Nucléaire ? Oui, merci !

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ECONOMIE

Nucléaire ? Oui, merci !

Pour atteindre la neutralité carbone à moindre coût, la France doit concentrer ses efforts sur les énergies renouvelables, mais surtout ne pas se passer du nucléaire qui est pertinent économiquement.

Par Frédéric Paya, Valeurs Actuelles

Publié le 26 octobre 2021

Saint-Vulbas : centrale nucléaire le Bugey, production de l’électricité dans le département de l’Ain. Photo © Mourad ALLILI/SIPA

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Réseau de transport d’électricité (RTE) vient de publier un rapport dont les conclusions promettent de s’inviter dans les débats rassemblant les candidats à l’élection présidentielle puisqu’ils vont être obligés de se ranger du côté des pro ou anti-nucléaire. La contrainte énergétique est connue : « La France a pour objectif d’être neutre en carbone d’ici 2050. » En clair, cela veut dire que les  émissions de gaz à effet de serre doivent être inférieures aux quantités de gaz à effet de serre absorbées sur le territoire français (écosystèmes ou certains procédés industriels).

Pour y arriver, il est évident qu’il faut réduire, voire même sortir des énergies fossiles. C’est une affaire de longue haleine puisque « environ 60 % de l’énergie utilisée est d’origine fossile : il s’agit principalement des produits pétroliers (de l’ordre de 40 %), du gaz naturel (de l’ordre de 20 %) et du charbon (moins de 1 %) », explique le gestionnaire du réseau qui souligne la caractéristique française : « Un parc de 56 réacteurs nucléaires mis en service de manière très rapprochée entre la fin des années 1970 et le début des années 1990, et qui se sont ajoutés à une base de production hydraulique déjà importante. » C’était une réponse industrielle aux chocs pétroliers pour assurer l’autonomie énergétique autant que possible : c’est aujourd’hui un atout pour lutter contre le changement climatique car ces deux sources d’énergie sont décarbonées. À ce point, RTE entend bien dissiper un malentendu sur la part du nucléaire dans le mix énergétique français puisque « si le nucléaire représente bien 70 % de l’électricité produite en France, il représente moins de 20 % de l’énergie finale utilisée par les Français ».

En 2050, il faudra répondre à une consommation d’électricité de 645 TWh (globalement la consommation énergétique diminuera). Sur ce montant, 500 TWh proviennent aujourd’hui d’une production décarbonée. « La marche à franchir est beaucoup moins haute que dans d’autres pays (l’Allemagne produit aujourd’hui environ 300 TWh d’électricité bas-carbone, le Royaume-Uni près de 200 TWh, l’Italie près de 100 TWh, alors que tous ces pays européens envisagent des consommations d’électricité de l’ordre de 600-800 TWh dans trente ans) », constate RTE. Or le parc nucléaire est aussi vieillissant et atteint l’échéance de 40 ans de fonctionnement qui avait été initialement prévue.

À court et moyen terme, la fermeture ou non des centrales relève avant tout d’un choix politique tandis qu’à moyen terme, il s’agit d’une (sacrée) contrainte industrielle : « En plus de soutenir l’augmentation prévue de la consommation d’électricité, l’appareil de production français devra profondément se renouveler pour remplacer une production annuelle de l’ordre de 380-400 TWh », explique RTE, pour qui « ces choix apparaissent d’une ampleur similaire à ceux réalisés lors des chocs pétroliers dans les années 1970 ».

Dans son étude, le gestionnaire de réseau passe en revue plusieurs options allant d’un mix « renouvelable et nucléaire » au « 100 % renouvelable à terme » – alors que le coût des réacteurs de troisième génération augmente et celui des énergies renouvelables diminue, et que s’il existe toujours une opposition au nucléaire liée au risque d’accidents et aux déchets tandis qu’au sujet des énergies renouvelables, des controverses de plus en plus importantes émergent quant à leur aspect sociétal et environnemental. Certains scénarios étudiés reposent notamment sur une prolongation à 60 ans, de la durée de vie du parc nucléaire existant et la construction jusqu’à 14 EPR et quelques SMR (réacteurs modulaires de petite taille).

RTE conclut que l’objectif de neutralité carbone sera impossible à atteindre sans un développement significatif des énergies renouvelables, notamment les parcs solaires et éoliens. Pour autant, poursuit le gestionnaire de réseau, « construire de nouveaux réacteurs nucléaires est pertinent du point de vue économique, a fortiori quand cela permet de conserver un parc d’une quarantaine de GW en 2050 (nucléaire existant et nouveau nucléaire) ».

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