François Cherix, socialiste: “Il ne faut pas défendre la démocratie directe.”

Christian Hofer: Un socialiste qui critique la démocratie directe: un très bel exemple de ce qu'est réellement la gauche. Il est bien clair que ce reliquat du communisme ose tout, interviewé par un journaliste très accommodant, François Modoux, dont le pedigree anti-FN, anti-Trump n'est pas une surprise. On n'échappera pas à l'étiquette "parti d'extrême droite" accolée à l'UDC sans que cela gêne le journaliste.

A contrario, on laissera un socialiste critiquer la démocratie directe et appeler à la restreindre sans que l'énergumène ne soit traité d'extrémiste. C'est beau et impartial le journalisme en Suisse Romande.

Enfin, on constate à quel point Internet et la réinformation sont une épine dans le pied des socialistes, ces derniers s'appuyant sur les médias acquis à leur "cause" qui passent sous silence nombre de faits divers et de vérités. Lorsque la liberté est considérée comme un problème pour un parti politique, c'est que celui-ci est d'essence totalitaire.

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La gauche aurait tort de défendre la démocratie directe?

Le PS voit encore le droit d’initiative comme le combat héroïque de David contre Goliath. Il n’a pas compris que la démocratie directe n’est pas un outil réformiste. Depuis 1881, aucun projet socialiste n’a abouti par le truchement du droit d’initiative. Le PS aurait plutôt intérêt à fédérer un camp de la raison (sic!!!), proposant une révision du système avec une réforme du droit d’initiative, la création d’une Cour constitutionnelle et le renforcement du Conseil fédéral pour restaurer son autorité. Si la Suisse s’installe dans l’isolement et l’inflation d’initiatives populistes, elle subira un net recul économique, qui déclenchera des ruptures. Je prépare mon parti aux révisions douloureuses qui s’imposeront.

L’adhésion à l’UE et la réforme des institutions, ce n’est pas très sexy. Avec un tel programme, le PS risque d’être inaudible, non?

Ces réformes ne feront pas monter nos partisans aux barricades.

Mais la nécessité les imposera et les rendra rassembleuses. La multiplication des votations est un danger réel. Et l’irruption des nouvelles technologies crée une démocratie d’opinion où tout devient aléatoire.

La Suisse stable devient une Suisse imprévisible. Ce débat est encore tabou. L’impasse dans laquelle le vote du 9 février 2014 a poussé le pays devrait nous ouvrir les yeux.

Allez-vous jusqu’à remettre en question la place du PS au Conseil fédéral?

Le PS exerce le pouvoir, mais culpabilise d’y côtoyer l’extrême droite. D’ailleurs, il compense ce malaise par un discours idéologique appuyé, qui l’éloigne de la population. Ce n’est pas sain.

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