunal, Luc Hennart. "Il y a bien eu une action en référé introduite le 17 février 2015, à Bruxelles, par Tariq Ramadan qui visait les publications de Majda Bernoussi sur le Web, indique le magistrat bruxellois. Il s'en est suivi un jugement prononcé au civil par la chambre des référés de Bruxelles, le 6 mai 2015. Ce jugement entérine un accord intervenu entre les parties. Dans les grandes lignes, l'accord prévoit que Majda Bernoussi retire ses publications d'Internet et cesse d'en publier de nouvelles, moyennant une somme d'argent donnée par Tariq Ramadan. Cette transaction intervenue entre les parties a clos l'affaire en ce qui concerne la justice. Il n'y a pas eu d'autres actions introduites à Bruxelles, ce qui laisse supposer que l'accord a été respecté de part et d'autre. L'audience en référé était publique, mais les parties ont voulu conserver à leur accord un caractère confidentiel."

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La contrepartie financière de l'extinction du "litige" entre les deux parties se monte à 27 000 euros. Tariq Ramadan ayant déjà versé 12 000 euros à Majda Bernoussi en vertu d'un précédent arrangement, il s'engage à lui donner 15 000 euros supplémentaires sous la forme d'une première somme de 3 000 euros, le reste étant apporté sous la forme de mensualités de 1 500 euros.

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