L’Histoire gréco-romaine et les Lettres classiques au banc des accusés – Aux fous !

Rappel : La ministre socialiste Mme Cesla Amarelle, responsable du Département de la formation, de la jeunesse et de la culture du canton de Vaud, a supprimé depuis 2021 les cours de culture antique dispensés aux gymnasiens de l’École de culture générale (naguère encore «la voie diplôme»).

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Voici la réponse d’Olivier Delacrétaz à cette décision, dans la rubrique «Opinions» de 24heures du 16.02.2021.

L’enseignement de la culture antique, inutile et nécessaire

La réforme perpétuelle de l’école vaudoise continue imperturbablement d’évacuer les humanités. C’est ainsi que Mme Cesla Amarelle, responsable du Département de la formation, de la jeunesse et de la culture, vient d’annoncer la suppression des cours de culture antique dispensés aux gymnasiens de l’École de culture générale (naguère encore «la voie diplôme»). Prenant une sérieuse option sur le prochain Champignac d’or, elle a déclaré: «La suppression du cours ne signifie aucunement la disparition de ses contenus.»

Selon Mme Amarelle, les cours de français, d’histoire, d’histoire de l’art et de philosophie contiennent déjà bien assez d’éléments de culture antique. On continuera donc d’enseigner quelque chose de l’Antiquité, mais, dit-elle, «en transcendant […] les frontières disciplinaires». Dans cette même idée que «tout est dans tout», pourquoi ne pas se contenter d’enseigner le français, langue toute pétrie de philosophie, d’art, de culture, de religion et d’histoire?

«Des cultures qui sont à la fois très différentes de la nôtre… et qui sont la nôtre.»

Consacrer un enseignement spécifique et structuré à une branche, c’est lui donner sa pleine importance et pouvoir en imprégner plus fortement l’intelligence de l’élève. C’est tout particulièrement le cas pour ce qui concerne l’Antiquité, ces quelque 1200 ans d’histoire européenne, douze siècles incroyablement riches de création littéraire et artistique, de développements philosophiques, de controverses théologiques et d’expériences politiques et militaires. Cela ne justifie-t-il pas une «frontière disciplinaire»?

Outre son intérêt intrinsèque, cet enseignement a une particularité. Il nous présente des cultures qui sont à la fois très différentes de la nôtre… et qui sont la nôtre.
Le voulant ou non, indignes ou inspirés, nous sommes les héritiers de Socrate, d’Homère et de Praxitèle, de Cicéron, de Virgile et d’Auguste. Connaître leur monde, c’est relier leur passé lointain et notre actualité, c’est y reconnaître notre passé et leur actualité.
C’est prolonger la ligne du temps au-delà du présent et maîtriser mieux nos lendemains. C’est encore, à titre personnel, prendre une distance à l’égard des choses. Cette distance, sorte de jeu dans les rouages du monde qui nous entoure, nous offre un espace précieux pour l’exercice de notre liberté.

Coupure préjudiciable

La culture antique est moins utile que l’informatique? En termes d’emploi, c’est probable. Mais justement, rien n’est plus utile à un jeune que d’apprendre à relativiser l’utile. L’école a pour tâche de faire de l’élève une personne autonome, non de livrer à la société un employé prêt à l’usage.

Au fur et à mesure qu’elle se coupe de l’Antiquité, notre époque se coupe aussi de son présent et de son avenir. Elle se soumet platement aux déterminismes du moment. Elle se replie sur elle-même et sur ses préoccupations matérielles immédiates.

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Sur le même sujet - article publié dans le Causeur le  

Didier Desrimais - Certains professeurs américains sont persuadés que notre façon d’étudier l’Antiquité nous rend racistes…


Trop dominatrices, trop misogynes, trop racistes, trop blanches – des universitaires américains appellent à s’en débarrasser.

