Folie des grandeurs: La Suisse compte supprimer 12 millions de tonnes de CO2 de l’atmosphère par an dès 2050 avec des technologies de captage

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Retirer le CO2 de l’atmosphère et l’enfouir dans le sol. Pour le Giec, ces technologies sont désormais essentielles pour limiter le réchauffement climatique, que ce soit à 1,5 ou 2 degrés. A l’heure où le secteur privé investit des millions dans un business qui s’avère prometteur, le Conseil fédéral s’est doté d’une stratégie pour le captage et le stockage de CO2. Il a calculé que 12 millions de tonnes de gaz à effet de serre devaient être supprimés de l’atmosphère en 2050 afin d’atteindre la neutralité carbone. Enjeux.

1. Objectif zéro émission en 2050

En 2020, la Suisse a émis 43 millions de tonnes équivalent CO2 (contre 53 millions en 1990). Et cela ne concerne par les émissions importées, à travers les biens de consommation par exemple, ni le trafic aérien. Dans trente ans, elle vise des émissions neutres, pour respecter les Accords de Paris. «Le premier pilier, le plus important, est de réduire les émissions au maximum. Mais certaines seront difficiles à éviter, dans les secteurs de l’agriculture, de la cimenterie et de l’incinération des déchets», indique Andrea Burkhardt, responsable de la division climat à l’Office fédéral de l’environnement (Ofev). Le gouvernement compte donc utiliser des technologies d’émission négatives, pour capter le CO2, d’une part à la sortie des installations émettrices et d’autre part directement dans l’atmosphère. Une troisième partie sera captée via la biomasse. Il estime nécessaire de capter et stocker 12 millions de tonnes équivalent CO2 par année dès 2050 pour atteindre un bilan carbone neutre. Sur ce montant, l’industrie et les déchets fossiles représentent 7 millions et l’agriculture 5 millions.

2. Des investissements importants

«Nous sommes au tout début d’un processus, dans une phase pionnière. Il reste trente ans et il était indispensable de mettre en place une stratégie pour donner un cadre à ces technologies», affirme Andrea Burkhardt. L’industrie a compris que les possibilités de profits sont énormes. Précurseuse au niveau mondial, la société zurichoise Climeworks a annoncé en juillet avoir levé 650 millions de dollars auprès d’investisseurs. L’entreprise a mis au point des aspirateurs qui captent le CO2 directement dans l’atmosphère. Elle développe ses activités de stockage en Islande, où le carbone est injecté à 1000 mètres de profondeur et pétrifié lorsqu’il entre en contact avec le basalte. D’autres introduisent le CO2 capté à la sortie des cheminées dans du béton. Mais le coût de ces technologies reste élevé, entre 150 francs et 400 francs la tonne retirée, selon le processus utilisé.

La Confédération a aussi mis la main au porte-monnaie, dans le cadre des fonds pour l’innovation. «Nous n’avons pas de budget réservé pour ces technologies mais nous soutenons des projets pilote. L’idée n’est pas de subventionner les entreprises mais de donner un coup de pouce avant de parvenir à une production industrielle, qui sera moins chère», précise Andrea Burkhardt, sans articuler de montant global dédié à ces technologies. L’Office fédéral de l’énergie a par exemple soutenu un projet pilote de l’EPFZ qui vise d’une part à transporter environ 1000 tonnes de CO2 de Berne jusqu’en Islande pour le stocker et d’autre part à optimiser le stockage de 500 tonnes dans du béton, avec une contribution de 2,64 millions de francs. Les actifs de la fondation Centime climatique – entre 50 et 70 millions de francs – seront également dévolus aux projets du secteur privé consacrés au captage de gaz à effet de serre, selon un accord conclu avec la Confédération en avril dernier.

3. Un stockage en Suisse limité

En théorie, l’objectif est de stocker en priorité le CO2 en Suisse, dans le sous-sol et dans des «produits à longue durée de vie», soit des matériaux de construction. Le potentiel de stockage dans le pays est estimé à 3 millions de tonnes dans des sites géologiques et à 2,5 millions de tonnes dans le béton de démolition. «Des estimations plus récentes tablent toutefois sur un potentiel réalisable nettement plus faible», écrit toutefois le Conseil fédéral dans un rapport publié en mai. Dans le meilleur des cas, la Suisse réussirait donc à stocker à peine la moitié des 12 millions de tonnes de CO2 jugées «inévitables».

Swisstopo développe en collaboration avec les EPF un projet d’exploration pour le stockage géologique, avec un rapport prévu pour 2023. Et tout est à définir. «Qui est compétent pour définir les normes? Qui sera responsable juridiquement des sites de stockage? De nombreuses questions restent ouvertes», relève Andrea Burkhardt. Autre grande inconnue, l’acceptation populaire des projets de stockage.

