Chaque Européen devrait connaître la tragédie de Trianon, celle d’un pays qui a été complètement démembré

"Et là où les enfants du pays ne se sacrifient pas pour la nation,
la nation périra."

Eva Orban – Le 4 juin 1920, il y a 102 ans, dans le Grand Palais de Trianon qui appartient au complexe des châteaux de Versailles, les grandes puissances ont imposé unilatéralement aux Hongrois le diktat de « paix » le plus injuste de tous les temps, appliquant le principe de la culpabilité collective. Seule la Hongrie s'est vu refuser le droit à l'autodétermination, tandis que les pays environnants ont pu s'agrandir sans réserve aux dépens de la Hongrie, par l'annexion de territoires qui nous appartenaient.

La Hongrie est le seul pays au monde qui se trouve entièrement bordé de ses propres ex-territoires nationaux. À Trianon, elle a perdu 2/3 de son territoire et plus d'1/3 de ses habitants.

Dans l'histoire du monde, il n'y a pas un seul exemple de la tragédie que les Hongrois ont subie dans le bassin des Carpates, non seulement pour eux-mêmes mais aussi pour l'Europe chrétienne, qu'ils avaient défendue contre les Turcs et les Tartares pendant des siècles.

Ce diktat honteux a malheureusement été confirmé par le traité hongrois de Paris de 1947.

Le texte du diktat de Trianon a été initialement publié en français, anglais et italien. Les textes en français et en anglais comportaient également une clause qui est toujours passée sous silence.

Ces clauses font mention d'un référendum sur les territoires annexés après un certain temps.

Les traductions hongroises publiées n'incluent malheureusement pas ces clauses. Il aurait été très important que le gouvernement hongrois ait le courage de les rendre publiques avant le 100e anniversaire. En effet, des accords séparés avaient été conclus par les grandes puissances avec les pays voisins qui ont reçu nos territoires – plusieurs années avant que le texte du diktat ne soit finalisé – afin de garantir les droits politiques et culturels des populations hongroises annexées.

Les problèmes issus du démembrement tragique opéré il y a 102 ans ne sont toujours pas résolus.
La partie de la nation hongroise qui a subsisté en tant que Hongrie après le démembrement a dû observer tous les points du diktat et le fait encore aujourd'hui.
Au contraire, les États successeurs, dans les parties hongroises qui leur ont été annexées, n'ont pas du tout respecté leurs obligations découlant du diktat de Trianon et des traités et conventions des pays concernés, telles que l'autodétermination, l'utilisation de la langue, l'éducation et bien d'autres domaines.
Ainsi, la Roumanie n'a pas respecté les résolutions du document roumain qui a vu le jour en 1918 à Gyulifehérvár. Après la Seconde Guerre mondiale, un véritable génocide a eu lieu contre la population hongroise. Des centaines de milliers de personnes ont été chassées de leur terre, des dizaines de milliers ont été emmenées, battues à mort, fusillées dans des fosses communes. […]

De 1945 à 1956, la Transylvanie a passé pratiquement sous contrôle militaire soviétique, ce qui a stoppé l'impitoyable génocide hongrois du côté roumain. Ce n'est qu'après l'échec de la guerre d'indépendance de 1956 que la Transylvanie est retombée complètement entre les mains des Roumains, rendant impossible une éventuelle initiative de renégociation.

János Kádár a qualifié d'injuste le diktat de paix lors de la réunion d'Helsinki en 1975, avanta de se rendre en Roumanie. Mais nous avons attendu en vain que les problèmes issus de Trianon apparaissent également dans les négociations, car le gouvernement de l'époque avait un point de vue différent.

Ces événements tragiques ne sont toujours pas présents dans la conscience publique aujourd'hui. Des générations ont grandi sans connaître la véritable histoire de leur patrie au XXe siècle, et plus précisément ils n'ont pas pu la connaître.

Peu de gens savent que la Transcarpatie n'était pas, à l'origine, rattachée à l'« Ukraine ». Malheureusement, il y a encore aujourd'hui des Hongrois en Hongrie qui considèrent que les Hongrois vivant dans les zones annexées sont Ukrainiens, Roumains ou Serbes.

À la fin du XXe siècle, les frontières de certains pays européens ont été redessinées. Ainsi, la RDA et l'Allemagne de l'Ouest ont été réunies, ce que nous, les Hongrois, avons facilité, et il y a eu un fractionnement de la Tchécoslovaquie, de l'Union Soviétique et de la Yougoslavie.

Il est étonnant que les politiciens hongrois, lorsqu'ils en ont eu l'occasion, non seulement n'aient pas représenté les intérêts de la nation hongroise, mais aient agi à l'encontre de ceux-ci.

Un exemple en est József Antall, lorsque, après l'activité du ministre des Affaires étrangères Géza Jeszenszky, il a signé les dispositions du traité fondamental hongrois-ukrainien, malgré le fait qu'il aurait été possible de récupérer la Transcarpatie. En effet, lors du démantèlement de l'Union soviétique, le gouvernement Antall s'est vu offrir la Transcarpatie, une offre dont le refus a été considéré par beaucoup comme une trahison de la patrie.

