Les termes de père et mère bientôt discriminants selon le nouveau code de conduite politiquement correct. Des lois qui veulent faire disparaître toute différenciation sexuelle. Des enfants livrés sur l’autel des désirs adultes. Un psychiatre met en garde contre les abus des idéologies nouvelles et l’oubli de certaines règles attachées à la nature de l’homme. On ne joue plus. Interview.
Debout face au sentimentalisme du siècle et à la mode des lois compassionnelles, le Dr Pierre Lévy-Soussan, pédopsychiatre à Paris, qui dirige depuis 10 ans la première consultation française spécialisée dans l'adoption nationale ou internationale, conteste, expérience à l'appui, le dogme naissant de l'homoparentalité comme équivalent à la parentalité.
Besoin de cohérence
Pour Pierre Lévy-Soussan, l'homoparentalité légale est un obstacle à la crédibilité du scénario de l'adoption. L'enfant adopté a un besoin réel de cohérence dans la projection de sa propre filiation. Le remplacement d'un père et d'une mère, comme origine de sa propre existence, ne peut convenir que dans le respect de cette condition essentielle: un père et une mère. Etre un bon éducateur, un parent nourricier, ne suffit pas, il faut être crédible dans sa capacité à être à l'origine de l'enfant.
Même dans le cas des adoptants célibataires, la possibilité de la constitution d'une cellule parentale complète continue d'exister, ce qui n'est plus le cas dans le modèle homoparental. Cette dernière vision condamne toute chance d'accéder à cette seconde naissance, à cette origine restaurée, désirée par l'enfant adopté.
Il y a, par conséquent, un réel danger à valider un modèle parental insensible à toute notion de diversité sexuelle, en tant que deux pères, deux mères, Parent A et Parent B, comme semble le vouloir la législation française à venir. Une perspective impossible aux yeux d'un enfant, Pierre Lévy-Soussan est formel. La nature hétérosexuelle des origines est inscrite, c'est le cas de le dire, dans les gènes de tout enfant.
Réparer la filiation
L'adoption est une institution de filiation, pas question d'y toucher à moins de renoncer à ce qu'est l'adoption. Substituer la parentalité filiative pour une autre, exclusivement « éducative », reviendrait à condamner ces enfants à rechercher leurs vrais parents toute leur vie.
Le cas helvétique est un peu particulier, qui se résigne à ouvrir l'adoption aux partenaires homosexuels de parents célibataires. La réaction de Pierre Lévy-Soussan est vive à l'énoncé de l'argument du Conseil fédéral, selon lequel l'enfant jouirait d'un droit objectif à l'adoption au prétexte d'une égalité de traitement, non pas entre homosexuels et hétérosexuels, mais entre enfants d'homosexuels et enfants d'hétérosexuels. Le pédopsychiatre s'insurge et dénonce un recul de la modernité qui ne voit pas ce qui nous relie tous: « Au nom de quelle modernité priverait-on un enfant d'un accès aux différences dans le scénario de sa naissance, alors que tous les enfants en bénéficient ? ». Ce qui nous relie tous, c'est cette différence, cette altérité. Celui qui prétendra la nier, en briser les chaînes, ne fera guère plus que de contester les évidences et les besoins auxquels notre nature humaine est irrémédiablement sujette. Et de citer Freud, en prophète: « Celui qui promettra à l'humanité de la délivrer de l'embarrassante sujétion sexuelle, quelque sottise qu'il choisisse de dire, sera considéré comme un héros. »
Il conviendra de souligner l'incohérente hypocrisie d'un Conseil fédéral, qui, à l'heure où il présente ses plus plates excuses pour le drame des enfants placés, qu'il reconnaît avoir provoqué un phénomène de réification de l'enfant, d'enfants « chosifiés » (verdingte Kinder), s'apprête à placer à nouveau des orphelins à la disposition d'adultes en mal d'enfants-objets.
Pierre Lévy-Soussan identifie les origines de ce type de revendications dans les années 70: la pratique sexuelle est devenue identitaire et les mouvements militants(1) ont revendiqué, au titre de minorités, les mêmes droits que ce qu'ils identifiaient comme la majorité. « Ils ont radicalisé une pratique sexuelle pour en faire quelque chose d'identitaire ».
A propos de la question de l'ouverture de la procréation médicalement assistée, aussi en question en Suisse malgré les garanties, en 2005, des partisans de la Loi sur le Partenariat, le psychiatre et psychanalyste met en garde contre un risque de changer les médecins en « fournisseurs d'enfants ». « Lorsqu'il y a un droit à l'enfant, il n'y a plus de droit de l'enfant. »
Interview du Dr Pierre Lévy-Soussan (28:49)
(1) A propos des mouvements militants des années 70 et du Front homosexuel d'action révolutionnaire (FHAR), ne manquer sous aucun prétexte le documentaire de la féministe valaisanne Carole Roussopoulos et nos articles publiés sur l'historique de leurs revendications (ici, ici et ici).
Il me vient à l’esprit que le désir d’enfant renvoie à l’histoire d’Abraham et Sarah! Que j’invite à relire en considérant le petit jeu, infantile, quand Sarah met Agar sur ses genoux pour faire comme si c’était elle qui accouchait!
Je suis totalement favorable à la liberté sexuelle de chacune et chacun, cependant on ne peut nier l’évidence qui veut que la procréation soit le fait de la rencontre d’un mâle et d’une femelle dans 99% des espèces et dans 100% des mammifères.
L’homosexsualité n’est pas une déviance choisie ou volontaire, ni une maladie, mais les associations de défense homosexuelles auraient tendances à vouloir nous dicter tout un tas de lois et de règles politiquement correctes à leurs yeux qui sont en train de faire croire qu’ils est tout à fait normal que les gays aient le droit au mariage, à l’adoption ou à la procréation assistée comme toutes les personnes hétérosexuelles.
Ou est le droit de l’enfant? Qui s’inquiète de savoir comment ces enfants vont vivre l’homosexualité de leurs parents (hommes ou femmes). Tout cela me donne l’impression que l’enfant n’est qu’un produit de consommation pour le plaisir de quelques adultes qui nous reprochent de ne pas vouloir les considérer à l’égale des hétérosexuels mais qui eux n’assument pas leur différence avec tout ce qu’elle engendre, pas de descendance, pas de mariage etc…