L'opposant politique conservateur canadien, Andrew Scheer, a demandé au Premier ministre, Justin Trudeau, de présenter sa démission le 27 février après que l'ancien ministre de la Justice, Jody Wilson-Raybould, a révélé dans un témoignage qu'elle avait subi des pressions de la part du cabinet du Premier ministre pour empêcher des poursuites pénales à l'encontre d'une entreprise.
Justin Trudeau a fait valoir, pour sa part, qu'il voulait éviter les pertes d'emplois qui auraient résulté d'un procès criminel dans l'affaire SNC-Lavalin. L'ancienne ministre de la Justice admet qu'elle n'a pas reçu d'ordre de la part de Justin Trudeau, mais assure qu'elle a subi des pressions qui étaient parfois «extrêmement inappropriées». Lors de son audition, elle a déclaré : «Entre septembre et décembre 2018, j'ai été la cible de pressions constantes et soutenues de la part de membres du gouvernement cherchant à s'ingérer politiquement dans l'exercice du pouvoir discrétionnaire de la poursuite, dans une tentative inappropriée pour que SNC-Lavalin obtienne un accord de réparation. Ces événements impliquent 11 personnes [...] du cabinet du premier ministre, du Conseil privé et du cabinet du ministre des Finances. Cela inclut des conversations en personne, des appels téléphoniques, des courriels et des messages textes. Dans ces conversations ont été exprimées la nécessité d'intervenir dans le dossier de SNC-Lavalin, des conséquences potentielles et des menaces voilées si un accord de réparation n'était pas offert à SNC-Lavalin.»
En conséquence de ce témoignage coup de poing, le dirigeant du parti conservateur a quant à lui estimé que Justin Trudeau avait perdu «l'autorité morale» pour gouverner et a tonné : «Justin Trudeau ne peut simplement pas continuer de gouverner cette grande nation maintenant que les Canadiens savent ce qu’il a fait. C’est pourquoi je demande à Justin Trudeau de démissionner.»
Trudeau assure avoir «toujours agi de façon appropriée»
Interpellé par des journalistes le 27 février lors d'une conférence de presse qui avait pour but de souligner la victoire d'une députée de son camp dans la région de Montréal, le Premier ministre canadien a dû répondre des accusations formulées à son endroit et a assuré que son équipe et lui-même avaient «toujours agi de façon appropriée». Il a toutefois admis qu'il avait discuté de la possible perte de 9 000 emplois à SNC-Lavalin, si la firme d'ingénierie n'obtenait pas d'accord pour éviter un procès criminel. Il a affirmé que, à son sens, cette démarche était légitime : «Nous allons toujours nous concentrer sur les emplois et l'économie [...] Alors que nous gouvernons pour le bien de tous les Canadiens, nous agirons toujours de façon appropriée», a-t-il promis. Et de nier énergiquement toute allégation d'ingérence politique dans cette affaire, après avoir assuré qu'il était «complètement en désaccord avec la caractérisation des événements par l'ex-procureure générale.»
Justin #Trudeau ridiculisé sur les réseaux pour sa «diplomatie de la mode» en #Inde
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Si rien n'empêche le Premier ministre de convoquer des élections anticipées, les Canadiens sont en tout état de cause appelés aux urnes le 21 octobre 2019 pour les élections fédérales qui détermineront l'avenir politique de leur pays. L'opposition conservatrice a-t-elle porté un coup de maître à Justin Trudeau dans cette dernière ligne droite pour reconduire sa politique libérale ? Les prochains mois le diront. Andrew Scheer n'a en tout cas pas boudé son plaisir et a dénoncé, avec emphase, «une culture de la corruption» qui trouverait son origine «au sein du bureau du Premier ministre et ailleurs.»
Le groupe québécois SNC-Lavalin est accusé depuis 2015 de corruption pour avoir versé 48 millions de dollars canadiens de pots de vin (32 millions d'euros) à des responsables libyens du temps de Mouammar Kadhafi, entre 2001 et 2011, pour décrocher d'importants contrats dans ce pays. Or, le groupe québécois, basé à Montréal, est l'un des principaux employeurs privés du pays, avec 9 000 salariés au Canada. En cas de condamnation pénale, SNC-Lavalin se verrait interdire tout contrat public pendant 10 ans au Canada, ce qui menacerait son avenir économique.
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