Lors du référendum organisé en Transcarpatie, la population a réclamé l'autonomie, qu'elle n'a pas obtenue à ce jour. Mais on pourrait aussi évoquer la région du sud (Délvidék), lors de l'éclatement de la Yougoslavie, pour laquelle István Csurka s'est exprimé au Parlement de l'époque.

Plus de 30 ans se sont écoulés depuis la période appelée « changement de régime », et nulle part du côté hongrois, il n'y a eu d'activité de fond majeure sur cette question. En Slovaquie, les habitants hongrois sont constamment discriminés en termes d'utilisation de la langue et de citoyenneté. Les décrets Beneš sont toujours en vigueur aujourd'hui, mais cela n'a pas été un obstacle à l'adhésion du pays à l'Union européenne. Dans l'Union européenne, la protection des minorités est considérée comme une affaire interne des pays concernés, surtout s'il s'agit d'une minorité hongroise, contrairement aux minorités d'autres pays.

Des abus à caractère ethnique ont eu lieu à maintes reprises dans le Délvidék, mais aussi dans le Felvidék (Slovaquie), et il y a eu récemment des privations de propriété  à motivation ethnique dans le Felvidék en vertu de la loi Beneš, qui ont même fait parler d'eux à Bruxelles.

Ce fut un geste surprenant quand, deux jours avant le 100e anniversaire, le Premier ministre slovaque Igor Matovič a invité 100 personnalités publiques hongroises au château de Bratislava – le même lieu où on allait commémorer le 4 juin – pour une rencontre dont la devise était: "Nous n'avons pas écrit le passé, mais l'avenir est entre nos mains."

En Roumanie, il y a de plus en plus de problèmes dans tous les domaines qui concernent les Hongrois.

Des politiciens hongrois en Transylvanie ont été emprisonnés sur des accusations fabriquées, des nationalistes extrémistes roumains ont profané le cimetière militaire hongrois d'Úzvölgye en toute impunité, et l'association nationaliste extrémiste Calea Neamului (La Voie de la Nation), connue pour son rôle dans la profanation du cimetière d'Úzvölgye, s'est rendue à Sepsiszentgyörgy pour y célébrer par provocation le centenaire du diktat de paix de Trianon. Entretemps, il a été établi par la justice que le cimetière militaire d'Úzvölgye est un cimetière hongrois. Le cimetière militaire roumain est situé à un autre endroit. Mais ils se préparent de nouveau cette année à une provocation au cimetière d'Úzvölgye.

Malheureusement, le gouvernement hongrois n'a pas été assez déterminé pour résoudre les problèmes. À plusieurs reprises, il a sonné la retraite au nom d'une politique de « bon voisinage », contrairement à la position inacceptable des pays voisins.

Il devient de plus en plus courant que des Hongrois vivant dans les territoires perdus soient physiquement maltraités au motif de leur ethnie. Récemment, en particulier en Transcarpatie (la région donnée à l'Ukraine), il y a eu plusieurs attaques indignes contre des monuments et des statues hongrois. Une mairie hongroise a également été incendiée. Et la loi linguistique sur l'éducation ukrainienne est inacceptable.

Les extrémistes ukrainiens se sont déjà permis de dire : "Poignardez les Hongrois !" Maintenant, à cause la guerre, ce sont de préférence les hommes hongrois qu'ils envoient mourir pour l'Ukraine.

Un exemple à suivre serait l'action déterminée du ministre des Affaires étrangères Péter Szijjártó en ce qui concerne la Transcarpatie, la Transylvanie et les autres zones annexées.

En fait, même la plupart des députés ont un triste manque de connaissances historiques factuelles. Ce n'est pas un hasard si le référendum du 5 décembre 2004 était une initiative civile, torpillée par le gouvernement de l'époque et un nombre important de compatriotes, trompant la population par un flot de mensonges. C'est ce que le gouvernement Fidesz-KDNP a voulu compenser en accordant la citoyenneté hongroise.

Aujourd'hui, des commémorations de Trianon ont lieu le 4 juin dans de plus en plus de localités à l'intérieur des frontières de la Hongrie. Faute de connaissance de la langue maternelle et de l'histoire, des « fêtes » sont parfois organisées, ce qui est une absurdité si l'on connaît les faits. Une nation ne peut pas célébrer sa propre tragédie, sa mutilation, sa condamnation à mort, une telle date ne peut être commémorée que comme un deuil national. Aujourd'hui, on appelle cette date la "Journée de l'unité nationale", en hommage à cette nation hongroise qui a été déchirée par le diktat du 4 juin 1920 puis par la "Paix de Paris" en 1947.

Le Service national de défense des droits accorde constamment une attention particulière à ces questions.

