Hollande et Valls au chevet de la loi El Khomri

François Hollande et son Premier ministre ont été en contact tout le week end et se sont retrouvés hier soir pour finaliser un projet amélioré de la réforme du code du travail. Manuel Valls le présentera aujourd’hui aux partenaires sociaux. Il est à noter que ce morceau à quatre mains entre le président et son numéro 2 s’est joué en l’absence de la ministre du Travail Myriam El Khomri pourtant rapporteuse de la loi. Selon le Premier ministre il faut, je cite : « Un compromis qui soit dynamique et ambitieux  corriger, rectifier, changer ce qui doit l’être ». Fin de citation.

Deux points cruciaux en question

Ce projet amélioré a pour objectif de revenir sur deux éléments de la réforme particulièrement sensible. En premier lieu, le plafonnement des indemnités prud’homales, c’est en effet ce point du projet de loi qui a agité les syndicats. La loi prévoit des indemnités largement en deçà de ce que les juges prononcent en moyenne aujourd’hui. De plus, les modalités de plafonnement retenues favorisent largement les grandes entre prises par rapport aux PME. Le second grand chantier de ce projet amélioré c’est de calmer les ardeurs des étudiants et lycéens très remontés contre la réforme du code du travail.

Une très forte mobilisation contre le projet de loi

Tout au long de la semaine, de nombreux manifestants ont battu la rue pour faire montre de leur colère. Aux prises avec une tension sociale sans équivalent depuis 2012, et les plus importants mouvements de rue depuis le "mariage pour tous", le couple exécutif est au bord du précipice. Outre les principaux syndicats, de nombreux lycéens participent aux manifestations, partout en France une centaine de lycées ont été bloqués. De nouvelles manifestations sont prévues aujourd’hui et le jeudi 17 mars dans plusieurs grandes villes.

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Premier report du projet de loi El Khomri

Fraîchement de retour en France, le président de la République n’a pas seulement retrouvé les bousculades du salon de l’agriculture mais aussi la menace d’une crise sociale contre la réforme du droit du travail. Dans ce contexte Manuel Valls a annoncé le report de la présentation du projet de loi d’une quinzaine de jours pour continuer à consulter les partenaires sociaux.

Comment s’est manifestée cette menace ?

Par une pétition entre autres. Lancée par la plate forme change.org et intitulée « Loi travail — non merci !» elle recueille plus de 700 000 signatures alors qu’elle a été lancée il y a seulement 10 jours. Un record pour le site. Les raisons pour déposer sa signature sont déclinées en douze points critiques de ce que la loi permettrait de faire si jamais elle était adoptée en l’état. Globalement les signataires lui reprochent d’être de tournure trop libérale.

Néanmoins, ce qui est très instructif est ce dont on ne parle pas

Il y a en effet beaucoup de non dits. À la fois sur ce que la loi ne dit pas mais aussi sur ce que l’on ne dit pas sur la loi. En effet, on notera surtout le silence total qui est fait sur le problème de la syndicalisation. On rappelle que seulement 7 % des salariés français sont syndiqués alors que certaines structures sont très médiatisées et bloquent le dialogue patronat salarié. La loi ne mentionne absolument pas ce problème.

Et sur ce que l’on ne dit pas sur la loi ?

Tout ce qu’induit l’article 6 : « La liberté du salarié de manifester ses convictions, y compris religieuses ». Fin de citation Une aubaine pour le communautarisme pourtant déjà très présent.

En somme tout ce qui — dans la loi — va vers davantage de flexibilité est sévèrement critiqué par la gauche frondeuse. En revanche, ce qui va vers davantage de communautarisme n’est pas mentionné — ni par la droite affairiste ni par l’ensemble de la gauche. Se taire, c’est être complice diront certains.

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