Michel Garroté - Une enquête de l’émission de France 2 sur l’affaire Bygmalion, dans laquelle le parquet a demandé le renvoi de Nicolas Sarkozy, provoque de grosses tensions à France TV. La programmation d'un enquête d'Envoyé Spécial sur Bygmalion provoque d'importants remous à France Télévisions. Le camp de Nicolas Sarkozy, l'un des protagonistes de l'affaire, aurait fait pression pour que cette diffusion, initialement prévue le 29 septembre, n'ait pas lieu.
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Le patron de l'information, Michel Field, a finalement indiqué que l'enquête serait diffusée avant la fin de l'année. Pourquoi l’enquête fait-elle du bruit ? Dès l’été, l’équipe de Nicolas Sarkozy apprend l’existence d’un tournage d’Envoyé Spécial sur Bygmalion et "menace France Télés de représailles". L’ex-président a menacé la télévision publique d’annuler sa participation le 15 septembre à la première édition de l’"Emission politique" de David Pujadas et de Léa Salamé.
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Une version des faits contredite par le directeur de l’information. A l'AFP, Michel Field dit avoir averti les équipes de l’émission que l’enquête devait être prête "début septembre ou début décembre, car diffuser un sujet au moment où la primaire des Républicains bat son plein fait courir le risque d’instrumentaliser France Televisions". Michel Field a également ajouté qu’à cette date, la venue de Nicolas Sarkozy dans l’"Emission politique" n’avait pas été évoquée.
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Du côté de l’équipe de Sarkozy, on récuse toute pression, "tout en s’interrogeant sur l’opportunité des choix de France, en pleine campagne des primaires". Qui s’affronte à France Télé ? La nouvelle présentatrice d’Envoyé Spécial, Elise Lucet, et Michel Field se sont affrontés tout l’été, la première criant à la censure. "Tu vas encore te retrouver cloué au mur", lui aurait dit l’ancienne présentatrice du JT. Une allusion à la motion de défiance votée en avril contre le patron de l’information.
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Lundi soir, Michel Field fait finalement une proposition : diffuser le reportage dès jeudi mais dans une version réduite puisque l’enquête n’est pas totalement bouclée. Elise Lucet aurait refusé. L'un des membres de son équipe a confié au Canard : "Field a voulu la coincer mais elle n’a pas accepté". Mais mardi matin, le directeur de l’info décide de passer en force et le site Ozap annonce un "reportage exclusif de 26 minutes, jeudi à 20h30 sur France 2".
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Qu’a-t-il été décidé ? Finalement, il n’y aura pas de reportage exclusif de 26 minutes. Mercredi après-midi, Michel Field a tranché, en "accord" d’après lui avec Elise Lucet. La diffusion de l'enquête est repoussée après la primaire de la droite, qui a lieu les 20 et 27 novembre, mais avant la fin de l’année, écrit l'AFP. Néanmoins, France 2 diffusera un extrait de l’interview de Franck Attal, l’ex-patron de la branche événementielle de Bygmalion qui organisait les meetings de Nicolas Sarkozy en 2012.
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Par ailleurs, je lis, ça et là, que Patrick de Carolis, raconte, dans un livre, les pressions de Sarkozy, pour faire virer Ruquier. L'ancien patron de France Télévisions affirme, en effet, dans un livre, qu'il aurait pu être reconduit à son poste par Nicolas Sarkozy s'il avait viré Laurent Ruquier ou Patrick Sébastien. Patrick de Carolis n'avait jamais été très prolixe sur les coulisses de son mandat à la tête de France Télévisions.
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L'ancien PDG, qui a dirigé le groupe de 2005 à 2010, se livre aujourd'hui dans un ouvrage à paraître jeudi, intitulé Les Ailes intérieures. S'il évoque longuement les accusations à son encontre pour favoritisme, Patrick de Carolis glisse aussi quelques révélations sur ses relations avec l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy.
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Chabot, FOG, Ruquier ou Sébastien. L'actuel directeur du musée Marmottan Monet à Paris explique en effet que Nicolas Sarkozy aurait pu le reconduire à la tête de France Télévisions s'il accédait à une condition : se séparer de plusieurs personnalités médiatiques bien connues des téléspectateurs. Parmi elles, Patrice Duhamel, Arlette Chabot, Franz-Olivier Giesbert, Laurent Ruquier et Patrick Sébastien.
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Une décision "clairement" inenvisageable pour Patrick de Carolis. "Patrice Duhamel était au courant, il m'a proposé sa démission. J'ai refusé parce que, humainement, ce n'est pas comme ça que je gère ma vie", confie-t-il dans une interview au Parisien mercredi.
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Stratégiquement, le PDG de France Télévisions ne trouvait dans cette option que des mauvais côtés. "Accepter aurait fragilisé mon second mandat. On ne bâtit pas l'avenir en laissant tomber ses collaborateurs. Surtout qu'ils n'avaient pas démérité", insiste-t-il. "Je préférais ne pas être réélu plutôt que l'être par bassesse. Pourtant, j'ai cru à ma réélection jusqu'au bout, j'étais peut-être le seul". A l'été 2010, Nicolas Sarkozy avait fini par nommer Rémy Pfimlin pour lui succéder à la présidence de France Télévisions.
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Introduction, adaptation et mise en page de Michel Garroté
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http://www.europe1.fr/medias-tele/bygmalion-cette-enquete-denvoye-special-qui-agite-france-televisions-2840338
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http://www.europe1.fr/medias-tele/patrick-de-carolis-raconte-les-pressions-de-sarkozy-pour-faire-virer-ruquier-2840047
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