La neutralité de la Suisse et la guerre en Ukraine 2

Francis Richard
Resp. Ressources humaines
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Le 6 août 2014, je publiais un article sur La neutralité de la Suisse et la guerre en Ukraine. J'y rappelais que la neutralité de la Suisse trouvait son origine dans la défaite de Marignan (1515) à partir de laquelle fut mis fin à la politique d'expansion des Confédérés.

 

Après une courte période, entre 1798 et 1815, la neutralité de la Suisse a toujours été effective, jusqu'en 1989. Depuis, notamment à la suite de son adhésion à l'ONU en 2002, la neutralité suisse d'absolue est devenue de plus en plus relative, bien que deux articles de la Constitution suisse stipulent qu'elle doive être préservée.

 

Ainsi l'article 173 de la Constitution précise-t-il que la première des tâches et compétences de l’Assemblée fédérale est de prendre les mesures nécessaires pour préserver la sécurité extérieure, l’indépendance et la neutralité de la Suisse.

 

Ainsi l'article 185 de la Constitution précise-t-il dans son premier alinéa que le Conseil fédéral prend des mesures pour préserver la sécurité extérieure, l’indépendance et la neutralité de la Suisse.

 

Ce qu'est, ou n'est pas, la neutralité de la Suisse n'est toutefois pas inscrit dans la Constitution, ce qui - c'est regrettable - permet à d'aucuns de dire et/ou de faire n'importe quoi à son sujet, à d'autres de la violer carrément en relativisant la neutralité, en la rendant prétendument flexible.

 

Déjà en 2014, au moment de l'annexion de la Crimée, la Suisse a pris des sanctions économiques contre la Russie, assimilables à de véritables actes de guerre 1, emboîtant le pas aux États-Unis et à l'Union européenne.

 

À l'époque, il ne s'agissait pas encore de rapprochement de la Suisse avec l'OTAN, comme le souhaite la Cheffe du Département de la Défense Viola Amherd, représentant le Centre, ou de rattachement à cette organisation militaire comme le voudrait le président du Parti Libéral Radical Thierry Burcart.

 

À l'époque, il ne s'agissait pas non plus d'exporter des armes et des munitions à l'un des belligérants, en plein conflit, c'est-à-dire de favoriser un soi-disant Camp du Bien contre ce qui serait le Camp du Mal.

 

À titre individuel, un Suisse peut avoir une opinion sur le conflit, condamner l'invasion de l'Ukraine par Vladimir Poutine et/ou en rechercher les causes profondes, mais les autorités suisses ont le devoir constitutionnel et moral de préserver la neutralité du pays.

 

En effet la neutralité de la Suisse originelle lui a permis d'assurer sa cohésion intérieure, de rester à l'écart des conflits, de poursuivre des échanges avec des belligérants, de remplir au XXe siècle une fonction d'équilibre européen, d'offrir ses bons offices 1.

 

Cet abandon progressif de la neutralité de la Suisse, qui se traduit aujourd'hui par un parti pris effectif du pays pour l'un des belligérants contre un autre, est donc contraire à la fois à la sécurité et au bien-être des habitants de la Suisse et à l'instauration d'un dialogue de paix entre les nations.

 

Alors que, pendant plus de deux siècles, tant bien que mal, la Suisse a su conserver ce rôle de médiateur entre les nations, il serait dommageable aussi bien pour les habitants de la Suisse que pour les pays occidentaux d'y renoncer réellement, définitivement.

 

À défaut de médiation de la Suisse, orfèvre en la matière, entre l'Occident, d'une part, et la Chine, l'Inde et la Russie, d'autre part, c'est le monde qui pourrait en subir les conséquences et la Suisse, en premier lieu, petit pays de Guillaume Tell, qui ne pèse lourd dans ce concert que par son indépendance et sa neutralité.

 

Francis Richard

 

1 - Citation de mon article évoqué plus haut.

