Kathleen Stock, lesbienne et militante féministe, dernière victime du «wokisme» britannique, Le Figaro, 6.11.2021

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Kathleen Stock, lesbienne et militante féministe, dernière victime du «wokisme» britannique

Par Le Figaro, 06.11.2021

 

«Stock dégage» ou «Plus de Stock» : à l'université de Sussex, une campagne a été menée contre une professeur de philosophie, Kathleen Stocke, dont les travaux ne conviennent pas à la doxa «woke». 

RÉCIT - La professeur de philosophie a démissionné de l'université de Sussex après des semaines de pressions. Ses positions jugées transphobes sur l'importance du sexe biologique révèlent une fracture grandissante au sein des militants LGBT.

Kathleen Stock a fini pas jeter l'éponge. Le 12 octobre, cette professeur de philosophie a présenté sa démission de l'université de Sussex après des semaines de harcèlement. Dans une interview à la BBC, elle qui fut et reste une ardente militante féministe des droits des personnes homosexuelles, critique une mouvance «woke» totalitaire et dénonce les lâchetés de l'université britannique.

 

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Tout commence en janvier 2021 quand Kathleen Stock est accusée de transphobie par six cents universitaires, dans une lettre qui s'oppose à ce qu'elle reçoive l'Ordre de l'Empire britannique. En octobre 2021, une campagne étudiante appelle à son licenciement. Sur le campus de l'université, les étudiants brandissaient des pancartes réclamant sa démission, sur les murs de l’établissement des affiches l'accuse de transphobie, durant les cours, ses collègues reprennent ces accusations et sur Twitter des hordes d'étudiants la harcèle. «Il y a un petit groupe de personnes qui sont absolument opposées au genre de choses que je dis, mais au lieu d'engager une discussion avec moi, fondée sur la raison, des preuves et des méthodes scientifiques traditionnelles, elles racontent à leurs étudiants que je fais du mal aux étudiants trans», expliquait-elle à la BBC.

Kathleen Stock a témoigné de la violence de ce harcèlement. «C'était comme une sorte de rêve d'anxiété surréaliste et terrible... raconte-t-elle. Voir votre nom collé sur chaque mur… Tous les yeux rivés sur vous et tous les doigts qui semblent pointer vers vous... C'est comme une sorte d'expérience médiévale», expliquait-elle.

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Le sexe biologique compte

Son tort ? Avoir défendu dans son travail et notamment son dernier livre, Material Girls. Why reality matters for feminism Fille matérielle. Pourquoi la réalité compte pour le féminisme») l'importance et l'irréductibilité de la réalité biologique des êtres humains. Kathleen Stock s'oppose frontalement à une certaine doxa LGBT qui veut que l'identification de genre soit la seule donnée importante pour qualifier une personne.

Pour certains militants LGBT, une femme trans (née homme) est une femme, au même titre qu'une femme née femme. Par conséquent, refuser une relation sexuelle avec une femme trans (même si elle n'a pas été opérée des organes génitaux) pour une lesbienne est transphobe. Pour les tenants de cette position, critiquer cette idée - comme le fait Kathleen Stock - est donc non seulement l'apanage de «fétichistes des organes génitaux», mais aussi fondamentalement transphobe.

Culture de la peur et de la victimisation

Dans un billet publié sur son blog, la professeure se rappelle une époque révolue où la liberté régnait sur le campus de son université. «Qu'est-ce qui a changé sur le campus au cours de la dernière décennie ? se demande-t-elle. C'est la façon dont la technologie - le plus évidemment les médias sociaux - a permis à quelques étudiants ayant des tendances totalitaires d'avoir un effet dissuasif disproportionné sur tous les autres. Les jeunes ont peur de dire ce qu'ils pensent.»

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Au sein de l'Université britannique et de la sienne en particulier, elle critique ardemment les nouvelles pédagogies qui font le lit de la victimisation. «Les groupes EDI (c'est-à-dire “Égalité, diversité et inclusion”) bombardent les professeurs et les étudiants d'initiatives : surveiller de près le matériel pédagogique pour le langage «insensible», faire preuve de «bienveillance» et «d'inclusivité», émettre des avertissements de déclenchement, «dénoncer» l'injustice perçue, être un «spectateur actif», et d'autres instructions fortement moralisées et nébuleuses, qui bien sûr peuvent chacune être interprétées de manières très différentes selon les sensibilités subjectives», écrit-elle.

Libération de la parole

Kathleen Stock dit d'être sentie bien seule face à ses harceleurs. Elle dénonce la complicité de certains de ses collègues et la passivité de la direction de l'université. Au micro de la BBC, elle confiait que son «point de basculement personnel» est intervenu après que son propre syndicat a exigé une enquête sur sa transphobie après les manifestations. «La déclaration de ma propre branche syndicale soutenait les manifestants et montrait implicitement qu'ils pensaient que j'étais transphobe et accusaient l'Université du Sussex de transphobie institutionnelle», déclarait Kathleen Stock. «Quand les membres du comité syndical soutiennent l'intimidation contre vous en tant qu'employé, c'est un coup dur.»

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L'expérience de Kathleen Stock a cependant libéré la parole au sein de l'université britannique. Dans le Sunday Times, l'emprise et la violence du mouvement «woke» au sein des universités concernant les questions de transidentité sont dénoncées par des enseignants. Deux cents signataires témoignent dans une tribune des menaces, intimidations, pétitions auxquelles ils ont dû faire face, toutes menées par des élèves et des personnels des universités.

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Un commentaire

  1. Posté par CQFD le

    L’Université en tant qu’espace d’objectivité et de science n’existe plus dans les sciences dites humaines et sociales, c’est devenu le repaire d’une secte. La faute à une société qui a laissé les socialistes s’emparer de l’instruction publique. Les dégâts sont déjà irréversibles. Parce qu’admettre qu’à l’université l’on discute le fait que  » refuser une relation sexuelle avec une femme trans (même si elle n’a pas été opérée des organes génitaux) » c’est pour une lesbienne être transphobe, montre que l’Université elle-même a perdu tout contact avec la réalité et qu’elle est profondément malade. A ce niveau là c’est probablement sans espoir et sans retour, c’est incurable.

Et vous, qu'en pensez vous ?

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