Vers une « fin du monde » misérable

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Une des plus graves menaces pour l’avenir de l’humanité est illustrée dans le film Je suis ton homme de Maria Schrader (Ich bin dein Mensch, 2021), qui explore le dilemme moral qui nous attend dans un avenir pas si lointain: faut-il autoriser le mariage entre un humain et un robot? Le film met en lumière que cela ne saurait pas être autorisé, car ce jour-là ce serait la fin du monde.

Je suis ton homme, de Maria Schrader, une comédie romantique de science-fiction sortie en 2021, n’est pas drôle du tout. Car le spectateur sent que ce qu’il voit n’est pas une perspective lointaine, mais un futur très proche. Ainsi, même les scènes qui seraient relativement drôles deviennent amères parce que le spectateur, vers le milieu du film, est envahi par la crainte que ce qu’il voit devienne réalité. Il est facile d’imaginer une romance amoureuse entre un humain et un robot. Ce qui s’avère être le premier jour de la misérable et effrayante fin du monde.

Le personnage principal du film est Alma, une archéologue qui travaille au musée de Pergame à Berlin. Elle a été chargée - parce qu’elle vit seule, mais est une chercheuse respectée, intelligente et consciente du poids des questions morales - de rédiger un avis sur la question de savoir si les robots devraient être autorisés à épouser des humains. Pour acquérir une expérience pratique, elle doit vivre avec un robot masculin pendant trois semaines. L’entreprise qui fabrique des robots humanoïdes lui rend la tâche un peu plus difficile en produisant un robot qui correspond à son idéal masculin. Non seulement Alma obtient le compagnon de ses rêves en termes d’apparence physique, mais en plus c’est un homme totalement coopératif et obéissant pour ce qui est du comportement. On se souviendra longtemps de Maren Eggert, l’actrice qui joue Alma, car son regard dans le film est le même que celui du spectateur: méfiant, étonné, apeuré.

Le film de Maria Schrader n’est pas drôle, mais il est très intelligent. Dès la première minute, la scientifique sait ce qu’il faut penser du mariage entre l’humain et le robot, et heureusement, cela ne change pas jusqu’à la fin du film. Il s’agit de ce qui se passe lorsque vous êtes avec un partenaire qui répond à tous vos désirs. Cela semble amusant au début. Plus de disputes, plus de querelles, vous obtenez ce que vous voulez. La femme du film trouve le partenaire de danse idéal, l’homme qui lui dit des mots gentils, qui l’attend avec un petit-déjeuner ou un dîner romantique, qui lui prépare un bain de pétales de rose après une journée fatigante, où elle peut manger des fraises en écoutant une musique enchanteresse. Les créateurs vont jusqu’à l’extrême: même au lit, il fait ce qu’il doit faire, peut-être même plus. Pourtant, Alma, l’archéologue, n’aime pas l’homme de rêve. Sans dynamique, il n’y a pas de libido féminine.

Le film montre joliment que sans la force et l’énergie des hommes, tout cela ne mène à rien. À quoi bon faire un œuf à la coque parfait pour quelqu’un qui n’en mange pas, puisqu’il suffit de changer l’huile de ses articulations? Et c’est cette histoire d’œuf à la coque qui fait capoter toute l’affaire. Car une relation de couple où l’on ne fait que recevoir est un enfer.

Si l’on ne peut pas donner, à quoi bon vivre?

L’idée profonde du film, c’est que le mariage entre un humain et un robot n’est pas admissible, car Alma pense que cela détruira le réseau social de l’humain qui vit avec un robot.

En clair, c’est une voie directe pour devenir sociopathe. Une partie de l’essence des relations humaines, c’est que nous sommes parfois en désaccord les uns avec les autres. Si nous créons un monde dans lequel le désaccord n’existe pas, nous deviendrons fous. Ou nous nous dégraderons. Mais le principal problème, et ce n’est pas un hasard, c’est que l’humanité s’éteindra, car aucun enfant ne naîtra. Seul l’ego humain, l’égoïsme humain, grandiront jusqu’à prendre une ampleur ingérable.

Quoi qu’il en soit, voilà enfin un film qui permettra à chaque femme de se sentir beaucoup mieux avec l’homme de sa vie, en se disant que c’est une bonne chose que les hommes soient si imparfaits.

Et les robots ont leur place là où Alma, la scientifique du film, les a placés dès le premier instant: dans le placard, à côté de l’aspirateur.

Image en une: Scène du film - une relation où l’on ne fait que recevoir sans pouvoir donner est un enfer (Cirko Film)

Source: https://magyarnemzet.hu/kultura/2022/01/nyomorusagos-vilagvege-jon

Traduction: Cenator

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Voir extraits: Je suis ton homme

Ich bin dein Mensch | Clip | Berlinale 2021
Berlinale - Festival international du film de Berlin
Un extrait de "Je suis ton homme" (Ich bin dein Mensch) de Maria Schrader, avec Maren Eggert, Dan Stevens, Sandra Hüller, Hans Löw, Wolfgang Hübsch, Annika Meier, Falilou Seck, Jürgen Tarrach, Henriette Richter-Röhl et Monika Oschek.

 

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Des robots humanoïdes existent déjà…

Ameca - un robot dont le réalisme fait froid dans le dos

https://www.youtube.com/watch?v=IPukuYb9xWw&t=41s

Le Parisien – C’est la star du salon de la tech de Las Vegas. Présenté pour la première fois au public, Ameca est le robot humanoïde le plus réaliste et avancé au monde. Il est capable de reproduire les expressions du visage humain et de faire des mouvements de base assez naturels. C’est une avancée révolutionnaire en matière d'intelligence artificielle (IA), qui pourrait d’ici quelques années, cohabiter avec les humains.

Ameca: le robot aux expressions faciales impressionnantes au #CES2022

Vidéos. Au salon de la tech de Las Vegas, des robots humanoïdes bluffants de réalisme et troublants

Un commentaire

  1. Posté par Serguei le

    Tellement vrai et… pas forcément futuriste… Malheureusement. Et finalement les perdantes (je dis bien les perdantes) seront les femmes (toutes les femmes même celles y étant opposées) et ce bien évidemment en accord avec tous les Déviants (lgbtqr+, etc, etc) s’y rapportant.
    Comme les hommes vivent moins longtemps ils auront de temps à perdre et le vrai futur… Lui… Reprendra ses droits.

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