Le féminisme expliqué aux étudiants en sociologie

marxisme culturel féminisme

Théorie féministe : un résumé pour la sociologie de niveau A

Introduction - Les bases

  • L'inégalité entre les hommes et les femmes est universelle et est la principale forme d'inégalité.
  • Les normes de genre sont socialement construites et non pas déterminées par la biologie, elles peuvent donc être modifiées.
  • Le patriarcat est la principale cause de l'inégalité entre les sexes - les femmes sont subordonnées parce que les hommes ont plus de pouvoir.
  • Le féminisme est un mouvement politique ; il existe pour rectifier les inégalités sexuelles, bien que les stratégies de changement social varient énormément.
  • Il existe quatre types de féminisme : radical, marxiste, libéral et différentialiste.

Féminisme radical

  • L'exploitation des femmes est la faute des hommes. Ce sont principalement les hommes qui ont profité de la subordination des femmes. Les femmes sont « un groupe opprimé » .
  • La société est patriarcale – elle est dominée et gouvernée par les hommes – les hommes sont la classe dirigeante et les femmes la classe soumise.
  • Le viol, la violence et la pornographie sont des méthodes par lesquelles les hommes ont assuré et maintenu leur pouvoir sur les femmes. Andrea Dworkin (1981).
  • Les féministes radicales ont souvent participé activement à la création et à la gestion de refuges pour les femmes victimes de violences masculines.
  • Rosemarie Tong (1998) distingue deux groupes de féministes radicales :
  • Les féministes radicales-libertaires croient qu'il est à la fois possible et souhaitable que les différences entre les sexes soient éradiquées, ou du moins fortement réduites, et visent un état d'androgynie dans lequel les hommes et les femmes ne seraient pas significativement différents.
  • Les féministes radicales-culturelles croient en la supériorité du féminin. Selon Tong, les féministes culturelles radicales célèbrent les caractéristiques associées à la féminité, telles que l'émotion, et sont hostiles aux caractéristiques associées à la masculinité, telles que la hiérarchie.
  • Les diverses alternatives suggérées par les féministes radicales comprennent le séparatisme - les communes réservées aux femmes et les ménages matrifocaux. Certaines pratiquent également le lesbianisme politique et le célibat politique car elles considèrent les relations hétérosexuelles comme « coucher avec l'ennemi ».

Féminisme marxiste

  • C'est le capitalisme plutôt que le patriarcat qui est la principale source d'oppression des femmes, et les capitalistes en sont les principaux bénéficiaires.
  • La subordination des femmes joue plusieurs fonctions importantes pour le capitalisme :
  • Les femmes reproduisent gratuitement la force de travail (la socialisation se fait gratuitement).
  • Les femmes absorbent la colère – elles font que les maris continuent à travailler.
  • Comme le mari doit subvenir aux besoins de sa femme et de ses enfants, il est plus dépendant de son travail et risque moins d'exiger des augmentations de salaire.
  • La famille nucléaire traditionnelle remplit également la fonction de «conditionnement idéologique» - elle enseigne les idées dont la classe capitaliste a besoin pour que ses futurs travailleurs soient passifs.
  • La position défavorisée des femmes est vue comme une conséquence de l'émergence de la propriété privée et du fait qu’elles ne sont pas propriétaires des moyens de production.
  • Les féministes marxistes sont plus sensibles aux différences entre les femmes de la classe dirigeante et les familles prolétaires. Selon elles,  il existe un champ considérable de coopération entre les femmes et les hommes de la classe ouvrière et les deux peuvent travailler ensemble.
  • Dans la société communiste, les féministes marxistes croient que les inégalités entre les sexes disparaîtront.

Féminisme libéral

  • Personne ne profite des inégalités existantes: les hommes comme les femmes sont lésés.
  • L'explication de l'inégalité entre les sexes ne réside pas tant dans les structures et les institutions de la société que dans sa culture et ses valeurs.
  • La socialisation dans les rôles de genre a pour conséquence de produire des attentes rigides et inflexibles à l'égard des hommes et des femmes.
  • C'est la discrimination qui empêche les femmes d'avoir des chances égales.
  • Les féministes libérales ne cherchent pas des changements révolutionnaires: elles veulent que des changements aient lieu au sein de la structure existante.
  • La création de l'égalité des chances est l'objectif principal des féministes libérales – par exemple la loi sur la discrimination sexuelle et la loi sur l'égalité de rémunération.
  • Les féministes libérales tentent d'éradiquer le sexisme des livres pour enfants et des médias.
  • Les idées féministes libérales ont probablement eu le plus d'impact sur la vie des femmes – par exemple, l'intégration a eu lieu.

