Moscou ne laissera jamais la Biélorussie devenir une deuxième Ukraine !

Publié le 10 août 2020 - par

Au Bélarus (Biélorussie en France), Lukashenko bénéficie d’un indéniable soutien populaire, mais de là à ce qu’il soit élu avec 80 %, faut pas pousser ! Pourtant la question d’un éventuel trucage de la réélection de Lukashenko à la présidence du Bélarus n’est pas la vraie question. Celle-ci est “Le Bélarus souhaite-t-il une révolution orange à l’ukrainienne ?”.

Le “Maydan” ukrainien, on en connaît parfaitement les conséquences directes en Russie où quasiment chaque famille a au moins un parent en Ukraine : pays exsangue, en proie à la violence de milices affichant clairement leur idéologie néo-nazie, économie en faillite, salaires impayés, etc. etc. Les pays occidentaux qui ont financé et organisé cette révolution à Kiev se sont bien vite désintéressés de l’Ukraine, voyant que leur but initial – utiliser l’Ukraine pour affaiblir voire attaquer la Russie – ne pouvait être atteint.

Aujourd’hui il est évident que ces mêmes pays occidentaux, à l’exclusion toutefois semble-t-il des États-Unis, a choisi le Bélarus pour créer un nouvel angle d’attaque contre la Russie. Et puis ces pays occidentaux n’aiment vraiment pas Lukashenko qu’ils appellent “le dernier dictateur d’Europe”. L’occasion est donc belle, d’une part d’y mettre en place une “démocratie” (!), d’autre part de tirer une balle dans la Russie dont le Bélarus est, malgré les jérémiades de son Président, un “allié privilégié” sur le plan économique et une place stratégique, zone tampon avec l’Europe.

On applique donc les vieilles recettes en suscitant des vocations de révolutionnaires chez les jeunes Bélarussiens nourris au MacDo et à Facebook qui, reconnaissons-le quand même, ont des craintes justifiées quant à l’avenir de leur pays où tout est loin d’être rose. Svetlana Tikhanovskaya, épouse d’un opposant politique en prison, se déclare candidate en s’associant à deux autres jeunes femmes, c’est idéal pour les manipulateurs occidentaux : candidate femme donc, c’est moderne, c’est féministe, ça change d’un ancien directeur de kolkhoze ! Que celle-ci n’ait aucun programme n’a aucune importance, on vire le dictateur et on verra ensuite, on pourra toujours envoyer les gros bras de Soros et du FMI remettre le pays à flots (!).

On a donc d’un côté l’ancien directeur de kolkhoze, usé par des décennies de pouvoir, mais ayant tout de même un bilan positif (système de santé, éducation, sécurité en particulier), de l’autre une inconnue sans programme mais soutenue par les pays occidentaux. Comme en Ukraine.

D’ailleurs cette Tikhanovskaya semble être le parfait “idiot utile” des manipulateurs occidentaux puisqu’on apprend ce soir (source privée, information non encore publique à l’heure où j’écris cet article) que les services secrets du Bélarus (le KGB) l’ont mise sous protection après avoir intercepté des messages parlant de son élimination dans un but évident de provocation ! Eh oui, le KGB de Lukashenko protège l’opposante ! À Kiev il y eut les snipers qui tiraient dans la foule, à Minsk l’assassinat de la candidate de l’opposition, dans les deux cas le but est de montrer ensuite du doigt le pouvoir en place, de générer des émeutes pour finalement arriver à la chute du régime sous les applaudissements des démocraties occidentales (!).

Et à Moscou ?

Il est bien entendu hors de question pour la Russie de laisser le Bélarus devenir une “seconde Ukraine” aux portes de la Fédération. Et soyons clairs, l’intérêt des Bélarussiens n’est bien évidement pas que leur pays se retrouve dans la situation de l’Ukraine !

À Moscou, on savait il y a déjà quelques temps que cette élection ne serait pas comme les autres. Des informations faisaient état d’interventions discrètes de certaines ambassades (République tchèque par exemple) pour provoquer un mouvement de protestation lors de l’élection. Par ailleurs les états d’âme de Lukashenko au sujet de l’union du Bélarus et de la Russie agacent le Kremlin, alors que gaz et pétrole sont vendus au Bélarus à des prix défiants toute concurrence et que des “prêts” (des dons ?) sont accordés régulièrement. Le Kremlin a-t-il décidé de donner un avertissement à Lukashenko en lui envoyant une équipe de mercenaires en sachant qu’ils seraient interceptés ? Une manière de dire “On en a marre de vos conneries, après votre réélection, on passe aux choses sérieuses” ?

Ceci pourrait expliquer la reconnaissance immédiate de la victoire de Lukashenko par Moscou, on verra dans les semaines à venir si les négociations sur l’union entre les deux pays se concrétisent enfin.

Alors bien sûr, tout ceci n’est guère démocratique ! Mais la “démocratie”, on la voit chaque jour en Europe par exemple. On la voit en Ukraine encore plus près de chez nous. Il est regrettable que certains crétins se laissent manipuler et servent de chair à canon aux pays occidentaux, mais si les Ukrainiens pouvaient revenir en arrière, il n’y a aucun doute que le “Maydan” n’aurait pas lieu. Agissons donc au Bélarus pour éviter une chute totale du pays, avec les conséquences que cela aurait vis-à-vis de la Russie : Les forces de l’OTAN ne seraient plus en Pologne, mais à Brest, aux frontières directes de la Russie.

Boris Guenadevitch Karpov

source: https://ripostelaique.com/moscou-ne-laissera-jamais-la-bielorussie-devenir-une-deuxieme-ukraine.html