N’en déplaise à Benoit Couchepin

Benoit Couchepin ne déçoit jamais. Selon lui, L'udc et "Les observateurs" font leur cirque d'été. Ils réclament l'application d'une de leurs initiatives que le peuple suisse a littéralement balayée par plus de 63% des voix en 2016. Le compagnon de route du plr a depuis longtemps abandonné toute notion d'honnêteté intellectuelle mais là, il faut admettre qu'il pousse le bouchon nettement plus loin que d'ordinaire. Il fustige l'udc et Les observateurs (on notera ici l'usage des majuscules), coupables de réclamer la mise en œuvre d'une initiative balayée en 2016. Tout à sa joie, notre homme parle d'un journaliste qui a encore de la mémoire, à savoir le réputé Eric Felley. Asinus asinum fricat. Ils ont en effet en commun une haine de l'UDC qui leur fait prendre de grandes libertés avec les faits. Tous deux passent sous silence le fait que si l'initiative a été nettement refusée en 2016, c'est parce que le souverain a choisi de faire confiance au Conseil fédéral et au Parlement qui avaient rédigé un projet de loi visant à expulser les étrangers criminels sauf cas de rigueur. A l'époque, nous avions déjà fait savoir que cette clause de rigueur exceptionnelle deviendrait très vite la norme. Dans le canton de Neuchâtel, seuls 23% des étrangers criminels sont invités à quitter notre sol, ce qui fait peu mais manifestement, cela convient à nos honnêtes journalistes. Le temps nous a donné raison, à telle enseigne que c'est l'ancien président du plr (moi aussi, je sais utiliser les majuscules) Philipp Mueller qui a ouvert les feux lorsque les chiffres sont sortis. Il est vrai que le décalage entre ce que le plr promettait et la réalité a de quoi irriter les pontes de cette formation. Même la Conseillère fédérale Karin Keller-Sutter, pourtant plr, s'est émue et dit vouloir corriger les choses dès l'automne.

M. Couchepin ajoute qu'"on comprend maintenant pourquoi M. Perrin et ses amis estiment qu'il faut supprimer les journalistes. Et bientôt la mémoire sans doute." Il est vrai que la déontologie dont font preuve certains représentants de la profession me pousse à penser que la démocratie ne perdrait rien sans eux. Cela m'a souvent inspiré des commentaires critiques mais à chacun son opinion. Le journalisme partisan devient cependant problématique dès lors qu'il est financé par l'argent public, redevance notamment.

Pour ce qui est de la mémoire, voici quelques mots tenus par un éminent plr, le Conseiller national Kurt Fluri en janvier 2016, propos qu'on trouve sur le site plr.ch : "Selon moi, la législation de mise en œuvre concernant l’initiative sur le renvoi présente une solution ferme mais juste, en adéquation avec les exigences de l’initiative. Une fois la législation appliquée, nous aurons une solution efficace et répondant aux principes de l’Etat de droit pour lutter contre les étrangers criminels."

C'est en accordant de la valeur à ces propos que la population a fait son choix en 2016. Elle a été trompée. Même ceux qui l'ont menée en bateau en conviennent.

N'en déplaise à Benoit Couchepin.