Orban : « Nous le sentons tous, c’est le calme avant la tempête »

Publié par Dreuz.info le 6 juin 2016

Interview de Viktor Orban à la radio Kossuth, au cours de l’émission « 180 minutes » du 3 juin 2016.

Viktor Orban vient de rentrer d’une visite officielle en Egypte, où il a rencontré son homologue le président Sissi et l’imam suprême sunnite, qu’il a invité pour une visite en Hongrie.

Viktor Orban explique sa vision de la relation que le monde chrétien devrait entretenir avec le monde musulman. Il souhaite une rencontre entre la civilisation musulmane et la civilisation chrétienne au lieu d’un choc des civilisations.

Orban reconnait la civilisation musulmane, dit qu’il ne faut pas comparer le musulman délinquant avec les imams hautement éduqués. Il faut arriver à faire vivre les différentes civilisations en paix, non pas en se mélangeant mais côte à côte, en se respectant. Selon Orban, un vrai chrétien ne peut pas être contre les musulmans. Le premier ministre hongrois dit également que si les musulmans n’avaient pas leur religion, il n’y aurait pas de civilisation chez eux mais du chaos et de la barbarie.

« À présent, ils vivent dans un monde qui obéit à leurs propres lois, à leur propre logique. Nous avons nos principes de vie, nous aussi. Nous respectons les leurs et nous attendons également d’eux qu’ils nous respectent à leur tour. »

Viktor Orban explique :

« C’est dans l’intérêt de l’Europe d’avoir une Egypte politiquement et militairement stable, et nous ferons tout notre possible pour que cela perdure.

La Syrie avait une population de 30 millions habitants, elle s’est effondrée et à présent nous arrivons à peine à supporter, en Europe, les conséquences de ce désastre.

L’Egypte a 90 millions d’habitants. Si elle devient instable et qu’ils partent vers l’Europe, nous n’arriverons plus du tout à faire face. »

C’est dans l’intérêt de l’Europe que l’Egypte arrive à la stabilité, sinon, rien ne résistera à ce courant qui l’inondera

Orban dit qu’il donne raison à l’imam qu’il a rencontré lors de son voyage. Il faut mettre de côté les préjugés habituels de l’UE, et se concentrer sur le gouvernement égyptien, … que le gouvernement, avec son Président et son armée, restent unis et qu’il subsiste une force en Egypte qui maintienne l’ordre public et l’unité du pays, et donner la possibilité à la population de vivre correctement.

Si cela n’est pas possible, le courant qui va inonder l’Europe sera trois fois plus fort que ce que l’Europe a enduré jusqu’à présent. Rien n’y résistera. C’est dans l’intérêt de l’Europe que l’Egypte arrive à la stabilité.

Orban fait un bref bilan de l’Egypte, qui a actuellement une armée unie, le président a été élu au suffrage universel, la constitution a été démocratiquement votée, … chaque pilier de la constitution a renforcé l’économie.

Il rappelle que chaque année, 2,6 millions de personnes naissent en Egypte, et qu’avec une telle taille de population, nourrir un peuple, lui donner du travail, un niveau de vie acceptable, un avenir, est une tâche très ardue, bien plus que ce que l’UE a l’habitude d’affronter.

Un nouveau contexte est apparu récemment concernant le flux migratoire : les « trafiquants-passeurs » ont mis le cap sur l’Egypte. L’Egypte sera-t-elle le prochain pays pour l’invasion de l’Europe ?

Il y a également un nouveau point d’engorgement migratoire en Irak.

Tout cela devrait amener l’UE à repenser sa politique extérieure.

« Dans les trois pays où nous nous sommes mêlés de la vie des gens, il y a eu un effondrement global, explique Orban. Nous avons causé le chaos en Irak, en Libye et en Syrie, et aucun de ces pays n’a plus de gouvernement fonctionnel capable de garantir l’ordre public, la justice, et de défendre la population … et du même coup de défendre l’Europe contre une invasion de migrants. »

La journaliste demande si l’Europe porte l’entière responsabilité d’avoir voulu les forcer à adopter nos valeurs, d’avoir voulu exporter notre démocratie.

Viktor Orban  : « Il est impossible de dire qui est responsable de cette dégradation de la situation, chaque camp met la responsabilité sur l’autre », mais précisant que son opinion n’engage pas d’autres chefs d’Etats de l’UE il ajoute : « le fait que l’UE ait voulu exporter la démocratie et sa culture est un délire total. »

Viktor Orban  : « Avoir voulu rendre les peuples d’une toute autre culture « heureux » avec les méthodes qui ont fait leurs preuves chez nous a totalement échoué et cela a engendré des conséquences très douloureuses pour l’Europe.