Nous savions qu’il existait une caste d’étudiants analphabètes qui faisait régner la terreur sur les campus américains au nom d’un antiracisme de carnaval et d’une théorie sur la “blanchité” récupérée dans les caniveaux de la sociologie la plus minable.
Mais nous ne pouvions pas imaginer que des universitaires, des professeurs, allaient eux aussi participer à la curée de l’homme-blanc-occidental-cause-de-tous-les-maux, et, littéralement, se suicider.
L’agrégé de lettres classiques Raphaël Doan a écrit récemment un article dans le Figaro qui nous l’apprend.

Raphaël Doan Photo: Hannah AssoulineRaphaël Doan Photo: Hannah Assouline

J’espère que la matière va mourir, et le plus tôt possible

Lors d’une conférence, Dan-el Padilla Peralta, professeur d’histoire romaine à Stanford, après avoir incendié la matière qu’il enseigne – coupable de trop de “blanchité” – s’est carrément fait hara-kiri devant une assemblée acquise à la cause : « J’espère que la matière va mourir, et le plus tôt possible. »
Johanna Haninck, professeur de lettres classiques de Brown, dit voir dans sa discipline « un produit et un complice de la suprématie blanche. » Enfin, Donna Zuckerberg, spécialiste de la Rome antique et diplômée de la prestigieuse université de Princeton, a dénigré une « discipline qui a été historiquement impliquée dans le racisme et le colonialisme, et qui continue d’être liée à la suprématie blanche et à sa misogynie. »
S’immolant avec l’ensemble des travaux universitaires d’histoire et de littérature dans un autodafé qui en rappelle d’autres, elle appelle à « tout détruire par les flammes. »

A lire aussi, Raphaël Doan: «L’assimilation est par nature antiraciste»

La folie déconstructiviste ravage tout, y compris les cerveaux qu’on croyait les mieux protégés contre elle. Dans le genre délirant et profondément atteint, on se souviendra qu’il y a quelques mois France Culture twittait des propos stupéfiants pour promouvoir une émission à venir: « On vous ment. Depuis 2000 ans : non, les statues grecques n’étaient pas blanches, mais de toutes les couleurs.
L’Histoire nous l’a caché pour promouvoir le blanc comme idéal d’un Occident fantasmé, contre les couleurs symboles d’altérité et de métissage 
».

Un historien de l’art, Philippe Jockey, y défendait l’idée que la blancheur des statues grecques reflétait en réalité l’expression d’un racisme occidental.
Selon lui, la polychromie originelle de ces statues aurait été intentionnellement effacée des mémoires par les Blancs pour valoriser leur couleur de peau.
De là à parler d’une “créolisation” statuaire présente depuis la plus haute Antiquité mais volontairement oubliée par des Occidentaux racistes, il n’y avait que la moitié d’un pas qui fut rapidement franchi : « C’est le résultat de 2000 ans d’une histoire réactionnaire, qui place le blanc au cœur de ses valeurs et rejette l’impur, le bigarré, le métissage des couleurs. »

Mélenchon et Boucheron, sortez de ce corps !

Complicités avec «la suprématie blanche» dénoncées

Dans son article, Raphaël Doan nous apprend que l’université de Wake Forest, en Caroline du Nord, a annoncé que tous les étudiants du département devront désormais suivre un cours intitulé « les classiques au-delà de la blanchité. »
Ce cours de redressement culturel portera sur « les préjugés selon lesquels les Grecs et les Romains étaient blancs, la race dans les sociétés gréco-romaines, le rôle des classiques dans les politiques raciales modernes, et les approches non-blanches des lettres classiques.»
Au train où vont les délires, soyons fous, rions un peu et imaginons les sujets des prochains cours: “la misogynie (ou le validisme) dans le théâtre grec”, “le validisme (ou la misogynie) dans les arènes romaines” , ou… “la culture du viol dans le théâtre grec et les arènes romaines”.