Féminisme de la différence ou postmoderne

  • Il ne faut pas considérer les femmes comme un seul groupe homogène. Hommes de couleur/ Femmes de couleur.
  • Reproche à la théorie féministe précédente de revendiquer une «fausse universalité» (blanche hétérosexuelle occidentale de classe moyenne).
  • Reproche à la théorie féministe précédente d’être essentialiste.
  • Reproche à la théorie féministe précédente de faire partie du projet masculiniste des Lumières.
  • Le féminisme postmoderne est concerné par le langage (discours) et la relation entre pouvoir et savoir plutôt que par «la politique et les opportunités».
  • Hélène Cixous – un exemple de théoricienne postmoderne/ déstabilisatrice.

Critique des théories féministes

Féminisme marxiste

  1. Les féministes radicales ignorent d'autres sources d'inégalité telles que la violence sexuelle.
  2. Les systèmes patriarcaux existaient avant le capitalisme, p. ex. dans les sociétés tribales.
  3. L'expérience des femmes n'a pas été particulièrement heureuse sous le communisme.

Féminisme libéral

  1. Est basé sur des hypothèses et des normes masculines telles que l'individualisme et la compétition, et encourage les femmes à ressembler davantage aux hommes et, par conséquent, nie la « valeur des qualités traditionnellement associées aux femmes telles que l'empathie ».
  2. Est accusé de privilégier la vie publique au détriment de la vie privée.
  3. Pour les féministes radicales ou marxistes, le féminisme libéral ne tient pas compte des inégalités structurelles plus profondes.
  4. Pour le féminisme de la différence, le féminisme libéral représente une perspective ethnocentrique, basée principalement sur les expériences des femmes instruites de la classe moyenne.

Féminisme radical

  1. Le concept de patriarcat a été critiqué pour ignorer les variations dans l'expérience de l'oppression.
  2. Pour certains critiques, il se concentre trop sur les expériences négatives des femmes, ne reconnaissant pas que certaines femmes peuvent avoir des mariages heureux, par exemple.
  3. Tend à dépeindre les femmes comme universellement bonnes et les hommes comme universellement mauvais. A été accusé de haine des hommes et de ne faire confiance à aucun homme.

Féminisme de la différence

  1. Sylvia Walby: les femmes continuent d'être opprimées par des structures sociales objectives - à savoir le patriarcat.
  2. Diviser les femmes en sous-groupes affaiblit le mouvement pour le changement.

Sources utilisées pour rédiger cet article:

  • Haralambos et Holborn (2013) – Sociology Themes and Perspectives, 8e édition, Collins. ISBN-10 : 0007597479
  • Chapman et al (2016) - A Level Sociology Student Book Two, 4e édition, Collins. ISBN-10 : 0007597495
  • Robb Webb et al (2016) AQA A Level Sociology Book 2, Napier Press. ISBN-10 : 0954007921

Article similaire (en anglais): Perspectives féministes sur la famille

Source:   Feminist Theory: A Summary for A-Level Sociology

Traduction: Carla Montet

3 commentaires

  1. Posté par Longway le

    Le féminisme tend malheureusement à être l’égale du machisme… La misandrie est un tabou.

  2. Posté par baechler le

    Je regrette l’absence de l’évocation de la division du travail (ou des tâches quotidiennes) induite par la rudesse de certains travaux en milieu rural, avant la Révolution industrielle (et par conséquent du développement des machines et de la motorisation). Pour autant il faut souligner le fait que dans certains pays, durant les dernières Grandes Guerres en Europe, les femmes ont démontré leur capacité à effectuer des travaux lourds habituellement accomplis par les hommes (entre autres pour la fabrication industrielle des armements ou encore pour remplacer les hommes dans le monde paysan) lorsque les soldats combattaient.
    Pour ma part je m’interroge quant à un retour éventuel à une division du travail antérieure, dès le moment où les milliards de consommateurs quotidiens de pétrole que nous sommes auront épuisé cette ressource qui deviendra rare à un rythme bien plus rapide que d’aucuns l’imaginent ? (Mais qui sait – peut-être verrons-nous bientôt des tracteurs, des moissonneuses-batteuses et des machines de bûcheronnage, fonctionnant avec des moteurs alimentés par des batteries…)

  3. Posté par antoine le

     »Joli » programme.
    Euh … ils ont oublié, ces théoriciens, que nous vivons ensembles et en couples depuis des millénaires …
    Apparemment, tout le monde y a trouvé son compte.

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