Forum économique mondial à Davos : ne nous trompons pas de cible

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Le forum économique mondial (WEF) s’est ouvert lundi à Davos en Suisse, sur fond de guerre en Ukraine, de crise de la mondialisation et urgence climatique. Les élites politiques et économiques du monde entier se bousculent autour de la figure énigmatique de Klaus Schwab, son fondateur au physique mêlant curieusement la bonhomie de François Hollande à celle de Blofeld dans James Bond.

Gouvernement mondial ? Great Reset ? Entente au sommet pour asservir l’humanité, ou du moins lui imposer une direction en accord avec les intérêts de la « superclasse mondiale » ou au contraire rencontre philantropique entre puissants ?

 

L’influence de Davos est réelle mais ce n’est que de l’influence

Les accusations et les fantasmes vont bon train quand il s’agit d’imaginer l’influence du fameux groupe de Davos sur la direction des États occidentaux. Il suffit de faire une recherche Google pour constater l’influence prêtée à Klaus Schwab et à ses écrits.

Les inquiétudes populaires touchant les ententes au sommet ne sont toutefois pas dénuées de fondements : la coordination mondiale ou du moins occidentale des politiques publiques existe dans beaucoup de secteurs, que ce soit environnemental, sécuritaire ou sanitaire, en particulier via les organismes internationaux (FMI, banque mondiale, OMS, etc.).

Les animateurs du forum controversé sont également des militants qui défendent activement un agenda idéologique alliant « justice sociale », écologie et transformation économique (la quatrième révolution industrielle). Lors de la crise sanitaire, ils ont vu une opportunité de transformation globale du monde pour atteindre leurs fins sans passer par la case « démocratie libérale ». La crise économique, politique et énergétique d’aujourd’hui, à laquelle nos élites mondiales éclairées ne sont pas totalement étrangères, a refroidi un peu leurs ardeurs réformistes et exacerbé le sentiment de dépossession des citoyens ordinaires par ces groupes plus ou moins formels.

Comme tous les pince-fesses internationaux, le WEF attire aussi les génies, les charlatans et les illuminés persuadés d’avoir la possibilité de réorganiser le monde depuis une station de ski en chuchotant à l’oreille des puissants. Il est difficile d’évaluer l’influence de ces individus et de leurs réseaux discrets sans succomber aux sirènes du complotisme ou au contraire, de surévaluer la communication publique des élites qui voudraient nous gouverner. Davos est à la fois un parloir discret et un théâtre mondial où les figures médiatiques se succèdent sans déboucher sur quelque consensus que ce soit.

Dans le domaine sanitaire, on ne peut pas dire que les idées qui ont perlé des arrangements internationaux (où qu’ils se tiennent) aient été géniales  : on pense en particulier à la catastrophe de la gestion de crise sanitaire par les confinements, le pataquès de la campagne vaccinale et l’émergence post-covid d’une société encore plus quadrillé par le Politique et plus fragmentée que jamais. Si la planification gouvernementale est une catastrophe au niveau national, on se demande comment elle pourrait fonctionner au niveau mondial.

Pour parler d’urgence climatique, le forum a invité cette année à la fois Donald Trump et Greta Thunberg, ce qui ne promet pas vraiment autre chose que du spectacle pour amuser les foules. On se souvient que l’année dernière c’était le duo George Soros – Henry Kissinger qui avait assuré le spectacle.

Sur la guerre en Ukraine, il semblerait que nos élites en soit au stade des lamentations. Elle a marqué la fin de la mondialisation économique et du libre-échange et ouvre sur une période sombre de guerres économiques, de protectionnisme et de rivalités exacerbées pour l’hégémonie mondiale. C’est ici le cœur de la philosophie du WEF qui est impacté, le fameux « globalisme », qui double la mondialisation économique d’une volonté d’établir une gouvernance mondiale minimale afin de régler les problèmes jugés planétaires.

On notera au passage, crise de la mondialisation oblige, l’absence de Joe Biden, de Xi Jinping ou encore de Vladimir Poutine pour réaliser cette ambition qu’on peut trouver sinistre quand on ne se trouve pas du côté du manche. L’année 2023 ne sera donc pas celle de Davos comme capitale mondiale du gouvernement global. Caramba, encore raté !

Comme quoi une catastrophe économique réelle, la crise de la mondialisation, peut aussi avoir des effets politiques positifs, la crise de ceux qui voudraient en bénéficier politiquement.

