Une « maison des médias libres » à Paris – Mais sans les médias vraiment libres

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Un multimillionnaire français, qui a fait fortune dans le secteur des ciments, de l’industrie chimique et des matériaux du bâtiment, Olivier Legrain, qui habite Neuilly, bien entendu, et qui vient de prendre sa retraite, s’est lancé dans un projet de « maison des médias libres ». « Je rêve d’en faire un lieu de contre-pouvoir, explique-t-il, et que des médias de tous bords se joignent à l’aventure pour organiser des débats contradictoires. » Jolie idée. « Des médias de tous bords », donc Présent aussi ?

Nous ne pourrions qu’adhérer à une telle approche, et demanderions volontiers à rejoindre cette « maison » faite officiellement pour des journaux authentiquement indépendants, lieu de cohabitation et de partage d’expérience et de moyens, entre médias vraiment libres, et en opposition radicale aux trusts de milliardaires internationaux, que nous évoquons souvent, pour notre part, dans nos colonnes : les Drahi, Niel, Arnault, etc. C’est donc en effet comme cela que le richissime Legrain présente son projet…

Oui mais voilà, Legrain est certes multimillionnaire, mais c’est un multimillionnaire rouge, ex-communiste, du temps où le communisme existait, le Doumeng du ciment armé, en quelque sorte. Il se définit même comme « stalinien, et pas gauchiste ». Et les médias qu’il veut rassembler dans sa « maison » sont uniquement marqués à gauche ou à l’extrême gauche : on parle de Politis, de Mediapart, d’Alternatives économiques, du groupe So Press, du Monde diplomatique, et d’une kyrielle de petites revues guévaristes, trotskistes, communistes orthodoxes, anarchistes, situationnistes, black blocs, althussériennes, adeptes de la Corée du Nord ou de la répression à Hong Kong, « journaux classés plutôt à gauche », comme l’écrivait Le Monde du 4 décembre dernier. C’est un euphémisme…

Une polémique qui pourrait tirer Hidalgo trop à gauche

Legrain est prêt à investir de très grosses sommes. Selon ses interlocuteurs, il laisse entendre que cela pourrait représenter vingt millions d’euros ou plus, en tout cas la moitié de sa fortune, explique-t-il. Il achèterait donc un immeuble dans Paris, et y logerait une vingtaine de rédactions ou plus, des maisons d’édition, également, et jusqu’à 400 ou 500 salariés.

Les loyers seront très bas, promet-il, et la possibilité de faire jouer toutes les synergies possibles entre les différentes rédactions et de mettre en commun les moyens techniques devraient permettre de substantiels allégements de charges pour tous.

Sur un plan personnel, Legrain, en multimillionnaire avisé (on ne fait pas fortune par hasard), ne risquera pas grand-chose, car il restera le propriétaire. Or l’immobilier, à Paris, n’est pas près de baisser. Ce sera donc pour lui un très bon placement, même s’il accepte de renoncer à une rentabilité substantielle, pendant la phase d’occupation des locaux par ses amis d’extrême gauche.

Le projet bénéficie d’une oreille plus que complaisante de la mairie de Paris, qui vient de proposer à cet effet un immeuble situé au 70, boulevard Barbès. Il s’agit d’un ancien bâtiment industriel qui appartient à la ville, et qu’EDF a libéré le 31 décembre dernier. Néanmoins, la vente ne sera actée qu’après les municipales, sans doute pour éviter à Mme Hidalgo une polémique qui pourrait tirer trop à gauche son image, et la mettre en danger électoralement. D’autant que la gauche est habituellement très pointilleuse sur la vente du patrimoine public à des investisseurs privés. Elle appelle cela « brader le patrimoine collectif », vieux reste d’idéologie collectiviste.

Le millionnaire Legrain, parce qu’il est radicalement de gauche, aurait donc, lui, le droit d’acquérir un bout du patrimoine parisien ? Ça fait désordre !

L’idée appliquée à un pool d’une vingtaine de médias patriotes serait séduisante

Legrain prévoit néanmoins de faire l’acquisition de ce bâtiment, à un tarif qu’il espère très raisonnable, et qui le sera certainement, d’aménager les espaces intérieurs, puis d’y loger les médias agréés. L’immeuble accueillera aussi du public, pour des réunions (politiques), des soirées (engagées), des débats (entre forces de progrès), voire des spectacles (d’avant-garde).

Parmi les principaux partisans du projet, on trouve Edwy Plenel, et François Gèze, qui fut patron des éditions d’extrême gauche La Découverte, qu’avait fondées, sous un autre titre, l’agité François Maspero.

Pour en revenir à la question de l’adhésion de Présent à cette aventure, on a bien compris que Legrain cherche des médias indépendants, mais pas trop quand même, et surtout pas indépendants des idéologies totalitaires du XXe siècle.

Il n’empêche que l’idée, appliquée à un pool d’une vingtaine de médias souverainistes, identitaires, patriotes, serait bien séduisante. Reste à trouver le multimillionnaire. Curieusement, ils sont tous ou se disent tous de gauche, voire d’extrême gauche, en tout cas on n’a en pas vu dans le camp patriote depuis un bon demi-siècle. •

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