En plus des analyses historiques, il cherche une issue, une possibilité de solution à la situation actuelle. L'autodétermination est un droit fondamental, qui doit être accordé également aux Hongrois des territoires détachés, comme aux autres peuples des États successeurs. Cela inclut la question des démarches à mener pour arriver à l'autonomie, pour laquelle il faut lutter.

Le gouvernement hongrois doit enfin soutenir ouvertement et de plus en plus ces efforts.

La mémoire nationale semble également commencer à renaître. De nos jours, de plus en plus de lieux récupèrent des détails et des reliques de l'oubli ou des ombres sombres du passé. Les inscriptions du Trianon réapparaissent sur les monuments rebaptisés. De nouveaux monuments ont aussi été érigés.

Le jeu de symboles de la tragédie hongroise de Trianon n'a pas changé non plus, il est presque identique à celui de l'entre-deux-guerres.
La raison évidente en est que l'essentiel de Trianon n'a pas changé depuis 102 ans.
C'est le calvaire de la nation hongroise crucifiée, qui espère la vérité de la résurrection, comme elle l'a fait avec le Sauveur crucifié, Jésus-Christ. C'est pourquoi la plupart des monuments publics ont un caractère sacré, une croix ou un Golgotha ​​avec l'inscription Trianon ou une carte de la Grande Hongrie. Ou bien, devant le monument de marbre blanc, une figure de femme noire, brisée et désespérée marque la tragédie nationale.

Un autre symbole permanent est la souche d'arbre, évoquant l'arbre de vie qui reverdit. C'est un motif très ancien, que l'on retrouve aussi dans la poésie hongroise, depuis Benedek Virág en passant par Dániel Berzsenyi et jusqu'à nos jours. La souche d'arbre comme symbole d'une nation dont les racines sont encore rongées et détruites par les vers – c'est-à-dire ses propres enfants. Parmi les monuments récents, on trouve également des pierres tombales. Les compositions sculpturales sont très significatives.

Nombreux sont ceux qui souhaitent depuis longtemps que le monument central de Trianon, érigé dans la capitale en 1928, soit réinstallé à son emplacement d'origine – là où se trouve actuellement, de manière indigne et humiliante, sur la place (dite) de la Liberté, un monument héroïque à l'armée soviétique (et non russe) qui a occupé la Hongrie à plusieurs reprises, en se faisant passer pour des libérateurs, en nous humiliant et en nous déshonorant dans notre identité nationale et notre humanité, et en répandant des mensonges historiques pour la postérité. Ce monument-là devrait se trouver dans un cimetière depuis près de trente ans.

La réinstallation du monument central de Trianon a été demandée à plusieurs reprises par l'organisation locale de l'Association mondiale des Hongrois, la Société de Trianon, ainsi que de nombreuses autres organisations non gouvernementales.
Il y a eu plusieurs manifestations pour la cause, malheureusement en vain. L'Institut d'histoire de l'Académie hongroise des sciences, hérité de l'ère Kádár, n'a pas recommandé à la municipalité du 5e arrondissement d'accepter le déplacement du monument –un refus lié à son « orientation idéologique ».
L'Institut a cité comme arguments les relations de bon voisinage et l'intégration européenne.
Cependant, vous pouvez voir maintenant ce que l'UE a fait de l'Europe.

Pendant cde temps, la Société de Trianon, avec les ONG d'alors et encore aujourd'hui, s'emploie à redonner à la place son état d'origine.

Il y a des monuments rappelant Trianon dans plus d'une centaine de places publiques en Hongrie, dont la plupart sont situées sur les routes et les collines des localités. Et il y en a plus de trois cents dans le monde.

Nous espérons également que le jour viendra où le drapeau national et les quatre statues représentant les territoires détachés se dresseront à nouveau sur la place de la Liberté à Budapest avec l'horloge fleurie. Ce n'est pas un hasard si la fête de Csíksomlyó (lieu de pélerinage en Transylvanie) tombe également ce jour-là cette année.

"Reine céleste" de la nation hongroise, que Dieu se souvienne de nous et nous aide!

Les paroles d'István Schless, qui a fait tant de sacrifices pour le monument de Trianon à Nagykanizsa, sont toujours d'actualité :

«Là où le père ne se sacrifie pas pour sa famille, la famille s'effondrera. Et là où les enfants du pays ne se sacrifient pas pour la nation, la nation périra.»

Et ceux qui sont Hongrois non seulement de nationalité mais de cœur ne peuvent pas vouloir cela!

Source: https://internetfigyelo.com/orban-eva-a-trianoni-diktatumot-minden-europainak-illene-ismernie-egy-orszag-mely-koros-korul-onmagaval-hataros/

Traduction libre: Albert Coroz

Source de la carte: https://internetfigyelo.com/kdnp-magyarorszag-kesz-kiallni-igazaert-es-kepviselni-minden-magyar-erdeket/

Un commentaire

  1. Posté par antoine le

    Vu que l’Histoire n’est plus enseignée, les adolescents d’aujourd’hui doivent apprendre eux-mêmes le sens de ces tragédies du passé !!

Et vous, qu'en pensez vous ?

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