Éloge de l’assimilation – Critique de l’idéologie migratoire, de Vincent Coussedière

Francis Richard
Resp. Ressources humaines
post_thumb_default

En France, l'assimilation n'est pas un gros mot, de la Révolution jusqu'à 1945, i.e. jusqu'à ce qu'apparaisse l'idéologie migratoire, dont l'artisan fondateur n'est autre que Jean-Paul Sartre.

Par ses écrits, il est en effet le propagandiste d'un programme multiculturaliste de la reconnaissance de l'identité des étrangers et entend faire honte au programme de leur assimilation.

Il est sans doute honteux de sa passivité à l'égard de l'antisémitisme avant la Seconde Guerre mondiale comme pendant l'Occupation. Sa haine de soi se convertit alors en haine des autres.

Pour en fuir les conséquences, dans Réflexions sur la question juive, il ne fait pas tant de différence entre le démocrate et l'antisémite, puisque la démocratie pratique l'assimilation des juifs.

Il y fait même le rapprochement entre la logique de l'assimilation et celle de la destruction. La démocratie aurait ainsi détruit l'identité juive pour la remplacer par une identité nationale.

Il définit l'identité juive par sa seule exclusion et par sa stigmatisation, fait un transfert victimaire du juif, comme modèle de l'opprimé, à tous les autres et va bien au-delà du marxisme:

Il n'entend pas seulement défendre le prolétaire, mais défendre tous les opprimés.

À partir de 1968, trois verrous sont mis pour empêcher de poser politiquement et sereinement la question de l'immigration:

- un verrou affectif: la honte du sort fait aux juifs, aux Noirs, aux colonisés est déplacée sur la figure de l'immigré;

- un verrou théorique: le libéralisme concret 1 remplace l'utopie de la société sans classe par la démocratie des individus reconnaissant l'identité de chacun;

- un verrou militant: les médias et le droit sont investis pour cadenasser la représentation victimaire de l'immigré.

Comme la nécessaire homogénéité nationale est bien mise à mal par cette idéologie migratoire, une tentative de compromis entre celle-ci et l'assimilation est faite. C'est l'intégration.

L'intégration se fonde sur la distinction entre la sphère privée et la sphère publique (contraire à l'islam). Elle échoue en raison du nombre et de la reconnaissance de l'identité de l'immigré.

À l'assimilation, processus naturel, ont succédé d'abord l'intégration, puis maintenant l'inclusion, où des modèles concurrents peuvent coexister, mais aussi longtemps qu'ils s'ignorent...

L'assimilation a fonctionné pendant près de deux siècles parce que l'individu imitait les moeurs nationales dans la mesure où elles étaient désirables et qu'il le faisait sans contrainte.

Ces moeurs avaient été validées par les générations précédentes. Elles avaient fait la preuve de leur solidité et de leur valeur et les contradictions avaient été dépassées spontanément:

En démocratie, suspendu à la règle majoritaire, [l'art politique] suppose [...] une similarité et une homogénéité sociale plus profondes que les divisions qu'il tranche.

Pour éviter violence ou guerre civile, Vincent Coussedière propose de revenir à l'assimilation imitative et de dire ce qu'est un étranger, lui-même le produit d'un processus d'assimilation:

L'étranger est celui qu'on n'imite pas et qui ne nous imite pas au point où nous nous entre-imitons et où lui-même imite ceux qui lui sont semblables.

Il convient également de savoir pourquoi un étranger immigre, s'il le fait par défaut ou par excès d'appartenance: la question n'est pas de savoir s'il va s'assimiler ou pas, mais à quoi.

S'il est assimilable et veut s'assimiler à la société d'accueil 2, il doit avoir un désir d'imitation - une imitation unilatérale de copiste -, admirer le modèle imité et respecter sa supériorité:

Il nous faut retrouver ce sens grec de l'exclusion inclusive: l'étranger doit d'abord être reconnu comme étranger et, exceptionnellement, devenir citoyen, non parce que nous avons une piètre idée de lui, mais parce que nous avons une haute idée de nous-mêmes et des exigences de la citoyenneté.

 

Francis Richard

 

1 - Expression sartrienne signifiant en fait multiculturalisme, autrement dit un mixte de libéralisme et de marxisme...

2 - Le modèle français est une articulation heureuse [...] entre ce qui est hérité de la collectivité [...] et ce qui est le produit de l'action et de l'innovation de l'individu.

 

Éloge de l'assimilation - Critique de l'idéologie migratoire, Vincent Coussedière, 248 pages, Éditions du Rocher

 

Publication commune LesOservateurs.ch et Le blog de Francis Richard

Et vous, qu'en pensez vous ?

Poster un commentaire

Votre commentaire est susceptible d'être modéré, nous vous prions d'être patients.

* Ces champs sont obligatoires

Avertissement! Seuls les commentaires signés par leurs auteurs sont admis, sauf exceptions demandées auprès des Observateurs.ch pour des raisons personnelles ou professionnelles. Les commentaires sont en principe modérés. Toutefois, étant donné le nombre très considérable et en progression fulgurante des commentaires (259'163 commentaires retenus et 79'280 articles publiés, chiffres au 1 décembre 2020), un travail de modération complet et exhaustif est totalement impensable. Notre site invite, par conséquent, les commentateurs à ne pas transgresser les règles élémentaires en vigueur et à se conformer à la loi afin d’éviter tout recours en justice. Le site n’est pas responsable de propos condamnables par la loi et fournira, en cas de demande et dans la mesure du possible, les éléments nécessaires à l’identification des auteurs faisant l’objet d’une procédure judiciaire. Les commentaires n’engagent que leurs auteurs. Le site se réserve, par ailleurs, le droit de supprimer tout commentaire qu’il repérerait comme anonyme et invite plus généralement les commentateurs à s’en tenir à des propos acceptables et non condamnables.

Entrez les deux mots ci-dessous (séparés par un espace). Si vous n'arrivez pas à lire les mots vous pouvez afficher une nouvelle image.