 

Ce n’est pas Davos qui décide mais notre classe politique

Seulement, une remarque un peu basique s’impose. Le forum économique mondial n’a aucun pouvoir de décision réel en France, ni d’ailleurs sur aucun pays dont elle rassemble les élites. Il n’est pas l’exécutif, ne peut pas créer de loi ou employer la coercition étatique pour faire respecter ses mots d’ordre. Il s’agit principalement d’une sorte de salon entre élites mondiales, d’où peuvent émerger accords et désaccords discrets entre puissances étatiques, monde du business et de la finance.

Pour que ses idées se retrouvent au sommet de l’État, il faut que la classe politique nationale les accepte et qu’elle fasse sienne ses grandes orientations.

En d’autres termes, il s’agit de ne pas se tromper de cible : les politiques publiques nationales, qu’elles soient inspirées par les hommes de Davos ou la foultitude de groupes de pression qui se pressent pour quémander des faveurs, sont le produit des décisions de notre personnel politique national. C’est lui qui choisit ou non de les implémenter, de résister ou de céder aux pressions indirectes des lobbies et groupes de pression, et qui est comptable devant le peuple français. Nous résumonsi ici à grands traits l’esprit libéral de la démocratie représentative.

C’est qu’il existe une pente idéologique glissante à fixer son attention sur le WEF, celle de la déresponsabilisation de nos élites politiques locales. Il ne faudrait pas invoquer Klaus Schwab et les hommes de Davos comme la gauche utilise le néolibéralisme, la mondialisation ou encore la finance apatride et vagabonde. Manière subtile de dédouaner un personnel politique national qui depuis plus de 40 ans conduit le pays sur la route de la servitude, ces entités vaporeuses sont surtout invoquées par ceux qui espèrent un jour reprendre la main sur leurs concurrents politiques supranationaux.

 

Extrait de: Source et auteur

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3 commentaires

  1. Posté par miranda le

    DANS LE TEXTE :
    En d’autres termes, il s’agit de ne pas se tromper de cible : les politiques publiques nationales, qu’elles soient inspirées par les hommes de Davos ou la foultitude de groupes de pression qui se pressent pour quémander des faveurs, sont le produit des décisions de notre personnel politique national. C’est lui qui choisit ou non de les implémenter, de résister ou de céder aux pressions indirectes des lobbies et groupes de pression, et qui est comptable devant le peuple français. Nous résumons ici à grands traits l’esprit libéral de la démocratie représentative. fin du texte.

    Oui nos hommes d’état s’inspirent du programme de DAVOS. Mais sont-ils vraiment libres de toute décision? NON.

    DAVOS est un agenda qui masque un autre agenda , celui d’une volonté d’emprise totale des élites américaine sur le monde. Et c’est surtout cette toute puissance relayée par leurs marionnettes qui construit un programme « à l’américaine » dans n’importe quel pays sur cette terre.
    Car la majorité de ses pays vassaux , s’ils faisaient preuve de trop d’indépendance, recevraient une leçon très rapide de la part de l’Amérique. Combien de pays sont tombés par elle, depuis sa création???
    Et l’Amérique a aujourd’hui, tous les moyens technologiques pour faire comprendre à ses vassaux obligés, qu’on ne s’émancipe pas si facilement du maître. C’est très laid, c’est odieux, c’est ignoble, mais c’est ainsi pour le moment.

    Si mes souvenirs sont bons, le Général De Gaulle avait eu trop d’ élans d’émancipation, et on lui a « offert » un mai 68 qui a préparé son exil à Colombey. Mai 68 n’ a pas été trop dévastateur pour le pays.
    Aujourd’hui, la technologie devenue elle aussi « toute puissante » peut remplacer aisément les leçons données jadis aux pays vassaux.

    Seule l’auto-destruction de l’Amérique « qui est en marche » nous libèrera . L’histoire nous l’a toujours démontré : la toute puissance finit toujours par se retourner contre celui qui la porte.
    Car la vie est toujours dans la recherche de l’équilibre. En attendant ce retour à l’équilibre, que de victimes, hélas.

  2. Posté par bobo le

    J’ai aussi une remarque basique, croire que nos états sont dirigés par nos politiques, qu’ils sont démocratiques, que nos élites pensent à notre bien être etc… ah ah ah pourquoi les trois 6 sur le logo 23 du forum ?franchement maintenant après la plandémie si vous croyez en nos élites ,média, médecins de plateaux et autre suppôt de satan ben tant pis pour vous, allez faire votre 5 ième dose et éteignez le Bluetooth de votre portable pour ne pas voir votre adresse mac corporel!!

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