 

5 commentaires

  1. Posté par aldo le

    L’obsession anti-neutralité est la conséquence de l’importance de plus en plus évidente de la corruption politique jusqu’au Palais fédéral. UNE CORRUPTION D’AUTANT PLUS AISÉE QUE LA PRESSE EST A LA BOTTE ET QUE LE COÛT SERA PAYE PAR LES SUISSES PIEDS ET POINGS LIES PAR DES ACCORDS TOUJOURS PLUS « SUISSIDAIRES » AVEC L’EUROPE. L’UErss puisera dans les poches des Suisses force taxes et impôts confiscatoires, juste pour se rembourser et un peu plus… de plus en plus un peu plus.

    Gageons que notre ministre de la santé aura assuré ses arrières après ses déconvenues avec le BitCoin et qu’il partagera son expérience avec ses collègues qui doivent être très intéressés puisqu’ il y a encore tant de profits souterrains à faire avec les nouveaux vaccins liés aux nouvelles épidémies, l’armement lié aux nouvelles guerres, les pauvres ukrainiens et leur permis S mis en cause, sans nous donner de véritables informations sur les causes et cette gabegie organisée dans notre dos. Et sans compter sur les 20 millions d’Africains affamés prêts à nous envahir et dénoncés par Matteo Salvini. https://is.gd/TpENPV

    Pour rappel les bolchéviques qui ont succédé aux Princes de Russie et n’ont fait que de continuer de spolier les Peuples d’une autre manière. Un Prince de Russie avait épousé une riche héritière dotée de 50’000 esclaves « libérés » par la Révolution mais exploités d’un autre manière par les communistes, ce qui explique la chute de l’Urss et ses oligarques débordant de fortunes colossales exactement comme les Prince de Russie. En Suisse l’autre manière existe avec les mêmes impostures depuis des dizaines d’années sans rémunérations donc revalorisation de l’AVS, tout en institutionnalisant l’absence de rémunération de l’épargne. Là encore, les brigands à l’origine des invasions migratoires permanentes et des naturalisations spontanées ont favorisé d’autres astuces pour pouvoir se servir encore mieux avec le 2ème, 3ème 4ème piliers. (piller?) . Et là on a encore fait gober avec un sérieux cynisme, que les enfants payaient pour les parents, alors qu’il a bien fallut puiser à quelque part pour commencer à servir les premières rentes. On voit bien la petite peste antifa Greta payer pour ses parents…

  2. Posté par maury le

    Selon plusieurs représentants politiques ukrainiens un désaccord important a éclaté entre le président Zelensky et son chef d’Etat Major le Lieutenant Général Zaloujny à propos de la stratégie à adopter dans le secteur de Severodonetsk.

    Pour le clown-président il faut que les 15 000 hommes de la garnison s’enferment dans les villes de Severodonetsk et Lisichansk et résistent jusqu’à la dernière goutte de sang. Pour le militaire connu pour sa pondération il faut prioritairement préserver la vie des soldats en les repliant sur Slaviansk et Kramatorsk aux enjeux stratégiques plus importants plutôt que de les sacrifier dans des villes qui sont factuellement déjà condamnées.

    Cette dichotomie kiévienne de l’appareil exécutif d’un Banderistan à la dérive montre bien que les intérêts étrangers défendus par le pouvoir politique sont de moins en moins compatibles avec ceux défendus par les forces de défense nationale.

    D’un côté Zelensky se moque éperdument des résultats finaux des opérations militaires, du moment qu’elles participent aux objectifs de la stratégie étasunienne qui a mis en place à Kiev ce pouvoir fantoche et entièrement dépendant de Washington, tant sur le plan politique, économique que structurel et dont les objectifs actuels après celui d’avoir provoquer un conflit militaire sont

    – Isoler le Russie au maximum au sein des instances internationales,

    – Engager contre elle une attrition militaire et économique sur la durée,

    – Renforcer et étendre l’OTAN militaire et politique en Europe,

    – Imposer aux européens une dépendance économique au marché mondial etc…

    Et pour tenter d’obtenir ces résultats exclusivement mondialistes, Biden – et donc Zelensky qui n’est que son pantin – n’ont que faire d’y devoir sacrifier les soldats ukrainiens mais aussi des civils, des infrastructures économiques et résidentielles et tout bonnement un pays entier…