4. Des visées à l’étranger

La Confédération a donc déjà les yeux rivés vers l’étranger. Notamment vers l’Islande, où l’entreprise suisse Climeworks mène ses projets pharaoniques. «Nous négocions avec les autorités islandaises pour capter du CO2 directement sur place, pour le compte de la Suisse. Nous éviterions ainsi de le transporter», informe Andrea Burkhardt. Il n’existe pour l’instant pas de marché international pour les émissions négatives mais les pays sont libres de faire des accords par voie bilatérale. «Nous devons nous mettre d’accord pour qu’il n’y ait pas de double comptage», relève Andrea Burkhardt.

Au-delà de ces projets, le transport de CO2 fait toujours partie des priorités de la Suisse. Par rail, par route, par bateau et par pipeline, toutes les options sont examinées. «La solution la moins chère passe par un pipeline. Des discussions sont en cours au sein de l’Union européenne, des investisseurs ont mis de l’argent à disposition», indique Andrea Burkhardt. La cheffe de la division climat de l’Ofev appelle toutefois à ne pas surestimer le potentiel des émissions négatives. «Le pire serait que les Etats et les entreprises renoncent à réduire leurs émissions. Cela doit rester la priorité», assène-t-elle.

«Déplacer du CO2 à travers l’Europe n’a pas de sens»

«Nous sommes condamnés à utiliser ces technologies, inabouties et chères. C’est tragique, mais on en est plus au stade de se demander si c’est bien ou pas. Vu que pour les scientifiques du Giec, on ne peut pas faire sans, il faut se préparer et vite», affirme la conseillère aux Etats verte Adèle Thorens. Pour les Vert·es, qui ont thématisé la question au parlement, ces technologies pourraient même permettre à la Suisse d’avoir un bilan climatique positif dès 2040, soit de capter plus d’émissions qu’elle en rejette. «Comme pays développé, nous avons une responsabilité historique», défend Adèle Thorrens. Voilà pour le soutien. Mais les Vert·es restent critiques concernant la stratégie du Conseil fédéral. «Déplacer du CO2 à travers toute l’Europe n’a pas de sens. Chaque pays utilisera son sous-sol pour ses propres intérêts. Le Conseil fédéral se fait des illusions en pensant qu’il pourra stocker à l’étranger», réagit la conseillère aux Etats.

Le chiffre de douze millions de tonnes de CO2 inévitables avancé par le Conseil fédéral est surévalué, selon elle. Pour les Vert·es, les techniques naturelles de captage doivent être privilégiées, notamment en développant les zones humides, qui peuvent fonctionner comme puits de carbone, et par des pratiques agroécologiques. «La réduction des émissions doit rester prioritaire. Ces technologies de captage doivent être utilisées lorsqu’elles peuvent être réalisées avec de l’énergie propre», juge Adèle Thorens.

Greenpeace se montre plus radicale. «Capter le CO2 doit être utilisé en dernier recours. Le potentiel pour la réduction des émissions est énorme, c’est là qu’il faut investir», défend Nathan Solothurnmann, expert des questions climatiques pour l’organisation environnementale. Il appelle à des transformations non seulement dans la mobilité et le logement mais aussi dans l’agriculture. «Un des grands problèmes est l’élevage de bovins, qui émet une grande quantité de méthane», illustre-t-il en appelant à diminuer la consommation de viande et de produits laitiers.

Quant aux déchets, qui s’élèvent à 700 kilos par personnes et par an en Suisse, ils doivent impérativement être réduits, selon Greenpeace. «Il faut mettre la priorité sur un changement d’habitude, avant de penser à capter les gaz à effet de serre dans l’atmosphère», poursuit-il. Les émissions importées, qui ne sont pas comptabilisées, sont plus de deux fois plus nombreuses que les émissions intérieures.

N’est-il pas trop tard pour renoncer à ces technologies d’émissions négatives? «Nous devons utiliser en premier lieu le potentiel de captage naturel, comme le biochar, charbon de bois qui peut aussi servir à la fertilisation des terres agricoles», affirme Nathan Solothurnmann. SDT

source: https://lecourrier.ch/2022/08/08/co2-le-captage-inevitable/

6 commentaires

  1. Posté par miranda le

    CA LES DERANGERAIT d’aller s’informer, se documenter sur la réelle fonction du CO2 ou bien sont-ils manipulés au point de ne plus avoir de cerveau en bon état de fonctionnement.
    Alors on va un peu leur conseiller d’aller mettre le nez dans des livres et témoignages.. (plus loin)
    Nous sommes aussi dans le siècle du retour des idéologies, de la puissance des idéologies. On aimerait bien aussi percer le mystère de cette puissance sur les esprits, de cette capture des esprits et du risque que cela engendre de se voir mener vers une décadence civilisationnelle et matérielle profonde par ces « ENVOUTés » de l’idéologie.

    ll suffit de leur présenter « un thème » avec ferveur, obstination, répétition en ne négligeant pas d’y introduire LA PEUR » et cela parvient à en faire des acharnés de l’idéologie.

