Les Taliban remercient le monde pour l’aide promise et appellent Washington à se montrer généreux

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Les Taliban ont remercié le 14 septembre la communauté internationale après une réunion d'urgence qui a permis la veille de réunir 1,2 milliard de dollars pour l'Afghanistan, promis à une catastrophe humanitaire si les bailleurs ne se mobilisent pas.

«Nous remercions et saluons l'engagement du monde [...] et leur demandons de poursuivre leur aide à l'Afghanistan», a déclaré Amir Khan Muttaqi, ministre des Affaires étrangères du nouveau gouvernement afghan.

Depuis le retour au pouvoir des Taliban le 15 août, l'Afghanistan est en partie à l'arrêt, notamment en raison de l'interruption des flux financiers avec l'étranger qui perfusaient une économie sinistrée par plus de 40 ans de guerres.

L'ONU a fait savoir le 13 septembre que les Etats donateurs s'étaient engagés à verser au total 1,2 milliard de dollars (environ un milliard d'euros) d'aide à l'Afghanistan, sans toutefois préciser le montant qui serait alloué spécifiquement à l'aide d'urgence.

«L'Emirat islamique fera de son mieux pour donner cette aide aux personnes dans le besoin de manière totalement transparente», a assuré Amir Khan Muttaqi. La situation devient critique pour des millions d'Afghans, déjà affectés par une sécheresse aiguë et les conséquences de la pandémie de Covid-19, en plus des séquelles de décennies de guerre. Selon l'ONU, en l'absence de soutien, la quasi-totalité de la population afghane (97%) risque de basculer sous le seuil de pauvreté en 2022, contre 72% aujourd'hui.

Les Taliban demandent aux Etats-Unis de faire preuve de «générosité»

Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a poussé le 13 septembre la communauté internationale à dialoguer avec les Taliban, quand nombre de pays refusaient jusqu'alors de fournir directement de l'aide au nouveau gouvernement pour tenter de le faire plier.

The people of Afghanistan are facing a humanitarian calamity.

This is the time for the international community to extend a lifeline and do everything we can – and everything we owe – to help them hold on to hope. https://t.co/ZX1koiribx

— António Guterres (@antonioguterres) September 13, 2021

«Si nous voulons faire progresser les droits de l'homme pour le peuple afghan, le meilleur moyen est d'aller de l'avant avec l'aide humanitaire» et de s'en servir comme d'un «levier» pour «tous les autres aspects qui préoccupent la communauté internationale», a-t-il argumenté, citant notamment «le terrorisme», «la drogue» ou les droits humains. Les Etats-Unis, qui ont dépensé 2 000 milliards de dollars en 20 ans de conflit afghan, n'ont toutefois promis que 64 millions pour l'initiative onusienne.

L'Amérique est un grand pays, ils doivent faire preuve de générosité

Le chef de la diplomatie afghane les a invités à aller au-delà : «L'Amérique est un grand pays, ils doivent faire preuve de générosité». «L'Emirat islamique [a] aidé les Etats-Unis en facilitant leurs évacuations», a ajouté Amir Khan Muttaqi, évoquant les plus de 123 000 personnes exfiltrées d'Afghanistan fin août lors d'un gigantesque pont aérien, «mais au lieu de remerciements, ils parlent d'imposer des sanctions sur notre peuple».

Le chaotique retrait américain d'Afghanistan continue de générer de fortes polémiques aux Etats-Unis. Le 13 septembre, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a dû le défendre devant un Congrès remonté, où les élus républicains ont dénoncé une «reddition inconditionnelle» face aux Taliban. «Nous avons hérité d'une date butoir, nous n'avons pas hérité d'un plan», a-t-il objecté, en référence à l'accord de retrait signé en février 2020 à Doha par l'administration du président Donald Trump (2017-2021) en échange de promesses talibanes.

Les Taliban souhaitent convaincre d'un adoucissement de leur mode de gouvernement

Les Taliban ont annoncé la semaine du 6 septembre leur gouvernement, marqué par la présence de nombreux caciques fondamentalistes au pouvoir entre 1996 et 2001. Ils se sont engagés à gouverner de façon moins brutale et rigoriste que lors de leur premier règne, lorsqu'ils interdisaient aux femmes de travailler ou d'étudier. Toutefois, ils ont également parfois violemment réprimé, puis interdit, des manifestations organisées dans plusieurs grandes villes du pays, auxquelles participaient de nombreuses femmes réclamant de pouvoir continuer à travailler pour nourrir leurs familles.

Le 14 septembre, des centaines de protestataires ont pourtant marché à Kandahar, grande ville du Sud et berceau des Taliban, contre la décision des nouvelles autorités de chasser de leurs maisons d'anciens militaires afghans et leurs familles pour y loger leurs propres combattants.

Alors que la reprise des vols internationaux est vue comme un test pour le gouvernement des Taliban, le Qatar, qui a progressivement remis en état l'aéroport de Kaboul après le départ précipité et sous haute tension des forces américaines le 30 août, a prévenu le 14 septembre qu'il n'endosserait aucune «responsabilité» dans son exploitation sans un accord «clair». Le 13 septembre, un premier vol commercial a atterri à Kaboul puis est reparti à Islamabad, avec environ 70 passagers à son bord, en grande majorité des Afghans.

 

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