On ne peut pas exporter la démocratie, ni d’une manière pacifique, ni avec les armes. Il faut laisser chaque peuple bâtir son système politique et économique, selon sa propre culture. Nous pouvons avoir des échanges commerciaux, et collaborer mutuellement. C’est une meilleure politique que le ‘nous savons tout mieux que les autres’, ‘nous savons ce qu’est la démocratie’, ‘nous savons ce que sont les vrais droits de l’homme’, …. [il est délirant de vouloir] imposer de bâtir leurs sociétés, selon nos normes, alors qu’ils pensent d’une manière très différente ! Néanmoins, si nous continuons, encore et encore, à ‘mettre notre toit en feu au-dessus de notre tête’ nous n’en sortirons pas.

Actuellement, pour sortir de cette situation désastreuse, nous avons le choix entre 2 solutions… mais la vérité est que nous n’avons absolument plus le choix, nous sommes juste emportés par le flot des événements.

Pour obtenir une solution interne, nous pourrions soutenir inconditionnellement le gouvernement libyen, sans vouloir imposer nos valeurs démocratiques, nos conditions.

La journaliste demande : « L’UE fait déjà cela, non ? »

Viktor Orban  : « Non, parce que l’UE continue avec ses critiques ‘droits de l’hommistes’, avec des exigences, en posant des conditions, … comme désarmer l’armée libyenne. Alors que sans un équipement adéquat, il sera impossible que l’armée libyenne puisse maintenir l’ordre. Que cela plaise ou non à l’UE peu importe, il n’y a pas de solution de rechange : il faut armer, fortifier l’armée libyenne pour qu’elle puisse rétablir l’ordre et il faut que nous collaborions à cela, sinon il y aura des conséquences très douloureuses pour nous vu que la Libye est à la frontière de l’Europe.

La coalition occidentale pourrait également débarquer avec des forces militaires européennes et mettre de l’ordre, établir des camps de réfugiés, y refouler ceux qui débarquent en Europe et les maintenir sur place. Ainsi nous garantirions également notre sécurité.

Nous devrions financer tout cela et tout ça a un coût … mais un coût bien inférieur et des dégâts bien moindres que d’accepter des millions de migrants qui viendront, sans contrôle, sur les terres européennes.

Que ce soit la première ou la deuxième solution, l’UE en parle sans cesse, sans être capable d’arriver à une décision finale. »

Le premier ministre parle également du fait qu’il a rencontré la communauté copte, qui a été victime d’exactions.

« Ces gens étaient des employés agricoles, des ouvriers, des honnêtes gens qui ont subi un martyre. Chaque membre de cette communauté a perdu des membres de famille. La Hongrie fait beaucoup pour les chrétiens persécutés mais, contrairement aux habitudes occidentales, la Hongrie ne crie pas sur les toits ce qu’elle fait à ce sujet, elle aide discrètement les chrétiens persécutés, sans s’en vanter, … un peu partout où c’est nécessaire. »

Orban dit qu’il a toujours été dégoûté par l’attitude vantarde des Occidentaux qui amènent leurs aides avec beaucoup de publicité. « Nous avons des obligations morales envers les chrétiens du Monde et nous remplissons cette obligation ».

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Puis la journaliste parle de la tension, quasi palpable, dans toute l’Europe, une sorte de « calme avant la tempête » !

Viktor Orban  : « Effectivement, il y a une tension qui augmente. Il y a une explication tactique à cela ; c’est le BREXIT. Nous ne devons pas nous mêler de cette décision qui appartient totalement aux anglais.

[…]

Il y a également un problème stratégique qui amène cette tension en Europe. Ceci provient de la structure de l’organisation de l’UE. Les dirigeants de l’UE se sont opposés à leurs populations. Nous pouvons tourner cette réalité dans n’importe quel sens, ruser, faire des variations sur la réalité, les explications sont inutiles, … c’est une réalité.

Les états occidentaux, avec leur politique migratoire, se sont opposés à leurs peuples respectifs et l’opposition à cette politique migratoire est de plus en plus grandissante. »

Orban dit qu’il est conscient du ras-le-bol des populations hongroises qui vivent près des camps pour migrants, et promet leur fermeture dès que cela deviendra possible, dans un avenir proche, car les lois sont durcies, le refoulement deviendra systématique. Ceci ne se passera pas sans l’agissement d’autres forces antagonistes.

Viktor Orban  : « George Soros est l’ennemi déclaré du gouvernement actuel de la Hongrie. Il soutient toute opposition qui cherche à renverser son gouvernement. Il est opposé à notre politique migratoire. Il finance des journalistes, des partis politiques, des bourses individuelles, des ONG … Il exige le démantèlement des barrières, la suppression des lois sur l’asile qu’il juge trop sévères, et veut faire reculer notre gouvernement. C’est typiquement la pensée socialiste. Soros pense que s’il met le paquet il arrivera à acheter les gens.

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Source (audio) : mediaklikk.hu

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