    Est-ce que ces ouvrages vont éveiller leur curiosité ?
    1)merci au CO2: Impact climatique et conséquences : quelques points de repères Broché –
    de François Gervais
    2)L’Imposture Climatique FL
    de Claude Allègre
    3)L’important c’est le CO2
    de Michaël Trabbia (Auteur)
    4) Le CO2 est bon pour la planète: Climat, la grande manipulation
    de Christian Gerondeau (Auteur)
    5)la religion écologiste: Climat, CO2, hydrogène : la réalité et la fiction
    de Christian Gerondeau
    6) Carbone connexion
    Aline Robert (Auteur) Le casse du siècle
    7)D’argent et de sang. Le roman vrai de la mafia du CO2
    8)CO2 : un mythe planétaire – Christian Gerondeau – Babelio
    9)Les douze mensonges du GIEC
    Christian Gerondeau (Auteur) La religion écologiste 2 Tome 2
    10)Valoriser le CO2
    de Chakib Bouallou (Auteur)
    11) Co2 : Du Pass Sanitaire au Pass Co2: Le Grand Bullshit !
    de Christophe Paroni (Auteur)
    S’ils osent consacrer du temps à ces lectures, peut-être accéderont-ils à un minimum de raisonnement.

  2. Posté par antoine le

    Le captage et de stockage géologique de CO2 (CSC) coûte env. 100$ la tonne de CO2 !
    https://www.challenges.fr/green-economie/les-solutions-de-captage-et-de-stockage-de-co2-en-manque-de-financement_791731
    Extraire le CO2 des fumées, le comprimer, le transporter par bateau (ou par canalisation) puis de l ‘injecter dans des cavernes ou des couches géologiques, toutes ces actions doivent forcément consommer de l’énergie … est-ce que cette énergie est TOTALEMENT DÉCARBONÉE ?
    J’en doute fort … c’est le serpent qui se mord la queue !
    Fort coûteux, inefficace vis-à-vis du climat et inutile !

  3. Posté par Sergio le

    Le jour, où désespéré, je ne saurais plus que faire, je lirai le Courrier.

  4. Posté par Ral Bol le

    La surpopulation est le problème dans notre pays point barre !!

  5. Posté par antoine le

     »Vu que pour les scientifiques du Giec, on ne peut pas faire sans, il faut se préparer et vite», affirme la conseillère aux Etats verte Adèle Thorens. »
    Le GIEC est une entité POLITIQUE, pas scientifique ! Mme A. Thorens devrait se renseigner !
    D’autre part, capter du CO2 atmosphérique SANS consommer de l’énergie (électricité ?) est une UTOPIE.
    En réalité on va consommer des Mégawatts pour extraire du CO2 de l’atmosphère … !!??
    Est-ce que les politicards arrivent à réfléchir ?
    Le CO2 est un gaz de VIE ! Sans CO2 pas de monde végétal donc pas de monde animal et encore moins d’êtres humains …
    La COP26 de Glasgow s’est terminée en queue de poisson ! La Chine et l’Inde n’ont pas accepter la fin de l’utilisation du charbon … ils vont continuer à l’utiliser jusqu’en 2030 puis ils réfléchiront s’ils peuvent s’en passer. Entre temps toutes les 2 semaines ils inaugurent une centrale à charbon …
    Et on n’est pas à une contradiction près; la taxonomie de l’UE concernant l’énergie nucléaire et les centrales à gaz les définissent comme des énergies VERTES !!
    Le gaz, si on en aura encore, dégage du CO2 en brûlant … !!
    Lire:
     »L’urgence climatique est un leurre » de F. Gervais
    https://www.payot.ch/Detail/9782810008513
    On se dirige vers une escroquerie au niveau mondial !
    Depuis 25-30 ans l’Allemagne avec son Energiewende (tournant énergétique) a dépensé env. 520 milliards d’Euros pour les énergies renouvelables (photovoltaïque et éolien). Le CO2 n’a PAS diminué; celui-ci continue d’augmenter !
    Le photovoltaïque et l’éolien (terrestre et marin) ne couvrent que 29,6% de l’ÉNERGIE totale consommée en Allemagne.
    https://allemagne-energies.com/2022/01/16/allemagne-les-chiffres-cles-de-lenergie-en-2021/
    Sans stockage de l’énergie intermittente, le solaire et l’éolien doit être consommer immédiatement ce qui est un sérieux handicape !!
    Lorsque l’énergie intermittente est stockée dans des barrages (turbinage/pompage), le coût au kWh explose littéralement.
    Pour que le marché de l’électricité se stabilise et évolue sainement, il faut arrêter de subventionner les énergies renouvelables qui faussent la libre concurrence, qui enrichissent les lobby et qui vident les caisses de l’État !

  6. Posté par G. Vuilliomenet le

    La sensibilité climatique du CO2 est de 0,24°C, c’est-à-dire qu’en doublant le taux de CO2 (en passant de 400 à 800ppm) vous avez une augmentation de la température globale de 0,24°C.
    Donc, nous allons jeter l’argent par les fenêtres (pas pour tout le monde) pour satisfaire les délires des réchauffistes.

    https://eike-klima-energie.eu/2017/07/23/schweizer-physiker-ipcc-hypothesen-vergewaltigen-die-realitaet-co2-nur-ein-sehr-schwaches-treibhausgas/

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