Gabriel Robin, le monsieur culture du FN qui a fait trembler Black M [Interview]

On ne peut pas vraiment dire que Gabriel Robin soit connu du grand public, pourtant c'est lui qui a été, avec les médias de réinformation, l'un des initiateurs de la campagne contre l'organisation du concert du rappeur Black M lors de la cérémonie du centenaire de la bataille de Verdun. Secrétaire général du Collectif Culture, Libertés et Création (CLIC), collectif membre du Rassemblement Bleu Marine, Gabriel Robin revient pour Les Observateurs, sur une campagne de lobbying qui a fait reculer le gouvernement de François Hollande.

LesObservateurs.ch : Vous avez été un des initiateurs de la campagne contre le concert du rappeur Black M lors de la cérémonie pour le centenaire de la bataille de Verdun, pourquoi vous êtes vous engagé dans ce combat ?

Gabriel Robin : J'ai été sidéré par cette idée de faire jouer Black M lors de cette cérémonie. Je m'interroge sur l'identité de celui qui a eu cette idée. Étaient-ce les équipes de l’Élysée ? Il faut savoir que l'un des conseillers de Hollande, Pierre Evil, écrit des livres sur le « Gangsta Rap ». La deuxième hypothèse c'est qu'il s'agisse directement de la mairie de Verdun. Troisième hypothèse, la Mission interministérielle du Centenaire avec Joseph Zimet, l'époux de Rama Yade.

Mais finalement ce n'est pas le plus important, ce qui est important c'est de dire qu'on organise un concert de rap à Verdun, un rap de soupe, symbolique de la grande déculturation, pour commémorer la plus grande boucherie de l'histoire de France voire de l'histoire européenne. C'était tellement indécent, cette intrusion du festif le plus dégueulasse, le plus postmoderne, multiculturaliste, pour plaire aux « jeunes », c'est-à-dire que l'on méprise ces jeunes, on leur crache au visage. On ne pouvait pas ne pas réagir, il fallait envoyer la cavalerie lourde, au moins par respect pour nos ancêtres, ceux qui sont morts là-bas et ceux qui en sont revenus.

LesObservateurs.ch : Comment avez-vous fait pour mobiliser les gens contre ce concert ?

Gabriel Robin : On a essayé d'utiliser des techniques « parallèles ». Nous n'avons pas l'appui des grands médias donc il faut faire preuve d'un peu de débrouillardise. Nous avons sorti deux communiqués et une série de visuels qui ont énormément tourné sur la toile. Nous avons été repris par les principaux cadres du Front National, Marion Maréchal Le Pen, Florian Philippot, Stéphane Ravier, Louis Aliot. Puis derrière, les Républicains jusqu'à la gauche avec Jacques Dion du magazine Marianne, ont été obligés de nous suivre dans ce mouvement qui était pour la France et non partisan. Je crois que c'est la première fois que le Front National est à l'initiative et le moteur d'un mouvement d'opinion qui fait plier le gouvernement.

LesObservateurs.ch : Les socialistes ont été scandalisés par cette campagne contre ce concert, certains se sont mobilisés pour que le concert ait finalement lieu. Comment vous interprétez cela alors que c'est le gouvernement via la mission du centenaire qui, au final, a fait annuler ce concert en refusant les subventions qui étaient nécessaire pour l'organisation ?

Gabriel Robin : Le gouvernement a été un peu comme un petit enfant qu'on a pris la main dans le pot de confiture, il s'est aperçu que c'était désastreux, que ça véhiculait une image calamiteuse. Il y a déjà une crise sociale, une crise identitaire, une crise terroriste, ils se sont dit qu'ils n'allaient peut-être pas en faire trop sur Black M mais ils ont voulu sortir par le haut en nous traitant de tous les noms. Monsieur Todeschini, secrétaire d’État aux anciens combattants, qui lui même n'est pas un ancien combattant, a parlé « d'ordre fascistoïde », du délire total. Moi l'ordre moral nauséabond je le vois au festival Rock en Seine, quand Jesse Hugues, chanteur des Eagles of Death Metal, le groupe victime des attentats du Bataclan, est viré, dégagé manu-militari de deux concerts en France simplement parce qu'il a remis en question une partie de l'opinion publique française notamment d'origine musulmane. Le gouvernement a été lâche, versatile, il a cédé et je le remercie, nos morts seront respectés, mais ne doutez pas, s'il avait pu faire autrement, il l'aurait fait. Il y a vingt ans, à mon avis, ce concert n'aurait jamais été annulé mais aujourd'hui avec la Réinformation, l'opinion publique, le poids du vote Front National, ils sont obligés de céder et ils céderont. Ils ont cédé une fois, ils céderont deux fois, c'est le point de départ de beaucoup de choses.

LesObservateurs.ch : Vous l'avez dit, c'est la première fois que le Front National est à l'initiative d'une telle campagne de lobbying, est-ce que l'on peut s'attendre à ce que le Front National sorte un peu de son « exclusivité » électorale ?

Gabriel Robin : Évidemment, c'est comme ça que je conçois le CLIC. Un collectif d'action sectoriel doit mener des actions sectorielles, d'agit-prop, de propositions concrètes programmatiques mais on doit vraiment agir dans les marges, en métapolitique, en lobby, c'est essentiel et c'est là que se joue la bataille culturelle. La bataille des idées a été remportée, la bataille culturelle le sera bientôt.

Propos receuillis par Jordi Vives