« Les Animaux malades de la Peste »

Yvan Perrin
Ancien Conseiller national
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Ils ne mourraient pas tous mais tous étaient frappés. C'est ainsi que La Fontaine évoque le fléau dans sa fable "Les Animaux malades de la Peste". On peut reprendre ces mots tels quels pour décrire la situation économique provoquée par le coronavirus. Les secteurs touchés sont nombreux et tous nécessitent l'aide des collectivités publiques pour traverser la tempête. Parmi eux, il y en a un qui estime avoir plus de droits que les autres, à savoir le monde des médias, écrits notamment. Depuis plusieurs jours, de nombreux journaux passent leur temps à faire savoir au bon peuple qu'ils doivent "maintenir un paysage médiatique diversifié, notamment sur le plan idéologique." Ne riez pas, on trouve ces mots dans Arcinfo du jour, prononcés par Denis Masmejan, secrétaire général de la section suisse de Reporters sans frontières. Au vu des conditions, l'homme signale que les médias ont de la peine à "exercer leur fonction de contre-pouvoir. Or ils sont le dernier contre-pouvoir institutionnalisé, le Parlement ayant, pour le moment, décidé d’interrompre ses travaux." Bien évidemment, ces propos élogieux visent à faire comprendre qu'il est nécessaire de soutenir la presse eu égard à son essentiel rôle. Se pose dès lors la question de l'indépendance du journaliste stipendié par le pouvoir, style "qui paie, commande". M. Masmejan n'est pas inquiet, il est "persuadé que les journalistes ne vont pas perdre leur sens critique."

Au vu de la période que nous traversons, les occasions de rire sont rares et donc précieuses. Merci à M. Masmejan de nous en donner une même si c'est sans doute involontaire. Ahaha, mais qu'il est drôle lorsqu'il évoque "un paysage médiatique diversifié, notamment sur le plan idéologique." De quelle diversité parle-t-il dans la mesure où les lignes éditoriales sont toutes favorables à l'accord-cadre avec l'Union européenne et à l'adhésion de la Suisse ensuite ? A quoi pense le farceur en parlant de contre-pouvoir alors que toutes les lignes éditoriales sont alignées sur la gauche ? De quoi parle-t-il en citant le "sens critique" des journalistes ? Sens critique envers l'UDC sans doute, on n'en voit guère d'autres.

Il n'y a aucun doute quant aux difficultés que les médias traversent, comme d'autres secteurs économiques. Cela ne leur permet pourtant pas de se considérer comme plus égaux que les autres vu le rôle qu'ils estiment jouer. En prétendant apporter une information fiable et vérifiée, lutter contre les fausses nouvelles et être seuls détenteurs de la Vérité, les médias nous donnent l'occasion de découvrir un mot rare, l'hubris, dont le Larousse donne la définition suivante: "Outrance dans le comportement inspirée par l’orgueil." Ce même orgueil qui pousse de nombreux journalistes à estimer qu'ils doivent prédigérer les informations en vue de les présenter dans le bon sens aux populations incapables d'apprécier les faits par elles-mêmes. Ne leur en déplaise, c'est bien grâce aux réseaux sociaux que nous disposons enfin d'un paysage médiatique diversifié, notamment sur le plan idéologique, de sens critique et de véritable contre-pouvoir. En Suisse, contrairement à la Chine, le pouvoir ne contrôle pas l'information, les médias s'en chargent. Le résultat n'est guère différent, seul le censeur change.

Yvan Perrin, 3.04.2020

 

 

 

4 commentaires

  1. Posté par Dominique le

    En URSS il y avait la seule Pravda. En Suisses française il n’y a que de nombreuses, hypocrites et partiales Pravdas,
    La preuve, aucune de ces Pravdas ne publie les éditoriaux de Yvan Perrin.

  2. Posté par Hotch le

    Un bon produit de vendra toujours au juste prix, un mauvais pas.
    Ces idiots viennent chouiner parce que plus personne ne veut acheter leur m..
    Quand vont-ils se se remettre en question ?

  3. Posté par Bussy le

    Pas facile d’être journaliste dans les médias traditionnels aujourd’hui, et pas seulement dans cette période compliquée !
    Ils sont tous, en tous cas dans leurs écrits, de gauche, et ils roulent tous pour la mondialisation et l’immigration massive, tous ces trucs voulus par les grands patrons milliardaires pour se faire encore plus de fric sur le dos d’esclaves ou de gens de moins en moins payés.
    Vous avez dit « idiots utiles » ?
    Et là, ils demandent des subventions à l’Etat, les Soros et autres spécimen du même acabit doivent avoir des problèmes de liquidités ou la bourse flanche, en tous cas, comme ces milliardaires de grands chemins paient peu ou pas du tout d’impôts, les subventions vont être payées par le peuple, donc ceux qui se prennent la mondialisation à outrance dans les dents et qui en plus avec cette immigration massive voient leur cadre de vie se détériorer à vue d’oeil, quand ça n’est pas leur avenir qui s’annonce noir comme un retour au moyen-âge vu la composition de cette immigration.
    Enfin, faudrait demander l’avis des jeunes de 18 à 25 ans dont la plupart n’ont jamais ouvert un journal et ne regardent pas la télévision d’Etat, veulent-ils payer des impôts pour se farcir de la propagande ?
    Les finances publiques, déjà pas reluisantes avant la pandémie, vont plonger et mettre en péril les Etat, qui devront bien faire des choix, on verra bien si le ton des médias traditionnels changera, moins de mondialisation, en tous cas pour les masques, et moins d’importation massive de gens qui pour beaucoup se retrouvent au social.
    Ou tout reprendra comme avant à la fin de la crise… jusqu’à la prochaine ?

  4. Posté par Sergio le

    Celui qui ne voulait pas ou qui ne pouvait payer, lisait la Pravda gratuitement parce qu’elle était affichée. En Suisse, les militants de gauche, les journalistes et les médias (excusez-moi pour les pléonasmes) sont subventionnés par des prélèvements obligatoires. En Suisse romande, il n’y a pas d’autre choix que la bien-pensance, le camp du bien ou le politiquement correct. Le moindre questionnement est suspect. Si vous n’êtes pas de gauche, vous ne pouvez être qu’un butor raciste. Si vous n’adhérez pas aux idées progressistes du mainstream, c’est que vous êtes forcément un néonazi ou un démon fasciste. La cohésion sociale n’existerait pas sans Darius Rochebin.

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