De notre correspondant permanent à Varsovie. – A lire et écouter les commentaires accompagnant la visite du secrétaire d’Etat aux Affaires européennes en Pologne lundi et mardi, on peut légitimement se demander s’il y représente la France ou le lobby LGBT. Une simple visite sur le compte Twitter de Clément Beaune mercredi matin donnait le ton : deux tweets à propos de ses rencontres avec des membres du gouvernement polonais pour parler transition énergétique et des « intérêts communs » pour lesquels « un dialogue approfondi et sincère est plus que jamais nécessaire », et cinq tweets sur ses rencontres avec des leaders de l’opposition, et pas des plus modérés, ainsi qu’avec des associations LGBT. M. Beaune a même rencontré ce militant LGBT à l’origine du bobard médiatique fondé sur des photos de panneaux « Zone libre de LGBT » à l’entrée de certaines communes polonaises. Des panneaux que le militant en question fixait lui-même sous le panneau d’entrée des communes concernées le temps d’une photo, permettant à des gens haut placés comme Clément Beaune de relayer la fake news.
Des « zones libres de LGBT », M. Beaune, qui avait révélé son homosexualité au magazine Têtu en décembre, aurait voulu en visiter. Mais il s’est plaint dans L’Obs que les autorités polonaises lui avaient refusé cette possibilité. Démenti du ministère des Affaires étrangères polonais : M. Beaune peut bien aller où il veut en Pologne, personne ne lui a interdit de s’y déplacer. On peut comprendre en revanche que le gouvernement polonais n’ait pas voulu accompagner le Français pour une visite officielle dans une de ces communes ayant adopté une résolution pour dire leur refus de l’idéologie LGBT, ce qui n’est pas en soi porteur de discrimination à l’égard de quiconque comme l’ont déjà plusieurs fois confirmé les tribunaux polonais.
La visite du secrétaire d’Etat français n’aura donc sans doute pas contribué à améliorer des relations déjà difficiles entre la France et la Pologne en raison des insultes récurrentes d’Emmanuel Macron vis-à-vis des dirigeants polonais, qualifiés tour à tour par le Jupiter des Français de dirigeants en dessous de ce que les Polonais méritent ou d’esprits fous.
Pendant ce temps au Parlement européen, les députés devaient voter mercredi sur une résolution proclamant l’ensemble de l’UE « espace de liberté LGBTIQ » et réclamant des sanctions à l’encontre des pays récalcitrants. De son côté, la vice-présidente la Commission européenne Vera Jourová, chargée des Valeurs et de la Transparence, promettait mardi dans le journal polonais Gazeta Prawna que la Commission userait de tous les instruments à sa disposition pour suspendre les fonds versés à la Pologne si celle-ci ne se conforme pas en matière de droits LGBT.
Interrogé au téléphone par Présent pour connaître son avis sur le vote prévu au Parlement européen, le député LR François-Xavier Bellamy a déclaré : « Nous votons sur des textes qui ne relèvent absolument pas des compétences de l’Union européenne. C’est une manière de violer de manière répétée les prérogatives des Etats membres. Cette attitude est dérisoire au regard des enjeux. (…) Je suis moi-même pour le respect inconditionnel de la dignité et des droits des personnes, mais le fait de déclarer que l’Union européenne est une zone de liberté LGBTIQ ne changera rien à la réalité de la vie des gens et à la réalité de leur protection face à ce qui les menace. »
Il est intéressant à cet effet de jeter un œil sur la dernière étude à grande échelle, publiée l’année dernière, de l’Agence des droits fondamentaux de l’UE en matière de discriminations à l’encontre des personnes LGBT. On y apprend que le pourcentage de personnes « LGBTI » déclarant avoir été victimes au cours des cinq dernières années d’une agression physique ou sexuelle liée à leur qualité de personne « LGBTI » atteint 15 % en Pologne et 14 % en France.
Avant d’aller donner des leçons de morale aux Polonais, Clément Beaune ferait donc mieux de s’occuper de la situation de ses amis homosexuels en France. •
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