Alors que l’Irak a libéré son territoire de l’emprise de Daesh, une véritable purge est menée par les autorités pour châtier les anciens combattants de l'organisation terroriste. L’ONG Human Rights Watch (HRW) dénonce les emprisonnements, tortures et condamnations de mineurs, qu'ils aient ou non appartenu à l'Etat islamique (EI).
«Nous recommandons au gouvernement irakien et aux autorités kurdes de libérer immédiatement tous ces enfants», plaide Ahmed Benchemsi, le directeur de la communication de la division Moyen-Orient et Afrique de Human Rights Watch, interrogé par RT.
L'ONG a établi que dans ce contexte, des mineurs étaient interpellés, arrêtés dans des camps ou à des points de contrôle. «Notre plus grande découverte est que les autorités irakiennes et celles du Kurdistan autonome ont inculpé des centaines de mineurs d’actes de terrorisme pour avoir prétendument appartenu à l’Etat islamique. Et ces poursuites s’appuient très souvent sur des accusations fragiles, car elles sont basées de confessions obtenues par la torture de ces enfants», dénonce Ahmed Benchemsi.
Les adolescents avoueraient parfois sous les coups et chocs électriques, puis seraient victimes de procès expéditifs, parfois en langue kurde alors qu’ils ne comprennent que l’arabe. L’ONG a interrogé 29 mineurs arrêtés par le gouvernement du Kurdistan pour des soupçons d’appartenance à Daesh, et ont également questionné les familles de huit autres enfants. Les membres de HRW ont aussi visité des centres de détention dans lesquels les enfants étaient retenus pour les mêmes raisons.
L’ONG a estimé que les autorités irakiennes et le gouvernement régional du Kurdistan d'Irak (KRG) détenaient depuis fin 2018 environ 1 500 mineurs suspectés d’avoir été membres de Daesh. Parmi eux, 185 enfants étrangers ont été condamnés pour des faits de terrorisme à des peines de prison allant jusqu’à 15 ans, selon le gouvernement irakien.
Des condamnations et détentions enfreignant les lois internationales
L’ONG a publié le 6 mars un rapport largement repris par la presse internationale. «Les Irakiens et les autorités kurdes sont clairement au courant de notre rapport, et nous essayons de rester en contact permanent avec eux. Nous espérons qu’ils prendront nos découvertes en considération», explique l'humanitaire à RT.
Quid des adolescents qui auraient réellement combattu aux côtés de l’Etat islamique ? «La loi internationale est très claire : elle considère que les enfants qui sont recrutés par les groupes armés doivent avant tout être considérés comme des victimes, qui doivent être prises en charge et réintégrées dans la société plutôt qu’être emprisonnées et torturées. […] Ceux qui sont suspectés d’avoir commis des crimes et autres infractions violentes devraient bien entendu être jugés, mais selon les lois internationales en vigueur applicables aux mineurs», poursuit Ahmed Benchemsi.
«Notre travail en tant qu’organisation des droits de l’Homme est d’enquêter sur les violations et de les dévoiler aux médias, puis de communiquer avec le pouvoir pour que ces violations soient évaluées et que ce qui peut l’être soit corrigé. Alors nous allons poursuivre nos efforts avec le gouvernement irakien et les autorités kurdes, en espérant qu’ils feront le bon choix», conclut l'humanitaire.
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