    De l’autre côté Zaloujny qui est responsable de la Défense nationale ukrainienne sait par formation et expérience que son principal outil de combat n’est pas le matériel, contrairement aux fantasmes emballant les aides militaires occidentales, mais l’humain et dont il voit fondre les effectifs et le moral comme neige au soleil. Ce lieutenant général sait que le sacrifice militaire n’est acceptable que pour des objectifs militaires.

    Ici intervient certainement le retour d’expérience de la reddition de la garnison de Marioupol qu’une propagande ukro-atlantiste saugrenue tente de travestir la défaite en martyre héroïque, mais qui sur terrain ne trompe personne. Car la réalité est que la garnison de Marioupol, dont la perte était inévitable, n’a su résister que 82 jours (dont les 20 derniers jours terrée dans Azovstal) fixant les forces russes autour de la ville pendant un temps trop court pour rentabiliser militairement son sacrifice.

    Or le bastion urbain de Severodonetsk / Lisichansk, dont la garnison est sensiblement de même importance (15 000 hommes) est également voué à tomber et de plus beaucoup plus difficile à défendre (Marioupol avait l’avantage d’être adossé à la mer d’Azov). Pour le chef d’Etat Major des forces ukrainiennes comme pour le simple soldat qui y est posté, le jeu n’en vaut pas la chandelle !

    Si cette querelle au sommet continue elle risque de provoquer soit un remplacement du chef d’Etat Major ukrainien par un soldat plus politique, soit un coup d’Etat militaire renversant Zelensky pour engager un armistice avec la Russie pour « sauver les meubles » de l’incendie allumé par Washington sur le Maidan il y a 8 ans et qui consume aujourd’hui toute l’Ukraine.

    Ce différent montre d’une part l’absurdité de confier la conduite d’opérations militaires à des civils n’ayant aucune compétence stratégique et pour qui le soldat n’est qu’un pion sacrifiable, et l’asservissement suicidaire du pouvoir ukrainien – et dans son sillage des pouvoirs occidentaux – aux intérêts militaro-industriels étasuniens.

    Car la désintégration tragique de l’Ukraine risque bien de s’étendre à toute l’Europe. Economiquement elle a déjà commencé et la désintégration si l’intégration de la Finlande dans l’OTAN est actée achevant ainsi l’extension du conflit vers une guerre mondiale, alors la désintégration sera également militaire !.

    Voilà l’inéluctable destinée des peuples dirigés par des communautarismes religieux, ethniques ou culturels ou des idéologies nationalistes, bolcheviques ou mondialistes. Seul le sens commun et le pragmatisme devraient guider les décisions et les relations humaines et géopolitiques. Ainsi par exemple la Russie, dont ce sont les militaires et non les politiques qui conduisent les opérations militaires, qui a devant l’échec de ses objectifs dans le secteur de Kiev n’a pas persisté à y sacrifier des soldats, préférant varianter le chemin de sa stratégie, certes plus long mais la conduisant vers la victoire sur l’OTAN et non dans des impasses fanatiques.

    Erwan Castel
    Publié par Erwan Castel à 5/20/2022 07:15:00 AM: ERWAN AUTEUR, OPERATION « Z », POLITIQUE UKR

  3. Posté par antoine le

    Nous avons au Conseil Fédéral une conseillère Mme V. Amherd qui veut en faire qu’à sa tête !
    Faire partie de l’ONU (le grand machin !) sert aussi à condamner certaines actions donc à mettre notre NEUTRALITÉ aux oubliettes !
    Celle qui pense que la Suisse doit adhérer à l’OTAN devrait relire notre Constitution : notre NEUTRALITÉ n’est PAS négociable !
    On ne peut pas être à la fois garant de la Constitution et tenir un langage à l’opposé !

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