27 mai 2022
Abdel-Hakim Ourghi n'en croit pas ses yeux lorsqu'il feuillette ce livre à la mosquée centrale de Cologne, "Grundwissen für Frauen - Gemäß der hanaftischen Madhab" (Connaissances de base pour les femmes, selon la madhab hanafite – l'école juridique sunnite dominante, ndlr). Sur 527 pages, l’ouvrage explique aux musulmanes ce qu'est une vie conforme à l'islam. Par exemple, qu'elles ne peuvent se faire soigner par un médecin masculin "que si c'est vraiment nécessaire", que "la vie mixte de la femme et de l'homme a toujours conduit à la décadence des sociétés" et que le voile protège du cancer de la peau.
Ce livre publié à Bochum représente même un danger mortel pour un homme et une femme qui se trouveraienet seuls dans une pièce. Car il y a alors de la "zina" dans l'air. Zina est le mot arabe pour la fornication et l'adultère.
Ce qui attend les musulmans "qui font la zina" est expliqué aux pages 467-468 : les célibataires reçoivent 100 coups de bâton, les adultères risquent pire : "L'islam a apporté comme punition pour les hommes et les femmes mariés ainsi que pour les veuves et les veufs la lapidation à mort." Ailleurs, il est question de 100 coups de bâton avant la lapidation. Les érudits islamiques sont "entièrement d'accord" sur ce point.
Le jihad pour la domination du monde
Le livre, traduit du turc, consacre un long chapitre au djihad. L'auteur, Raul Pehlivan, résume ainsi ce dont il s'agit : "Le jihad signifie s'engager à l'extrême, avec sa vie, ses biens et sa langue, pour la domination de l'islam sur le monde". Le djihad est un devoir pour tous les musulmans. Concernant l'attitude à adopter face à un gouvernement de kouffar (mécréants), on lit p. 334 : "L'obligation et l'attitude à adopter face à un tel gouvernement ... consistent à essayer de changer ce gouvernement et de mettre fin à son existence". L'objectif de domination mondiale est réaffirmé ailleurs : Le djihad est mené "pour établir sur la face de la terre entière le règne de la vérité".
Le livre est disponible dans de nombreuses librairies turques en Autriche et en Allemagne. Il est également disponible sur Amazon. La librairie Aziziye de Vienne l'a retiré de son offre après une demande du Volksblatt.
Sous la responsabilité d’Erdogan
La vente à la mosquée centrale de Cologne est politiquement explosive. La mosquée appartient à l'Union turco-islamique pour les affaireas religieuses (Ditib), qui dépend de l'Office turc des affaires religieuses (Diyanet). Celui-ci dépend à son tour directement du président Recep Tayyip Erdogan. Un coup d'œil dans la bibliothèque en ligne de Diyanet montre que l'édition turque de "Connaissances de base pour les femmes" ("Büyük Kadın İlmihali") fait partie de ses ouvrages de référence.
L’‘occidentophobie’ islamiste
L'islamologue libéral Ourghi est horrifié. "Cette diatribe", dit le pédagogue religieux de Fribourg-en-Brisgau, "sert un objectif principal du conservatisme islamique radicalisé, à savoir la propagation d'une 'occidentophobie' latente". Les modes de pensée, de vie et de gouvernement occidentaux seraient, aux yeux des islamistes, "incompatibles avec les enseignements de l'islam". Selon Ourghi, ils présentent la culture de l'Occident comme "malade" dans le but de créer une identité islamique. L'islam, "seule vraie religion", serait le seul remède et le seul moyen de s'en protéger. Ourghi déclare au Volksblatt : "Le conservatisme islamique radicalisé veut fabriquer des préjugés contre les acquis de la culture occidentale et les faire circuler dans les communautés musulmanes".
Ditib - du moins sur son site Internet - se présente comme pro-occidental : "Nous nous reconnaissons dans l'ordre fondamental libéral et démocratique". Les "Connaissances de base pour les femmes" vendues dans la mosquée ne s'inscrvent certes pas tout à fait dans cette ligne.
Par Manfred Maurer
Traduction libre Cenator
Article complet en allemand : Volksblatt.at / en anglais : Medforth
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