A lire ensuite, Jean-Paul Bruighelli: #DisruptTexts: pour contrer la « culture du viol », des militants censurent… Homère

Cette folie est hautement contagieuse, et chaque jour qui passe apporte de nouvelles informations qui le prouvent. L’antépénultième : les chiffres romains doivent disparaître des cartels des musées. L’avant-dernière : les Blancs peuvent assister à certaines réunions mais doivent se taire. La dernière: à l’université d’Oxford, des professeurs en musicologie accusent l’ensemble des programmes de musique de « complicité avec la suprématie blanche. » Schubert et Guillaume de Machaut (musicien français du XIVe siècle) vont par conséquent devoir céder la place aux “musiques mondiales”, aux “musiques africaines et diasporiques africaines”, à la musique populaire et au rap.

La confusion mentale est à son comble : les programmes feraient la part belle à « la musique européenne blanche de la période de l’esclavage », ce qui serait l’objet d’une « grande détresse pour les élèves de couleur. » La notation musicale, quant à elle, est qualifiée de colonialiste par les enseignants d’Oxford.
C’est vrai que « une blanche vaut deux noires » c’est presque aussi stigmatisant et traumatisant que « le masculin l’emporte sur le féminin » de notre grammaire.

« Pour acquérir une culture générale, il faut lire certains textes classiques de valeur reconnue », écrivait Allan Bloom dans L’âme désarmée.
À quoi, disait-il, il faut bien entendu ajouter un minimum de connaissances historiques.
Les artisans du déboulonnage et de la “cancel culture”, activistes politiques qui avaient pour principale excuse leur inculture, voient affluer dans leurs rangs des universitaires, spécialistes dans leurs domaines, prêts à pulvériser d’un dernier coup de révolver l’histoire antique et la littérature classique en même temps que le peu de cerveau qui leur restait.
Il est difficile de faire un portrait précis et complet de ce nouveau type d’universitaire désireux de « décoloniser son esprit ». Repentant pathologique, bête, masochiste, opportuniste, suicidaire, crétinoïdal ou « complètement défoncé », comme me le suggère un ami, qui est-il réellement ?
On peut commencer par piocher dans ce stock. Ajoutons que ce type d’individus a souvent été à l’avant-garde des totalitarismes qui prétendaient contrôler le passé aussi bien que l’avenir en modifiant le premier au gré de leurs idéologies et en modélisant le second au nom d’un projet “libérateur” et d’une “glorieuse marche vers le futur”, qui se sont toujours avérés être une voie de garage dans le meilleur des cas, une sanglante catastrophe humaine dans le pire.
L’histoire, quand on ne l’efface pas, peut encore nous apprendre bien des choses.

source: https://www.causeur.fr/histoire-greco-romaine-et-les-lettres-classiques-blanchite-194780

École de culture générale – Vaud: le cours de culture antique passe à la trappe

Nouvel horaire de l’École de culture générale: Nom de Zeus! Le cours de culture antique passe à la trappe

Spécificité vaudoise, le cours dédié à la Grèce et la Rome antiques disparaîtra du cursus gymnasial à la faveur d’une harmonisation intercantonale. Tollé chez les antiquisants

Vincent Maendly, 11.02.2021

À la rentrée scolaire d’août prochain, les nouveaux gymnasiens de l’École de culture générale (ECG), jadis surnommée «voie diplôme», étrenneront une grille horaire revue et corrigée. En 2e année, celle-ci consacre, notamment, la scission de l’actuelle voie sociopédagogique (SP) en deux filières distinctes: «travail social» et «pédagogie». En coulisses, c’est la disparition pure et simple de la leçon de culture antique qui échauffe les esprits. Ce cours de deux périodes hebdomadaires en 2e année est actuellement dispensé aux élèves ayant choisi les options SP ou artistique, soit près de 500 gymnasiens pour ce qui est de cette année. Parmi eux, beaucoup d’aspirants profs, futurs étudiants de la HEP.

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